Isis
Oceanic |
Label :
Ipecac |
||||
Un tribunal... la pièce baigne dans une atmosphère morbide, à peine éclairée, et la furie ambiante me plonge une hypnose consciente. Je sais PERTINEMENT qu'ils me feront dire ce qu'ils veulent. Aaron Turner, le procureur, me hurle au visage mille griefs auxquels je ne comprends rien. Entre cris et chuchotements je craque et j'avoue l'inouvouable... en ressentant même un plaisir immonde dans la souffrance.
S'il vous plaît, comprenez moi, la tension est telle que je ne peux resister: la batterie me martèle le crâne, les guitares rugissent dans mes oreilles, et me comprime dans un espace suffocant d'angoisse, et la basse malaxe mes viscères... la première audience m'a laissé à moitié mort.
...Je me souviens de tout ce que j'ai raconté, mais pourquoi, pourquoi est-ce tombé sur moi ? Qu'ai je fait ?
"ON s'en fout !" me répond on. C'est vrai on s'en fout. Et je me prend à réaliser que je pense à voix haute.
L'audience reprend, deuxième chapitre, corps meurtri, esprit anihilé, âme en sang....et toujours cette même jouissance à l'étalage de cette violence aveugle, qui frappe pour le plaisir de voir un misérable être se décomposer au lent tempo des 9 audiences de ce jury de l'enfer...
Je sors, je souffre. Mais au fond de moi, je sais que je n'attends qu'une chose... recommencer...
S'il vous plaît, comprenez moi, la tension est telle que je ne peux resister: la batterie me martèle le crâne, les guitares rugissent dans mes oreilles, et me comprime dans un espace suffocant d'angoisse, et la basse malaxe mes viscères... la première audience m'a laissé à moitié mort.
...Je me souviens de tout ce que j'ai raconté, mais pourquoi, pourquoi est-ce tombé sur moi ? Qu'ai je fait ?
"ON s'en fout !" me répond on. C'est vrai on s'en fout. Et je me prend à réaliser que je pense à voix haute.
L'audience reprend, deuxième chapitre, corps meurtri, esprit anihilé, âme en sang....et toujours cette même jouissance à l'étalage de cette violence aveugle, qui frappe pour le plaisir de voir un misérable être se décomposer au lent tempo des 9 audiences de ce jury de l'enfer...
Je sors, je souffre. Mais au fond de moi, je sais que je n'attends qu'une chose... recommencer...
Excellent ! 18/20 | par Lolive |
Posté le 27 juillet 2007 à 09 h 49 |
Imaginons le pire... La prophétie de certains de mes proches se réalise: 'Pierre Sarko est élu, tu es triste mais tant que tu as ton diplôme, tu t'en sortiras... Ca ne change rien pour toi car tu as fait les efforts qu'il fallait bien avant qu'on vote comme ça...'
2027, vingt ans plus tard, la prophétie s'est réalisée, l'ex-Takichan, marié, occupant un poste à responsabilités dans une grosse boîte, conservateur, qui ne veut plus payer d'impôts, père de famille respectable et respecté, n'écoute plus que ce qui passe à la radio et anime les meetings de l'UMP (bref, est devenu le mec sur lequel il aurait craché à l'âge de 20 piges...)
Puis, un jour, seul à la maison avec ma fille aînée, elle me dit: 'Dis, Papa, qu'est-ce que t'écoutais quand t'avais mon âge ? Parce que, sans vouloir te vexer, ce qu'on écoute en ce moment quand on monte dans ta caisse, c'est pas de la musique, ça manque singulièrement de vie. A part les symphonies de Mahler que tu laisses traîner parce que Maman ne crachera jamais sur le classique (ndTaki: putain, je me suis marié avec, bordel !), je vois pas grand-chose... Pourtant, tes vieux potes disent que t'écoutais des putains de trucs dans le temps... Montre-moi, Papa.'
Et là, cette coquine réveille le Takichan en moi, je ressors mon vieil IPod que j'ai conservé dans un coffre (ndTaki: est-ce la place de la musique ?), le connecte aux enceintes du PC et avanti pour Oceanic d'Isis !
Trois écoutes en boucle plus tard: 'Tu vois, ma fille, ces mecs-là ont su faire progresser leur musique de disque en disque, sur ce disque, ils introduisent de longues plages atmosphériques tout en conservant leur puissance de feu. L'intervention de voix féminines est du plus bel effet, certains passages sont marécageux à souhait. En live, quand je les ai vus, c'était surpuissant. Tu as raison, c'est ça, la musique pleine de vie !' Elle me répond: 'On se le réécoute ou t'en as plein d'autres, des disques comme celui-là ?'
Alors c'est au présent que j'écoute ce disque prenant et attachant par ses passages oscillant entre ambiant de haut vol et hardcore à la Isis (ndTaki: celui que l'on retrouve sur l'énorme "Celestial" et la patate qui se dégage lors de leurs concerts !)
Mais le pire n'est pas à imaginer quand on voit que sur les deux albums suivants (ndTaki: en attendant ceux à venir !), Isis continue à progresser à son rythme, quand on aime ce genre de démarche qui nécessite talent, ouverture aux autres styles de musique, maîtrise de son instrument et tout ce qui fait un grand groupe, je suppose qu'on est à l'abri de ce pire que je viens d'imaginer. Encore faut-il la mettre en place dans sa vie de tous les jours, pas que lorsqu'on écoute des 'putains de trucs', comme diraient mes vieux potes...
Un disque qui fait énormément de bien par le spectre de styles et d'émotions qu'il recouvre, au-delà de l'aspect moral que je lui donne dans cette chronique. Un grand disque, tout simplement.
