Idaho
Year After Year |
Label :
Caroline |
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Year After Year fait partie de ces albums cultes dont tout le monde parle avec respect mais que personne n'a acheté. Pourtant pour un premier jet, Jeff Martin lance un sacré pavé dans la mare du rock. Tout simplement parce que ses compositions uniques marquent les esprit au fer rouge. Héritier d'une bonne fortune lui permettant de réaliser ses fantasmes de musiciens sur la côte de Los Angeles, il va pourtant partir avec son fidèle ami mais néanmoins drogué, John Berry (viré le temps de soigner son addiction), à la revisite d'une Amérique crépusculaire. Mélangeant la lenteur de Codeine avec la tristesse d'un folk désenchanté (style Johnny Cash ou Nick Drake), Idaho sombre dans une déprime totale. Chacune des chansons est un compte-rendu lucide d'une vie morne où le soleil n'est qu'une ligne de plus dans le dictionnaire. On est stupéfait devant cet étalage sans pudeur de plaies profondes.
La voix à la fois éraillé par l'alcool et suave de ce pauvre laissé-pour-compte, les slides interminables de John Berry, les intros à la guitare sèche aussi plombées qu'un dimanche pluvieux, les coups métromoniques à la batterie, tout cela contribue à une ambiance trainante, froide, cynique, pesante et sans espoir. Il ne reste plus que nous et nos vieux fantômes. Plonger dans ce marasme insondable, c'est garder des stigmates à jamais, en ressortir abbatu. Ainsi "Here To Go" est un crescendo aboutissant à un exutoire émouvant s'achevant sur une déferlante de roulement de caisse et de guitares saturées. "Skyscrape" est une ballade renversante de sincérité et de mélancolie. Les riffs implacables de "Memorial Day" s'éteignent dans un nuage de feedback et autres réverbérations. Il faudrait les citer toutes. Vue de l'extérieur, la formule peut sembler répétitive mais à l'époque tout était à inventer.
On ne peut qu'être sensible à cette amertume présente tout du long. Parallèlement à Red House Painters ou American Music Club, Idaho se fera le pionnier du courant sadcore, mouvement qui n'a jamais aussi bien porté son nom. Mais nulle part ailleurs on aura écouté des plaintes aussi dramatiques. Cet album, noir de bout en bout, dégage une force époustouflante de part le brio de son intensité. Une oeuvre à l'orée de laquelle on peut noter le chemin parcouru par ce groupe attachant mais maudit, et qui a su rester une référence.
"There's nothing else to do" regrette Jeff Martin sur "The Only Road". A quoi bon ? Tout est dit...
La voix à la fois éraillé par l'alcool et suave de ce pauvre laissé-pour-compte, les slides interminables de John Berry, les intros à la guitare sèche aussi plombées qu'un dimanche pluvieux, les coups métromoniques à la batterie, tout cela contribue à une ambiance trainante, froide, cynique, pesante et sans espoir. Il ne reste plus que nous et nos vieux fantômes. Plonger dans ce marasme insondable, c'est garder des stigmates à jamais, en ressortir abbatu. Ainsi "Here To Go" est un crescendo aboutissant à un exutoire émouvant s'achevant sur une déferlante de roulement de caisse et de guitares saturées. "Skyscrape" est une ballade renversante de sincérité et de mélancolie. Les riffs implacables de "Memorial Day" s'éteignent dans un nuage de feedback et autres réverbérations. Il faudrait les citer toutes. Vue de l'extérieur, la formule peut sembler répétitive mais à l'époque tout était à inventer.
On ne peut qu'être sensible à cette amertume présente tout du long. Parallèlement à Red House Painters ou American Music Club, Idaho se fera le pionnier du courant sadcore, mouvement qui n'a jamais aussi bien porté son nom. Mais nulle part ailleurs on aura écouté des plaintes aussi dramatiques. Cet album, noir de bout en bout, dégage une force époustouflante de part le brio de son intensité. Une oeuvre à l'orée de laquelle on peut noter le chemin parcouru par ce groupe attachant mais maudit, et qui a su rester une référence.
"There's nothing else to do" regrette Jeff Martin sur "The Only Road". A quoi bon ? Tout est dit...
Très bon 16/20 | par Vic |
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