Soundgarden
Down On The Upside |
Label :
A&M |
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Down On The Upside, paru en 1996, sonne le glas du grunge. En effet, Soundgarden est un des rares survivants parmis les géants du mouvement. Mudhoney a toujours refusé la gloire, Screaming Trees est proche de la sépartion ; Pearl Jam, en guerre contre le commerce, a adopté une attitude anti-conformiste, Alice in Chains s'est disloqué suite aux rechutes perpetuelles de Layne Stanley pour l'héroïne. Quant à Nirvana, on pleure encore la mort du génie qu'était Kurt Cobain.
Le dernier opus apparaît par la force des choses comme un testament. Et il l'était vraiment. Un an plus tard, les membres historiques du groupe se séparaient. Le grunge était mort, et cette fois-ci définitivement. Rien ne pourrait remplacer ce groupe énorme, talentueux et gigantesque, qui fut un des pionniers du grunge.
Les titres sont plus reposés que sur les précédentes parutions, les riffs heavy ont laissé place à des ambiances plus chaloupées, entre poésie désespérée et faux rythmes aériens. On y découvre plus de guitares acoustiques, plus d'exotisme, preuve que ces musiciens savaient tout faire et avaient un talent d'écriture très large. Certains morceaux comme "Ty Cobb" ou "Boot Camp" sont de courtes expérimentations psychédéliques. Les structures sont très recherchées, alambiquées et surprenantes, que ce soit sur des titres énergiques ("Never Name") ou de véritables reptations nerveuses et suintantes ("Tighter & Tighter").
On ne peut s'empêcher d'éprouver un sentiment de nostalgie à l'écoute de cet album, très poignant et bouleversant. Tout d'abord parce qu'on sent bien que le groupe est conscient d'être arrivé à la fin d'un cycle et que jamais il n'arrivera à la hauteur du chef-d'oeuvre de Superunknown (un des plus grands disques des années 90). Mais aussi à cause de cette ambiance dépressive qu'on retrouve tout du long, si chère au groupe.
Ainsi des titres comme les singles "Preety Noose" ou "Burden In My Hand" figurent comme des chants du cygne absolument délicats et sublimes. D'autres, à l'instar de "Never The Machine" ou "Overfloater", reflétant parfaitement les propos sombres de Soundgarden, sont de pures merveilles d'abbatement contenu et de classe ténébreuse. Beaucoup de groupes actuels pactiseraient avec le Diable pour atteindre de tels sommets !
Même s'il est moins impressionnant que les opus d'avant, Down On The Upside est un arrêt magnifique, entre souvenirs inouïs et tentatives minimalistes. L'album se clôt sur le déroutant "An Unkind", une mélopée comme seul ce groupe savait les faire.
Et que dire de "Blow Up The Outside Word" (qui fut interdit de diffusion après les attentas du 11 septembre), véritable tour de force de sept minutes, passant du spleen psyché et psychotrope à une déflagration intense et un hurlement héroïque, pour finir sur une fantaisie parfaite qui restera à jamais à la fois comme l'apogée et le déclin d'un groupe mythique !
On pourra pleurer de tout notre âme à l'écoute de cet album, Soundgarden nous manquera pour toujours ...
Le dernier opus apparaît par la force des choses comme un testament. Et il l'était vraiment. Un an plus tard, les membres historiques du groupe se séparaient. Le grunge était mort, et cette fois-ci définitivement. Rien ne pourrait remplacer ce groupe énorme, talentueux et gigantesque, qui fut un des pionniers du grunge.
Les titres sont plus reposés que sur les précédentes parutions, les riffs heavy ont laissé place à des ambiances plus chaloupées, entre poésie désespérée et faux rythmes aériens. On y découvre plus de guitares acoustiques, plus d'exotisme, preuve que ces musiciens savaient tout faire et avaient un talent d'écriture très large. Certains morceaux comme "Ty Cobb" ou "Boot Camp" sont de courtes expérimentations psychédéliques. Les structures sont très recherchées, alambiquées et surprenantes, que ce soit sur des titres énergiques ("Never Name") ou de véritables reptations nerveuses et suintantes ("Tighter & Tighter").
On ne peut s'empêcher d'éprouver un sentiment de nostalgie à l'écoute de cet album, très poignant et bouleversant. Tout d'abord parce qu'on sent bien que le groupe est conscient d'être arrivé à la fin d'un cycle et que jamais il n'arrivera à la hauteur du chef-d'oeuvre de Superunknown (un des plus grands disques des années 90). Mais aussi à cause de cette ambiance dépressive qu'on retrouve tout du long, si chère au groupe.
