Cocteau Twins
Garlands |
Label :
4AD |
||||
Fer de lance du label 4AD, Cocteau Twins imposa dès son premier album, un son énorme, novateur et si tranché qu'il fera date !
Il existe bien des groupes cold-wave de qualité, ce n'est pas moi qui vous contredira, or combien sont-ils parvenus à créer un style réellement personnel ? Peu. Car Garlands dans le monde new-wave c'est en quelque sorte Boy (U2) du rock. Je vous rassure, s'ils partagent cette même fougue issue de la nouveauté communicative, les Cocteau projettent davantage de cauchemars, de distance radiophonique et de lunes perdues.
La new-wave n'étant pas une science exacte, il n'est pas étonnant de voir en cette année 1982, la réalisation d'un album sans synthétiseur. Mais 1982, c'est l'époque où 8 titres suffisaient amplement à creuser une ambiance, créer un concept musical fort pour évoluer dès l'année suivante avec un autre grand album. Cocteau Twins ne reconduira donc jamais les ingrédients de son coup d'essai.
Mais au fond, qu'est-ce qui rend Garlands si spécial, si unique en son genre ? La formation éphémère du groupe (Will Heggie quittera l'aventure dès 1983) ? La basse ultra présente ? La guitare toujours saturée ? Le chant 'mâle' d'Elisabeth Frazer ? Ou encore l'absence de batterie au profit d'une boîte à rythme sacrément efficace ? C'est un tout, tant ces matériaux conjugués procèdent à l'alchimie indéniable !
"Bloodbitch", déjà de part son titre, fait mouche. Entendre cela de la bouche d'une femme qui de plus est, a le mérite d'annoncer la couleur. Comme tout au long du disque, nous avons à faire à un mid-tempo à la fois dépressif et entraînant. L'équilibre obtenu entre la relative épure rythmique et la fougue du bassiste, hypnotise de fait l'auditeur.
Il y a bien 2/3 titres plus rapides (tels "Wax And Wane" & "But I'm Not"), mais tous s'inscrivent dans l'atmosphère claire obscure de l'album. On est ainsi frappé par l'homogénéité des arrangements, sans que cela provoque une quelconque lassitude dans l'écoute. Chaque instrument gardera donc le même son du premier au dernier titre, si bien qu'on a parfois du mal à mettre un nom sur une chanson. Le jeu musical est lui aussi continu, constant.
Concrètement, la guitare préfère les arpèges & sons d'ambiance grinçants aux soli rock loubards. Ensuite, on note une seule et même boîte à rythme (la Korg KPR-77 si je ne m'abuse) au son mat très puissant. Dépouillée de la récurrente reverb, elle creuse sa différence. Le bassiste, quant à lui, se focalise sur les cordes à vide, les dissonances & autres glissandos vibrants : on songe parfois à un Peter Hook reniant ses 'gentilles petites' mélodies avec New Order. Enfin, Frazer chante comme une guerrière lyrique, nous épargnant le syndrome fataliste du 'groupe à fille = groupe pour filles' ! A la différence des prochains albums du groupe, la chanteuse va rarement dans les aigûes. Tout en gardant une accroche finalement sexy, elle ne tombe jamais dans les vocalises spongieuses & convenues de type CV pop / soul / jazz / gospel / etc ... Non, Frazer nous prend, que dis-je nous attire par distance. Elle sait où elle va sans nous y attendre, à nous de suivre ou pas. Inventant une façon de chanter personnelle avec ce trémolo en fin de phrase, digne d'un Sioux écoeuré, elle annonce un futur potentiel alternatif effarant !
Pardon de ne pas m'être attaché aux titres plus en détails, vu que l'esprit d'ensemble me semble-t-il prime. Garlands compte donc parmi les albums à écouter d'une traite, encore et encore, sans passer fugacement un morceau, chacun des morceaux imprimant le même engagement. Le non conformisme reste une teneur manifeste, constructive. "Grail Overfloweth" se termine qu'il appelle "Bloodbitch" à nouveau...
Coup d'essai, coup de maître ! Cocteau Twins est un des rares groupes à avoir su combiner grosse production, grande création et petite compromission. Si aucun de leurs albums ne se ressemblent, Garlands reste le plus brut, le plus rythmé ... le préféré des bassistes cold-wave de surcroît !
Il existe bien des groupes cold-wave de qualité, ce n'est pas moi qui vous contredira, or combien sont-ils parvenus à créer un style réellement personnel ? Peu. Car Garlands dans le monde new-wave c'est en quelque sorte Boy (U2) du rock. Je vous rassure, s'ils partagent cette même fougue issue de la nouveauté communicative, les Cocteau projettent davantage de cauchemars, de distance radiophonique et de lunes perdues.
La new-wave n'étant pas une science exacte, il n'est pas étonnant de voir en cette année 1982, la réalisation d'un album sans synthétiseur. Mais 1982, c'est l'époque où 8 titres suffisaient amplement à creuser une ambiance, créer un concept musical fort pour évoluer dès l'année suivante avec un autre grand album. Cocteau Twins ne reconduira donc jamais les ingrédients de son coup d'essai.
Mais au fond, qu'est-ce qui rend Garlands si spécial, si unique en son genre ? La formation éphémère du groupe (Will Heggie quittera l'aventure dès 1983) ? La basse ultra présente ? La guitare toujours saturée ? Le chant 'mâle' d'Elisabeth Frazer ? Ou encore l'absence de batterie au profit d'une boîte à rythme sacrément efficace ? C'est un tout, tant ces matériaux conjugués procèdent à l'alchimie indéniable !
"Bloodbitch", déjà de part son titre, fait mouche. Entendre cela de la bouche d'une femme qui de plus est, a le mérite d'annoncer la couleur. Comme tout au long du disque, nous avons à faire à un mid-tempo à la fois dépressif et entraînant. L'équilibre obtenu entre la relative épure rythmique et la fougue du bassiste, hypnotise de fait l'auditeur.
Il y a bien 2/3 titres plus rapides (tels "Wax And Wane" & "But I'm Not"), mais tous s'inscrivent dans l'atmosphère claire obscure de l'album. On est ainsi frappé par l'homogénéité des arrangements, sans que cela provoque une quelconque lassitude dans l'écoute. Chaque instrument gardera donc le même son du premier au dernier titre, si bien qu'on a parfois du mal à mettre un nom sur une chanson. Le jeu musical est lui aussi continu, constant.
Concrètement, la guitare préfère les arpèges & sons d'ambiance grinçants aux soli rock loubards. Ensuite, on note une seule et même boîte à rythme (la Korg KPR-77 si je ne m'abuse) au son mat très puissant. Dépouillée de la récurrente reverb, elle creuse sa différence. Le bassiste, quant à lui, se focalise sur les cordes à vide, les dissonances & autres glissandos vibrants : on songe parfois à un Peter Hook reniant ses 'gentilles petites' mélodies avec New Order. Enfin, Frazer chante comme une guerrière lyrique, nous épargnant le syndrome fataliste du 'groupe à fille = groupe pour filles' ! A la différence des prochains albums du groupe, la chanteuse va rarement dans les aigûes. Tout en gardant une accroche finalement sexy, elle ne tombe jamais dans les vocalises spongieuses & convenues de type CV pop / soul / jazz / gospel / etc ... Non, Frazer nous prend, que dis-je nous attire par distance. Elle sait où elle va sans nous y attendre, à nous de suivre ou pas. Inventant une façon de chanter personnelle avec ce trémolo en fin de phrase, digne d'un Sioux écoeuré, elle annonce un futur potentiel alternatif effarant !
Pardon de ne pas m'être attaché aux titres plus en détails, vu que l'esprit d'ensemble me semble-t-il prime. Garlands compte donc parmi les albums à écouter d'une traite, encore et encore, sans passer fugacement un morceau, chacun des morceaux imprimant le même engagement. Le non conformisme reste une teneur manifeste, constructive. "Grail Overfloweth" se termine qu'il appelle "Bloodbitch" à nouveau...
Coup d'essai, coup de maître ! Cocteau Twins est un des rares groupes à avoir su combiner grosse production, grande création et petite compromission. Si aucun de leurs albums ne se ressemblent, Garlands reste le plus brut, le plus rythmé ... le préféré des bassistes cold-wave de surcroît !
Excellent ! 18/20 | par Alanbyond |
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