Belone Quartet

Se nommer Belone Quartet lorsque l'on n'est que deux signifie-t-il que l'on met les bouchées doubles, intituler son premier album Les Prémices De La Béatitude Naissent De L'Amertume veut-il dire que la démarche est purement intellectuelle ? Voilà le genre de questions que l'on se pose de prime abord. Excellent ça, d'interpeller l'auditeur avant même qu'il ait écouté la moindre note, le plus petit accord. Antoine Bellanger et Benjamin Nerot ont donc parfaitement compris comment susciter l'envie. Ne leur reste plus maintenant qu'à convaincre.
Et les arguments ne manquent pas chez ces Nantais ; d'obédience sombre, leur musique est faite de volumes charnels monolithiques, de rythmes plutôt lents et de chants triturés. Rappelant furieusement les suisses de Velma, l'impression que le terme Post-Rock a été créé pour leur composition devient de plus en plus évident au fil des écoutes. Des titres tels que "I Want It To Go" ou "Spider" envahissent l'oreille pour en déborder, se glissant subrepticement dans le cortex, causant directement avec l'esprit. D'autres sont d'une infinie tristesse, faisant monter aux yeux un liquide salé et riche en émotions, laissant parfois les titres annoncés la couleur : "You Are Absent" et "When Whales Are Singing, Sailors Dies In Silence" qui clôturent l'album. Entre ces deux très nettes tendances, "Yeah" produit son petit effet, uniquement là pour prouver que l'on peut aussi faire léger et gracieux.
On peut regretter quelques maladresses de production et un chant en anglais imparfaitement maîtrisé mais la puissance émotive dégagée par l'ensemble ne se discute pas.