Ty Segall

Et c'est reparti pour une nouvelle année avec un nouveau disque de Ty Segall, qui ne peut décidément pas s'empêcher de se reposer ne serait-ce que 365 jours d'affilée. Pour commencer 2015, il démarre tout doucement avec un EP quatre titres. Chose marrante si ce n'est inventif, l'objet est composé de deux 45 Tours de couleurs Rouge et Bleu... oui oui, tout comme nos vieilles lunettes 3D et pour cause, Mr. Face est considéré comme la toute première lunette 3D écoutable, rien que ça.

Avouons-le, ce qui nous importe le plus ici c'est surtout la musique et de ce côté-ci, c'est une nouvelle fois de grande qualité. Avec son mélange d'acoustique et d'électrique, l'EP aurait pu faire le pont entre ses deux précédents albums car l'on retrouve bien le folk entrainant et touchant de Sleeper et le garage-glam rock assez rageux et maitrisé de Manipulator. La chanson titre est une très bonne ouverture, commençant en acoustique avec un riff quasi dansant rappelant le meilleur de Led Zeppelin III, elle se mût d'un coup en une grosse bouffée d'énergie durant la dernière minute comme si le Ty Segall Band s'était tout d'un coup invité. Suit "Circles", une composition assez influencé The Who, déjà par le titre lui-même, par le chant assez période 60's, mais surtout par la folie qui s'en émane. On a là comme une version chantée de "Cobwebs And Strange", ça part dans tous les sens, ça joue faux tout en restant vrai car c'est contrôlé, mais ce qui est dommage c'est justement que ça ne part pas dans la folie pure. Ty aurait pu complètement péter un câble avec cette chanson, tout se permettre quitte à passer pour un gros fou, mais il a préféré rester dans une certaine retenue. Peut-être se rattrapera-t-il durant ses concerts.

Le second 45 Tours démarre avec "Drug Mugger" et là arrive le premier signe de faiblesse du jeune Segall, cette chanson ressemble beaucoup trop à "Tall Man, Skinny Lady" sur Manipulator. Est-ce une légère perte d'inspiration ou est-ce voulu ? Malgré qu'on dirait une version un petit peu ralenti, ça n'enlève rien à la qualité du titre ; c'est groovy à souhait, on a un superbe solo de guitare et une fois entendu, elle ne ressort jamais de la tête. Une réussite malgré une filiation évidente. Puis arrive "The Picture" en guise de conclusion parfaite. Cette chanson est sûrement une des plus belles de toute sa discographie, de la mélodie de guitare à la voix d'ange, en passant par l'ambiance décontractée et assez intimiste. Une pépite vient d'être semée et elle est bouleversante.

Mr Face n'est pas qu'un joujou en 3D, c'est aussi un petit disque très réussi. Ty Segall continue de briller en maitrisant son art, puisse-t-il continuer ainsi.