Jeff Buckley
Live In Chicago |
Label :
Sony |
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Bien que le graphisme soit identique, le contenu de ce DvD n'a rien à voir avec le puzzle de tournée qu'est le disque live Mystery White Boy. Il s'agit ici bel et bien d'un moment unique de l'existence de Jeff Buckley, un concert à Chicago enregistré au Cabaret Metro le 13 mai de l'année 1995 (soit à peu près deux ans avant sa disparition).
Une période bien étrange : le hard fm est mort depuis longtemps, le grunge agonise et les nouveaux courants comme le neo-metal ou le post-hardcore n'ont pas encore fait surface. Perdue dans ce point mort musical vient donc se nicher cette prestation hors du temps. Sensation dont l'artiste sera lui-même conducteur durant cette soirée : ‘Sixties are bullshit... seventies almost big big bullshit... eighties I don't even need to tell you, except for The Smiths maybe [...] It's all about now, now...'
Lentement mais sûrement, le set débute après que chacun est enfourché son instrument et le chanteur distillé sa première blague. La dégaine de vendeur de fringues chic et l'air anodin du monsieur couvent à la fois l'esprit du rock, du gospel, du punk, du folk et du psychédélisme. Dès les premiers murmures de l'introduction de "Dream Brother", on sent une pesante atmosphère s'établir peu à peu, ... par ces douces vocalises et son arpège lointains. On peut percevoir avec évidence que toutes les paires d'yeux de la salle sont rivés sur Buckley, les trois autres musiciens en retrait (lui sur la gauche, eux davantage vers la droite) sont eux-mêmes tournés vers le maître de cérémonie, guettant entre deux spasmes sur leurs mains un de ses regards ou un des mouvements de la tête de sa telecaster indiquant où ils veut les emmener. Car si elle sont tout à fait reconnaissables, les pièces du répertoire étaient réinventées chaque soirs par les envolées et la connaissance de grilles d'accords de l'interprète. Il n'y aura que le format live aiguisé de "Eternal Life", climax nerveux de la quasi-totalité de ses shows -comme le "Kick Out The Jam" du Mc5 ici chanté en duo-, qui pourra surprendre une audience jusque là plus hypnotisée et saisie aux tripes que prise à la gorge.
Déjà très spontané, l'environnement visuel n'a pas non plus opté pour d'accablantes mises en scène démesurées pour sublimer la prestation, le gaillard faisant distillant à lui seul toute la magie à chaque son qu'il émet. Donc, aucun artifice, pas de montage épileptique, une lumière de scène crue, des caméras très statiques et natures comparées aux productions d'aujourd'hui (celle où le groupe prévient en début de soirée : ‘ce soir on filme alors sérieux' ; ici Buckley fait l'idiot en regardant l'objectif...), et le minimum de filtres. À l'image de l'homme lui-même, nature (les longues pauses entre les morceaux) et brut (les clowneries ou les grossièretés).
C'est donc au détour des désormais classiques "Mojo Pin", "Lilac Wine", "So Real", "Last Goodbye" ou encore "Lover, You Should've Come Over" et bien entendu "Grace" que le petit chanteur cueille un public médusé dont les cris et applaudissements veillent à tout instants.
Si on y ajoute une version instrumentale du magnifique "Vancouver" dont l'aperçu posthume inachevé parmi les Sketches... faisait rêver à ce qu'aurait pu être une suite digne de ce nom à Grace de son vivant, un magistral "Kanga-Roo" entre mélopée psychédélique et voyage post-rock, et le merveilleux hymne "What Will You Say"... on reste sans voix... Et si apparaît pour finir le salut franc après un intime "Hallelujah" duquel il ne vient même pas à l'idée du public de réclamer un sacro-saint rappel, alors on ne peut que regretter de ne pas avoir assisté à la moindre représentation du chanteur habité en chaire et en os...
