Idaho
People Like Us Should Be Stopped [Live] |
Label :
Idaho |
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Sans soucis de production, sans effort de remixage, ce recueil live sonne littéralement brut, à tel point que l'on est directement immicé dans l'ambiance oppressante et phobique des premiers concerts d'Idaho.
Malade, viscéralement dérangé et dépressif à souhait, le groupe à ses débuts (on était en 1993, aux prémices du sadcore) se laissait aller à l'exultation de ses pires maux obscessionnels, allant jusqu'au déballage impudique.
Le rythme est lent, très lent, devenant par moment martial et imposant. Cela tient du ressort du martelage, de l'écrasement, de l'écrabouillage presque, tant la batterie (de Jeff Zimmitti) est frappée durement, métronomiquement et les guitares usées jusqu'à la corde. John Berry et Doug Smith (qui passaient leurs temps à boire et se droguer dans les chambres d'hôtels, voire même devant, jusqu'à se faire menacer d'expulsion) préfèrent tisser un réseau étouffant de feedback qu'enchaîner des lignes harmoniques. Si notes il y a, c'est avec parcimonie qu'elles sont jouées, conférant aux mélodies un caractère unique de sincérité intimiste et envoûtante. Les morceaux débutent de manière sourde, jetant une ambiance crépusculaire, entre mélancolie sincère et abandon vomitoire. Le noir qui touche toutes les notes rend l'atmosphère acre et poisseuse, si bien que la malaise gagne vite. Bien souvent le temps s'égrenne avant que les retenues ne cèdent et que tout explose. Les guitares saturées se lâchent et se répandent en un vacarme épouvantable, cathartique et immencément condensé. L'intensité atteinte est telle qu'elle en serait palpable. Elle serre à la gorge, sidère et laisse éberlué mais concquis. La saturation est vite atteinte lors de ces paroxysmes décoiffants où on a l'impression que tout va s'écrouler.
Entre vertige et écoeurement, on écoute, impuissant mais incroyablement fasciné, ce déluge au ralenti de misères, de cris et de souffrances rentrées.
Par dessus les slides caressants et perdus, Jeff Martin, complètement habité par ses émotions désespérées, hurle et jette au monde toute sa hargne de sa voix incroyable, râpeuse, rocailleuse et déjà usée, mais terriblement attachante. A d'autres moments, il sussure, s'évade et se déconnecte de la réalité sur des caresses chaudes et graves. C'est à peine s'il se rend compte du fouilli sonore dont il est responsable autour de lui.
L'abscence de retour sur ces enregistrements uniques (récupérés par John Berry et parus sur leur propre label) permet au mieux de sentir toute la violence qu'il pouvait exister dans la musique des débuts d'Idaho mais aussi toute cette douce tristesse qu'on surprend dans les mélodies cachées sous les slides ou dans les passages rêveurs et expérimentaux. Le son y est authentique. La sincérité de ce groupe unique n'en est que plus majestueuse encore.
Après de longues et répétées écoutes, ce désespoir chronique et incurable marque encore les esprits. Rarement la communion avec un groupe aura pu être approchée autant. On s'approprie cet album et on en fait cette voix, ou plutôt ce cri, qui habite en chacun de nous mais qu'on n'ose dévoiler, par pudeur...
Malade, viscéralement dérangé et dépressif à souhait, le groupe à ses débuts (on était en 1993, aux prémices du sadcore) se laissait aller à l'exultation de ses pires maux obscessionnels, allant jusqu'au déballage impudique.
Le rythme est lent, très lent, devenant par moment martial et imposant. Cela tient du ressort du martelage, de l'écrasement, de l'écrabouillage presque, tant la batterie (de Jeff Zimmitti) est frappée durement, métronomiquement et les guitares usées jusqu'à la corde. John Berry et Doug Smith (qui passaient leurs temps à boire et se droguer dans les chambres d'hôtels, voire même devant, jusqu'à se faire menacer d'expulsion) préfèrent tisser un réseau étouffant de feedback qu'enchaîner des lignes harmoniques. Si notes il y a, c'est avec parcimonie qu'elles sont jouées, conférant aux mélodies un caractère unique de sincérité intimiste et envoûtante. Les morceaux débutent de manière sourde, jetant une ambiance crépusculaire, entre mélancolie sincère et abandon vomitoire. Le noir qui touche toutes les notes rend l'atmosphère acre et poisseuse, si bien que la malaise gagne vite. Bien souvent le temps s'égrenne avant que les retenues ne cèdent et que tout explose. Les guitares saturées se lâchent et se répandent en un vacarme épouvantable, cathartique et immencément condensé. L'intensité atteinte est telle qu'elle en serait palpable. Elle serre à la gorge, sidère et laisse éberlué mais concquis. La saturation est vite atteinte lors de ces paroxysmes décoiffants où on a l'impression que tout va s'écrouler.
Entre vertige et écoeurement, on écoute, impuissant mais incroyablement fasciné, ce déluge au ralenti de misères, de cris et de souffrances rentrées.
Par dessus les slides caressants et perdus, Jeff Martin, complètement habité par ses émotions désespérées, hurle et jette au monde toute sa hargne de sa voix incroyable, râpeuse, rocailleuse et déjà usée, mais terriblement attachante. A d'autres moments, il sussure, s'évade et se déconnecte de la réalité sur des caresses chaudes et graves. C'est à peine s'il se rend compte du fouilli sonore dont il est responsable autour de lui.
L'abscence de retour sur ces enregistrements uniques (récupérés par John Berry et parus sur leur propre label) permet au mieux de sentir toute la violence qu'il pouvait exister dans la musique des débuts d'Idaho mais aussi toute cette douce tristesse qu'on surprend dans les mélodies cachées sous les slides ou dans les passages rêveurs et expérimentaux. Le son y est authentique. La sincérité de ce groupe unique n'en est que plus majestueuse encore.
Après de longues et répétées écoutes, ce désespoir chronique et incurable marque encore les esprits. Rarement la communion avec un groupe aura pu être approchée autant. On s'approprie cet album et on en fait cette voix, ou plutôt ce cri, qui habite en chacun de nous mais qu'on n'ose dévoiler, par pudeur...
Très bon 16/20 | par Vic |
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