Sigur Rós
Með Suð I Eyrum Við Spilum Endalaust |
Label :
XL |
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On peut avoir plein de raisons de détester Sigur Rós : musique molle et sur-sucrée comme un chamallow, voix de castra maniérée, l'invention du hopelandic (on avait pas vu ça depuis les imbuvables Magma), et surtout un succès populaire incompréhensible. Pourtant j'aime ce groupe ou plutôt grâce à ce nouvel album je l'aime à nouveau.
Je m'étais en effet lassé de leur musique, du reste je ne crois même pas avoir écouté une seule fois leur précédent opus et à en juger par les réactions qu'il a suscité je ne crois pas m'y mettre de sitôt. Avec ce nouvel album Sigur Rós continue de planer bien loin du réel, au milieu de nuages en barbapapa qui dessinent des animaux difformes, mais je m'égare. En même temps, le plaisir premier de ce disque et cette capacité retrouvée, au moyen d'un virage stylistique négocié avec grâce de vous emporter bien loin du monde, du quotidien, des soucis. Que ce soit avec des lalala euphorisants, des épopées enfantines où les cuivres s'imposent avec majesté ou des berceuses extraterrestres qu'on imagine destinées au petit personnage de leur premier album.
Il est encore nécessaire de mentionner le remarquable travail du son, étonnement chaleureux pour du Sigur Rós, qui réussit à être à la fois très naturel et particulièrement coruscant. Il magnifie à la fois les arrangements fastueux et les pièces plus minimales. Bref cette bande d'islandais semble avoir suivi à la lettre l'injonction de Philip K Dick "Si ce monde vous déplait, inventez-en un autre". Et le moins qu'on puisse dire c'est que si on n'a pas forcément envie d'y immigrer, ça fait bigrement du bien d'y faire un tour, de savoir que c'est toujours possible.
Je m'étais en effet lassé de leur musique, du reste je ne crois même pas avoir écouté une seule fois leur précédent opus et à en juger par les réactions qu'il a suscité je ne crois pas m'y mettre de sitôt. Avec ce nouvel album Sigur Rós continue de planer bien loin du réel, au milieu de nuages en barbapapa qui dessinent des animaux difformes, mais je m'égare. En même temps, le plaisir premier de ce disque et cette capacité retrouvée, au moyen d'un virage stylistique négocié avec grâce de vous emporter bien loin du monde, du quotidien, des soucis. Que ce soit avec des lalala euphorisants, des épopées enfantines où les cuivres s'imposent avec majesté ou des berceuses extraterrestres qu'on imagine destinées au petit personnage de leur premier album.
Il est encore nécessaire de mentionner le remarquable travail du son, étonnement chaleureux pour du Sigur Rós, qui réussit à être à la fois très naturel et particulièrement coruscant. Il magnifie à la fois les arrangements fastueux et les pièces plus minimales. Bref cette bande d'islandais semble avoir suivi à la lettre l'injonction de Philip K Dick "Si ce monde vous déplait, inventez-en un autre". Et le moins qu'on puisse dire c'est que si on n'a pas forcément envie d'y immigrer, ça fait bigrement du bien d'y faire un tour, de savoir que c'est toujours possible.
Très bon 16/20 | par To7 |
Posté le 29 novembre 2008 à 21 h 07 |
Nous sommes en 20008, et Sigur Rós est le groupe le plus important au monde. Bon, modérons nos propos. En 2008, Sigur Rós est l'un des rares groupes à offrir ce que devrait être la musique; une forme d'évasion. Oui, la musique est là pour nous faire partir, loin, ailleurs. Aujourd'hui, peu d'artistes peuvent se vanter de le faire. On citera MGMT, Of Montreal, Radiohead. Et Sigur Rós, donc.
Mais là où les sus-cités créent une musique hypnotique, totalement barge ou mélancolique, Sigur Rós réussit à tous les surpasser en jouant une musique tout simplement... magique. Celle-ci n'est pas descriptible, elle nous prend au coeur, aux tripes, nous fait rêver, réfléchir et on aimerait rester dans ce monde qu'offre Sigur Rós.