2027, vingt ans plus tard, la prophétie s'est réalisée, l'ex-Takichan, marié, occupant un poste à responsabilités dans une grosse boîte, conservateur, qui ne veut plus payer d'impôts, père de famille respectable et respecté, n'écoute plus que ce qui passe à la radio et anime les meetings de l'UMP (bref, est devenu le mec sur lequel il aurait craché à l'âge de 20 piges...)
Puis, un jour, seul à la maison avec ma fille aînée, elle me dit: 'Dis, Papa, qu'est-ce que t'écoutais quand t'avais mon âge ? Parce que, sans vouloir te vexer, ce qu'on écoute en ce moment quand on monte dans ta caisse, c'est pas de la musique, ça manque singulièrement de vie. A part les symphonies de Mahler que tu laisses traîner parce que Maman ne crachera jamais sur le classique (ndTaki: putain, je me suis marié avec, bordel !), je vois pas grand-chose... Pourtant, tes vieux potes disent que t'écoutais des putains de trucs dans le temps... Montre-moi, Papa.'
Et là, cette coquine réveille le Takichan en moi, je ressors mon vieil IPod que j'ai conservé dans un coffre (ndTaki: est-ce la place de la musique ?), le connecte aux enceintes du PC et avanti pour Oceanic d'Isis !
Trois écoutes en boucle plus tard: 'Tu vois, ma fille, ces mecs-là ont su faire progresser leur musique de disque en disque, sur ce disque, ils introduisent de longues plages atmosphériques tout en conservant leur puissance de feu. L'intervention de voix féminines est du plus bel effet, certains passages sont marécageux à souhait. En live, quand je les ai vus, c'était surpuissant. Tu as raison, c'est ça, la musique pleine de vie !' Elle me répond: 'On se le réécoute ou t'en as plein d'autres, des disques comme celui-là ?'
Alors c'est au présent que j'écoute ce disque prenant et attachant par ses passages oscillant entre ambiant de haut vol et hardcore à la Isis (ndTaki: celui que l'on retrouve sur l'énorme "Celestial" et la patate qui se dégage lors de leurs concerts !)
Mais le pire n'est pas à imaginer quand on voit que sur les deux albums suivants (ndTaki: en attendant ceux à venir !), Isis continue à progresser à son rythme, quand on aime ce genre de démarche qui nécessite talent, ouverture aux autres styles de musique, maîtrise de son instrument et tout ce qui fait un grand groupe, je suppose qu'on est à l'abri de ce pire que je viens d'imaginer. Encore faut-il la mettre en place dans sa vie de tous les jours, pas que lorsqu'on écoute des 'putains de trucs', comme diraient mes vieux potes...
Un disque qui fait énormément de bien par le spectre de styles et d'émotions qu'il recouvre, au-delà de l'aspect moral que je lui donne dans cette chronique. Un grand disque, tout simplement.
Excellent ! 18/20
Posté le 15 février 2010 à 13 h 46 |
Surestimé par ses fans, sous-estimé par les profanes, Isis est un de ces groupes compliqués. Car Isis ne révolutionne pas la musique, loin de là, mais il contribue pleinement à la repositionner comme un parangon de l'abstraction, de l'évocation, à l'instar des dits-compliqués Autechre, Boards Of Canada, Sigur Ros et tant d'autres intellos de l'art acoustique contemporain. Isis serait donc un casse-dale post-rock accompagné d'une salade Robert Wyatt / rock prog rosbiffs relevée à la sauce hardcore et sludge. Faisons simple, arithmétiquement on obtient : Neurosis + Tool + Sigur Ros = Isis. CQFD.
La parfaite anti-thèse de la "pop" en quelque sorte : une musique tout sauf efficace qui ne répond à aucun code radiophonique visant à faire consommer l'auditeur.
Aussi, Oceanic doit s'écouter plusieurs fois. La recette parait trop simple - et comme dit plus haut - paradoxalement sur-vendu par les aficionados. Au premier abord, rien de neuf. Et c'est là tout le génie de ce disque. Alors que la tendance est au mathcore avec Dillinger Escape Plan, Cave-In, Botch, Isis déploie un métal planant bien binaire, du rock comme on en fait depuis Chuck Berry, s'autorisant des envolées atmosphériques post-rock qui nous amènent irrémédiablement vers une fureur hardcore.
Et voilà la force et le génie d'Isis : l'art de la nuance. Là ou bon nombre de groupes de métal s'interdisent le concept même de nuance, Isis signe un album métal libéré de contraintes. Probablement un des albums de métal les plus importants des années 90, la bande d'Aaron Turner arriva même à égaler Oceanic avec leur album suivant : Panopticon.
Océaniquement transcendant.
La parfaite anti-thèse de la "pop" en quelque sorte : une musique tout sauf efficace qui ne répond à aucun code radiophonique visant à faire consommer l'auditeur.
Aussi, Oceanic doit s'écouter plusieurs fois. La recette parait trop simple - et comme dit plus haut - paradoxalement sur-vendu par les aficionados. Au premier abord, rien de neuf. Et c'est là tout le génie de ce disque. Alors que la tendance est au mathcore avec Dillinger Escape Plan, Cave-In, Botch, Isis déploie un métal planant bien binaire, du rock comme on en fait depuis Chuck Berry, s'autorisant des envolées atmosphériques post-rock qui nous amènent irrémédiablement vers une fureur hardcore.
Et voilà la force et le génie d'Isis : l'art de la nuance. Là ou bon nombre de groupes de métal s'interdisent le concept même de nuance, Isis signe un album métal libéré de contraintes. Probablement un des albums de métal les plus importants des années 90, la bande d'Aaron Turner arriva même à égaler Oceanic avec leur album suivant : Panopticon.
Océaniquement transcendant.
Exceptionnel ! ! 19/20
En ligne
284 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages