Cocteau Twins

Blue Bell Knoll

Blue Bell Knoll

 Label :     4AD 
 Sortie :    octobre 1988 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Blue Bell Knoll succède au dépouillé et aérien The Moon And The Melodies créé avec le pianiste Californien Harold Budd. Ce sixième album sort en 1988 et force est de constater qu'à l'époque, les critiques ne devaient pas trop savoir quelle direction les Twins allaient donner à leur nouveau projet.
La réponse est à chercher sur la voie classique du studio et avec pour line-up les 3 Twins + 1 : le retour de la Tinderbox, à savoir la boîte à rythme, à nouveau présente sur toute la longueur de l'album.
Le titre d'ouverture éponyme est d'une couleur jamais (entra)perçue chez Cocteau Twins : blue. Les boucles de guitare froide (ne sait-on jamais : elles sonnent comme du clavecin) d'un bleu glacier, à peine soutenues par une pulsation rythmique, donnent le ton. Voix plaintive de Liz Fraser posée délicatement et lignes de basse arrondie comme toujours. La linéarité chez les Cocteau n'étant pas de mise, ce sont par des bourrasques de guitares, croisées et enchevêtrées, dont à peine émerge l'une d'entre elles, que le final explose.
Le binaire "Athol-Brose" plante le décor d'un rock océanique et brumeux que le combo Ecossais ne fera que décliner, toutes saisons et toutes régions du globe confondues, le long de ce disque avec une nette préférence pour la saison d'été et les atolls des mers du sud... Les sonorités chaudes et exotiques ne le quitteront désormais plus que sur "The Itchy Glowbo Blow".
L'emblématique "Carolyn's Fingers" voit Liz au sommet de son art vocal tant il est difficile de transmettre des émotions de joie (sans tomber dans la niaiserie) et elle y parvient sans détours. Le larsen trouve une place entre les arpèges "chorusés" de Robin Guthrie, conférant à l'ensemble une richesse mélodique inouie tant les 6 cordes et les voix (jusqu'à trois) s'entrelacent ; en pleine osmose. Titre d'accalmie à la voix caressante, "For Phoebe Still A Baby" laisse présager par sa langoureuse descente, le plus tendu "The Itchy Glowbo Blow". Véritable cascade de guitares cristallines mais ordonnées, soutenues par des beats plus secs, où Liz chante d'une tristesse sans fonds mais en équilibre total et recouverte d'une mince épaisseur de glace. L'on comprend dès lors mieux l'expression "The Voice of God"(dess). Le spleen se déverse alors pour ne plus finir qu'en irrémédiable apothéose de guitares vers des contrées où ils sont si loin qu'alors on se surprend : reviendraient-ils jamais ? Le sommet de leur art ? Peut-être oui.
Après cet ouragan, on plonge dans ce que la beauté fait de plus pur : rythmes plus exotiques à la "Ribbed And Veined", accords clairs comme l'eau des récifs coralliens ou légers comme la brise frôlant les palmes, vocalises d'anges tombés là. "Ella Megalast Burls Forever" clôt l'album de sa suprême lenteur, entre l'enclume lourde de la rythmique basse/boîte à rythmes et les cordes en apesanteur qui, inexorablement, nous invitent à nous demander : reviendrons-nous aussi tous indemnes de ce voyage aux paradis naturels ?
Blue Bell Knoll est très éloigné de Garlands ; cela prouve au combien Cocteau Twins ont réussi à faire évoluer leur musique après les bombes que furent Head Over Heels puis Treasure. Qui les aurait cru capable de cela ? C'est pourquoi Blue Bell Knoll reste, sans équivoque aucun, l'un des meilleurs LP de ces enfants du punk.


Intemporel ! ! !   20/20
par Cocteaukid


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