Napalm Death
Order Of The Leech |
Label :
Spitfire |
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Je poursuis inlassablement ma propagande napalmdeathienne, tel un séminariste zélé envoyé prêcher la bonne parole dans quelque peuplade impie... Dans ma besace, bien coincé entre mon pack de bières 9,9°, un exemplaire dédicacé de "A Clockwork Orange" et le portrait de Thatcher avec son jeu de fléchettes, je pars donc en Terra Incognita promouvoir le bien nommé Order Of The Leech... Souriant et avenant sous mes allures débonnaires, j'expose aux yeux émerveillés de tous, les visages émaciés qui ornent la pochette de ce nouveau brûlot. Chacun y va alors de sa prise de parole, qui d'une naïve question, qui d'un commentaire sceptique (je note mentalement que celui-là devra être éliminé au plus tôt), qui d'une légitime curiosité suscitée par mon légendaire bagout...
Pour m'assurer la docilité des villageois, je les amadoue (qui a dit "Jean" ?) à l'aide de quelques paroles réconfortantes : Non Napalm Death, c'est surtout un nom pour faire peur aux petits enfants ou aux trépanés de nos glorieuses batailles ! Au fond, on peut apprécier Interpol, Animal Collective ou Radiohead et aussi écouter ces petits gavroches anglais ! C'est fort de ces propos apaisants que je m'enferme avec toute la smala dans une cabane certes rustique mais où l'électricité n'est pas un vain mot... J'entame alors gaillardement mon prêche avec de suite les arguments saillants. "The Icing On The Hate" plein pot ! Bam ! Tu parles d'un verset qui fait son office ! Tout le monde se tortille en pleurant mais j'ai bien pris soin de bloquer la porte, personne ne sort sans mon autorisation ! Bouh ! Les mamans qui larmoient en essayant de boucher les oreilles des gamins, pas qu'ils soient effrayés par tous ces hurlements ! Mais où sont-elles les jolies mélodies promises ? Les ritournelles douces-amères dont je faisais tantôt les louanges ? Au diable ces petits péteux gominés à la mèche Jean-Louis David ! Me voilà loup au milieu des brebis mes frères ! "Forced To Fear" ! Je vous ai menti mes agneaux ! Que je m'en vais récolter votre cérumen et le vendre à prix d'or à l'entrée des concerts de grind ! En bouchon anti-bruit ! C'est la mondialisation ! Et vas-y qu'ils gigottent ! Ils étaient trop dans leur conformisme musical, qu'on leur proposait toujours la même chose pour pas leur mettre de mauvaises idées en tête ! Me voilà ! "Per Capita" nom de Dieu ! Volume à fond ! Je leur montre là, comment qu'il faut bouger pour que ça passe mieux, faut pas subir ! La tête ! Avant ! Arrière ! Hélicoptère avec les cheveux ! Les bras désordonnés ! À filer des coups de latte au voisin ! Vas-y ! Hardi canaille ! Comment ça dégénère d'un coup ! C'est qu'on y prend goût à l'odeur du Napalm, c'est le sirop épais qui obstrue les écoutilles, que quand tu y as goûté, t'as le palais définitivement cramé, incapable de sentir autre chose ! C'est fini, tu ne peux pas revenir écouter The Arcade Fire après ça, tu ne les entends même plus ! Qu'on dirait des mimes ! Aphones ! "Farce and Fiction", je suis tout à ma jubilation, en plein délire ! Il ne plaît pas trop mon petit catéchisme mais j'en vois quand même un ou deux qui ont l'air prometteur ! L'œil vitreux, la bave aux lèvres, ils sont à moi !
Une fois le silence revenu, je les regarde traîner la patte jusqu'à leurs groupes fétiches et essayer de se refaire une santé, leurs petits yeux tristes et larmoyants lorsqu'ils se rendent compte qu'ils n'entendent plus rien... Peut-être suis-je allé trop loin, tout le monde ne serait pas fait pour écouter Napalm Death ? Une telle remise en cause de mes plus profondes croyances me laisse un goût amer qu'une bonne lampée fait aussi disparaître, je peux poursuivre ma route, ma foi et ma dévotion sont intactes...
Pour m'assurer la docilité des villageois, je les amadoue (qui a dit "Jean" ?) à l'aide de quelques paroles réconfortantes : Non Napalm Death, c'est surtout un nom pour faire peur aux petits enfants ou aux trépanés de nos glorieuses batailles ! Au fond, on peut apprécier Interpol, Animal Collective ou Radiohead et aussi écouter ces petits gavroches anglais ! C'est fort de ces propos apaisants que je m'enferme avec toute la smala dans une cabane certes rustique mais où l'électricité n'est pas un vain mot... J'entame alors gaillardement mon prêche avec de suite les arguments saillants. "The Icing On The Hate" plein pot ! Bam ! Tu parles d'un verset qui fait son office ! Tout le monde se tortille en pleurant mais j'ai bien pris soin de bloquer la porte, personne ne sort sans mon autorisation ! Bouh ! Les mamans qui larmoient en essayant de boucher les oreilles des gamins, pas qu'ils soient effrayés par tous ces hurlements ! Mais où sont-elles les jolies mélodies promises ? Les ritournelles douces-amères dont je faisais tantôt les louanges ? Au diable ces petits péteux gominés à la mèche Jean-Louis David ! Me voilà loup au milieu des brebis mes frères ! "Forced To Fear" ! Je vous ai menti mes agneaux ! Que je m'en vais récolter votre cérumen et le vendre à prix d'or à l'entrée des concerts de grind ! En bouchon anti-bruit ! C'est la mondialisation ! Et vas-y qu'ils gigottent ! Ils étaient trop dans leur conformisme musical, qu'on leur proposait toujours la même chose pour pas leur mettre de mauvaises idées en tête ! Me voilà ! "Per Capita" nom de Dieu ! Volume à fond ! Je leur montre là, comment qu'il faut bouger pour que ça passe mieux, faut pas subir ! La tête ! Avant ! Arrière ! Hélicoptère avec les cheveux ! Les bras désordonnés ! À filer des coups de latte au voisin ! Vas-y ! Hardi canaille ! Comment ça dégénère d'un coup ! C'est qu'on y prend goût à l'odeur du Napalm, c'est le sirop épais qui obstrue les écoutilles, que quand tu y as goûté, t'as le palais définitivement cramé, incapable de sentir autre chose ! C'est fini, tu ne peux pas revenir écouter The Arcade Fire après ça, tu ne les entends même plus ! Qu'on dirait des mimes ! Aphones ! "Farce and Fiction", je suis tout à ma jubilation, en plein délire ! Il ne plaît pas trop mon petit catéchisme mais j'en vois quand même un ou deux qui ont l'air prometteur ! L'œil vitreux, la bave aux lèvres, ils sont à moi !
Une fois le silence revenu, je les regarde traîner la patte jusqu'à leurs groupes fétiches et essayer de se refaire une santé, leurs petits yeux tristes et larmoyants lorsqu'ils se rendent compte qu'ils n'entendent plus rien... Peut-être suis-je allé trop loin, tout le monde ne serait pas fait pour écouter Napalm Death ? Une telle remise en cause de mes plus profondes croyances me laisse un goût amer qu'une bonne lampée fait aussi disparaître, je peux poursuivre ma route, ma foi et ma dévotion sont intactes...
Bon 15/20 | par Arno Vice |
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