Deerhunter
Microcastle |
Label :
Kranky |
||||
De l'ambient punk, c'est par cette antinomie qu'ils définissaient leur musique. Et c'était plutôt bien choisi. Mais aujourd'hui... si l'on décortique. Ambient ? Quasiment plus, en passage seulement. Punk ? Un lointain souvenir, peut-être même imaginaire.
Et pourtant, on reconnaît tout de suite le 'son Deerhunter', ce bourdon mélancolique aux ectoplasmes shoegazien, embaumé par ces voix troublantes gorgées d'un miel fantomatique. Du Deerhunter mais pas tout craché. Du Deerhunter pop en diable. Bradford Cox et sa clique ont décidé de quitter les territoires brumeux où l'on y voyait goutte, pour tracer leur route à la lumière d'hérissantes mélodies vers ce château mini qui, ô miracle, est au moins aussi fameux que son précédent.
Ce Cryptograms, disque qui a compté en 2007, auquel ce nouvel essai reprend d'ailleurs un art cinglant de la scission. Là en son milieu, à peine prévenu par une chanson-titre au débuts fragiles, Microcastle nous jette dans un gouffre où le chuchotement devient tel cri caressant, qu'il peut en devenir flippant (traumatique que le piano de "Green Jacket"). Voilà le passage ambient. Un micro-rêve profond stoppé abrupte par la très Strokes "Nothing Ever Happened" (on savait Bradford Cox fan du groupe nouillorquais, confirmation par le son), et c'est de nouveau le Deerhunter des géniales pop-songs en chevauchée psyché ("Save By Old Times", avec la participation du Black Lips Cole Alexander) ou en ballades languissantes ("Twilight At Carbon Lake", terriblement languissante), tel qu'on l'apercevait déjà sur l'EP Fluorescent Grey.
Ce n'est donc pas de l'inattendu complet. Mais c'est en tout cas une réponse idéale à nos amples attentes suscitées par Cryptograms. Et comme si ça ne suffisait pas, Deerhunter a garni le buffet Microcastle d'un bonus : Weird Era Cont., deuxième CD qui aurait dû être surprise (un Bradford Cox pas très doué et un piratage de compte mediafire en auront décidé autrement). Un fouillis à expérimentation assez difficile à suivre mais, ne serait-ce que pour ses 10 dernières minutes renversantes ("Calvary Scars II / Aux Out"), tout de même, une grosse cerise sur le gâteau. Miam et merci.
Et pourtant, on reconnaît tout de suite le 'son Deerhunter', ce bourdon mélancolique aux ectoplasmes shoegazien, embaumé par ces voix troublantes gorgées d'un miel fantomatique. Du Deerhunter mais pas tout craché. Du Deerhunter pop en diable. Bradford Cox et sa clique ont décidé de quitter les territoires brumeux où l'on y voyait goutte, pour tracer leur route à la lumière d'hérissantes mélodies vers ce château mini qui, ô miracle, est au moins aussi fameux que son précédent.
Ce Cryptograms, disque qui a compté en 2007, auquel ce nouvel essai reprend d'ailleurs un art cinglant de la scission. Là en son milieu, à peine prévenu par une chanson-titre au débuts fragiles, Microcastle nous jette dans un gouffre où le chuchotement devient tel cri caressant, qu'il peut en devenir flippant (traumatique que le piano de "Green Jacket"). Voilà le passage ambient. Un micro-rêve profond stoppé abrupte par la très Strokes "Nothing Ever Happened" (on savait Bradford Cox fan du groupe nouillorquais, confirmation par le son), et c'est de nouveau le Deerhunter des géniales pop-songs en chevauchée psyché ("Save By Old Times", avec la participation du Black Lips Cole Alexander) ou en ballades languissantes ("Twilight At Carbon Lake", terriblement languissante), tel qu'on l'apercevait déjà sur l'EP Fluorescent Grey.
Ce n'est donc pas de l'inattendu complet. Mais c'est en tout cas une réponse idéale à nos amples attentes suscitées par Cryptograms. Et comme si ça ne suffisait pas, Deerhunter a garni le buffet Microcastle d'un bonus : Weird Era Cont., deuxième CD qui aurait dû être surprise (un Bradford Cox pas très doué et un piratage de compte mediafire en auront décidé autrement). Un fouillis à expérimentation assez difficile à suivre mais, ne serait-ce que pour ses 10 dernières minutes renversantes ("Calvary Scars II / Aux Out"), tout de même, une grosse cerise sur le gâteau. Miam et merci.
Excellent ! 18/20 | par Sirius |
Posté le 20 novembre 2008 à 18 h 03 |
C'est sur une lancinante introduction, portée par les sanglots d'une guitare, que s'ouvre Microcastle, le second album de Deerhunter. Et c'est les yeux écarquillés qu'on est rapidement transporté dans un univers sonore à la fois ethéré et bourré d´idées, nous rappelant les meilleures heures du shoegazing. Tout ce qu'on aime y est: des voix distantes et paresseuses, ces arpèges de guitare lancinants et bien sûr les envolées de larsen et les murs de guitare. Ces éléments sont utilisés avec intelligence pour former un album cohérent et surprenant, qui malgré un style très homogène n'ennuie jamais.
"Agoraphobia" ouvre le bal avec sa mélodie désabusée et installe une ambiance apaisée et planante. "Never Stops" imprime ensuite un groove tranquille, laissant apparaître un vide dérangeant mais somme toute délectable. Cette jolie pop-song est rapidement pervertie par des déflagrations noise du plus bel effet. On est enchanté, l'album commence sur les meilleurs auspices. Et quand "Little Kids" retentit, notre enthousiasme monte d'un cran. La mélodie est fabuleuse, tendre à souhait; quant à son mur du son, il nous emmène vraiment très haut. C´est ce morceau qui m´a fait découvrir le disque, lorsque je l´ai entendu chez mon disquaire.
Et soudain, l'album prend un tournant. Avec "Microcastle", on est guidé dans des abysses sonores, prolongées par le triptyque "Calvary Scars"/"Green Jacket"/ "Activa". Les arpèges se font délicats, les voix fantomatiques alors que les échos impriment des ambiances tour à tour léthargiques ou angoissantes. Difficile d´entendre la séparation entre ces morceaux, à la fois proches et singuliers. Cette parenthèse est vraiment très impressionnante, très envoûtante.
Mais ni une ni deux, "Nothing Ever Happened" nous sort de la torpeur, pour nous emmener vers des sillons musicaux fabuleux, où le groove imparable n'a d'égal que le pouvoir onirique de la plage instrumentale achevant le morceau, mutilée par les larsens. Un véritable chef-d'œuvre. "Saved By Old Times" inaugure une jolie fusion entre blues et bruit blanc, avant que "These Hands" ne continue à nous envoyer très haut dans les cieux. Quel morceau planant, les échos autour de la guitare sont iréels ! Et pour finir, "Twilight Carbon Lake" nous met une autre claque: une maîtrise mélodique impressionnante, une aisance technique rare. Le morceau est lent, et la pop-song s´éloigne à chaque seconde un peu plus, effacée peu à peu par le bruit blanc. Et alors que la voix se noie doucement sous des torrents de guitare, on se remémore ce voyage planant, en se disant qu'on y reviendra souvent....
"Agoraphobia" ouvre le bal avec sa mélodie désabusée et installe une ambiance apaisée et planante. "Never Stops" imprime ensuite un groove tranquille, laissant apparaître un vide dérangeant mais somme toute délectable. Cette jolie pop-song est rapidement pervertie par des déflagrations noise du plus bel effet. On est enchanté, l'album commence sur les meilleurs auspices. Et quand "Little Kids" retentit, notre enthousiasme monte d'un cran. La mélodie est fabuleuse, tendre à souhait; quant à son mur du son, il nous emmène vraiment très haut. C´est ce morceau qui m´a fait découvrir le disque, lorsque je l´ai entendu chez mon disquaire.
Et soudain, l'album prend un tournant. Avec "Microcastle", on est guidé dans des abysses sonores, prolongées par le triptyque "Calvary Scars"/"Green Jacket"/ "Activa". Les arpèges se font délicats, les voix fantomatiques alors que les échos impriment des ambiances tour à tour léthargiques ou angoissantes. Difficile d´entendre la séparation entre ces morceaux, à la fois proches et singuliers. Cette parenthèse est vraiment très impressionnante, très envoûtante.
