Tortoise

Paris [Alhambra] - mercredi 09 décembre 2009

TORTUES :
"Il existe deux sous-ordres, les Pleurodires qui regroupent des tortues palustres et les Cryptodires qui regroupent les tortues marines, les terrestres et certaines aquatiques. Les testudines constituent le dernier ordre (clade) de la sous-classe des Chéloniens à avoir survécu à l'extinction du Permien. La plupart des tortues vivent en zone tropicale et 42 % sont en voie d'extinction. De nombreuses espèces sont de grandes migratrices...".

Bon alors, deux choses : Tortoise n'est définitivement pas une espèce éteinte, peut-être menacée, mais qui existe bel et bien. Et heureusement, elle fait partie des espèces migratrices... migrations peu fréquentes néanmoins...

"Sous les pavés la plage...". Ces 5 tortues chicagoanes ont bien entendu l'appel parisien et ont donc décidé, après la ponte de Beacons Of Ancestorship, d'entamer un périple vers l'Ancien Monde, et décidaient de poser leurs carapaces à l'Alhambra cette journée du 09 décembre 2009.

Malheureusement, la plage était déjà infestée par une espèce encore non identifiée, ou peut-être par certains, qui lui ont donné l'impénétrable nom de NLF3. Il doit s'agir de la courte formule de leur ADN, ces trois individus d'une même fratrie nous livrant un set indigent, entre exercices vocaux qu'un Sigur Ros aurait pris pour un chant mortuaire et découverte des instruments à corde (ont-ils déjà tenu une basse et une guitare entre les mains?). Le batteur, quant à lui, était juste là pour tester la capacité de résistance des peaux, voire des baguettes, qu'il faisait d'ailleurs (mais sans le faire exprès) un malin plaisir à lâcher au cours d'essais de jonglages minimaux (un tour en l'air et je rattrape...). Je lis en me renseignant qu'ils évoluent depuis 10 ans, moi qui croyait hier soir qu'ils avaient confié les cléfs de leur bar à vins à leur Môman pour pouvoir jouer à faire de la musique devant quelques centaines de spectacteurs circonspects.
Bon, laissons là cette chose curieuse pour nous intéresser à la vraie raison de notre visite...

John McEntire arrivera le premier sur scène, suivi de ses 4 accolytes, et on prend peur, à l'entame de "High Class Slim Came Floatin' In" d'entendre la dernière galette dans l'ordre de son impression. Le deuxième titre rassurera les avides de surprises, sans compter que ces 5 Cryptodires vont puiser dans les anciens albums pour agrémenter la soirée.
Le jeu de chaises musicales auquel se livreront les compères toute la soirée autour des instruments est aussi de nature à rendre la prestation intéressante. Seuls Doug McCombs restera cantonné à la basse, tout comme Jeff Parker à sa guitare.

McEntire livrera des prestations de batterie hallucinantes, tout comme le duo Dan Bitney-John Herndon, l'apport des deux batteries étant, à mon goût, essentiellement scénique... (mais techniquement, c'est assez fort quand même).

Chaque membre a son comportement scénique particulier et immuable. Parker souffre à la guitare et le montre, mais le plus particulier est cette allure presque hautaine de McEntire, qui regarde le public de haut, le toise d'un air presque condescendant, très sûr de lui. C'est toujours assez curieux comme impression, surtout quand il prend une allure de cowboy derrière le synthé, plus proche du grand écart que de la rectitude de son voisin McComb...

Mais tout Tortoise y est: la musicalité, la partie rythmique prépondérante, toujours changeante et jamais répétitive, cette faculté à casser le rythme dans chaque morceau, la construction des morceaux en mille-feuilles ("High Class Slim Came Floatin' In" en étant l'archétype le plus abouti à ce jour), et et cette inventivité dans l'exploration sonique.

Deux rappels, 1h20 de concert. On en redemanderait, mais les tortues se recroquevilleront définitivement sous leurs carapaces sans nous avoir délivré le mythique TNT, raison pour laquelle j'abaisse ma note de 20/20 à 18/20. Le grain de sable...


Excellent !   18/20
par Fisc


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