Cet album est une véritable bouffée d'air frais (c'est le cas de le dire, ahaha, riez s'il vous plaît) à l'heure actuelle. Quand aux morceaux, et bien on notera le très pop joyeuse "Gobbledigook", la mélancolie d'un "All Alright" chanté en anglais, l'apparition de cuivres sur "Inní Mér Syngur Vitleysingur", et deux morceaux fleuves: "Festival", clôturé par un mur sonore d'instruments de toutes sortes, et surtout (à mon sens) la merveille, le chef-d'oeuvre, la plus grande chanson de tous les temps, "Ara Bátur" et sa mélodie, ses harmonies... je m'arrête là.
Ce n'est que mon opinion, mais pour moi cet album est parfait. [Je note avec des mots, pas des nombres].
Mais là où les sus-cités créent une musique hypnotique, totalement barge ou mélancolique, Sigur Rós réussit à tous les surpasser en jouant une musique tout simplement... magique. Celle-ci n'est pas descriptible, elle nous prend au coeur, aux tripes, nous fait rêver, réfléchir et on aimerait rester dans ce monde qu'offre Sigur Rós.
Cet album est une véritable bouffée d'air frais (c'est le cas de le dire, ahaha, riez s'il vous plaît) à l'heure actuelle. Quand aux morceaux, et bien on notera le très pop joyeuse "Gobbledigook", la mélancolie d'un "All Alright" chanté en anglais, l'apparition de cuivres sur "Inní Mér Syngur Vitleysingur", et deux morceaux fleuves: "Festival", clôturé par un mur sonore d'instruments de toutes sortes, et surtout (à mon sens) la merveille, le chef-d'oeuvre, la plus grande chanson de tous les temps, "Ara Bátur" et sa mélodie, ses harmonies... je m'arrête là.
Ce n'est que mon opinion, mais pour moi cet album est parfait. [Je note avec des mots, pas des nombres].
Parfait 17/20
Posté le 22 février 2009 à 21 h 37 |
Sigur Rós, le groupe le plus célèbre du pays le plus jeune de notre bonne vieille Terre, si bien que beaucoup de monde les considérait comme des demi-dieux. Et pour cause, ils avaient tout pour affirmer cette distance par rapport aux autres. Leur musique froide, crépusculaire et énigmatique, baignait dans un royaume de songes où l'on ne savait jamais s'il faisait bon de rester. Le groupe de Reykjavík a toujours été partagé entre un éther imbibé de quiétude et une moiteur parasite. Deux sphères entre lesquelles il n'a réussi à trancher pour gagner son ultime salut et donc peu vivable pour les non initiés. Jón Þór Birgisson, le sélénite en chef de ce désert lunaire, quant à lui, répandait son chant dépourvu d'émotions, d'humanité presque, bloqué dans une voix émasculée séraphique, halo intouchable. Et qui plus est, ses phrases aériennes impénétrables de par leur altitude à des lieues du commun des mortels, l'étaient tout autant par le cryptage employée : de l'islandais ou encore plus inaccessible du vonlenska (ou hopelandic). Langage "nordique" inventé de toutes pièces dont les sonorités calquaient la trame mélodique des morceaux et que chacun pouvait interpréter comme bon lui semblait. La bonne affaire, qui en aurait arrangé quelques uns pour répandre leur religion dite universelle.