Mais ni une ni deux, "Nothing Ever Happened" nous sort de la torpeur, pour nous emmener vers des sillons musicaux fabuleux, où le groove imparable n'a d'égal que le pouvoir onirique de la plage instrumentale achevant le morceau, mutilée par les larsens. Un véritable chef-d'œuvre. "Saved By Old Times" inaugure une jolie fusion entre blues et bruit blanc, avant que "These Hands" ne continue à nous envoyer très haut dans les cieux. Quel morceau planant, les échos autour de la guitare sont iréels ! Et pour finir, "Twilight Carbon Lake" nous met une autre claque: une maîtrise mélodique impressionnante, une aisance technique rare. Le morceau est lent, et la pop-song s´éloigne à chaque seconde un peu plus, effacée peu à peu par le bruit blanc. Et alors que la voix se noie doucement sous des torrents de guitare, on se remémore ce voyage planant, en se disant qu'on y reviendra souvent....
Excellent ! 18/20
Posté le 28 janvier 2009 à 14 h 33 |
Pour qui ne connaissait pas Deerhunter avant ce plébiscité Microcastle, on peut légitimement se retrouver dépourvu, la bise du cerf venue (et attendue).
Ainsi, à l'ouverture sobrement intitulée "Intro", on pense d'abord à un nouveau représentant d'un post rock lyrique et dynamique. Le tout emballé en 1:22, hop merci au revoir. Mais voilà que le ton change radicalement, et c'est de la pop classieuse qu'on semble finalement nous servir sur un plateau d'arpèges. Avant que le serveur ne dérape, et que le plat ne se casse la gueule dans un vacarme absolument ravissant. Ce sont alors de violentes effluves shoegaziennes qui nous viennent aux narines, (grosse) tendance My Bloody Valentine ("Never Stops", "Little Kids" dans une moindre mesure).
Oui mais alors qu'est ce qu'on mange maintenant ? Le temps qu'on nettoie tout ça, qu'on nous reprépare de jolis mets, on nous fait patienter en essayant de calmer nos nerfs, agacés par tant de promesses interrompues si brusquement.
"Microcastle" ouvre alors ce triste bal ambient, rappelant de très près l'ennuyeux Pygmalion des feux-Slowdive: à vrai dire, on ne parvient pas vraiment à s'immerger dans ces quelques plages contemplatives, exception faite peut être du joli "Calvary Scars".
Et si Deerhunter a le bon goût de ne pas s'étendre , cela nuit aussi à la crédibilité ce cette trop longue pause forcée... Car le pari ambient était diablement ambitieux, c'est vrai, mais comment réussir dans le domaine sans laisser VRAIMENT le temps à l'auditeur de s'adapter à ce changement aussi brusque de monde ? Le cul entre deux chaises, le groupe s'égare et nous avec.
Mais deux trois pirouettes, quelques tours sur lui même, et revoilà notre serveur préféré: le groove au cul, il nous réveille et nous rappelle au bon souvenir de cette entrée majestueuse qui nous promettait le meilleur. "Nothing Ever Happened" porte très mal son nom, c'est un des moments phares de l'album sans aucun doute, parce qu'il se pose là en morceau touche à tout, à la fois pop, bruyant et virevoltant.
Mais le plat définitivement servi, on ne peut retrouver cette félicité qui nous embaumait les narines les premières minutes. Le folk boogie moderne de "Saved By Old Times" traîne la patte, tout comme le shoegazien "These Hands", parasité par un tremolo pénible et une rythmique vaseuse.
Quand vient le dessert, on est déjà définitivement déçu. Pourtant "Twilight At Carbon Lake" réussit là où le ventre mou de l'album échouait: réunir ambient et bruit sur une pente ascendante.
Bref, on n'ira pas chercher les cachous pour l'haleine, mais on est quand même loin des saveurs enchanteresses vantées ci et là.
Ainsi, à l'ouverture sobrement intitulée "Intro", on pense d'abord à un nouveau représentant d'un post rock lyrique et dynamique. Le tout emballé en 1:22, hop merci au revoir. Mais voilà que le ton change radicalement, et c'est de la pop classieuse qu'on semble finalement nous servir sur un plateau d'arpèges. Avant que le serveur ne dérape, et que le plat ne se casse la gueule dans un vacarme absolument ravissant. Ce sont alors de violentes effluves shoegaziennes qui nous viennent aux narines, (grosse) tendance My Bloody Valentine ("Never Stops", "Little Kids" dans une moindre mesure).
Oui mais alors qu'est ce qu'on mange maintenant ? Le temps qu'on nettoie tout ça, qu'on nous reprépare de jolis mets, on nous fait patienter en essayant de calmer nos nerfs, agacés par tant de promesses interrompues si brusquement.
"Microcastle" ouvre alors ce triste bal ambient, rappelant de très près l'ennuyeux Pygmalion des feux-Slowdive: à vrai dire, on ne parvient pas vraiment à s'immerger dans ces quelques plages contemplatives, exception faite peut être du joli "Calvary Scars".
Et si Deerhunter a le bon goût de ne pas s'étendre , cela nuit aussi à la crédibilité ce cette trop longue pause forcée... Car le pari ambient était diablement ambitieux, c'est vrai, mais comment réussir dans le domaine sans laisser VRAIMENT le temps à l'auditeur de s'adapter à ce changement aussi brusque de monde ? Le cul entre deux chaises, le groupe s'égare et nous avec.
Mais deux trois pirouettes, quelques tours sur lui même, et revoilà notre serveur préféré: le groove au cul, il nous réveille et nous rappelle au bon souvenir de cette entrée majestueuse qui nous promettait le meilleur. "Nothing Ever Happened" porte très mal son nom, c'est un des moments phares de l'album sans aucun doute, parce qu'il se pose là en morceau touche à tout, à la fois pop, bruyant et virevoltant.
Mais le plat définitivement servi, on ne peut retrouver cette félicité qui nous embaumait les narines les premières minutes. Le folk boogie moderne de "Saved By Old Times" traîne la patte, tout comme le shoegazien "These Hands", parasité par un tremolo pénible et une rythmique vaseuse.
Quand vient le dessert, on est déjà définitivement déçu. Pourtant "Twilight At Carbon Lake" réussit là où le ventre mou de l'album échouait: réunir ambient et bruit sur une pente ascendante.
Bref, on n'ira pas chercher les cachous pour l'haleine, mais on est quand même loin des saveurs enchanteresses vantées ci et là.
Correct 12/20
Posté le 16 mai 2009 à 14 h 19 |
Découvert depuis peu, Deerhunter a tous les ingrédients du groupe que j'aime et qui me rassure, face au flot de productions plus normatives, et plus calibrées que jamais et sans plus d'intérêt qu'un bonbon efficace et vite oublié.
Tels Wire, My Bloody Valentine, Pavement et autre Yo La Tengo, Deerhunter dégage une authentique identité, un propre style plein de liberté et de créativité.
Microcastle est un double album cohérent et riche, qui se raconte avec son intro et son final grandiose... se composant de titres au son souvent pop parfois même proche de la ballade... pas d'inquiétude pour autant, nous restons loin de Simon and Garfunkel, rassurez-vous, ce petit château n'est pas fait que de cristal et de carton, les murs porteurs de la bâtisse ont l'épaisseur d'un son noisy et psyché façon Kevin Shields. Bref ce petit bijou est fait d'une rare fragilité mais aussi renvoie le sentiment d'une véritable détermination. En un mot ce groupe nous transporte vers un spleen rare !
Certains titres comme "Operation", "Vox Humana" ou "Agoraphobia" sont tout simplement sublimes mais ce qui fait principalement la richesse de l'oeuvre et le fait qu'on écoutera encore certainement cet album dans 20 ans, ce sont ses manques : ce sont Eux qui alimentent à chaque écoute la recherche d'une nouvelle émotion, contrairement au trop plein de tout d'un Franz Ferdinand qui rassasie son auditeur jusqu'au dégoût (comme un bonbon trop sucré).
Tels Wire, My Bloody Valentine, Pavement et autre Yo La Tengo, Deerhunter dégage une authentique identité, un propre style plein de liberté et de créativité.
Microcastle est un double album cohérent et riche, qui se raconte avec son intro et son final grandiose... se composant de titres au son souvent pop parfois même proche de la ballade... pas d'inquiétude pour autant, nous restons loin de Simon and Garfunkel, rassurez-vous, ce petit château n'est pas fait que de cristal et de carton, les murs porteurs de la bâtisse ont l'épaisseur d'un son noisy et psyché façon Kevin Shields. Bref ce petit bijou est fait d'une rare fragilité mais aussi renvoie le sentiment d'une véritable détermination. En un mot ce groupe nous transporte vers un spleen rare !
Certains titres comme "Operation", "Vox Humana" ou "Agoraphobia" sont tout simplement sublimes mais ce qui fait principalement la richesse de l'oeuvre et le fait qu'on écoutera encore certainement cet album dans 20 ans, ce sont ses manques : ce sont Eux qui alimentent à chaque écoute la recherche d'une nouvelle émotion, contrairement au trop plein de tout d'un Franz Ferdinand qui rassasie son auditeur jusqu'au dégoût (comme un bonbon trop sucré).
Parfait 17/20
En ligne
356 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages