Sigur Rós
Paris [Le Grand Rex] - vendredi 29 septembre 2017 |
Peut-on en toute honnêteté considérer comme excellent un concert durant lequel on a connu plusieurs phases de somnolence ? C'est la question qui me travaille au moment d'écrire cette chronique. Certes, il y a un contexte : un lever à 5h30 le matin même, un aller-retour au fin fond de la banlieue d'Orléans pour le boulot, une arrivée à 19h34 à Austerlitz et à 20h05 au Grand Rex avec un pauvre sandwich au thon dans l'estomac, et même pas le temps de choper une petite bière pour le faire descendre. La première partie de ce show de Sigur Ros s'est donc transformée pour moi en phase de décompression, ponctuée de moments de décrochage pendant certains morceaux un tantinet monotones.
Et pourtant, j'ai réussi à profiter de ce concert. De ce groupe, j'étais resté sur une prestation mémorable dans une Route du Rock qui ne l'était pas niveau concerts : une sorte de barnum folklorique et féerique accompagné d'une musique enchanteresse. Cette fois, le dispositif scénique évoque plutôt un spectacle de danse ou de théâtre contemporain : des images et des lumières projetées sur un grillage qui coupe la scène en deux, et qui pixellise tous ces effets visuels. Devant, trois amplis, et sur le côté, une batterie et un clavier. La formation est réduite par rapport à celle que j'avais vu neuf ans auparavant : Jonsi, avec sa voix extra-terrestre, sa vieille Les Paul et ses archets - acoustique et électronique - pour la faire gémir et vrombir. Il est encadré par un bassiste barbu qu'on croirait débauché de Mogwai et par un batteur-clavier plus échevelé.
J'ai un peu de mal à rentrer dans les premiers morceaux. Et puis au milieu du troisième, le concert décolle et moi aussi : les images s'animent, la batterie se détache, la guitare se déchaîne et j'ai envie de me lever de mon fauteuil vintage, propulsé par une sorte de pulsion que connaissent tous les gens qui ont déjà pris leur pied en écoutant Mogwai, Explosions in the Sky ou... Sigur Ros. La tension retombe ensuite, malgré quelques montées, et au bout d'une heure, les trois musiciens sortent de scène sans un mot et les lumières se rallument. Entracte. Tout cela est déroutant pour un habitué des concerts de rock : un seul groupe, tout le monde assis et un entracte. Je ne parle même pas des ouvreuses payées au pourboire. Mais le cadre en vaut la peine : le décor kitschissime de ce vieux cinéma ajoute à l'étrangeté des images numériques, qui collent bien à mon fantasme de l'Islande : des îles en noir et blanc, de la lave, des explosions, des structures austères, des figures divines et des constellations dans un ciel sombre.
La reprise surprend tout le monde : les trois musiciens sont passés derrière le grillage où sont installés des synthés. Puis la musique redevient plus intense, le grillage se lève et les musiciens retrouvent leurs places et enchaînent une série de morceaux plus rock. Le climax est atteint lors de la montée de "Festival" : une partie de la salle se lève et se précipite au premier rang, où ils passeront le reste du concert au grand dam des ouvreurs un peu dépassés. Encore deux morceaux et le trio sort de scène. Il reviendra saluer plusieurs fois devant une standing ovation de plusieurs minutes, toujours sans prononcer le moindre mot. Pas de rappel, on n'est définitivement pas dans un concert de rock. Ça n'en reste pas moins un spectacle ébouriffant et peu commun.
Et pourtant, j'ai réussi à profiter de ce concert. De ce groupe, j'étais resté sur une prestation mémorable dans une Route du Rock qui ne l'était pas niveau concerts : une sorte de barnum folklorique et féerique accompagné d'une musique enchanteresse. Cette fois, le dispositif scénique évoque plutôt un spectacle de danse ou de théâtre contemporain : des images et des lumières projetées sur un grillage qui coupe la scène en deux, et qui pixellise tous ces effets visuels. Devant, trois amplis, et sur le côté, une batterie et un clavier. La formation est réduite par rapport à celle que j'avais vu neuf ans auparavant : Jonsi, avec sa voix extra-terrestre, sa vieille Les Paul et ses archets - acoustique et électronique - pour la faire gémir et vrombir. Il est encadré par un bassiste barbu qu'on croirait débauché de Mogwai et par un batteur-clavier plus échevelé.
