The Dillinger Escape Plan
One Of Us Is The Killer |
Label :
Sumerian |
||||
J'avais complètement perdu The Dillinger Escape Plan de vue depuis Miss Machine dont l'inégalité m'avait profondément déçu tant tout ce qui précédait cette sortie était pure tuerie sauvage et massacre de masse. J'ajouterais à cela une tendance vraiment trop marquée à singer Mike Patton, mais sans le talent de copiste de Hunab Ku par exemple, et j'avais suffisamment d'arguments pour tourner la page sans remords.
Pourtant, le premier single de ce One Of Us Is The Killer, à savoir "When I Lost My Bet", a de suite su me convaincre de revenir vers mes anciens amours mathcoreux. Un titre rageur, puissant, avec cette voix unique de Greg Puciato qui, dans le registre hurlé, est un des tous meilleurs. La technique jazz développée par le passé semble avoir définitivement cédé le pas pour un registre plus massif (les riffs sont vraiment surpuissants) mais la cohésion d'ensemble est bien là. Une très bonne entrée en matière donc.
Du coup, j'écoute l'album en entier et mon sentiment demeure finalement le même qu'à la découverte de Miss Machine. Le disque contient des monstruosités mathcores de première bourre qui placent TDEP au sommet de la pyramide mais elles sont complètement occultées par des titres à la limite du rock californien, en à peine plus musclé, et j'ai encore une fois le sentiment d'écouter un mauvais album de Patton, le timbre de voix et le type de chant de Greg n'aidant pas à faire disparaître ce ressenti. De plus, on prend vite la très mauvaise habitude de se dire que plus le morceau est long, plus on va s'emmerder, chose que l'album confirme tout du long.
On retiendra quand même l'excellent instrumental "CH 375 268 277 ARS" pour ses rythmiques barrées, enchaîné avec le violent "Magic That I Held You Prisoner", plus typique du style que j'affectionnais (si je mets de côté le refrain), ainsi que "Prancer" en ouverture du disque mais cela reste trop peu.
One Of Us Is The Killer s'achève et j'ai le sentiment du talent gâché et d'un manque de personnalité flagrant. Calculating Infinity n'est pas prêt d'être détrôné dans mon petit cœur tendre.
Pourtant, le premier single de ce One Of Us Is The Killer, à savoir "When I Lost My Bet", a de suite su me convaincre de revenir vers mes anciens amours mathcoreux. Un titre rageur, puissant, avec cette voix unique de Greg Puciato qui, dans le registre hurlé, est un des tous meilleurs. La technique jazz développée par le passé semble avoir définitivement cédé le pas pour un registre plus massif (les riffs sont vraiment surpuissants) mais la cohésion d'ensemble est bien là. Une très bonne entrée en matière donc.
Du coup, j'écoute l'album en entier et mon sentiment demeure finalement le même qu'à la découverte de Miss Machine. Le disque contient des monstruosités mathcores de première bourre qui placent TDEP au sommet de la pyramide mais elles sont complètement occultées par des titres à la limite du rock californien, en à peine plus musclé, et j'ai encore une fois le sentiment d'écouter un mauvais album de Patton, le timbre de voix et le type de chant de Greg n'aidant pas à faire disparaître ce ressenti. De plus, on prend vite la très mauvaise habitude de se dire que plus le morceau est long, plus on va s'emmerder, chose que l'album confirme tout du long.
On retiendra quand même l'excellent instrumental "CH 375 268 277 ARS" pour ses rythmiques barrées, enchaîné avec le violent "Magic That I Held You Prisoner", plus typique du style que j'affectionnais (si je mets de côté le refrain), ainsi que "Prancer" en ouverture du disque mais cela reste trop peu.
One Of Us Is The Killer s'achève et j'ai le sentiment du talent gâché et d'un manque de personnalité flagrant. Calculating Infinity n'est pas prêt d'être détrôné dans mon petit cœur tendre.
Sympa 14/20 | par Arno Vice |
Posté le 22 mai 2013 à 13 h 11 |
C'est par le clinamen, ou déclinaison, que des agrégats se forment de manière accidentelle à partir d'une pluie d'atomes qui sans cela choieraient indéfiniment dans le vide, selon cette vieille théorie que l'on retrouve chez Lucrèce. Sans cette déclinaison, point de monde. Très bien, mais qu'est-ce que cela vient foutre ici ? m'objecteras-tu sans doute, lecteur. Patience. J'en viens au fait. Pour se frayer un chemin dans le monde du rock, Ben Wienman n'a pas choisit la facilité. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter le premier album de Dillinger Escape Plan : Calculating Infinity. D'ailleurs, le titre indiquait assez clairement le caractère proprement délirant des ambitions de notre homme. Mais bon, passons.
Après avoir poussé à exhaustion ce procédé d'écriture fait d'une chaîne de riffs robotiques qui ressemblent à un texte de Kant codé en morse, régulièrement interrompue par des accidents rythmiques et des interludes jazz, Ben Wienman s'est trouvé devant une première impasse. Comment concilier ce chaos machinal avec la mélodie ? Comment inventer une mélodie capable de tenir sans s'effondrer sur ces tremblements de terre rythmiques ? Enfin, comment restaurer la continuité là où elle se brise sans ternir l'éclat de la violence ? Dur. Ça nous emmène forcément loin cette histoire. N'importe qui aurait jeté l'éponge, et avec raison. Las, Ben Wienman a commencé par contourner le problème, en coupant assez nettement sa musique en deux dès l'album suivant : Miss Machine. Ça à donné le partage que l'on connaît, entre le chaos mathématique du début et les soigneux tubes pop-rock à la signature rythmique stable qui n'ont pas plu à tout le monde (le public est toujours ingrat). Ces deux aspects cohabitaient, certes, mais menaient une existence autonome. Pourtant, tout cela formait une belle histoire parallèle. Les harmonies et les mélodies se développaient d'une manière singulière. D'un extrême à l'autre, tout était bien pensé par le même esprit. Aucun doute. Mais Wienman espérait autre chose qu'un équilibre ou un dosage entre plusieurs éléments hétérogènes. Et il me semble que One Of Us Is The Killer peut être considéré comme une nouvelle étape en vue de l'unité. Tout s'y passe comme si Wienman, dans un accès de rage créatrice, avait déchiré toutes ses partitions et tout balancé en l'air en attendant de voir à quelles heureuses collisions d'atomes cela pouvait donner lieu.
Ce qui m'a toujours ému, dans sa musique, c'est qu'elle figure un combat héroïque - toujours le même - contre la crispation, où la vie flue habilement entre les rouages inhumains de la machine, et résiste à la folie. L'énergie brute doit y trouver une expression à la mesure de sa violence. Et pour que la violence ou l'angoisse se traduisent par autre chose qu'un râle dérisoire ou des coups contre un mur, il faut la penser. Dans cette perspective, One Of Us Is The Killer atteint un certain degré de raffinement. Car dans cet album, violence et angoisse puisent leur force dans la beauté.
Ce qui est frappant, c'est d'abord la production, qui est plus aérée. Un grand espace vide, propice aux rencontres aléatoires, qui pourrait aussi bien être une mémoire traversée d'images. Ensuite, le paramètre rythmique varie d'une manière plus contrôlée, Wienman s'autorise même des rythmes plus lents. Par conséquent ce qui autre fois faisait bloc, tend à se déplier, s'entre-pénétrer si j'ose dire. Ce phénomène d'osmose et de simultanéité entre des phase qui autrefois étaient simplement successives est entièrement nouveau dans la musique de Dillinger Escape Plan. Enfin, l'orchestration, d'une grande discrétion, offre ici un rôle décisif aux synthétiseurs, aux machines, ainsi qu'aux cuivres comme dans la fantastique "Paranoïa Shields", pour parfaire la liaison des éléments.
