White Lung
It's The Evil |
Label :
Deranged |
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Il est toujours attendrissant, lorsqu'on a découvert un groupe en plein cœur de sa carrière et que l'on remonte à rebours sa discographie, de se pencher sur ses premiers efforts, afin d'assister avec émoi à ses premiers balbutiements soniques, à déceler ce que sera la construction de sa formule et de regarder le chemin parcouru avec bienveillance.
Les premiers albums, vaste sujet... Certains, en une dizaine de titres ont déjà tout dit et, malgré des carrières intéressantes à plus d'un titre, les auditeurs, frappés par cette virginale nouveauté en cette première fois, cristallisent alors ce moment d'émoi et seront à jamais déçus de la suite. Appelez ça la voie vers la maturité, l'évolution ou la compromission, le vieillissement fatal d'un groupe s'accompagnera forcément d'amertumes et d'erreurs.
Dans cette optique, le fan de White Lung qui aura découvert le groupe avec It's The Evil regrettera sans doute la suite de leurs aventures, délaissant progressivement le Punk et le Hardcore pour de la Pop avec des arrangements plus sophistiqués, même si encore emprunts de bruit et de fureur. Car, comme on pouvait s'y attendre, avec It's The Evil, ça gueule, ça braille, ça tempête, ça gratte fort et vite, ça cogne, ça tape et ça rétame partout, tout le temps. L'auditeur en temps réel de cette première fois aura également apprécié cette production primitive, ce son sec et vierge de tout artifice.
De l'autre côté de l'analyse, on a un autre type d'écouteur, celui qui a donc savouré sur le tard la mutation d'un son qui s'est fait plus affable, et qui entend naître et grandir cette musique, intégrant rétroactivement sa recette.
Pourtant, l'ingurgiteur de bière premier prix autant que le buveur de vin millésimé pourront pleinement profiter de ce premier album. L'énergie et les mélodies, mêmes si ces dernières semblent moins évidentes, sont présentes pour le plaisir de tous. Les éléments constituants sont déjà mis en place : chant rageur à l'état naturel, batterie virevoltante et guitares urgentes, délivrant des symphonies écrasées.
Pour en revenir aux mélodies, qui comme dit plus haut paraissent moins compréhensibles au premier abord, elles sont cependant plus approchables que sur Sorry, le deuxième album du groupe, volontiers plus agressif et dévastateur : non pas que It's The Evil ne le soit pas, mais on peut déjà constater ce talent qu'à Kenneth William de faire émerger une certaine lisibilité musicale au milieu du chaos orchestré de ses copines. Et paradoxalement, c'est dans la distortion et la vitesse que celle-ci, dès le départ, trouve son épanouissement et permet à l'auditeur d'adhérer à cette perturbation musicale. Un bon exemple de cet état de fait serait le titre " Shoot ", qui comme son nom l'indique n'est pas là pour faire dans la dentelle, et perdu au milieu de ce bourrinage en règle, il y a quelque part comme une harmonie toute classique, qui repris par un orchestre pourrait trouver une puissance assez folle.
Cette association de doux, durs et dingues que sont Mish Way, Anne-Marie Vassiliou et Kenneth William (aidés ici de Grady Mckintosh, première bassiste officielle du groupe) et cette équation sonique entre sauvagerie et beauté cherchant le résultat de l'évidence, place White Lung, dès ce premier album, si ce n'est au dessus de la mêlée des groupe incarnant les années 2010, comme un groupe important, cherchant dès le départ à laisser sa trace dans le cirque foutraque du Rock N'Roll.
Si tout dans ce premier album n'est pas parfait de par son aspect parfois brouillon (loin d'être un défaut dans le cas présent), l'essentiel est dès lors présent : "Sleep Creep" aurait très bien pu trouver sa place dans Deep Fantasy, avec ses grands mouvements graves en couplets et ses plongées dans l'aigu dans les refrains, la production avec les moyens en moins. L'urgence Post Punk ("Two Seen", "Elf-546 Kids") kidnappée de force par l'ouragan Hardcore sous l'oeil vigilant du vrai Punk (" Viva La Rat ") : voilà la force du bestiau qui veint de naître à nos oreilles.
On pourrait encore inventer bien des formules pour décrire la musique de White Lung : ce qui est primordial ici, c'est qu'ils ont trouvé la leur et qu'elle est bien sympa !
Les premiers albums, vaste sujet... Certains, en une dizaine de titres ont déjà tout dit et, malgré des carrières intéressantes à plus d'un titre, les auditeurs, frappés par cette virginale nouveauté en cette première fois, cristallisent alors ce moment d'émoi et seront à jamais déçus de la suite. Appelez ça la voie vers la maturité, l'évolution ou la compromission, le vieillissement fatal d'un groupe s'accompagnera forcément d'amertumes et d'erreurs.
Dans cette optique, le fan de White Lung qui aura découvert le groupe avec It's The Evil regrettera sans doute la suite de leurs aventures, délaissant progressivement le Punk et le Hardcore pour de la Pop avec des arrangements plus sophistiqués, même si encore emprunts de bruit et de fureur. Car, comme on pouvait s'y attendre, avec It's The Evil, ça gueule, ça braille, ça tempête, ça gratte fort et vite, ça cogne, ça tape et ça rétame partout, tout le temps. L'auditeur en temps réel de cette première fois aura également apprécié cette production primitive, ce son sec et vierge de tout artifice.
De l'autre côté de l'analyse, on a un autre type d'écouteur, celui qui a donc savouré sur le tard la mutation d'un son qui s'est fait plus affable, et qui entend naître et grandir cette musique, intégrant rétroactivement sa recette.
Pourtant, l'ingurgiteur de bière premier prix autant que le buveur de vin millésimé pourront pleinement profiter de ce premier album. L'énergie et les mélodies, mêmes si ces dernières semblent moins évidentes, sont présentes pour le plaisir de tous. Les éléments constituants sont déjà mis en place : chant rageur à l'état naturel, batterie virevoltante et guitares urgentes, délivrant des symphonies écrasées.
Pour en revenir aux mélodies, qui comme dit plus haut paraissent moins compréhensibles au premier abord, elles sont cependant plus approchables que sur Sorry, le deuxième album du groupe, volontiers plus agressif et dévastateur : non pas que It's The Evil ne le soit pas, mais on peut déjà constater ce talent qu'à Kenneth William de faire émerger une certaine lisibilité musicale au milieu du chaos orchestré de ses copines. Et paradoxalement, c'est dans la distortion et la vitesse que celle-ci, dès le départ, trouve son épanouissement et permet à l'auditeur d'adhérer à cette perturbation musicale. Un bon exemple de cet état de fait serait le titre " Shoot ", qui comme son nom l'indique n'est pas là pour faire dans la dentelle, et perdu au milieu de ce bourrinage en règle, il y a quelque part comme une harmonie toute classique, qui repris par un orchestre pourrait trouver une puissance assez folle.
Cette association de doux, durs et dingues que sont Mish Way, Anne-Marie Vassiliou et Kenneth William (aidés ici de Grady Mckintosh, première bassiste officielle du groupe) et cette équation sonique entre sauvagerie et beauté cherchant le résultat de l'évidence, place White Lung, dès ce premier album, si ce n'est au dessus de la mêlée des groupe incarnant les années 2010, comme un groupe important, cherchant dès le départ à laisser sa trace dans le cirque foutraque du Rock N'Roll.
Si tout dans ce premier album n'est pas parfait de par son aspect parfois brouillon (loin d'être un défaut dans le cas présent), l'essentiel est dès lors présent : "Sleep Creep" aurait très bien pu trouver sa place dans Deep Fantasy, avec ses grands mouvements graves en couplets et ses plongées dans l'aigu dans les refrains, la production avec les moyens en moins. L'urgence Post Punk ("Two Seen", "Elf-546 Kids") kidnappée de force par l'ouragan Hardcore sous l'oeil vigilant du vrai Punk (" Viva La Rat ") : voilà la force du bestiau qui veint de naître à nos oreilles.
On pourrait encore inventer bien des formules pour décrire la musique de White Lung : ce qui est primordial ici, c'est qu'ils ont trouvé la leur et qu'elle est bien sympa !
Bon 15/20 | par Machete83 |
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