Ani DiFranco
Reprieve |
Label :
Righteous Babe |
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Un an et demi après son Knuckle Down et un petit repos bien mérité (tendinite chronique du poignet, aïe !), la mère DiFranco se voit dans sa préparation d'album en Nouvelle Orléans confrontée à un obstacle beaucoup plus impressionnant : la vilaine Katrina. C'est donc à la maison (Buffalo) que la chanteuse finie la construction de son Reprieve, les yeux encore humides du triste désastre, et acceptant difficilement que son pays (qui doit donc lui aussi avoir une tendinite chronique) ne bouge le petit doigts pour aider son prochain sous prétexte qu'il est majoritairement noir et pauvre...
Reprieve, ‘sursis' dans la langue de Molière, est une ode à la nature : Celle de l'environnement, celle de l'homme. Un sombre et intime constat, plus insistant et tendu qu'à l'accoutumée (l'angoissant et merveilleux "A Spade"), où la petite folksinger parvient à peindre une atmosphère que l'on accorderait en quelque sorte à une Nina Simone ou une Billie Holliday à la rage et au cynisme vicieusement dissimulés (le spoken word éponyme où les instruments portent la tension du texte). Reprieve renferme consciencieusement un folk jazzy, modéré et lo-fi, comme un moment de calme après la tempête attendant l'inévitable prochaine attaque -la prise d'ambiance animal qu'on découvre derrière "Nicotine" faisant à ce titre froid dans le dos- ...
La mise en scène, dans la lignée de son précédent bébé, est un binôme des plus intéressants avec le contrebassiste Todd Sickafoose que l'on a pu découvrir en tournée ainsi qu'au travers des images de Trust. On y constate, entre autre intimité que la femme nous fait partager depuis Educated Guess, l'apparition de superpositions dans un sens parfois attribuées à l'electro : des sons ou overdubs aux tons parfois surprenants et saugrenus, très identifiables car inédits dans le travail studio de la miss. Une approche musicale métaphorique mimant une contamination fataliste de la planète par les parasites qu'elle héberge sur son dos (dès "Hypnotized", et en particulier "Millenium Theater" et le massacre de "Shroud" au clavier). Comme de mauvaises herbes envahissantes contre lesquelles on ne peut rien... Elles ornent le tableau à en donner un goût léger de vent dans les feuilles et de pluie fine, qui en fait certainement à l'arrivée sa mise en son la plus savoureuse, la plus fraîche, au bord du petit coup de froid... et juste ce qu'il faut pour garder au chaud, à l'image du visage au sec regardant à travers la fenêtre l'averse qui s'empare de l'humeur du paysage. On est bien mais on ne peut s'empêcher de penser qu'affronter l'extérieur est une épreuve difficile or un passage obligé.
Les 12 titres plongent alors à nouveau dans une mélopée féministe, écologiste et humaniste dans un cadre très discret, à l'abri de la couverture de mauvais papier et autres matraquages sur les ondes. Tel un arbre à connaissance déjà immense mais se donnant le temps de pousser (36 printemps cette année), témoin de l'étendue des dégâts avec sérénité et le carpe diem gravé sur l'écorce, la musique d'Ani est une éternelle invitation à boire une sève intarissable, catastrophes ou non... La preuve ici: un 'sursis' en forme d'espoir.
Reprieve, ‘sursis' dans la langue de Molière, est une ode à la nature : Celle de l'environnement, celle de l'homme. Un sombre et intime constat, plus insistant et tendu qu'à l'accoutumée (l'angoissant et merveilleux "A Spade"), où la petite folksinger parvient à peindre une atmosphère que l'on accorderait en quelque sorte à une Nina Simone ou une Billie Holliday à la rage et au cynisme vicieusement dissimulés (le spoken word éponyme où les instruments portent la tension du texte). Reprieve renferme consciencieusement un folk jazzy, modéré et lo-fi, comme un moment de calme après la tempête attendant l'inévitable prochaine attaque -la prise d'ambiance animal qu'on découvre derrière "Nicotine" faisant à ce titre froid dans le dos- ...
La mise en scène, dans la lignée de son précédent bébé, est un binôme des plus intéressants avec le contrebassiste Todd Sickafoose que l'on a pu découvrir en tournée ainsi qu'au travers des images de Trust. On y constate, entre autre intimité que la femme nous fait partager depuis Educated Guess, l'apparition de superpositions dans un sens parfois attribuées à l'electro : des sons ou overdubs aux tons parfois surprenants et saugrenus, très identifiables car inédits dans le travail studio de la miss. Une approche musicale métaphorique mimant une contamination fataliste de la planète par les parasites qu'elle héberge sur son dos (dès "Hypnotized", et en particulier "Millenium Theater" et le massacre de "Shroud" au clavier). Comme de mauvaises herbes envahissantes contre lesquelles on ne peut rien... Elles ornent le tableau à en donner un goût léger de vent dans les feuilles et de pluie fine, qui en fait certainement à l'arrivée sa mise en son la plus savoureuse, la plus fraîche, au bord du petit coup de froid... et juste ce qu'il faut pour garder au chaud, à l'image du visage au sec regardant à travers la fenêtre l'averse qui s'empare de l'humeur du paysage. On est bien mais on ne peut s'empêcher de penser qu'affronter l'extérieur est une épreuve difficile or un passage obligé.
Les 12 titres plongent alors à nouveau dans une mélopée féministe, écologiste et humaniste dans un cadre très discret, à l'abri de la couverture de mauvais papier et autres matraquages sur les ondes. Tel un arbre à connaissance déjà immense mais se donnant le temps de pousser (36 printemps cette année), témoin de l'étendue des dégâts avec sérénité et le carpe diem gravé sur l'écorce, la musique d'Ani est une éternelle invitation à boire une sève intarissable, catastrophes ou non... La preuve ici: un 'sursis' en forme d'espoir.
Parfait 17/20 | par X_YoB |
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