J'ai un peu de mal à rentrer dans les premiers morceaux. Et puis au milieu du troisième, le concert décolle et moi aussi : les images s'animent, la batterie se détache, la guitare se déchaîne et j'ai envie de me lever de mon fauteuil vintage, propulsé par une sorte de pulsion que connaissent tous les gens qui ont déjà pris leur pied en écoutant Mogwai, Explosions in the Sky ou... Sigur Ros. La tension retombe ensuite, malgré quelques montées, et au bout d'une heure, les trois musiciens sortent de scène sans un mot et les lumières se rallument. Entracte. Tout cela est déroutant pour un habitué des concerts de rock : un seul groupe, tout le monde assis et un entracte. Je ne parle même pas des ouvreuses payées au pourboire. Mais le cadre en vaut la peine : le décor kitschissime de ce vieux cinéma ajoute à l'étrangeté des images numériques, qui collent bien à mon fantasme de l'Islande : des îles en noir et blanc, de la lave, des explosions, des structures austères, des figures divines et des constellations dans un ciel sombre.
La reprise surprend tout le monde : les trois musiciens sont passés derrière le grillage où sont installés des synthés. Puis la musique redevient plus intense, le grillage se lève et les musiciens retrouvent leurs places et enchaînent une série de morceaux plus rock. Le climax est atteint lors de la montée de "Festival" : une partie de la salle se lève et se précipite au premier rang, où ils passeront le reste du concert au grand dam des ouvreurs un peu dépassés. Encore deux morceaux et le trio sort de scène. Il reviendra saluer plusieurs fois devant une standing ovation de plusieurs minutes, toujours sans prononcer le moindre mot. Pas de rappel, on n'est définitivement pas dans un concert de rock. Ça n'en reste pas moins un spectacle ébouriffant et peu commun.
Excellent ! 18/20 | par Myfriendgoo |
Posté le 10 octobre 2020 à 00 h 59 |
Arrivé dans Le Grand Rex, je constate que la salle et belle et chaleureuse. Ce qui me surprend c'est que ce cinéma est rempli de femmes, à plus de 60 %, on dirait bien que ce groupe jouit d'une certaine popularité au sein de la gent féminine. J'avais peur que cela fasse trop groupie. Mais pas du tout ; de toute manière, ce groupe est tellement fort que l'on ne voit que lui.
Dès les premiers morceaux la magie opère, me transporte par sa douceur, sa délicatesse, qui n'appartient à aucun autre groupe. C'est tellement puissant, que j'ai l'impression que l'on ne peut pas faire mieux, que ce violon et cette voix qui pleure.
Le second morceau "Ekki múkk" est certes moins bon, c'est d'ailleurs le moins bon du concert pour moi. Mais des morceaux moins bons comme celui-là, on en redemande.
Arrive ensuite pour moi le meilleur titre du concert "Glósól", fixé à mon siège je suis ailleurs, je suis sur le palier du paradis, je suis immergé devant un océan de bonheur. Mon cerveau est éteint et tout le son entre dans mon cœur, cette voix angélique, ce contraste entre la douceur du violon et la puissance de la guitare, me provoque une chair de poule incomparable.
Le groupe enchaine sur 4 morceaux, dont 3 issus de leur dernier album. Toute la puissance de la fragilité de la voix se déploie ici, les guitares l'entourent magistralement bien. Un voyage, tel est le mot, on a l'impression d'assister à un voyage céleste, où l'on rencontre des étoiles, des poissons volants et lumineux, des aurores boréales, et cette sensation de planer devant l'immensité du cosmos. On est là, joyeux, avec le sourire aux lèvres, pourtant cette musique est emplie de mélancolie et c'est ça qui nous fait frissonner. Le mot transcendance semble avoir été inventé pour eux.
Ensuite, le groupe fait une pause, et revient plus tard avec des morceaux (7) un peu plus électros par moment, mais presque aussi magiques que les précédents. Je retiens par exemple :" Ný batterí", qui m'a presque fait pleurer, tellement c'est beau, avec cette montée finale, tout en puissance, qui tranche avec ce début calme.
