Deerhunter
Paris [Villette Sonique, Cabaret Sauvage] - mardi 29 mai 2018 |
Hype Pitchfork ou pas, quand Bradford Cox débarque en France, il est rare que je loupe un de ces concerts, que ce soit avec Deerhunter ou en solo sous son pseudo d'Atlas Sound, et même quand ça se passe le mardi soir d'une de mes semaines les plus chargées au boulot. Au delà de ses performances live parfois inégales, ce grand échalas d'une maigreur pathologique due au syndrome de Marfan dégage un enthousiasme communicatif. En l'occurrence, je ne l'ai pas vu depuis le concert de Deerhunter au Trianon en 2013, ayant boycotté en 2015 le festival... Pitchfork. Trois ans déjà, cinq ans pour moi, c'est peu de dire que sa venue était attendue.
À l'image de ce personnage fantasque, la première partie est déroutante : un quatuor de chevelus sérieux comme des papes hippies accompagnant un personnage singulier nommé Julianna Giraffe, chanteuse mi-vamp mi-clown au timbre grave et caressant, aux gestuelles travaillées, tantôt sensuelles tantôt grotesques. La musique de Midnight Sister (la chanteuse finira par présenter le groupe d'une voix aigrelette contrastant avec celle de son personnage) oscille entre pop élégante à la Hunky Dory, prog' jazzy tortueuse façon King Crimson (la torture de violon sur certains morceaux semble influencée par David Cross) et mainstream seventies en mode Supertramp. Comme une partie du public, je suis partagé sur ce spectacle, mais les chansons sont accrocheuses bien que tarabiscotées et l'ensemble est très original et finalement très cohérent.
Une demi-heure plus tard, Bradford Cox débarque sur scène avec ses acolytes, sans chichis. Il démarre aussitôt un morceau bizarre mêlant guitares dissonantes et voix trafiquée, avant d'enchaîner sur le premier morceau familier de la soirée, "Revival".
Pas bavard au premier abord, il finit par s'enthousiasmer à plusieurs reprises, galvanisé par le lieu (un chapiteau kitsch au fin fond du parc de la Villette sous un orage violent, c'est quand même singulier), la passion du public, les bières qu'il sirote goulûment à chaque fin de morceau, et même par le photographe Robert Gil qu'il interpelle entre deux morceaux : "You look amazing ! I've been spotting you all night, you look like this guy from Nurse with Wound, what's his name ? Steve Stapleton !"
Pour ce qui est de la prestation du groupe, disons qu'on a à faire aux shoegazers ultimes : le nez dans les chaussures, les cordes et les pédales d'effet. Lockett Pundt ne relèvera la tête que pour chanter la sublime "Desire Lines", l'une de mes préférées du groupe (désolé Brad). La setlist alterne perles des albums précédents et morceaux barrés. Le son est cradingue, les instruments pas toujours accordés, mais la transe est là et le concert décolle méchamment à de nombreuses reprises. On aura droit à un rappel de premier choix, composé d'un bon vieil enchaînement "Cover Me / Agoraphobia" suivi d'une version particulièrement bordélique d'un des derniers tubes, "Snakeskin".
Je ne m'étais pas trompé, ce n'était pas un moment comme un autre. Je n'ai pas adhéré à tout ce que j'ai vu et entendu ce soir, mais en sortant, je ne pensais plus à mes dossiers en souffrance au bureau.
À l'image de ce personnage fantasque, la première partie est déroutante : un quatuor de chevelus sérieux comme des papes hippies accompagnant un personnage singulier nommé Julianna Giraffe, chanteuse mi-vamp mi-clown au timbre grave et caressant, aux gestuelles travaillées, tantôt sensuelles tantôt grotesques. La musique de Midnight Sister (la chanteuse finira par présenter le groupe d'une voix aigrelette contrastant avec celle de son personnage) oscille entre pop élégante à la Hunky Dory, prog' jazzy tortueuse façon King Crimson (la torture de violon sur certains morceaux semble influencée par David Cross) et mainstream seventies en mode Supertramp. Comme une partie du public, je suis partagé sur ce spectacle, mais les chansons sont accrocheuses bien que tarabiscotées et l'ensemble est très original et finalement très cohérent.
Une demi-heure plus tard, Bradford Cox débarque sur scène avec ses acolytes, sans chichis. Il démarre aussitôt un morceau bizarre mêlant guitares dissonantes et voix trafiquée, avant d'enchaîner sur le premier morceau familier de la soirée, "Revival".
Pas bavard au premier abord, il finit par s'enthousiasmer à plusieurs reprises, galvanisé par le lieu (un chapiteau kitsch au fin fond du parc de la Villette sous un orage violent, c'est quand même singulier), la passion du public, les bières qu'il sirote goulûment à chaque fin de morceau, et même par le photographe Robert Gil qu'il interpelle entre deux morceaux : "You look amazing ! I've been spotting you all night, you look like this guy from Nurse with Wound, what's his name ? Steve Stapleton !"
Pour ce qui est de la prestation du groupe, disons qu'on a à faire aux shoegazers ultimes : le nez dans les chaussures, les cordes et les pédales d'effet. Lockett Pundt ne relèvera la tête que pour chanter la sublime "Desire Lines", l'une de mes préférées du groupe (désolé Brad). La setlist alterne perles des albums précédents et morceaux barrés. Le son est cradingue, les instruments pas toujours accordés, mais la transe est là et le concert décolle méchamment à de nombreuses reprises. On aura droit à un rappel de premier choix, composé d'un bon vieil enchaînement "Cover Me / Agoraphobia" suivi d'une version particulièrement bordélique d'un des derniers tubes, "Snakeskin".
Je ne m'étais pas trompé, ce n'était pas un moment comme un autre. Je n'ai pas adhéré à tout ce que j'ai vu et entendu ce soir, mais en sortant, je ne pensais plus à mes dossiers en souffrance au bureau.
Très bon 16/20 | par Myfriendgoo |
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