Il en résulte une œuvre " métaphysique ", durant laquelle nous assistons à l'élaboration d'un plan qui n'est plus celui de l'évasion de Mike Dillinger, mais peut être bien celui de la création d'un monde musical nouveau, à partir des cendres dispersées de l'ancienne méthode inventée quinze ans plus tôt. Greg Pucciato a raison de conclure ainsi : "Now let's burn this we created", car c'est une promesse d'avenir.
Après avoir poussé à exhaustion ce procédé d'écriture fait d'une chaîne de riffs robotiques qui ressemblent à un texte de Kant codé en morse, régulièrement interrompue par des accidents rythmiques et des interludes jazz, Ben Wienman s'est trouvé devant une première impasse. Comment concilier ce chaos machinal avec la mélodie ? Comment inventer une mélodie capable de tenir sans s'effondrer sur ces tremblements de terre rythmiques ? Enfin, comment restaurer la continuité là où elle se brise sans ternir l'éclat de la violence ? Dur. Ça nous emmène forcément loin cette histoire. N'importe qui aurait jeté l'éponge, et avec raison. Las, Ben Wienman a commencé par contourner le problème, en coupant assez nettement sa musique en deux dès l'album suivant : Miss Machine. Ça à donné le partage que l'on connaît, entre le chaos mathématique du début et les soigneux tubes pop-rock à la signature rythmique stable qui n'ont pas plu à tout le monde (le public est toujours ingrat). Ces deux aspects cohabitaient, certes, mais menaient une existence autonome. Pourtant, tout cela formait une belle histoire parallèle. Les harmonies et les mélodies se développaient d'une manière singulière. D'un extrême à l'autre, tout était bien pensé par le même esprit. Aucun doute. Mais Wienman espérait autre chose qu'un équilibre ou un dosage entre plusieurs éléments hétérogènes. Et il me semble que One Of Us Is The Killer peut être considéré comme une nouvelle étape en vue de l'unité. Tout s'y passe comme si Wienman, dans un accès de rage créatrice, avait déchiré toutes ses partitions et tout balancé en l'air en attendant de voir à quelles heureuses collisions d'atomes cela pouvait donner lieu.
Ce qui m'a toujours ému, dans sa musique, c'est qu'elle figure un combat héroïque - toujours le même - contre la crispation, où la vie flue habilement entre les rouages inhumains de la machine, et résiste à la folie. L'énergie brute doit y trouver une expression à la mesure de sa violence. Et pour que la violence ou l'angoisse se traduisent par autre chose qu'un râle dérisoire ou des coups contre un mur, il faut la penser. Dans cette perspective, One Of Us Is The Killer atteint un certain degré de raffinement. Car dans cet album, violence et angoisse puisent leur force dans la beauté.
Ce qui est frappant, c'est d'abord la production, qui est plus aérée. Un grand espace vide, propice aux rencontres aléatoires, qui pourrait aussi bien être une mémoire traversée d'images. Ensuite, le paramètre rythmique varie d'une manière plus contrôlée, Wienman s'autorise même des rythmes plus lents. Par conséquent ce qui autre fois faisait bloc, tend à se déplier, s'entre-pénétrer si j'ose dire. Ce phénomène d'osmose et de simultanéité entre des phase qui autrefois étaient simplement successives est entièrement nouveau dans la musique de Dillinger Escape Plan. Enfin, l'orchestration, d'une grande discrétion, offre ici un rôle décisif aux synthétiseurs, aux machines, ainsi qu'aux cuivres comme dans la fantastique "Paranoïa Shields", pour parfaire la liaison des éléments.
Il en résulte une œuvre " métaphysique ", durant laquelle nous assistons à l'élaboration d'un plan qui n'est plus celui de l'évasion de Mike Dillinger, mais peut être bien celui de la création d'un monde musical nouveau, à partir des cendres dispersées de l'ancienne méthode inventée quinze ans plus tôt. Greg Pucciato a raison de conclure ainsi : "Now let's burn this we created", car c'est une promesse d'avenir.
Parfait 17/20
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