Mais oubliez tout cela, la voix du nord a fait peau neuve et a révoqué cet écart qu'ils entretenaient, volontairement ou non d'ailleurs, mais qui leur faisait pour beaucoup défaut. Le piédestal qui rendait cette image froide de l'Islande n'a plus lieu d'être. Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust est l'album du repentir et de la démystification bien que je ne pense pas que le quatuor ait cherché un jour à établir une frontière avec son public. Sigur Rós se met pour la première fois à nu en osant atteindre les auditeurs de la façon la plus normale qu'il soit c'est-à-dire avec sincérité. Terminées les apparences secrètes et froides à entretenir, l'heure de la désinhibition a sonné et le groupe rend ses comptes avec sa propre conscience. Leur nébulosité ne s'en trouve que plus belle et plus lumineuse puisque pour une fois elle parle à tout le monde et ne se cache plus derrière de faux semblants. Dans l'entrain folâtre inaccoutumé de "Gobbledigook" qui ravive les couleurs de leurs terres volcaniques où les ‘la la la' n'ont rien à envier à des paroles pleines de sens (ou non, la langue inventée pour l'album Von plane toujours un peu) et transmettent même plus d'émotions. Dans des festivités portées par des cuivres qui ne sont plus engourdis par la froideur d'esprits chagrins ou l'enthousiasme partagé de "Við Spilum Endalaust" à la basse chaleureuse. Dans la douceur d'une guitare acoustique très présente qui remplit tous les caractères de la parfaite compagne et transcende la superbissime "Illgresi" par son fugue contemplative.
Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust est ainsi l'album d'un sursaut de lucidité, d'un effort d'être correctement compris, bref de leur renaissance. Et même si l'album regagne sur la fin un calme certain, légèrement symphonique sur "Ára Bátur", on ne perçoit plus la musique des islandais de la même façon notamment ces moments au piano, vrais puits d'introspection. Elle apparaît désormais comme une rive accostable riche et fertile dont les reliefs se sont polis avec le temps et ne dissuadent plus ses explorateurs de s'y aventurer pour regarder ce qu'il y a derrière. Il en est de même pour le chant elfique professoral et omniscient. Plein de bonnes intentions, il incite dorénavant au véritable voyage, celui de la communion avec ses semblables.
Mais oubliez tout cela, la voix du nord a fait peau neuve et a révoqué cet écart qu'ils entretenaient, volontairement ou non d'ailleurs, mais qui leur faisait pour beaucoup défaut. Le piédestal qui rendait cette image froide de l'Islande n'a plus lieu d'être. Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust est l'album du repentir et de la démystification bien que je ne pense pas que le quatuor ait cherché un jour à établir une frontière avec son public. Sigur Rós se met pour la première fois à nu en osant atteindre les auditeurs de la façon la plus normale qu'il soit c'est-à-dire avec sincérité. Terminées les apparences secrètes et froides à entretenir, l'heure de la désinhibition a sonné et le groupe rend ses comptes avec sa propre conscience. Leur nébulosité ne s'en trouve que plus belle et plus lumineuse puisque pour une fois elle parle à tout le monde et ne se cache plus derrière de faux semblants. Dans l'entrain folâtre inaccoutumé de "Gobbledigook" qui ravive les couleurs de leurs terres volcaniques où les ‘la la la' n'ont rien à envier à des paroles pleines de sens (ou non, la langue inventée pour l'album Von plane toujours un peu) et transmettent même plus d'émotions. Dans des festivités portées par des cuivres qui ne sont plus engourdis par la froideur d'esprits chagrins ou l'enthousiasme partagé de "Við Spilum Endalaust" à la basse chaleureuse. Dans la douceur d'une guitare acoustique très présente qui remplit tous les caractères de la parfaite compagne et transcende la superbissime "Illgresi" par son fugue contemplative.
Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust est ainsi l'album d'un sursaut de lucidité, d'un effort d'être correctement compris, bref de leur renaissance. Et même si l'album regagne sur la fin un calme certain, légèrement symphonique sur "Ára Bátur", on ne perçoit plus la musique des islandais de la même façon notamment ces moments au piano, vrais puits d'introspection. Elle apparaît désormais comme une rive accostable riche et fertile dont les reliefs se sont polis avec le temps et ne dissuadent plus ses explorateurs de s'y aventurer pour regarder ce qu'il y a derrière. Il en est de même pour le chant elfique professoral et omniscient. Plein de bonnes intentions, il incite dorénavant au véritable voyage, celui de la communion avec ses semblables.
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