Un bon quart d'heure d'archives englobant la période de réalisation de Grace et deux morceaux acoustiques pour JBTV ("So Real" et "Last Goodbye") sont les principaux suppléments dont on pourra se délecter pour se remettre tranquillement de cet autre touchant témoignage du talent de Jeff Buckley.
Une période bien étrange : le hard fm est mort depuis longtemps, le grunge agonise et les nouveaux courants comme le neo-metal ou le post-hardcore n'ont pas encore fait surface. Perdue dans ce point mort musical vient donc se nicher cette prestation hors du temps. Sensation dont l'artiste sera lui-même conducteur durant cette soirée : ‘Sixties are bullshit... seventies almost big big bullshit... eighties I don't even need to tell you, except for The Smiths maybe [...] It's all about now, now...'
Lentement mais sûrement, le set débute après que chacun est enfourché son instrument et le chanteur distillé sa première blague. La dégaine de vendeur de fringues chic et l'air anodin du monsieur couvent à la fois l'esprit du rock, du gospel, du punk, du folk et du psychédélisme. Dès les premiers murmures de l'introduction de "Dream Brother", on sent une pesante atmosphère s'établir peu à peu, ... par ces douces vocalises et son arpège lointains. On peut percevoir avec évidence que toutes les paires d'yeux de la salle sont rivés sur Buckley, les trois autres musiciens en retrait (lui sur la gauche, eux davantage vers la droite) sont eux-mêmes tournés vers le maître de cérémonie, guettant entre deux spasmes sur leurs mains un de ses regards ou un des mouvements de la tête de sa telecaster indiquant où ils veut les emmener. Car si elle sont tout à fait reconnaissables, les pièces du répertoire étaient réinventées chaque soirs par les envolées et la connaissance de grilles d'accords de l'interprète. Il n'y aura que le format live aiguisé de "Eternal Life", climax nerveux de la quasi-totalité de ses shows -comme le "Kick Out The Jam" du Mc5 ici chanté en duo-, qui pourra surprendre une audience jusque là plus hypnotisée et saisie aux tripes que prise à la gorge.
Déjà très spontané, l'environnement visuel n'a pas non plus opté pour d'accablantes mises en scène démesurées pour sublimer la prestation, le gaillard faisant distillant à lui seul toute la magie à chaque son qu'il émet. Donc, aucun artifice, pas de montage épileptique, une lumière de scène crue, des caméras très statiques et natures comparées aux productions d'aujourd'hui (celle où le groupe prévient en début de soirée : ‘ce soir on filme alors sérieux' ; ici Buckley fait l'idiot en regardant l'objectif...), et le minimum de filtres. À l'image de l'homme lui-même, nature (les longues pauses entre les morceaux) et brut (les clowneries ou les grossièretés).
C'est donc au détour des désormais classiques "Mojo Pin", "Lilac Wine", "So Real", "Last Goodbye" ou encore "Lover, You Should've Come Over" et bien entendu "Grace" que le petit chanteur cueille un public médusé dont les cris et applaudissements veillent à tout instants.
Si on y ajoute une version instrumentale du magnifique "Vancouver" dont l'aperçu posthume inachevé parmi les Sketches... faisait rêver à ce qu'aurait pu être une suite digne de ce nom à Grace de son vivant, un magistral "Kanga-Roo" entre mélopée psychédélique et voyage post-rock, et le merveilleux hymne "What Will You Say"... on reste sans voix... Et si apparaît pour finir le salut franc après un intime "Hallelujah" duquel il ne vient même pas à l'idée du public de réclamer un sacro-saint rappel, alors on ne peut que regretter de ne pas avoir assisté à la moindre représentation du chanteur habité en chaire et en os...
Un bon quart d'heure d'archives englobant la période de réalisation de Grace et deux morceaux acoustiques pour JBTV ("So Real" et "Last Goodbye") sont les principaux suppléments dont on pourra se délecter pour se remettre tranquillement de cet autre touchant témoignage du talent de Jeff Buckley.
Excellent ! 18/20 | par X_YoB |
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