Tool
Fear Inoculum |
Label :
Tool Dissectional; Volcano Entertainment; RCA Records |
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Le seul vrai problème pour moi de vivre dans un monde où les albums sont disponibles avant leur sortie officielle, c'est que même si je me force à ne pas écouter avant la date fatidique, je suis quand même assailli de partout par les commentaires des fans qui, eux, n'ont pas ma légendaire patience et force de conviction. Alors, quand il s'agit d'un obscur groupe de Grind, cela ne prête pas à conséquence, mais lorsque cela concerne une formation dont deux albums ont bercé ma fin d'adolescence, en l'occurrence Tool avec Aenima et Lateralus, cela commence à me gêner fortement. En effet, cela vient polluer mon ressenti car, même avec la meilleure volonté du monde, cela s'avère compliqué d'ignorer les nombreuses critiques, négatives, qui ont jailli sur un peu tous les forums. Chacun y allant de sa déception, que le groupe tourne en rond, se plagie, "fait du Tool", etc.
Bien sûr que la formation fait du Tool les ânes ! Les mecs sont un genre à eux tous seuls, ils font partie des rares groupes à avoir réellement créé un style, une identité sonore, reconnaissable entre mille, il ne fallait pas s'attendre à autre chose. En revanche, pouvait-on s'attendre à mieux ? Autre problème des trucs phares attendus comme le putain de Messie, c'est qu'on se monte le bourrichon, que ça va être exceptionnel, extra musical au niveau sensoriel, mais non. Cela reste des guitares, de la basse, de la batterie, du chant... Comme une première baise avec cet autre tant convoité, on se dit que ça va être lumineux, jouissif en diable, unique, mais non : ça reste un vagin dans lequel on se glisse, un corps qui n'a rien d'autre à offrir que sa chair, aussi parfaite soit-elle, aussi remuante et vive soit-elle, et il faut se faire une raison : à l'instant, dans l'instant, ce n'est que de la musique, ce n'est que du sexe, le métaphysique relève de la mythologie que l'on se crée autour de ce moment de la découverte, puis de la durée de la relation, de son étroitesse.
Moi, les albums de Tool, ils me font l'effet de cet ami que je ne vois plus que rarement mais que quand je le retrouve, la connexion est immédiate, l'attachement toujours aussi fort, la complicité intacte. C'est vrai que le premier contact avec Fear Inoculum m'a déçu. Sans doute parce que j'attendais de ces retrouvailles autre chose, que Tool ne pouvait pas m'offrir : l'explosion mentale lorsque j'ai fini par piger Aenima après de nombreuses écoutes sceptiques. Et ce n'est donc qu'une fois que j'ai accepté que ce nouvel album n'aurait rien d'autre à m'offrir que des notes que j'ai commencé à me plonger dedans, sans a priori ni jugement.
C'est vrai que, globalement, l'ensemble paraît presque trop homogène, trop lisse, mais en termes de subtilités, ce sont les très hautes sphères, à mon sens Tool n'a jamais été aussi "raffiné" et paradoxalement aussi techniquement imposant. Le jeu de batterie de Danny Carey est hallucinant, il n'y a qu'à écouter son groove de malade dans "Pneuma" pour s'en convaincre, quant à la basse de Justin Chancellor, en termes de son et d'aisance, elle assure à elle seule toute l'assise rythmique des compositions, ce qui laisse le champ libre à Adam Jones pour, certes claquer de gros accords ("Invincible") mais surtout fuiter à fond sur des sphères planantes hyper constructives qui font entrer chaque phase des compositions dans une autre dimension. Je n'ai pas encore parler du chant de Maynard mais qui y a-t-il réellement à en dire ? Son talent est connu depuis longtemps, son phrasé unique, glissant, serpentin, coulant, vaporeux, c'est une rivière de brume, ses mélodies vocales sont proprement merveilleuses dans leur retenue pudique.
Je ne parlerai pas du prix, du packaging ni de tous ces sujets extra musicaux dont au final je me contrefous. J'écoute, et je réécoute, et je réécoute encore et c'est à chaque fois une découverte, une saveur nouvelle qui explose dans mes oreilles. Pour ma part, Fear Inoculum est un grand disque, de ceux qui traversent les âges, les époques, les modes, qui ne s'écoutent pas à la va-vite pendant qu'on attend de récupérer sa commande dans un drive de fast-food mais qui nécessitent au contraire de se poser un instant, d'accepter de ne rien faire d'autre que d'entendre, autrement dit un pied de nez colossal à une société de consommation rapide fondée sur la satisfaction immédiate des désirs.
Bien sûr que la formation fait du Tool les ânes ! Les mecs sont un genre à eux tous seuls, ils font partie des rares groupes à avoir réellement créé un style, une identité sonore, reconnaissable entre mille, il ne fallait pas s'attendre à autre chose. En revanche, pouvait-on s'attendre à mieux ? Autre problème des trucs phares attendus comme le putain de Messie, c'est qu'on se monte le bourrichon, que ça va être exceptionnel, extra musical au niveau sensoriel, mais non. Cela reste des guitares, de la basse, de la batterie, du chant... Comme une première baise avec cet autre tant convoité, on se dit que ça va être lumineux, jouissif en diable, unique, mais non : ça reste un vagin dans lequel on se glisse, un corps qui n'a rien d'autre à offrir que sa chair, aussi parfaite soit-elle, aussi remuante et vive soit-elle, et il faut se faire une raison : à l'instant, dans l'instant, ce n'est que de la musique, ce n'est que du sexe, le métaphysique relève de la mythologie que l'on se crée autour de ce moment de la découverte, puis de la durée de la relation, de son étroitesse.
Moi, les albums de Tool, ils me font l'effet de cet ami que je ne vois plus que rarement mais que quand je le retrouve, la connexion est immédiate, l'attachement toujours aussi fort, la complicité intacte. C'est vrai que le premier contact avec Fear Inoculum m'a déçu. Sans doute parce que j'attendais de ces retrouvailles autre chose, que Tool ne pouvait pas m'offrir : l'explosion mentale lorsque j'ai fini par piger Aenima après de nombreuses écoutes sceptiques. Et ce n'est donc qu'une fois que j'ai accepté que ce nouvel album n'aurait rien d'autre à m'offrir que des notes que j'ai commencé à me plonger dedans, sans a priori ni jugement.
C'est vrai que, globalement, l'ensemble paraît presque trop homogène, trop lisse, mais en termes de subtilités, ce sont les très hautes sphères, à mon sens Tool n'a jamais été aussi "raffiné" et paradoxalement aussi techniquement imposant. Le jeu de batterie de Danny Carey est hallucinant, il n'y a qu'à écouter son groove de malade dans "Pneuma" pour s'en convaincre, quant à la basse de Justin Chancellor, en termes de son et d'aisance, elle assure à elle seule toute l'assise rythmique des compositions, ce qui laisse le champ libre à Adam Jones pour, certes claquer de gros accords ("Invincible") mais surtout fuiter à fond sur des sphères planantes hyper constructives qui font entrer chaque phase des compositions dans une autre dimension. Je n'ai pas encore parler du chant de Maynard mais qui y a-t-il réellement à en dire ? Son talent est connu depuis longtemps, son phrasé unique, glissant, serpentin, coulant, vaporeux, c'est une rivière de brume, ses mélodies vocales sont proprement merveilleuses dans leur retenue pudique.
Je ne parlerai pas du prix, du packaging ni de tous ces sujets extra musicaux dont au final je me contrefous. J'écoute, et je réécoute, et je réécoute encore et c'est à chaque fois une découverte, une saveur nouvelle qui explose dans mes oreilles. Pour ma part, Fear Inoculum est un grand disque, de ceux qui traversent les âges, les époques, les modes, qui ne s'écoutent pas à la va-vite pendant qu'on attend de récupérer sa commande dans un drive de fast-food mais qui nécessitent au contraire de se poser un instant, d'accepter de ne rien faire d'autre que d'entendre, autrement dit un pied de nez colossal à une société de consommation rapide fondée sur la satisfaction immédiate des désirs.
Parfait 17/20 | par Arno Vice |
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