Isis
Oceanic: Remixes/Reinterpretations |
Label :
Hydra Head |
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J'ai souvent eu énormément de mal à trouver un intérêt quelconque aux remixes. Sans doute parce que jusqu'à présent, il s'agissait de plaquer quelques beats électroniques tout en distordant la voix et qu'à part la possibilité de se faire un peu de pognon à peu de frais, la démarche artistique me paraissait réduite à la portion congrue.
Cela, c'était avant d'écouter les remixes d'Oceanic, avant même d'écouter l'album original.
Comment cette pochette blanche et immaculée a-t-elle pu attirer mon regard dans les rayons surchargés ? Ma main se tendre pour saisir cet objet ? Encore sous le choc de Panopticon, un simple regard sur la liste des intervenants de ce projet m'a convaincu. En vrac, on retrouve l'omniprésent Mike Patton, Venetian Snares, The Oktopus, DJ Speedranch ou encore JK Broadrick, autant d'arguments pour me convaincre d'ouvrir mon larfeuille.
De façon générale, le terme "remix" prend sur ce double opus tout son sens. Chacun des titres est approprié, déconstruit, malaxé, fondu, pour être proposé dans une version méconnaissable mais qui porte néanmoins l'empreinte d'Isis. La marque du talent et de la grâce à l'état pur.
C'est vrai que le premier titre est déroutant. La version totalement ambient et grésillante de "Weight" offre la vision d'une surface plane dénuée de toute aspérité, limpide et claire comme le regard d'une sainte en extase. Elle constitue un excellent préambule au premier choc tellurique : "False Light." Morceau tendu et étouffant, agrémenté de dissonances hallucinogènes, on se perd dans un labyrinthe noir où la seule lueur est cette étrange voix de femme, lointaine et diaphane, harmonisant le corps mortel et l'âme éternelle. Il était difficile de faire mieux que l'original, alors Ayal Naor a fait différemment pour un résultat époustouflant.
"Hymn" nous replonge dans le bruitisme à l'état brut, une masse sonore dont arrivent à peine à s'extraire des gémissements, des bribes de mélodies saccagées à la scie industrielle... Cette expérimentation se poursuit d'ailleurs tout au long du premier CD et, à ce titre, il est intéressant de comparer les remixes entre eux, un même titre étant parfois retouché plusieurs fois ("Carry", "Hym" ou "Maritime.")
C'est là que l'on se rend véritablement compte qu'en dépit de l'hétérogénéité des intervenants, tous font preuve du même talent d'arrangeur, la personnalité de certains ressortant plus que d'autres, notamment Patton (on le croirait l'auteur de "Maritime" tant il métamorphose ce titre), Venetian Snares qui déconstruit selon son habitude "The Beginning And The End" pour balancer son beat arythmique unique sur des voix distordues à l'extrême, ralentie, inversée. Son sens de la décomposition confine à la beauté des choses rares et sa version est un des meilleurs moments de ce double album, avec l'interprétation parfaite de JK Broadrick, très "Jesu Style" et somme toute la version la plus fidèle à l'originale. Son "Hym" est d'une pesanteur cotonneuse, lent et répétitif, à la croisée de voix éthérées venues d'un ailleurs dont seule l'élite connaît les mystères...
Le pari semblait difficile à tenir, et pourtant... Tout n'est que cohérence, pertinence et talent. Si bien que l'on en vient à regretter que chacun des albums d'Isis ne subisse pas le même sort car quand la création atteint de tels sommets, il ne reste qu'à baisser les stores et augmenter le volume pour un voyage dont on ne veut pas revenir.
Paradoxalement, peut-être un des meilleurs albums d'Isis...
Cela, c'était avant d'écouter les remixes d'Oceanic, avant même d'écouter l'album original.
Comment cette pochette blanche et immaculée a-t-elle pu attirer mon regard dans les rayons surchargés ? Ma main se tendre pour saisir cet objet ? Encore sous le choc de Panopticon, un simple regard sur la liste des intervenants de ce projet m'a convaincu. En vrac, on retrouve l'omniprésent Mike Patton, Venetian Snares, The Oktopus, DJ Speedranch ou encore JK Broadrick, autant d'arguments pour me convaincre d'ouvrir mon larfeuille.
De façon générale, le terme "remix" prend sur ce double opus tout son sens. Chacun des titres est approprié, déconstruit, malaxé, fondu, pour être proposé dans une version méconnaissable mais qui porte néanmoins l'empreinte d'Isis. La marque du talent et de la grâce à l'état pur.
C'est vrai que le premier titre est déroutant. La version totalement ambient et grésillante de "Weight" offre la vision d'une surface plane dénuée de toute aspérité, limpide et claire comme le regard d'une sainte en extase. Elle constitue un excellent préambule au premier choc tellurique : "False Light." Morceau tendu et étouffant, agrémenté de dissonances hallucinogènes, on se perd dans un labyrinthe noir où la seule lueur est cette étrange voix de femme, lointaine et diaphane, harmonisant le corps mortel et l'âme éternelle. Il était difficile de faire mieux que l'original, alors Ayal Naor a fait différemment pour un résultat époustouflant.
"Hymn" nous replonge dans le bruitisme à l'état brut, une masse sonore dont arrivent à peine à s'extraire des gémissements, des bribes de mélodies saccagées à la scie industrielle... Cette expérimentation se poursuit d'ailleurs tout au long du premier CD et, à ce titre, il est intéressant de comparer les remixes entre eux, un même titre étant parfois retouché plusieurs fois ("Carry", "Hym" ou "Maritime.")
C'est là que l'on se rend véritablement compte qu'en dépit de l'hétérogénéité des intervenants, tous font preuve du même talent d'arrangeur, la personnalité de certains ressortant plus que d'autres, notamment Patton (on le croirait l'auteur de "Maritime" tant il métamorphose ce titre), Venetian Snares qui déconstruit selon son habitude "The Beginning And The End" pour balancer son beat arythmique unique sur des voix distordues à l'extrême, ralentie, inversée. Son sens de la décomposition confine à la beauté des choses rares et sa version est un des meilleurs moments de ce double album, avec l'interprétation parfaite de JK Broadrick, très "Jesu Style" et somme toute la version la plus fidèle à l'originale. Son "Hym" est d'une pesanteur cotonneuse, lent et répétitif, à la croisée de voix éthérées venues d'un ailleurs dont seule l'élite connaît les mystères...
Le pari semblait difficile à tenir, et pourtant... Tout n'est que cohérence, pertinence et talent. Si bien que l'on en vient à regretter que chacun des albums d'Isis ne subisse pas le même sort car quand la création atteint de tels sommets, il ne reste qu'à baisser les stores et augmenter le volume pour un voyage dont on ne veut pas revenir.
Paradoxalement, peut-être un des meilleurs albums d'Isis...
Parfait 17/20 | par Arno Vice |
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