Ainsi des titres comme les singles "Preety Noose" ou "Burden In My Hand" figurent comme des chants du cygne absolument délicats et sublimes. D'autres, à l'instar de "Never The Machine" ou "Overfloater", reflétant parfaitement les propos sombres de Soundgarden, sont de pures merveilles d'abbatement contenu et de classe ténébreuse. Beaucoup de groupes actuels pactiseraient avec le Diable pour atteindre de tels sommets !
Même s'il est moins impressionnant que les opus d'avant, Down On The Upside est un arrêt magnifique, entre souvenirs inouïs et tentatives minimalistes. L'album se clôt sur le déroutant "An Unkind", une mélopée comme seul ce groupe savait les faire.
Et que dire de "Blow Up The Outside Word" (qui fut interdit de diffusion après les attentas du 11 septembre), véritable tour de force de sept minutes, passant du spleen psyché et psychotrope à une déflagration intense et un hurlement héroïque, pour finir sur une fantaisie parfaite qui restera à jamais à la fois comme l'apogée et le déclin d'un groupe mythique !
On pourra pleurer de tout notre âme à l'écoute de cet album, Soundgarden nous manquera pour toujours ...
Bon 15/20 | par Vic |
Posté le 22 septembre 2005 à 15 h 06 |
Ce disque ne vous rendra pas plus intelligent. Vous ne vous sentirez pas mieux après l'avoir écouté, et ne serez pas plus riche. Votre potentiel sexuel sera le même, vous ne voterez pas plus à gauche ou à droite qu'avant, votre conscience civique sera identique à ce qu'elle était avant. Vous n'aurez pas toujours du papier aux toilettes, votre belle-mère ne sera pas atteinte d'une infection des cordes vocales, vous ne réussirez pas les soufflés au fromage à tous les coups. Ben Laden ne sera pas aussitôt arrêté, pas plus que Bush ou votre voisine détestée. Votre haleine matinale sera toujours aussi ravageuse et vos hémorroïdes seront toujours là. L'essence sera toujours aussi chère. Vous ne comprendrez pas plus Lost Highway qu'avant et serez toujours incapable de lire trois lignes de Samuel Beckett.
Alors, pourquoi écouter ce disque ?
Parce que vous saurez pourquoi Audioslave ne sera jamais un groupe extraordinaire. Pourquoi Pearl Jam s'est empressé de recruter Matt Cameron après le split de Soundgarden. Pourquoi ces derniers étaient les rois de Seattle et pourquoi Kurt Cobain les vénèraient. Pourquoi Dave Grohl a appelé Kim Thayil pour les guitares de Probot. Comment un apaisement relatif permet à un groupe d'être aussi efficace qu'avant. Pourquoi de légères expérimentations peuvent se révéler fructueuses. Comment une chanson appellée "Burden In My Hand" peut être splendide. Comment conclure en beauté un album. Comment le groupe a réussit à faire qu'Adam Kasper ne saccage pas le disque. Pourquoi Soundgarden était arrivé au bout de son aventure. Pourquoi tout être humain (voire tout animal) normalement constitué doit avoir la discographie complète du groupe.
Pourquoi ce groupe nous manque.
Okay ?
Alors, pourquoi écouter ce disque ?
Parce que vous saurez pourquoi Audioslave ne sera jamais un groupe extraordinaire. Pourquoi Pearl Jam s'est empressé de recruter Matt Cameron après le split de Soundgarden. Pourquoi ces derniers étaient les rois de Seattle et pourquoi Kurt Cobain les vénèraient. Pourquoi Dave Grohl a appelé Kim Thayil pour les guitares de Probot. Comment un apaisement relatif permet à un groupe d'être aussi efficace qu'avant. Pourquoi de légères expérimentations peuvent se révéler fructueuses. Comment une chanson appellée "Burden In My Hand" peut être splendide. Comment conclure en beauté un album. Comment le groupe a réussit à faire qu'Adam Kasper ne saccage pas le disque. Pourquoi Soundgarden était arrivé au bout de son aventure. Pourquoi tout être humain (voire tout animal) normalement constitué doit avoir la discographie complète du groupe.
Pourquoi ce groupe nous manque.
Okay ?
Bon 15/20
Posté le 17 avril 2007 à 20 h 40 |
Décrié à sa sortie face au pavé Superunknown, Down On The Upside se révèle 10 ans plus tard comme la pièce maîtresse de la discographie de Soundgarden, un album d'une richesse et d'une profondeur inouïe. Il reste l'album le plus fouillé, le plus complexe, celui que l'on peut se réécouter avec la même fraîcheur, celui que l'on redécouvre à chaque écoute et finalement celui qui nous fait le plus regretter ce groupe indétrônable...
Comme beaucoup d'artistes ayant sorti des albums majeurs à cette époque, il était difficile d'imaginer un successeur à Superunknown. Ce fut le cas de Nevermind, de Mellon Collie And The Infinite Sadness... Des albums ont suivi mais la comparaison souffrait toujours de la présence des oeuvres référentielles pour en apprécier l'essence véritable. Puis, bien des années après, on se rend finalement compte que In Utero ou Adore sont beaucoup plus profond qu'on ne l'imaginait et l'on y replonge avec nostalgie afin de redécouvrir les perles à côté desquelles on était plus ou moins passé à l'époque. Ce Down On The Upside suit la même logique. Soundgarden, comme les autres groupes, ne s'est pas reposé sur ses acquis mais a complètement redéfinit son style. Ce n'est pas le genre de la maison de pondre deux fois le même album.
Celui-ci, du coup, est plus difficile d'accès: le groupe en profite pour dévoiler les cartes qu'il avait gardés en réserve. Il en résulte un enchaînement de morceaux tous plus originaux les uns que les autres. Chacun apporte sa pierre à l'édifice et bien malin est celui qui saura faire le tour de cet album.
On savait que Soundgarden regroupait quatre des musiciens les plus talentueux de l'époque mais là le groupe semble plutôt écrire une des pages les plus importantes du rock. Ce disque regorge de tellement d'idées et ouvre tellement de portes que l'on n'est dans l'incapacité totale d'imaginer ce qui aurait pu succéder à une telle débauche de talent!! L'album rock ultime des années 90 ?? Peut-être bien...
Difficile d'essayer de décrire les titres qui parsèment cet album. Les mots ne sont pas suffisants pour tenter d'expliquer la perfection de ce qui s'en dégage...
Musicalement, pour résumer, le groupe continue sur sa lancée des deux albums précédents: plus de mélodies, moins de gros riffs, des morceaux plus complexes, des structures à tiroirs, des arrangements extrêmement bien conçus qui démultiplie l'impact de chaque titre... Ce que le groupe perd en énergie brute, il le gagne en émotions plus profondes et diverses. Matt Cameron confirme son extrême dextérité et son talent immense pour porter les morceaux et les sublimer. Ben Shepperd se révèle être un compositeur hors pair. Kym Thayil, lui aussi, se complait dans l'excellence et écrase lamentablement la concurrence. Et que dire de Chris Cornell ? Qu'il est l'un des meilleurs chanteur de sa génération ? Qu'il a composé des morceaux et placé des lignes de chant dont on parlera encore dans cinquante ans ? Impossible de décrire son talent mais ce disque parle pour lui.
La mélancolie, marque de fabrique du groupe sur certains morceaux, gagne ici encore du terrain. "Tigher & Tigher", "Zero Chance" ou "Overfloater" sont écrasantes de tristesse et Chris Cornell n'a jamais aussi bien chanté. A savoir si le groupe avait déjà envisagé le split pendant la composition de l'album, mais ce genre de titres semble vraiment signifier la fin d'une histoire, la fin d'un groupe et d'une époque musicale à la richesse immense et toujours inégalée.
Les morceaux plus rapides et pêchus sont eux aussi au rendez-vous. Mais là encore les innovations rendent ces brûlots complètement irrésistibles: la mandoline de "Ty Cobb", le piano, les excellentes paroles ainsi que les multiples cassures de rythmes de "Never Named", la batterie énervée, le solo dantesque et la fin étouffante de "No Attention", le tourbillon psychédélique et l'adieu poignant du groupe ("On the storm, it's time to go") que forme "An Unkind"...
