Cocteau Twins
The Spangle Maker |
Label :
4AD |
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Après cet album, le rock aurait du s'arrêter. Rendre les armes. A quoi bon discourir lorsque tout a été dit ? Justement, cette brève apparition divine (un journaliste du NME dit y avoir entendu la voix de Dieu), cette étoile descendue jusque dans le plat paysage ambiant des années 80, est allé encore plus loin que tout ce qui a été fait auparavant, plus loin que le discours, plus loin encore que la revendication d'un style.
Trois chansons seulement (le sublime single "Pearly Drewdrop' Drop" y est repris en deux versions différentes) mais qui ont coupé court aux mots, aux sens, aux messages, pour les dépasser et ne livrer qu'un panaché de sensations, dont l'impact est plus du domaine de l'intuitif que de la raison.
The Spangle Maker ne ressemble à rien de ce qui a déjà été fait. Il n'y a plus de chansons d'ailleurs, mais des plages, des plages époustouflantes maintenues par une section rythmique (l'intervention de Simon Gallup, arrivé à la basse, est prépondérante ici) imperturbable, métronomique, dans la plus pure tradition cold-wave, complètement glaciale, une gerbe étonnante de couleurs et de sons, de fantômes, de choses qui disparaissent, d'autres qui apparaissent, à l'instar de ces slides électriques lointains qui font penser à des chants de sirènes ("The Spangle Maker"), des nappes ébouriffantes de vocalises soyeuses, émotives, intenses, qui s'accordent à merveille aux humeurs ou aux effets de production, qui tombent en pluie d'or. On connaissait Liz Frazer excellente chanteuse gothique, elle pousse ici encore plus loin l'exercice vocal pour atteindre des prouesses inégalables. Aboutissement d'un travail d'orfèvre sur les arrangements et la texture, The Spangle Maker révèle toute l'étendue de la magnificence de Cocteau Twins. Au sein de cette déferlante de grâce et de beauté, qui se liquéfie sous nos yeux, il n'y a plus qu'à se laisser envahir de sensations merveilleuses.
Les éléments ne sont plus maîtrisés, à l'image de ces vocalises mirifiques, qui touchent au divin, et qui s'envolent dans des hoquets aigus absolument confondant ("Pearly Drewdrop' Drop") ou qui se laissent dériver dans des mélodies magnifiques, qui parfois se dédoublent dans un lyrisme sensationnel à filer la chair de poule. Impressions tenaces que l'on n'a plus à faire à quelque chose de matériel, d'humain, mais qu'on entend la musique des elfes, des nymphes ou des déesses qui vivraient dans un monde gothique où tout ne serait que luxe dégénéré et emphatique.
Sur ce maxi, ce sont les sensations qui auront le pouvoir. Plus tacite que rationnelle, la féerie de Cocteau Twins explose tous les repères traditionnels. Là où d'habitude le riff de guitare est toujours le point d'accroche, ici, l'instrument ne servira qu'à tisser quelques mélodies cotonneuses, de manière ponctuelle et fugace, laissant le soin à la basse de faire le travail, ce qui confère un caractère glacé à l'ensemble ("Pepper-Tree") . De temps à autre, les guitares se laissent aller à l'explosion de quelques éclairs électriques légers, mais avec parcimonie (le final de "The Spangle Maker"). En fait elles sont utilisées comme un arrangement, au même titre que peut l'être le xylophone enchanteur de "Pearly Drewdrop' Drop" ou le piano inquiétant de "Pepper-Tree". Le résultat ne ressemble à rien de connu.
Véritable millefeuille musical, cet opus historique dans la carrière de Cocteau Twins explore les possibilités sonores possibles à partir d'un canevas assez simple au départ, proche d'une cold-wave gothique mais qui sera sublimé dans le lyrisme et l'émotion.
Cette musique, cette voix font vibrer, déclenchent des sensations et même provoquent des états : le ton lent, vaporeux, solennel, somptueux et rêveur, nous rendra plus ou moins mélancolique, plus ou moins émus par tant de beauté. Mais est-ce la musique qui provoque ces émotions ? Comment de simples accords harmoniques, des lignes qui se tissent et s'enlacent, des vocalises angéliques et cristallines, peuvent-ils traduire des émotions ? Pourquoi a-t-on cette impression d'être tout chamboulé après l'écoute ? Car après tout, il ne s'agit que d'effets.
Pourtant il faut se rendre à l'évidence : on n'avait jamais entendu une musique si fantastique avant. Et la découverte de ce monde nouveau se transforme en un voyage contemplatif, paresseux et flémard, qui flirte avec le sensible pur et véritable. Une sorte de tendre contemplation qui se changerait en hébétude face à la grâce...
Un instant de rêve absolu où on quitterait totalement la réalité du monde : le désir de tout gothique...
Trois chansons seulement (le sublime single "Pearly Drewdrop' Drop" y est repris en deux versions différentes) mais qui ont coupé court aux mots, aux sens, aux messages, pour les dépasser et ne livrer qu'un panaché de sensations, dont l'impact est plus du domaine de l'intuitif que de la raison.
The Spangle Maker ne ressemble à rien de ce qui a déjà été fait. Il n'y a plus de chansons d'ailleurs, mais des plages, des plages époustouflantes maintenues par une section rythmique (l'intervention de Simon Gallup, arrivé à la basse, est prépondérante ici) imperturbable, métronomique, dans la plus pure tradition cold-wave, complètement glaciale, une gerbe étonnante de couleurs et de sons, de fantômes, de choses qui disparaissent, d'autres qui apparaissent, à l'instar de ces slides électriques lointains qui font penser à des chants de sirènes ("The Spangle Maker"), des nappes ébouriffantes de vocalises soyeuses, émotives, intenses, qui s'accordent à merveille aux humeurs ou aux effets de production, qui tombent en pluie d'or. On connaissait Liz Frazer excellente chanteuse gothique, elle pousse ici encore plus loin l'exercice vocal pour atteindre des prouesses inégalables. Aboutissement d'un travail d'orfèvre sur les arrangements et la texture, The Spangle Maker révèle toute l'étendue de la magnificence de Cocteau Twins. Au sein de cette déferlante de grâce et de beauté, qui se liquéfie sous nos yeux, il n'y a plus qu'à se laisser envahir de sensations merveilleuses.
Les éléments ne sont plus maîtrisés, à l'image de ces vocalises mirifiques, qui touchent au divin, et qui s'envolent dans des hoquets aigus absolument confondant ("Pearly Drewdrop' Drop") ou qui se laissent dériver dans des mélodies magnifiques, qui parfois se dédoublent dans un lyrisme sensationnel à filer la chair de poule. Impressions tenaces que l'on n'a plus à faire à quelque chose de matériel, d'humain, mais qu'on entend la musique des elfes, des nymphes ou des déesses qui vivraient dans un monde gothique où tout ne serait que luxe dégénéré et emphatique.
Sur ce maxi, ce sont les sensations qui auront le pouvoir. Plus tacite que rationnelle, la féerie de Cocteau Twins explose tous les repères traditionnels. Là où d'habitude le riff de guitare est toujours le point d'accroche, ici, l'instrument ne servira qu'à tisser quelques mélodies cotonneuses, de manière ponctuelle et fugace, laissant le soin à la basse de faire le travail, ce qui confère un caractère glacé à l'ensemble ("Pepper-Tree") . De temps à autre, les guitares se laissent aller à l'explosion de quelques éclairs électriques légers, mais avec parcimonie (le final de "The Spangle Maker"). En fait elles sont utilisées comme un arrangement, au même titre que peut l'être le xylophone enchanteur de "Pearly Drewdrop' Drop" ou le piano inquiétant de "Pepper-Tree". Le résultat ne ressemble à rien de connu.
Véritable millefeuille musical, cet opus historique dans la carrière de Cocteau Twins explore les possibilités sonores possibles à partir d'un canevas assez simple au départ, proche d'une cold-wave gothique mais qui sera sublimé dans le lyrisme et l'émotion.
Cette musique, cette voix font vibrer, déclenchent des sensations et même provoquent des états : le ton lent, vaporeux, solennel, somptueux et rêveur, nous rendra plus ou moins mélancolique, plus ou moins émus par tant de beauté. Mais est-ce la musique qui provoque ces émotions ? Comment de simples accords harmoniques, des lignes qui se tissent et s'enlacent, des vocalises angéliques et cristallines, peuvent-ils traduire des émotions ? Pourquoi a-t-on cette impression d'être tout chamboulé après l'écoute ? Car après tout, il ne s'agit que d'effets.
Pourtant il faut se rendre à l'évidence : on n'avait jamais entendu une musique si fantastique avant. Et la découverte de ce monde nouveau se transforme en un voyage contemplatif, paresseux et flémard, qui flirte avec le sensible pur et véritable. Une sorte de tendre contemplation qui se changerait en hébétude face à la grâce...
Un instant de rêve absolu où on quitterait totalement la réalité du monde : le désir de tout gothique...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Vic |
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