Deerhunter

Halcyon Digest

Halcyon Digest

 Label :     4AD 
 Sortie :    mardi 28 septembre 2010 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Atlas sound a fait beaucoup de mal à Deerhunter selon moi.
Ce nouvel album en est la preuve...

La première partie d'Halcyon Digest paraît tout droit sortie des chutes de Logos, des chansonnettes surannées, jolies, fort bien troussées, limite soporifiques si on y met pas un peu du sien.

"Revival", qui sent bon les longues plages hawaïennes, tente de nous ramener vers le rivage, mais non, patientons encore... "Sailing", nous dit la suivante, plus qu'à obéir...

Il faut finalement attendre la cinquième piste (sur les onze que compte cet album) pour enfin entendre du Deerhunter, mais limite aseptisé. Envolé le côté brouillon-bruyant-shoegaze de Microcastle ou même Cryptograms, disparue l'efficacité, on parle ici de power pop, voire même de pop (au sens péjoratif du terme bien entendu) des petites (j'ose le terme) ballades au ton agréable, sans arrière goût, des morceaux qui s'enchainent sans qu'on y prenne garde, un peu trop facilement presque pour arriver au trio final, meilleure partie de l'album qui caresse enfin l'oreille à rebrousse poil.

En fouillant un peu, on peut y trouver son compte, encore faut il avoir envie d'y retourner... mais pour ma part, si je met un album de Deerhunter, ce n'est pour entendre un essai de Bradford Cox (il a quand même enregistré le dernier titre tout seul dans son coin...). Atlas Sound existe pour ça...

En résumé, 4 chansons "Atlas Sound like", 4 chansons "Deerhunter like" et 3 morceaux de Deerhunter.

J'vais me remettre l'Ep de Fluorescent Grey moi...


Correct   12/20
par X_Lok


 Moyenne 15.50/20 

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Posté le 08 mai 2011 à 22 h 47

Deux ans après le sensationnel Microcastles / Weird Era Cont., Deerhunter revient avec son quatrième album. Le précédent était déjà une claque magistrale qui avait vu le groupe d'Atlanta passer d'une pop expérimentale bruitiste à un son plus équilibré, sorte de mélange entre les guitares de Sonic Youth et la veine pop répétitive des cousins d'Animal Collective. Avec ce disque, Deerhunter semblait synthétiser un peu tout ce qui avait été de meilleur dans les années 2000 : le retour du rock lettré à la Velvet Underground, le post-rock, les new-gazers, l'anti-folk, la pop abstraite, etc. Le groupe pouvait-il faire mieux que cela ? Une seule écoute – la première de nombres d'entre elles, croyez-moi ! – aura suffi à dissiper tous les doutes et à me convaincre que Deerhunter va peut-être représenter pour les années 2010 ce que Radiohead a été au cours des quinze dernières années : une incarnation parfaite de l'intégrité et de la recherche continuelle dans le monde de la pop et du rock moderne. Par où commencer pour décrire pareil chef d'œuvre ? Déjà, préciser que Halcyon Digest est une nouvelle étape dans la construction du son Deerhunter, comme une sorte de synthèse entre le caractère brut des disques précédents et l'aspect plus éthéré d'Atlas Sound, le projet solo du chanteur/guitariste Bradford Cox. Certes, on a des guitares un peu partout – et quelles guitares – mais aussi tout un tas de textures sonores qu'il est difficile de séparer les unes des autres, de sorte que l'on ne sait pas toujours quel instrument on est en train d'écouter : bruits percussifs, effets d'échos ou de réverbération, parfois rejoints par des cuivres se mélangent à ces guitares ni claires, ni vraiment cristallines brodant des motifs répétitifs qui tournent parfois à la scansion. Au cœur de ce maelström se love la voix de Cox, parfois cachée derrière des échos et des effets de saturation, mais laissant toujours passer beaucoup de fragilité et d'émotions. Le résultat est un psychédélisme léger et entêtant doublé d'une atmosphère étrange et un brin dérangeante parfaitement représentée par le nain travesti de la pochette. Après un départ en demi-teinte avec le semi-acoustique "Earthquake", le disque décolle une première fois avec deux chansons courtes et diablement efficaces, "Don't Cry" et "Revival". Le temps d'une longue ballade langoureuse, "Sailing", Deerhunter file la métaphore de la liquidité que l'on retrouve plus tard dans le magnifique single "Helicopter". Avec "Memory Boy", le morceau le plus pêchu et le plus accrocheur du disque et sa mélodie digne des Beach Boys, le disque entame une ascension qui ne s'arrêtera pas avant la toute fin de l'album. "Desire Lines", qui lui fait suite, en est le premier sommet, du riff initial aux long crescendo de guitares qui le clôture. Doté d'un refrain imparable, ce morceau se situe sans problème parmi les meilleures chansons que j'ai entendues au cours des cinq dernières années. Deux autres bombes à retardement illuminent la seconde partie du disque. "Coronado" se situe au-delà du rock et de la pop, Bradford Cox y chante d'une façon admirable qui rappelle le Lou Reed de Loaded, alors que derrière, la tension des guitares, surlignée par un saxophone baryton bien gras évoque les Stooges de Fun House revisité par My Bloody Valentine. Sommes-nous en 1969 ou en 1990 ? Non, sans conteste, nous sommes en 2010 tellement cette mixture-là se joue des époques et semble réinventer des styles que l'on croyait connus. Comment le groupe arrive-t-il à évoquer toute la musique que nous aimons tout en générant une bonne dose d'étrangeté ? Comme dans un bon film de David Lynch, il faut savoir ne pas trop analyser les choses et se laisser porter par les émotions, comme sur ce final dantesque, "He Would Have Laughed", longue montée de sève qui s'arrête juste avant l'éruption, nous laissant à la fois chancelant et un brin frustré. Une seule solution : repartir à zéro et réécouter dans son intégralité ce disque. On découvre alors de nouvelles subtilités au sein de chaque chanson. On se met à préférer les morceaux qui nous avaient semblé les moins aboutis à la première écoute (le sublime "Basement Scene", par exemple), sans pour autant arriver à se lasser des autres. Alors, on multiplie les écoutes pour tenter de percer – en vain – le mystère de cette pop mutante qui, tour-à-tour, nous interroge, nous angoisse, nous caresse ou nous bouleverse. À l'heure où j'écris ces lignes, je ne peux toujours pas passer une journée sans écouter Halcyon Digest quatre ou cinq fois. C'est par ailleurs tout le mal que je vous souhaite.
Exceptionnel ! !   19/20







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