Cocteau Twins
Echoes In A Shallow Bay |
Label :
4AD |
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Dans leur discographie pléthorique, les Cocteau Twins ont toujours donné une place à part, tout aussi importante, aux EPs. Ces EPs sont autant de clés de voûte entre les albums du groupe, sans lesquelles le passage de l'un à l'autre serait beaucoup plus abrupt. Avant tout, il est utile de rappeler que Tiny Dynamine, sorti en EP 4 titres en octobre 1985 (regroupant "Pink Orange Red", "Ribbed And Veined", "Plain Tiger" et "Sultitan Itan") chez 4AD Records ressortait le mois suivant sous un double EP 8 titres intitulé Echoes In A Shallow Bay (comprenant donc les 4 titres sus-cités + 4 autres). Ces deux EPs sont donc indissociables ; car d'une part, issus d'une même session d'enregistrement, et d'autre part, d'un même studio : le Guerilla Studio de Londres. Inséparables également car empreints de cet identique grain de production très lisse, production aussi brillante que charnelle et opulente. Echoes In A Shallow Bay constitue une mini révolution, ouvre une ère nouvelle clairement identifiable dans le son Cocteau. Bien sûr, cette production, qui y est pour beaucoup (mais ne devant masquer l'essentiel), catapulte nos cinq sens dans une dimension rarement explorée (tous sens pris isolément) tant en puissance évocatrice d'images mentales, que de ressentis sur le corps tout entier.
Le titre phare, "Pink Orange Red", semble touché par la Grâce. Les lents accords clairs posent la trame du morceau, épaulés par la voix d'Elizabeth Fraser. Les pensées se bousculent dans la tête ; se dire que, indéniablement, rien ne sera jamais comme avant : déception, résignation, sont les mots venant à l'esprit après cette complainte, belle à pleurer.
Les Twins ont cette faculté, ce don de Dieu, d'éveiller nos cinq sens sur le reste du disque. Et pas au figuré...
Ainsi, l'ouïe, premier sens employé ici, est le vecteur commun à tous les autres qui sont évoqués ensuite, le prisme qui diffracte nos quatre autres sens que sont le toucher, voir, goûter et puis sentir.
Le toucher est mis à contribution quand la moiteur dense de "Ribbed And Veined" s'immisce en nous. Titre instrumental et sensoriel, il donne juste l'impression d'être étouffé (avoir la poitrine compressée) par l'humidité d'un hypothétique et puissant geyser du désert de l'Atlas. Les textures aussi sont présentes avec "Eggs And Their Shells" (titre très tactile, n'est-ce pas ?) à la voix apaisante telle une caresse maternelle, saupoudrée d'échos de piano et de guitare éparse.
La vue, au travers des visions, est également à l'honneur. Ecouter "Pale Clouded White", c'est se voir littéralement enrôlé dans une caravane de nomades déambulant en plein désert, ceci renforcé par les rythmiques quasi tribales africaines. Entendre le sirocco soulever les bancs de sable dans les souffles de synthés. Et également, ces effets de guitares n'évoquent-ils pas des images mentales d'horizon, au loin troublé par la chaleur dansante s'élevant des collines de sable ? Des mirages ?
Le goût. Celui de la soif engendrée par la fréquentation irréfrénée des paysages arides de ce double EP. Ou le sel utilisé sur nos lèvres pour fouler ces terres asséchées, assommés par l'enclume soudaine du soleil (le "gong" dans "Great Spangled Fritillary"). Le sel, encore, des larmes versées par Liz Fraser dans "Plain Tiger". Ou comme encore l'amertume laissée au plus profond de nous par "Pink Orange Red"... Tel, enfin, le sucre des caresses procurées sur "Eggs And Their Shells".
Sentir. Les effluves d'absinthe de la choriste sur "Melonella", où elle semble totalement possédée, proférant ses onomatopées à tue-tête. Sentir la folie s'en emparer dans "Plain Tiger" avant de céder à la fuite libératrice dans la guitare de Robin Guthrie. Ou sentir sur soi la dynamique des vocalises de notre muse sur "Sultitan Itan"... Essayez, vous entendrez, toucherez, verrez, sentirez, goûterez les Cocteau Twins.
Les sensations prodiguées par les "chansons" des Cocteau sont on ne peut plus évocatrices, relevant non pas seulement du cérébral comme jusqu'alors, mais dorénavant du domaine du physique et du sensitif. Les Cocteau ne sont pas des songwriters mais des "soundmakers", des faiseurs de sons, de climats, de textures, de couleurs, dont les pochettes développées par Vaughan Oliver ont rarement aussi bien dépeint visuellement la musique.
Le titre phare, "Pink Orange Red", semble touché par la Grâce. Les lents accords clairs posent la trame du morceau, épaulés par la voix d'Elizabeth Fraser. Les pensées se bousculent dans la tête ; se dire que, indéniablement, rien ne sera jamais comme avant : déception, résignation, sont les mots venant à l'esprit après cette complainte, belle à pleurer.
Les Twins ont cette faculté, ce don de Dieu, d'éveiller nos cinq sens sur le reste du disque. Et pas au figuré...
Ainsi, l'ouïe, premier sens employé ici, est le vecteur commun à tous les autres qui sont évoqués ensuite, le prisme qui diffracte nos quatre autres sens que sont le toucher, voir, goûter et puis sentir.
Le toucher est mis à contribution quand la moiteur dense de "Ribbed And Veined" s'immisce en nous. Titre instrumental et sensoriel, il donne juste l'impression d'être étouffé (avoir la poitrine compressée) par l'humidité d'un hypothétique et puissant geyser du désert de l'Atlas. Les textures aussi sont présentes avec "Eggs And Their Shells" (titre très tactile, n'est-ce pas ?) à la voix apaisante telle une caresse maternelle, saupoudrée d'échos de piano et de guitare éparse.
La vue, au travers des visions, est également à l'honneur. Ecouter "Pale Clouded White", c'est se voir littéralement enrôlé dans une caravane de nomades déambulant en plein désert, ceci renforcé par les rythmiques quasi tribales africaines. Entendre le sirocco soulever les bancs de sable dans les souffles de synthés. Et également, ces effets de guitares n'évoquent-ils pas des images mentales d'horizon, au loin troublé par la chaleur dansante s'élevant des collines de sable ? Des mirages ?
Le goût. Celui de la soif engendrée par la fréquentation irréfrénée des paysages arides de ce double EP. Ou le sel utilisé sur nos lèvres pour fouler ces terres asséchées, assommés par l'enclume soudaine du soleil (le "gong" dans "Great Spangled Fritillary"). Le sel, encore, des larmes versées par Liz Fraser dans "Plain Tiger". Ou comme encore l'amertume laissée au plus profond de nous par "Pink Orange Red"... Tel, enfin, le sucre des caresses procurées sur "Eggs And Their Shells".
Sentir. Les effluves d'absinthe de la choriste sur "Melonella", où elle semble totalement possédée, proférant ses onomatopées à tue-tête. Sentir la folie s'en emparer dans "Plain Tiger" avant de céder à la fuite libératrice dans la guitare de Robin Guthrie. Ou sentir sur soi la dynamique des vocalises de notre muse sur "Sultitan Itan"... Essayez, vous entendrez, toucherez, verrez, sentirez, goûterez les Cocteau Twins.
Les sensations prodiguées par les "chansons" des Cocteau sont on ne peut plus évocatrices, relevant non pas seulement du cérébral comme jusqu'alors, mais dorénavant du domaine du physique et du sensitif. Les Cocteau ne sont pas des songwriters mais des "soundmakers", des faiseurs de sons, de climats, de textures, de couleurs, dont les pochettes développées par Vaughan Oliver ont rarement aussi bien dépeint visuellement la musique.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Cocteaukid |
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