Idaho
Paris [Point Ephémère] - mardi 07 décembre 2004 |
Cela faisait plus de quatre ans que Jeff Martin n'était pas passé en France et ce n'est que pour la seconde fois. Autant dire que ce concert surprise (aucune actualité du groupe sur le site depuis deux ans) est une véritable bonne nouvelle, l'occasion de rencontrer ce chouchou qui se fait si rare. En plus la salle récente (qui a repris les docks du quai Valmy) offre largement de quoi s'offrir un concert sympa et intimiste sans l'exiguïté habituelle. La venue de ce songwriter d'exception était semble-t-il très attendue, à en voir le public en nombre estimable (et étonnament adulte, Idaho est un groupe non-seulement maudit par la génération 90'S mais carrément ignoré de la nouvelle....), ce qui est plutôt une bonne récompense. Mais ça reste tout de même dans des proportions confidentielles, on parle d'un artiste dont aucune maison de disques ne voulait produire les disques auparavant !!!
En ouverture, Cass McCombs a la rude tâche d'imposer l'ambiance. Quatres types et des guitares. La première intro est plutôt cool, très rock mais lorsqu'on voit le chanteur (assez charismatique je dois dire) s'avancer au micro, les bras resserrés contre le corp, les muscles tendus comme un robot, on pense immediatement à Ian Curtis. Le reste c'est plutôt un mélange de rock mélancolique à la Red House Painters et d'électricité à la Blues Explosion. Les morceaux sont sympathiques, malgré une certaine redite lassante, mais l'écriture prend plus d'ampleur sur les morceaux calmes, plus expérimentaux et aux mélodies acrocheuses. Une bonne entrée en matière donc.
Lorsque Idaho arrive, on constate avec étonnement qu'il n'y a pas de batterie, ni de basse, juste un piano, deux guitares posés dans un coin et un vidéo-projecteur. En effet, après avoir viré tous les intermitents ayant participé à la renommée du groupe, ne subsistent que le maître Jeff Martin et son fidèle lieutenant John Berry (le légendaire guitariste du début), bouffi comme jamais suite à sa désintoxication à l'héro. Tous les morceaux seront joués au piano par Jeff, alors que John s'occupera de gérer un synthé qui juxtaposera les enregistrements de batterie, guitares, voix, arrangements etc... par dessus le chant de Jeff. Donc essentiellement des titres des deux derniers albums plus quelques inédits. Pendant ce temps un portable projetera des clips DVD sur l'écran en arrière fond. Cela occasionnera d'ailleurs quelques temps de téléchargement récalcitrant, amusant plutôt qu'autres choses. A première vue, cela peut paraître rebutant mais cela permet de se concentrer sur Jeff et "sa chose", comme il le dit lui-même, qu'il a enfanté.
Et c'est là que le charme opère: les titres à la douce mélancolie se marie superbement à la voix grave et enchanteresse de Jeff Martin. Derrière, le défilement de routes, de voix ferrées, d'allées bordées de palmiers (deux thèmes récurents chez Idaho: la perte de soi à opposer à la fixation en tant qu'objectif innateignable) sublime les compositions. On assiste à un poème minimal et intimiste, dépouillé à l'extrême et résumé à sa plus profonde tristesse. Les quelques slides de John Berry ressemblant à de longues plaintes perdues en mer, les hochements de tête d'un Jeff Martin reposé mais toujours aussi habité, les petits effets discrets, les apparitions de fleurs géantes ou de tâches lumineuses sur l'écran, tout cela concourt à rendre ces moments de désenchantement quasiment hypnotiques. Jeff reprendra la guitare pour les quatres derniers morceaux, rendant encore plus palpables les émotions véhiculant sur scène. On regrette alors de ne pas en avoir plus, pire encore de ne pas être né plus tôt pour assister aux premiers concerts du groupe, toutes guitares dehors. Le rappel (très demandé par un public conquis) se jouera de façon émouvante à nouveau au piano, notamment une chanson jouée pour la première fois et composée pour sa mère lors d'un Noël adolescent.
