Jeff Buckley
Sketches For My Sweetheart The Drunk |
Label :
Columbia |
||||
Sketches For My Sweetheart The Drunk regroupe ce qu'aurait pu être la suite de Grace, si l'on considère qu'il puisse y en avoir une.
21 morceaux sur deux disques, dont le premier, uniquement composé de chutes de studio, le deuxième regroupant des prises live, et le travail perso de Jeff sur son quatre-pistes. Ca commence comme dans un rêve, comme si on attaquait un nouvel album du maître. "The Sky Is A Landfill" noisy à souhait, puis une déconcertante "Everybody Wants You", mystérieux voyage dans les années Motown, absolument génial !!
"Nightmare By The Sea" marquera l'auditeur au fer rouge. Incroyable. Un petit arpège chorusé et une batterie tribale nous projettent dans l'espace. C'est d'une simplicité parfaite, d'un talent et d'une inspiration inouïs. Mais les mots viennent à manquer lorsque arrive "Yards Of Blonde Girls" langoureuse ballade grunge. Merde, c'est fou... Pas une faute de goût, pas un moment qui ne captive totalement l'auditeur.
Beaucoup plus pop, les morceaux sont aussi plus joyeux, ce qui dénote particulièrement de l'image du chanteur. Si l'ambiance poisseuse des studios new-yorkais nous colle à la peau, Buckley s'amuse quand même sur des morceaux comme "Witches Rave" à nous coller le sourire. Inhabituel.
On replonge vite, heureusement. Glauque, aérienne, "New Year's Prayer" nous invite pour un voyage mystique à la destination inconnue. "Morning Theft" nous dépose avec délicatesse au sol. La sérénité semble ici s'atteindre via le chant d'une âme torturée et nostalgique. Le registre harmonique déployé par Buckley est volontairement plus classique que sur Grace. Les influences si habilement mélées qui caractérisent le seul album de l'artiste, éclatent ici au grand jour. Mais les chansons souffrent d'un manque évident de profondeur, de travail musical, de temps. "Vancouver" évoque la pop des 80's et "You And I" clôture le disque, nous laissant à nos regrets. Un disque incroyable. Quel dommage pour le rock et pour la mémoire de Buckley qu'il soit sorti dans ces conditions.
Résolument marketing, la démarche de Columbia et des personnes en charge de la diffusion du travail de Buckley, a été d'y adjoindre un deuxième disque regroupant 11 morceaux inachevés. Des premières versions studios de "Nightmares By The Sea" et " New Year's Prayer" pour commencer. Inutile. "Haven't You Heard" souffre d'un qualité sonore pitoyable, reste à considérer qu'il s'agit d'une prise live. La chanson elle-même est à l'image de ce que l'on va rencontrer sur le reste du disque, des morceaux qui suscitent l'intêret mais résolument trop "neufs" pour accrocher réellement l'auditeur.
Mais on sonde par leur biais l'âme de Buckley, on pénètre son univers intime, et "Murder Suicide Meteor Slave" comme "Back In N.Y.C", laissent entrevoir une facette incroyable du presonnage, son incroyable versatilité et son sens aigu de l'arragement. Le résultat en studio aurait pû (dû ?) être exceptionnel. "Your Flesh is So Nice" vaut le détour pour... ce qu'elle aurait pû être, elle aussi.
L'occasion pour certains de se familiariser avec le matériau d'un artiste ou d'un groupe, la base d'une chanson : les premiers accords jetés sur un quatre piste. L'occasion pour les fans les plus atteints de vénérer l'oeuvre du maître quelques minutes de plus. Manque de pot... c'est chiant.
Vous l'aurez compris. Procurez-vous par quelques moyens obscurs le premier disque, gardez vos sous pour l'album d'un autre qui lui, a besoin de vos thunes pour continuer à avançer, et cherchez ailleurs. Buckley est derrière nous, mais la musique a plus que jamais besoin qu'on la consomme intelligement.
21 morceaux sur deux disques, dont le premier, uniquement composé de chutes de studio, le deuxième regroupant des prises live, et le travail perso de Jeff sur son quatre-pistes. Ca commence comme dans un rêve, comme si on attaquait un nouvel album du maître. "The Sky Is A Landfill" noisy à souhait, puis une déconcertante "Everybody Wants You", mystérieux voyage dans les années Motown, absolument génial !!
