Danzig
How The Gods Kill |
Label :
Warner |
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Été 92, Glenn Danzig, qui évolue désormais musicalement sous son propre nom, sort ce que d'aucuns considèrent comme sa meilleure réalisation : le mystérieux et envoûtant How The Gods Kill.
La pochette, un tableau de H.R. Giger, informe d'emblée l'auditeur qu'il n'a là que peu de chances d'écouter du happy metal ou du glam. Les couleurs marécageuses chères au peintre Suisse seyent à merveille à cette nouvelle offrande, qui s'annonce noire et poisseuse, musclée à l'image de son principal compositeur, sorte d'Elvis gothique tant au niveau de l'attitude que de la voix qui tient davantage du crooner que du chanteur metal traditionnel.
"Godless" ouvre le bal des damnés : roulements de batterie, guitares heavy à souhait, riff typé hard rock mais non caricatural et, à la minute, le vide. Le tempo chute brusquement, nous fait un méchant malaise vagal. On n'a alors plus envie de plaisanter sur le physique ombrageux et bodybuildé du sieur Glenn car l'ombre du Malin plane sur sa musique, impose sa marque sur ce bien étrange album.
Car étrange, How The Gods Kill l'est à plus d'un titre. Si l'on retrouve des plans typiques du metal (les guitares sont très référentielles dans leurs interventions lead), il faut néanmoins davantage chercher les influences du côté du doom (le superbe titre éponyme), voire du stoner encore balbutiant ("Left Hand Black", "Do You Wear the Mark"), la voix rauque et plaintive de Glenn (qui peut rebuter plus d'un curieux, il faut l'admettre) s'adaptant à tous les styles, se les appropriant sans vergogne et avec un talent incontestable.
À titre personnel, je ne suis pas un inconditionnel, ni de la carrière de Danzig, ni même de cet album-là. Cela dit, si sur la durée, une certaine lassitude à tendance à s'installer chez moi, je dois reconnaître que trois titres sont tout simplement somptueux, se hissant largement au-dessus d'une performance pourtant déjà de haute qualité.
Il y a d'abord "Anything" et "How the Gods Kill" qui, dans des registres assez similaires (longues introductions en arpèges, voix fredonnée et ambiance de messe noire) proposent de très intelligentes alternances entre calme et puissance : du minimalisme introductif aux gros riffs inspirés par on ne sait quelle bête à cornes, en passant par des mélodies vocales uniques et ensorcelantes, ces deux morceaux sont incontestablement des temps forts, des classiques incontournables dans la carrière du groupe.
La troisième composition phare est en revanche totalement atypique. "Sistinas" est une ballade qui développe une langueur assimilable au meilleur de Chris Isaac, une plage de romantisme sombre maculée d'une luminosité pâle... à mi chemin entre la comptine et des sentiments plus suaves, sensuels et charnels, Danzig réussit sans doute le tour de force de pousser au flirt le plus bourru de ses auditeurs tout en faisant tressaillir les organes d'un innocent enfant de choeur amené à s'interroger sur la soudaine turgescence qui déforme son habit de communiant.
Au final, How The Gods Kill exhale une atmosphère pesante et angoissante qui révèle la beauté de l'abjection jusque dans ses textes, loin des clichés démoniaques du genre. Les écrits y sont poétiques, raffinés et hautement évocateurs : à l'image de l'âme obscure de son créateur.
La pochette, un tableau de H.R. Giger, informe d'emblée l'auditeur qu'il n'a là que peu de chances d'écouter du happy metal ou du glam. Les couleurs marécageuses chères au peintre Suisse seyent à merveille à cette nouvelle offrande, qui s'annonce noire et poisseuse, musclée à l'image de son principal compositeur, sorte d'Elvis gothique tant au niveau de l'attitude que de la voix qui tient davantage du crooner que du chanteur metal traditionnel.
"Godless" ouvre le bal des damnés : roulements de batterie, guitares heavy à souhait, riff typé hard rock mais non caricatural et, à la minute, le vide. Le tempo chute brusquement, nous fait un méchant malaise vagal. On n'a alors plus envie de plaisanter sur le physique ombrageux et bodybuildé du sieur Glenn car l'ombre du Malin plane sur sa musique, impose sa marque sur ce bien étrange album.
Car étrange, How The Gods Kill l'est à plus d'un titre. Si l'on retrouve des plans typiques du metal (les guitares sont très référentielles dans leurs interventions lead), il faut néanmoins davantage chercher les influences du côté du doom (le superbe titre éponyme), voire du stoner encore balbutiant ("Left Hand Black", "Do You Wear the Mark"), la voix rauque et plaintive de Glenn (qui peut rebuter plus d'un curieux, il faut l'admettre) s'adaptant à tous les styles, se les appropriant sans vergogne et avec un talent incontestable.
À titre personnel, je ne suis pas un inconditionnel, ni de la carrière de Danzig, ni même de cet album-là. Cela dit, si sur la durée, une certaine lassitude à tendance à s'installer chez moi, je dois reconnaître que trois titres sont tout simplement somptueux, se hissant largement au-dessus d'une performance pourtant déjà de haute qualité.
Il y a d'abord "Anything" et "How the Gods Kill" qui, dans des registres assez similaires (longues introductions en arpèges, voix fredonnée et ambiance de messe noire) proposent de très intelligentes alternances entre calme et puissance : du minimalisme introductif aux gros riffs inspirés par on ne sait quelle bête à cornes, en passant par des mélodies vocales uniques et ensorcelantes, ces deux morceaux sont incontestablement des temps forts, des classiques incontournables dans la carrière du groupe.
La troisième composition phare est en revanche totalement atypique. "Sistinas" est une ballade qui développe une langueur assimilable au meilleur de Chris Isaac, une plage de romantisme sombre maculée d'une luminosité pâle... à mi chemin entre la comptine et des sentiments plus suaves, sensuels et charnels, Danzig réussit sans doute le tour de force de pousser au flirt le plus bourru de ses auditeurs tout en faisant tressaillir les organes d'un innocent enfant de choeur amené à s'interroger sur la soudaine turgescence qui déforme son habit de communiant.
Au final, How The Gods Kill exhale une atmosphère pesante et angoissante qui révèle la beauté de l'abjection jusque dans ses textes, loin des clichés démoniaques du genre. Les écrits y sont poétiques, raffinés et hautement évocateurs : à l'image de l'âme obscure de son créateur.
Bon 15/20 | par Arno Vice |
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