Si ce groupe est aussi bon, c'est qu'il réussit à créer une atmosphère unique, avec la douceur de la voix du chanteur. Lorsque j'ai entendu cette voix, je me suis imaginé une scène de "l'Odyssée" d'Homère, où les marins étaient attirés par le chant des sirènes. Et bien, si c'était du Sigur Rós, je comprends qu'ils aient sauté à l'eau, pour découvrir la mort, de ce monde trop imparfait, et arrivé dans un monde enchanteur. Une fois arrivé dans ce cocon d'intimité, on explose de frissons, lorsque la guitare joue fort, elle éclate comme des vagues de plaisir sur notre échine, avec la voix, qui augmente en puissance, mais qui continue de nous enivrer de geysers de plaisir.
Et quand retentit le dernier morceau : "Popplagið", on veut la suite, mais, il n'y en y a pas. Toutefois, on reste sur notre ressenti magique, où notre cœur, notre corps, notre âme ont été transportés, élevés vers les cieux, couverts de frissons. C'est certain après ça, on ne peut qu'être convaincu que le divan existe dans ce monde, ils sont islandais, et ils s'appellent Sigur Rós.
Dès les premiers morceaux la magie opère, me transporte par sa douceur, sa délicatesse, qui n'appartient à aucun autre groupe. C'est tellement puissant, que j'ai l'impression que l'on ne peut pas faire mieux, que ce violon et cette voix qui pleure.
Le second morceau "Ekki múkk" est certes moins bon, c'est d'ailleurs le moins bon du concert pour moi. Mais des morceaux moins bons comme celui-là, on en redemande.
Arrive ensuite pour moi le meilleur titre du concert "Glósól", fixé à mon siège je suis ailleurs, je suis sur le palier du paradis, je suis immergé devant un océan de bonheur. Mon cerveau est éteint et tout le son entre dans mon cœur, cette voix angélique, ce contraste entre la douceur du violon et la puissance de la guitare, me provoque une chair de poule incomparable.
Le groupe enchaine sur 4 morceaux, dont 3 issus de leur dernier album. Toute la puissance de la fragilité de la voix se déploie ici, les guitares l'entourent magistralement bien. Un voyage, tel est le mot, on a l'impression d'assister à un voyage céleste, où l'on rencontre des étoiles, des poissons volants et lumineux, des aurores boréales, et cette sensation de planer devant l'immensité du cosmos. On est là, joyeux, avec le sourire aux lèvres, pourtant cette musique est emplie de mélancolie et c'est ça qui nous fait frissonner. Le mot transcendance semble avoir été inventé pour eux.
Ensuite, le groupe fait une pause, et revient plus tard avec des morceaux (7) un peu plus électros par moment, mais presque aussi magiques que les précédents. Je retiens par exemple :" Ný batterí", qui m'a presque fait pleurer, tellement c'est beau, avec cette montée finale, tout en puissance, qui tranche avec ce début calme.
Si ce groupe est aussi bon, c'est qu'il réussit à créer une atmosphère unique, avec la douceur de la voix du chanteur. Lorsque j'ai entendu cette voix, je me suis imaginé une scène de "l'Odyssée" d'Homère, où les marins étaient attirés par le chant des sirènes. Et bien, si c'était du Sigur Rós, je comprends qu'ils aient sauté à l'eau, pour découvrir la mort, de ce monde trop imparfait, et arrivé dans un monde enchanteur. Une fois arrivé dans ce cocon d'intimité, on explose de frissons, lorsque la guitare joue fort, elle éclate comme des vagues de plaisir sur notre échine, avec la voix, qui augmente en puissance, mais qui continue de nous enivrer de geysers de plaisir.
Et quand retentit le dernier morceau : "Popplagið", on veut la suite, mais, il n'y en y a pas. Toutefois, on reste sur notre ressenti magique, où notre cœur, notre corps, notre âme ont été transportés, élevés vers les cieux, couverts de frissons. C'est certain après ça, on ne peut qu'être convaincu que le divan existe dans ce monde, ils sont islandais, et ils s'appellent Sigur Rós.
Exceptionnel ! ! 19/20
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