"Nightmare By The Sea" marquera l'auditeur au fer rouge. Incroyable. Un petit arpège chorusé et une batterie tribale nous projettent dans l'espace. C'est d'une simplicité parfaite, d'un talent et d'une inspiration inouïs. Mais les mots viennent à manquer lorsque arrive "Yards Of Blonde Girls" langoureuse ballade grunge. Merde, c'est fou... Pas une faute de goût, pas un moment qui ne captive totalement l'auditeur.
Beaucoup plus pop, les morceaux sont aussi plus joyeux, ce qui dénote particulièrement de l'image du chanteur. Si l'ambiance poisseuse des studios new-yorkais nous colle à la peau, Buckley s'amuse quand même sur des morceaux comme "Witches Rave" à nous coller le sourire. Inhabituel.
On replonge vite, heureusement. Glauque, aérienne, "New Year's Prayer" nous invite pour un voyage mystique à la destination inconnue. "Morning Theft" nous dépose avec délicatesse au sol. La sérénité semble ici s'atteindre via le chant d'une âme torturée et nostalgique. Le registre harmonique déployé par Buckley est volontairement plus classique que sur Grace. Les influences si habilement mélées qui caractérisent le seul album de l'artiste, éclatent ici au grand jour. Mais les chansons souffrent d'un manque évident de profondeur, de travail musical, de temps. "Vancouver" évoque la pop des 80's et "You And I" clôture le disque, nous laissant à nos regrets. Un disque incroyable. Quel dommage pour le rock et pour la mémoire de Buckley qu'il soit sorti dans ces conditions.
Résolument marketing, la démarche de Columbia et des personnes en charge de la diffusion du travail de Buckley, a été d'y adjoindre un deuxième disque regroupant 11 morceaux inachevés. Des premières versions studios de "Nightmares By The Sea" et " New Year's Prayer" pour commencer. Inutile. "Haven't You Heard" souffre d'un qualité sonore pitoyable, reste à considérer qu'il s'agit d'une prise live. La chanson elle-même est à l'image de ce que l'on va rencontrer sur le reste du disque, des morceaux qui suscitent l'intêret mais résolument trop "neufs" pour accrocher réellement l'auditeur.
Mais on sonde par leur biais l'âme de Buckley, on pénètre son univers intime, et "Murder Suicide Meteor Slave" comme "Back In N.Y.C", laissent entrevoir une facette incroyable du presonnage, son incroyable versatilité et son sens aigu de l'arragement. Le résultat en studio aurait pû (dû ?) être exceptionnel. "Your Flesh is So Nice" vaut le détour pour... ce qu'elle aurait pû être, elle aussi.
L'occasion pour certains de se familiariser avec le matériau d'un artiste ou d'un groupe, la base d'une chanson : les premiers accords jetés sur un quatre piste. L'occasion pour les fans les plus atteints de vénérer l'oeuvre du maître quelques minutes de plus. Manque de pot... c'est chiant.
Vous l'aurez compris. Procurez-vous par quelques moyens obscurs le premier disque, gardez vos sous pour l'album d'un autre qui lui, a besoin de vos thunes pour continuer à avançer, et cherchez ailleurs. Buckley est derrière nous, mais la musique a plus que jamais besoin qu'on la consomme intelligement.
Bon 15/20 | par Boom |
Posté le 29 juillet 2004 à 01 h 07 |
Je trouve cet opus génial et beaucoup moins "sculpté" que "Grace", ce qui à mon sens, lui donne plus de charme.
Je mettrais l'accent sur le CD2 où l'on peut entendre une version terrible de "Back In N.Y.C." de Genesis. La montée rythmique et la saturation qui prend de l'ampleur, sont purement du travail d'orfèvre.
"Witches' Rave" est pas trop mal non plus. J'aime son ton plus léger ou plutôt plus frais que les larmoiements habituels (mais néanmoins délectables) de notre regretté Sir Buckley.
Je mettrais l'accent sur le CD2 où l'on peut entendre une version terrible de "Back In N.Y.C." de Genesis. La montée rythmique et la saturation qui prend de l'ampleur, sont purement du travail d'orfèvre.
"Witches' Rave" est pas trop mal non plus. J'aime son ton plus léger ou plutôt plus frais que les larmoiements habituels (mais néanmoins délectables) de notre regretté Sir Buckley.
Très bon 16/20
Posté le 12 janvier 2005 à 15 h 27 |
Pour consoler les fans les plus avertis, et par la même occasion rendre hommage à feu Buckley, sort en 1998 un double-album posthume. En fait, il s'agit pour le premier disque de l'ébauche d'un hypothétique album à venir, et pour le deuxième d'une compilation de démos réalisées essentiellement sur un enregistreur 4 pistes et de prises live.
Avec "The Sky Is A Landfill", on se retrouve en terrain connu : un rock classieux, frappé par la grâce divine, avec une délicatesse et une inspiration sans bornes. La production est de plus très correcte, ce qui a pour effet de faire illusion quelques instants. Ce premier disque serait-il de la trempe de Grace ? Assurément non, un miracle se produit rarement deux fois de suite. Mais une chose est certaine: on tient là un album certes prématuré, mais tout autant empli de la magie dont seul Jeff a le secret. Le superbe "Everybody Here Wants You" dévoile une facette "soul" qui décidément sied parfaitement à Buckley. Les compositions apparaissent moins habitées, peut être plus conventionnelles que celles du passé; il suffira néanmoins de plusieurs écoutes pour tomber complètement sous le charme et devenir accro. Est-on bien accro lorsque que l'on se passe en boucle le magnifique "Opened Once" ou cette merveille d'intemporalité qu'est "Witches' Rave" ? Au final, le CD recèle un potentiel énorme, mais personne n'est en mesure de dire ce qu'aurait donné ce disque après finalisation. Un autre miracle ?
En ce qui concerne le deuxième disque, l'approche se veut différente. Les titres ne sont encore qu'à l'état de démos. Une incursion dans l'intimité de Jeff en quelque sorte. Passons sur les inutiles "Nightmares By The Sea " et "New Year's Prayer", trop proches des versions présentes sur le premier disque, pour nous intéresser à toutes ces chansons brouillonnes, enregistrées dans un isolement qu'on imagine total. Le son très brut sera l'obstacle à franchir pour ensuite se laisser prendre au piège. "Murder Suicide Meteor Slave" est peut être l'exemple le plus frappant: de prime abord bruitiste à outrance, ce titre révèle en fait une sensibilité à fleur de peau, qui n'aurait demandé qu'à être façonnée pour exploser au grand jour. Incontestablement, "Demon John" ou "Jewel Box", pour ne citer qu'eux, sont d'excellents morceaux, il incombera seulement au fan d'apprécier à leur juste valeur ces embryons de chanson. Noyés par leur production faiblarde, c'est réellement dommage de constater qu'ils auraient presque pu devenir des classiques. A noter que le disque se termine par une ballade splendide, "Satisfied Mind", prouvant que seul avec une guitare, Jeff Buckley était capable de nous emmener loin, très loin...
Avec "The Sky Is A Landfill", on se retrouve en terrain connu : un rock classieux, frappé par la grâce divine, avec une délicatesse et une inspiration sans bornes. La production est de plus très correcte, ce qui a pour effet de faire illusion quelques instants. Ce premier disque serait-il de la trempe de Grace ? Assurément non, un miracle se produit rarement deux fois de suite. Mais une chose est certaine: on tient là un album certes prématuré, mais tout autant empli de la magie dont seul Jeff a le secret. Le superbe "Everybody Here Wants You" dévoile une facette "soul" qui décidément sied parfaitement à Buckley. Les compositions apparaissent moins habitées, peut être plus conventionnelles que celles du passé; il suffira néanmoins de plusieurs écoutes pour tomber complètement sous le charme et devenir accro. Est-on bien accro lorsque que l'on se passe en boucle le magnifique "Opened Once" ou cette merveille d'intemporalité qu'est "Witches' Rave" ? Au final, le CD recèle un potentiel énorme, mais personne n'est en mesure de dire ce qu'aurait donné ce disque après finalisation. Un autre miracle ?
En ce qui concerne le deuxième disque, l'approche se veut différente. Les titres ne sont encore qu'à l'état de démos. Une incursion dans l'intimité de Jeff en quelque sorte. Passons sur les inutiles "Nightmares By The Sea " et "New Year's Prayer", trop proches des versions présentes sur le premier disque, pour nous intéresser à toutes ces chansons brouillonnes, enregistrées dans un isolement qu'on imagine total. Le son très brut sera l'obstacle à franchir pour ensuite se laisser prendre au piège. "Murder Suicide Meteor Slave" est peut être l'exemple le plus frappant: de prime abord bruitiste à outrance, ce titre révèle en fait une sensibilité à fleur de peau, qui n'aurait demandé qu'à être façonnée pour exploser au grand jour. Incontestablement, "Demon John" ou "Jewel Box", pour ne citer qu'eux, sont d'excellents morceaux, il incombera seulement au fan d'apprécier à leur juste valeur ces embryons de chanson. Noyés par leur production faiblarde, c'est réellement dommage de constater qu'ils auraient presque pu devenir des classiques. A noter que le disque se termine par une ballade splendide, "Satisfied Mind", prouvant que seul avec une guitare, Jeff Buckley était capable de nous emmener loin, très loin...
Très bon 16/20
Posté le 24 avril 2005 à 12 h 31 |
Certes, celui qui découvre Grace et qui se dit, "Ce mec est incroyable ! Quelle voix, quelle force ! Quelle classe !" et qui se sent déjà frustré de ses 10 petits titres (immenses titres devrais-je dire...) fonce acheter les quelques vestiges officiels que le maitre à laisser avant de partir (je dis "officiel" car il a laiss" aussi des tonnes de live pirates, 40 peut-être).
J'en viens donc a ce second opus, non achevé mais qui représente bien les nouvelles directions artistiques de Jeff Buckley. Je trouve ce disque franchement plus "indé", dans le son certes puisque pas fini, mais également dans les compositions. Les riffs sont moins évident que dans Grace et les lignes de chants sortent des sentiers battus.
C'est sûrement pourquoi tant de gens ont rapidement laisser de coté cet album, moins mainstream, moins "Gary Lucas"...
J'ai pu également surprendre des vrais indierockers (qui connaissent à peine l'existence d'un Buckley ou de Radiohead...) me demander "mais c'est quoi se truc ? c'est cool ! c'est belge ou canadien ? c'est chez qui ?". Et à moi de répondre: c'est chez Universal, il était américain, il s'appellait Jeff Buckley et cet album est trop méconnu... un vrai disque, tres personnel et interessant.
Le second CD est donc une chute de 4 pistes, des tests, une reprise et un son... franchement crado. Ok, moi j'écoute ce disque mais je comprend qu'on accroche pas (il faut vraiment s'appeler "Jeff Buckley" et mourir pour qu'Universal accepte de sortir un truc avec ce son là !!)
Peut-être pas un classique, mais une belle pièce a avoir, fan ou moins fan.
J'en viens donc a ce second opus, non achevé mais qui représente bien les nouvelles directions artistiques de Jeff Buckley. Je trouve ce disque franchement plus "indé", dans le son certes puisque pas fini, mais également dans les compositions. Les riffs sont moins évident que dans Grace et les lignes de chants sortent des sentiers battus.
C'est sûrement pourquoi tant de gens ont rapidement laisser de coté cet album, moins mainstream, moins "Gary Lucas"...
J'ai pu également surprendre des vrais indierockers (qui connaissent à peine l'existence d'un Buckley ou de Radiohead...) me demander "mais c'est quoi se truc ? c'est cool ! c'est belge ou canadien ? c'est chez qui ?". Et à moi de répondre: c'est chez Universal, il était américain, il s'appellait Jeff Buckley et cet album est trop méconnu... un vrai disque, tres personnel et interessant.
Le second CD est donc une chute de 4 pistes, des tests, une reprise et un son... franchement crado. Ok, moi j'écoute ce disque mais je comprend qu'on accroche pas (il faut vraiment s'appeler "Jeff Buckley" et mourir pour qu'Universal accepte de sortir un truc avec ce son là !!)
Peut-être pas un classique, mais une belle pièce a avoir, fan ou moins fan.
Très bon 16/20
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