Les singles extraits de cet album sont également d'une richesse énorme. Pas de facilité commerciale ici. Soundgarden joue définitivement dans une autre dimension. "Blow Up The Outside World" tout d'abord, sublime morceau d'une tension extrême qui passe de la plénitude à la tension, où Chris Cornell fait encore une fois des miracles par un chant contenu. "Burden In My Hand", peut-être un des meilleurs morceaux du groupe, où comment composer avec une facilité déconcertante un hymne fédérateur et entrainant. Finalement, le premier morceau du disque "Pretty Noose" où le groupe exprime d'entrée la teneur de l'album: un débordement de feeling porté par des musiciens hors-pair.
Au rayon des innovations tous azimuts quelques morceaux sortent du lot. Tout d'abord "Never The Machine Forever", composé par Kim Thayil, titre complètement barré distillant une nouvelle fois des sensations fortes inédites. Un délire psychédélique: "Applebite". Puis, finalement le dernier morceau, "Boot Camp", où les guitares tissent à nouveau une toile inextricable par un amoncèlement d'effet divers.
Pas la peine de passer en revue l'intégralité de ces seize pépites, c'est inutile...
Un album d'île déserte, voilà une autre façon de définir ce disque. Cet album fait partie de ceux que je considère comme impossible à apprécier pleinement car leur complexe perfection et leur déluge de feeling n'en finit pas de déborder et chaque écoute les grandis (Exile On Main Street des Rolling Stones, The Fragile de Nine Inch Nails ou No Code de Pearl Jam font, par exemple, aussi partie du lot).
Un respect immense pour un groupe qui préfère se saborder en pleine gloire et sur un coup d'éclat discographique de génie plutôt que de commencer à tourner en rond.
Comme beaucoup d'artistes ayant sorti des albums majeurs à cette époque, il était difficile d'imaginer un successeur à Superunknown. Ce fut le cas de Nevermind, de Mellon Collie And The Infinite Sadness... Des albums ont suivi mais la comparaison souffrait toujours de la présence des oeuvres référentielles pour en apprécier l'essence véritable. Puis, bien des années après, on se rend finalement compte que In Utero ou Adore sont beaucoup plus profond qu'on ne l'imaginait et l'on y replonge avec nostalgie afin de redécouvrir les perles à côté desquelles on était plus ou moins passé à l'époque. Ce Down On The Upside suit la même logique. Soundgarden, comme les autres groupes, ne s'est pas reposé sur ses acquis mais a complètement redéfinit son style. Ce n'est pas le genre de la maison de pondre deux fois le même album.
Celui-ci, du coup, est plus difficile d'accès: le groupe en profite pour dévoiler les cartes qu'il avait gardés en réserve. Il en résulte un enchaînement de morceaux tous plus originaux les uns que les autres. Chacun apporte sa pierre à l'édifice et bien malin est celui qui saura faire le tour de cet album.
On savait que Soundgarden regroupait quatre des musiciens les plus talentueux de l'époque mais là le groupe semble plutôt écrire une des pages les plus importantes du rock. Ce disque regorge de tellement d'idées et ouvre tellement de portes que l'on n'est dans l'incapacité totale d'imaginer ce qui aurait pu succéder à une telle débauche de talent!! L'album rock ultime des années 90 ?? Peut-être bien...
Difficile d'essayer de décrire les titres qui parsèment cet album. Les mots ne sont pas suffisants pour tenter d'expliquer la perfection de ce qui s'en dégage...
Musicalement, pour résumer, le groupe continue sur sa lancée des deux albums précédents: plus de mélodies, moins de gros riffs, des morceaux plus complexes, des structures à tiroirs, des arrangements extrêmement bien conçus qui démultiplie l'impact de chaque titre... Ce que le groupe perd en énergie brute, il le gagne en émotions plus profondes et diverses. Matt Cameron confirme son extrême dextérité et son talent immense pour porter les morceaux et les sublimer. Ben Shepperd se révèle être un compositeur hors pair. Kym Thayil, lui aussi, se complait dans l'excellence et écrase lamentablement la concurrence. Et que dire de Chris Cornell ? Qu'il est l'un des meilleurs chanteur de sa génération ? Qu'il a composé des morceaux et placé des lignes de chant dont on parlera encore dans cinquante ans ? Impossible de décrire son talent mais ce disque parle pour lui.
La mélancolie, marque de fabrique du groupe sur certains morceaux, gagne ici encore du terrain. "Tigher & Tigher", "Zero Chance" ou "Overfloater" sont écrasantes de tristesse et Chris Cornell n'a jamais aussi bien chanté. A savoir si le groupe avait déjà envisagé le split pendant la composition de l'album, mais ce genre de titres semble vraiment signifier la fin d'une histoire, la fin d'un groupe et d'une époque musicale à la richesse immense et toujours inégalée.
Les morceaux plus rapides et pêchus sont eux aussi au rendez-vous. Mais là encore les innovations rendent ces brûlots complètement irrésistibles: la mandoline de "Ty Cobb", le piano, les excellentes paroles ainsi que les multiples cassures de rythmes de "Never Named", la batterie énervée, le solo dantesque et la fin étouffante de "No Attention", le tourbillon psychédélique et l'adieu poignant du groupe ("On the storm, it's time to go") que forme "An Unkind"...
Les singles extraits de cet album sont également d'une richesse énorme. Pas de facilité commerciale ici. Soundgarden joue définitivement dans une autre dimension. "Blow Up The Outside World" tout d'abord, sublime morceau d'une tension extrême qui passe de la plénitude à la tension, où Chris Cornell fait encore une fois des miracles par un chant contenu. "Burden In My Hand", peut-être un des meilleurs morceaux du groupe, où comment composer avec une facilité déconcertante un hymne fédérateur et entrainant. Finalement, le premier morceau du disque "Pretty Noose" où le groupe exprime d'entrée la teneur de l'album: un débordement de feeling porté par des musiciens hors-pair.
Au rayon des innovations tous azimuts quelques morceaux sortent du lot. Tout d'abord "Never The Machine Forever", composé par Kim Thayil, titre complètement barré distillant une nouvelle fois des sensations fortes inédites. Un délire psychédélique: "Applebite". Puis, finalement le dernier morceau, "Boot Camp", où les guitares tissent à nouveau une toile inextricable par un amoncèlement d'effet divers.
Pas la peine de passer en revue l'intégralité de ces seize pépites, c'est inutile...
Un album d'île déserte, voilà une autre façon de définir ce disque. Cet album fait partie de ceux que je considère comme impossible à apprécier pleinement car leur complexe perfection et leur déluge de feeling n'en finit pas de déborder et chaque écoute les grandis (Exile On Main Street des Rolling Stones, The Fragile de Nine Inch Nails ou No Code de Pearl Jam font, par exemple, aussi partie du lot).
Un respect immense pour un groupe qui préfère se saborder en pleine gloire et sur un coup d'éclat discographique de génie plutôt que de commencer à tourner en rond.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 03 novembre 2007 à 22 h 32 |
Et vlan, on en reprend pour seize titres sur une longue distance! Lourd! Pas facile de les accumuler avec une boîte crânienne non remise du mastodonte Superunknown avec lequel le groupe s'affirma parmi les grands du rock. De l'affirmation, on passe à la confirmation avec Down On The Upside qui a bien moins marché, au niveau commercial s'entend. Album trop dépressif (?). Ou bien pas de "Black Hole Sun bis" pour rouler la pelle à Ginette sous les lampions dans un slow sirupeux. Oui, ça doit être ça (ha ha!).
"Pretty Noose" décroche la lune, on se le repasse. On décroche aussi difficilement de l'autre single, "Burden In My Hand", tel un fardeau assoiffant de plaisir brûlant.
Mais tout le reste n'est surtout pas à occulter. "Rhinosaur" récompense à qui sait attendre d'un solo de guitare bien expédié. Le speedé "Ty Coob" tint d'un certain sens humoristique ammené par une mandole et une mandoline. Pathétique aurait été Lenny Kravitz si celui-ci avait intenté un procès au groupe pour plagiat de style à l'écoute, du moins dans les couplets de "'Blow Up The Outside World". "Never The Machine Forever" amène vers une tendance plus métal, petite folie que la guitare de Tom Morello n'aurait pas niée, etc, etc...
Autant arrêter là l'étalage. Définir les seize morceaux présents relèverait en effet du pur exploit de spartiate. Chose sûre avec cet ultime skeud, Soundgarden n'a pas tendu au clônage systématique après un gros succès.
Pour reprendre la bonne réplique finalement : 'Rock'n'roll !', comme dit l'autre.
"Pretty Noose" décroche la lune, on se le repasse. On décroche aussi difficilement de l'autre single, "Burden In My Hand", tel un fardeau assoiffant de plaisir brûlant.
Mais tout le reste n'est surtout pas à occulter. "Rhinosaur" récompense à qui sait attendre d'un solo de guitare bien expédié. Le speedé "Ty Coob" tint d'un certain sens humoristique ammené par une mandole et une mandoline. Pathétique aurait été Lenny Kravitz si celui-ci avait intenté un procès au groupe pour plagiat de style à l'écoute, du moins dans les couplets de "'Blow Up The Outside World". "Never The Machine Forever" amène vers une tendance plus métal, petite folie que la guitare de Tom Morello n'aurait pas niée, etc, etc...
Autant arrêter là l'étalage. Définir les seize morceaux présents relèverait en effet du pur exploit de spartiate. Chose sûre avec cet ultime skeud, Soundgarden n'a pas tendu au clônage systématique après un gros succès.
Pour reprendre la bonne réplique finalement : 'Rock'n'roll !', comme dit l'autre.
Excellent ! 18/20
Posté le 14 janvier 2010 à 18 h 13 |
En 1996, l'un des groupes références dans les cours d'école restait Nirvana, et d'assez loin. À cette époque-là, le rap balbutiait encore ses premiers maux, même si la vague était belle et bien sous nos yeux. Mais ça, on n'y croyait pas, il y a maintenant quinze ans. Oui, on n'y croyait pas au fait que le rap deviendrait l'un des styles les plus populaires. Les années 2000 ont confirmé tout ça. Ah oui, et Soundgarden dans tout ça ?
On devrait se demander : et le rock ? À un moment, on l'aurait bien échangé contre quelques euros. Aujourd'hui, la réalité est bien rassurante, surtout à l'heure du bilan d'une décennie. Le rock s'était peut-être un peu assoupi, reposé, tombé au fond d'un puits qu'il avait lui-même creusé. Le réveil a ensuite sonné.
Bref, de quoi parle-je ? Down On The Upside date de la deuxième moitié des années 90, là où le rock commence à s'enliser, le rap s'imposant de son côté. De plus, c'est le chant du cygne d'un des plus grands groupes américains de cette sa période. Avec cet album, le groupe de Seattle n'oublie pas le grunge, mais fait un pas dans une autre direction quand même : celui du rock bruyant, inspiré, emporté par ses propres émotions. Ce disque est complètement sombre, bourru. Impossible de rentrer dedans sans se sentir vidé. Heureusement, les quatre bonshommes sont des musiciens aux talents immenses : même si ce disque se vendra à plusieurs millions d'exemplaires (merci encore à l'ombre de "Black Hole Sun" - d'ailleurs, quel hymne ! L'un des dix meilleurs tubes des années 90 sans l'ombre d'un doute), il n'est pas sensé être tout public pour autant.
Beaucoup d'expérimentations, dans un album qui dépareille énormément comparé à son prédécesseur Superunknown. L'un des tous derniers points communs avec ce dernier : la voix inimitable de Chris Cornell.
Musicalement, donc, on s'en prend plein la face. On a d'abord l'impression que ça commence avec légèreté, mais très rapidement les chefs-d'oeuvre s'enchaînent : "Rhinosaur" est tout aussi simple qu'efficace, et introduit surtout parfaitement ce moment de pur bonheur jouissif qu'est la balade "Zero Chance".
Il y a des albums qui méritent d'être achetés rien que pour un seul et unique morceau de la trempe de "Zero Chance". Le secret des grands albums est d'en possèder toute une ribambelle : Down On The Upside est de ceux-là. "Applebite" et son duo piano-batterie envoûtant. "Dusty" où l'on se rend compte du talent des musiciens, aussi bien techniquement que pour l'écriture des compositions en elles-mêmes ou pour la voix puissante de Cornell évidemment. "Never The Machine Forever" et son son grungy-grungy qui nous percute en à peine plus de trois minutes ! Bref, chaque morceau propose un voyage sonore dans le petit jardin musical de ce groupe de Rock qui nous manque depuis cette date et qui, s'il revient, ne pourra le faire grandement qu'en réitérant l'immensité de cet opus qui n'a pas pris une ride depuis et qui mérite d'être dépoussiéré pour le plaisir de tout fan de rock. Ou au moins pour le mien, car après tout la musique peut aussi n'être qu'un plaisir égoïste. Down On The Upside fait partie de ces disques dont on a l'impression qu'ils n'appartiennent qu'à nous. Et moi, je l'aime, ce disque.
On devrait se demander : et le rock ? À un moment, on l'aurait bien échangé contre quelques euros. Aujourd'hui, la réalité est bien rassurante, surtout à l'heure du bilan d'une décennie. Le rock s'était peut-être un peu assoupi, reposé, tombé au fond d'un puits qu'il avait lui-même creusé. Le réveil a ensuite sonné.
Bref, de quoi parle-je ? Down On The Upside date de la deuxième moitié des années 90, là où le rock commence à s'enliser, le rap s'imposant de son côté. De plus, c'est le chant du cygne d'un des plus grands groupes américains de cette sa période. Avec cet album, le groupe de Seattle n'oublie pas le grunge, mais fait un pas dans une autre direction quand même : celui du rock bruyant, inspiré, emporté par ses propres émotions. Ce disque est complètement sombre, bourru. Impossible de rentrer dedans sans se sentir vidé. Heureusement, les quatre bonshommes sont des musiciens aux talents immenses : même si ce disque se vendra à plusieurs millions d'exemplaires (merci encore à l'ombre de "Black Hole Sun" - d'ailleurs, quel hymne ! L'un des dix meilleurs tubes des années 90 sans l'ombre d'un doute), il n'est pas sensé être tout public pour autant.
Beaucoup d'expérimentations, dans un album qui dépareille énormément comparé à son prédécesseur Superunknown. L'un des tous derniers points communs avec ce dernier : la voix inimitable de Chris Cornell.
Musicalement, donc, on s'en prend plein la face. On a d'abord l'impression que ça commence avec légèreté, mais très rapidement les chefs-d'oeuvre s'enchaînent : "Rhinosaur" est tout aussi simple qu'efficace, et introduit surtout parfaitement ce moment de pur bonheur jouissif qu'est la balade "Zero Chance".
Il y a des albums qui méritent d'être achetés rien que pour un seul et unique morceau de la trempe de "Zero Chance". Le secret des grands albums est d'en possèder toute une ribambelle : Down On The Upside est de ceux-là. "Applebite" et son duo piano-batterie envoûtant. "Dusty" où l'on se rend compte du talent des musiciens, aussi bien techniquement que pour l'écriture des compositions en elles-mêmes ou pour la voix puissante de Cornell évidemment. "Never The Machine Forever" et son son grungy-grungy qui nous percute en à peine plus de trois minutes ! Bref, chaque morceau propose un voyage sonore dans le petit jardin musical de ce groupe de Rock qui nous manque depuis cette date et qui, s'il revient, ne pourra le faire grandement qu'en réitérant l'immensité de cet opus qui n'a pas pris une ride depuis et qui mérite d'être dépoussiéré pour le plaisir de tout fan de rock. Ou au moins pour le mien, car après tout la musique peut aussi n'être qu'un plaisir égoïste. Down On The Upside fait partie de ces disques dont on a l'impression qu'ils n'appartiennent qu'à nous. Et moi, je l'aime, ce disque.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 20 décembre 2020 à 11 h 29 |
Down on the upside. Tout est dit dès le titre, que l'on pourrait traduire par "abattu au sommet". 1996, le néo métal, symptôme de la pression que subit déjà le rock, bientôt balayé par le hip hop, démarre. Dans cette flamme naissante se consumera ce qu'il reste du rock comme phénomène de masse, fédérateur, mondial. Soundgarden ? Ils brillent de mille feux, ils possèdent leur art, sont au sommet. Mais que peut bien valoir cette maîtrise à l'heure qu'il est ? Qui est encore à même de la reconnaître ? Kurt Cobain est mort, Nirvana avec et la foule déjà lasse se languit de nouveauté. Down on the upside, cela décrit donc bien la situation de ceux qui ferment le bal avec génie, car du génie il y en a dans cette œuvre. Bof, a-t-on pu dire à sa sortie... Ce qui est grand nécessite du temps.
Cela tombe bien, nous sommes en 2020. Chris Cornell est mort et dans son sillage Chester Bennington, un fan, leader de Linkin Park... Le hip hop, dans toutes ses déclinaisons artistiques et sociologiques, règne en despote, même pas, en monarque éclairé. Ses plus nobles représentants se fendent même, au détour d'une interview, d'un hommage ici ou là, à telle figure de l'histoire du rock (dont Cornell), avec un air vaguement compassé. À l'heure de la 808, des enchères aux producteurs de chambre et des voix autotunées, peut être sommes nous à bonne distance pour reconsidérer ce petit chef d'œuvre de Soundgarden.