Un concert rare donc, d'une qualité aussi précieuse qu'un trésor oublié. A la fin, les membres du groupe se rendront disponibles et on constate alors avec plaisir la joie qu'ils peuvent éprouver à discuter avec le public. Idaho semble rejoindre un peu plus la lumière, heureusement que ce n'est pas encore le cas pour sa musique....
En ouverture, Cass McCombs a la rude tâche d'imposer l'ambiance. Quatres types et des guitares. La première intro est plutôt cool, très rock mais lorsqu'on voit le chanteur (assez charismatique je dois dire) s'avancer au micro, les bras resserrés contre le corp, les muscles tendus comme un robot, on pense immediatement à Ian Curtis. Le reste c'est plutôt un mélange de rock mélancolique à la Red House Painters et d'électricité à la Blues Explosion. Les morceaux sont sympathiques, malgré une certaine redite lassante, mais l'écriture prend plus d'ampleur sur les morceaux calmes, plus expérimentaux et aux mélodies acrocheuses. Une bonne entrée en matière donc.
Lorsque Idaho arrive, on constate avec étonnement qu'il n'y a pas de batterie, ni de basse, juste un piano, deux guitares posés dans un coin et un vidéo-projecteur. En effet, après avoir viré tous les intermitents ayant participé à la renommée du groupe, ne subsistent que le maître Jeff Martin et son fidèle lieutenant John Berry (le légendaire guitariste du début), bouffi comme jamais suite à sa désintoxication à l'héro. Tous les morceaux seront joués au piano par Jeff, alors que John s'occupera de gérer un synthé qui juxtaposera les enregistrements de batterie, guitares, voix, arrangements etc... par dessus le chant de Jeff. Donc essentiellement des titres des deux derniers albums plus quelques inédits. Pendant ce temps un portable projetera des clips DVD sur l'écran en arrière fond. Cela occasionnera d'ailleurs quelques temps de téléchargement récalcitrant, amusant plutôt qu'autres choses. A première vue, cela peut paraître rebutant mais cela permet de se concentrer sur Jeff et "sa chose", comme il le dit lui-même, qu'il a enfanté.
Et c'est là que le charme opère: les titres à la douce mélancolie se marie superbement à la voix grave et enchanteresse de Jeff Martin. Derrière, le défilement de routes, de voix ferrées, d'allées bordées de palmiers (deux thèmes récurents chez Idaho: la perte de soi à opposer à la fixation en tant qu'objectif innateignable) sublime les compositions. On assiste à un poème minimal et intimiste, dépouillé à l'extrême et résumé à sa plus profonde tristesse. Les quelques slides de John Berry ressemblant à de longues plaintes perdues en mer, les hochements de tête d'un Jeff Martin reposé mais toujours aussi habité, les petits effets discrets, les apparitions de fleurs géantes ou de tâches lumineuses sur l'écran, tout cela concourt à rendre ces moments de désenchantement quasiment hypnotiques. Jeff reprendra la guitare pour les quatres derniers morceaux, rendant encore plus palpables les émotions véhiculant sur scène. On regrette alors de ne pas en avoir plus, pire encore de ne pas être né plus tôt pour assister aux premiers concerts du groupe, toutes guitares dehors. Le rappel (très demandé par un public conquis) se jouera de façon émouvante à nouveau au piano, notamment une chanson jouée pour la première fois et composée pour sa mère lors d'un Noël adolescent.
Un concert rare donc, d'une qualité aussi précieuse qu'un trésor oublié. A la fin, les membres du groupe se rendront disponibles et on constate alors avec plaisir la joie qu'ils peuvent éprouver à discuter avec le public. Idaho semble rejoindre un peu plus la lumière, heureusement que ce n'est pas encore le cas pour sa musique....
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Vic |
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