Tout, depuis la composition jusqu'à la production, est étincelant, témoigne d'un temps où l'on croyait encore qu'un album était une œuvre, et supposer d'importants moyens. Tout respire le travail accompli et ce disque est a minima parfait dans sa matérialité. En l'occurrence, c'est ce qu'il fallait, une clarté, une transparence totale de la scène sonore, pour que perce la voix de Chris Cornell, maîtresse de ses procédés, moins démonstrative qu'autrefois; pour qu'un folklore inattendu s'invite dans l'orchestration et déjoue les schémas habituels, americanise à la racine les structures pop. Cela contribue bien sûr à la splendeur de cet édifice biscornu, dont on ne cesse d'admirer les replis, mais ne suffit pas à expliquer ce qui fait la réussite du groupe.
Je pourrais écrire à nouveau que la caractéristique d'un chef d'œuvre est d'avoir sû tirer l'éternel du transitoire, d'être une capture splendide de tous les faisceaux de sens de son temps. Down on the upside n'est pas exactement de cette étoffe. Il est plus précieux, plus singulier, n'a à première vue aucune prétention à l'universel. Pourtant, on peut voir dans l'écriture de Cornell, plutôt introspective, symbolique en tout cas, quelque chose qui renvoit bien à l'époque: y être sans y être vraiment, ne pouvoir compter que sur sa force pour exister, être à soi même sa propre entreprise, son propre produit, tituber dans un vaste désert face auquel la mort est presque une consolation: "The skull beneath my feet, like feathers in sand, I graze among the graves a feeling of peace" peut-on entendre à la fin du deuxième couplet de "rhinosaur". Des paroles d'une noirceur romantique, scandées par un démon pervers, le contraste est frappant et c'est dans ce léger décalage entre l'écriture et l'interprétation que réside tout le génie de cette œuvre, que l'on pourrait qualifier, à bien l'entendre, de terrifiante. Voilà l'Amérique en son âme, la proue de notre monde.
Cela tombe bien, nous sommes en 2020. Chris Cornell est mort et dans son sillage Chester Bennington, un fan, leader de Linkin Park... Le hip hop, dans toutes ses déclinaisons artistiques et sociologiques, règne en despote, même pas, en monarque éclairé. Ses plus nobles représentants se fendent même, au détour d'une interview, d'un hommage ici ou là, à telle figure de l'histoire du rock (dont Cornell), avec un air vaguement compassé. À l'heure de la 808, des enchères aux producteurs de chambre et des voix autotunées, peut être sommes nous à bonne distance pour reconsidérer ce petit chef d'œuvre de Soundgarden.
Tout, depuis la composition jusqu'à la production, est étincelant, témoigne d'un temps où l'on croyait encore qu'un album était une œuvre, et supposer d'importants moyens. Tout respire le travail accompli et ce disque est a minima parfait dans sa matérialité. En l'occurrence, c'est ce qu'il fallait, une clarté, une transparence totale de la scène sonore, pour que perce la voix de Chris Cornell, maîtresse de ses procédés, moins démonstrative qu'autrefois; pour qu'un folklore inattendu s'invite dans l'orchestration et déjoue les schémas habituels, americanise à la racine les structures pop. Cela contribue bien sûr à la splendeur de cet édifice biscornu, dont on ne cesse d'admirer les replis, mais ne suffit pas à expliquer ce qui fait la réussite du groupe.
Je pourrais écrire à nouveau que la caractéristique d'un chef d'œuvre est d'avoir sû tirer l'éternel du transitoire, d'être une capture splendide de tous les faisceaux de sens de son temps. Down on the upside n'est pas exactement de cette étoffe. Il est plus précieux, plus singulier, n'a à première vue aucune prétention à l'universel. Pourtant, on peut voir dans l'écriture de Cornell, plutôt introspective, symbolique en tout cas, quelque chose qui renvoit bien à l'époque: y être sans y être vraiment, ne pouvoir compter que sur sa force pour exister, être à soi même sa propre entreprise, son propre produit, tituber dans un vaste désert face auquel la mort est presque une consolation: "The skull beneath my feet, like feathers in sand, I graze among the graves a feeling of peace" peut-on entendre à la fin du deuxième couplet de "rhinosaur". Des paroles d'une noirceur romantique, scandées par un démon pervers, le contraste est frappant et c'est dans ce léger décalage entre l'écriture et l'interprétation que réside tout le génie de cette œuvre, que l'on pourrait qualifier, à bien l'entendre, de terrifiante. Voilà l'Amérique en son âme, la proue de notre monde.
Excellent ! 18/20
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