King Gizzard & The Lizard Wizard
Polygondwanaland |
Label :
Flightless |
||||
Un simple mail reçu le Lundi 13 Novembre 2017 a suffi à éclairer ma semaine : le 12è album de King Gizzard & The Lizard Wizard – le 4è de l'année – sortira ce Vendredi 17 Novembre 2017 et sera TOTALEMENT GRATUIT ! Voilà que les gars du groupe ne prennent même plus le temps de venir me voir, ils envoient des mails maintenant, tout se perd, mais rien à branler, un nouvel album va sortir !!!
Polygondwanaland est véritablement gratuit, le groupe ne va rien gagner dessus, ils ont enregistré le disque, le fidèle Jason Galea a créé l'Artwork et hop ils balancent tout ça sur internet en téléchargement libre sous plusieurs formats : MP3, WAV, FLAC etc... Mais aussi les MASTERS pour encourager les fans à faire leurs propres versions du vinyle, du CD, de la cassette voire même de démarrer un label indépendant pour l'occasion... Une aventure totalement libre. Et très vite c'est ce qui arrive, des personnes ayant comme projet de créer un label saute sur l'occasion (Needle Juice), les fans s'organisent sur Facebook pour créer leur version vinyle coloré, des labels bien installés y participent également (ATO Records, Rough Trade), des indépendants essayent de tirer leur épingle du jeu en profitant de l'occasion pour se faire connaître (à des prix plus ou moins acceptables) et certains décident de faire du bien autour d'eux en reversant les bénéfices des vinyles vendus à des associations – c'est notamment le cas d'Exag' Records, des voisins Belges qui, avec leur vinyle jaune à l'Artwork arrière personnalisé par David Crunelle (Jason Galea n'a fait que l'avant, mais a donné des images/idées pour l'imagination créatrice des fans), financeront un tournoi sportif pour enfants handicapés à Bruxelles.
Une fois le Vendredi arrivé, l'album téléchargé et décompressé, je me retrouve avec 10 pistes dont l'ouverture "Crumbling Castle" qui a fait office de single, un mois auparavant et joué sur scène en version plus courte il y a un an de ça. Single de près de 11 minutes – on se croirait revenu au "temps ancien" de "Head On/Pill" sur Float Along~Fill Your Lungs, surtout que comme ce disque, au premier coup d'œil, les deux semblent avoir le même corps : on démarre par une longue piste, puis plusieurs petites ne dépassants jamais la 4è minute et enfin une dernière de plus de 6 minutes... Sauf que tout comme Murder Of The Universe comportait en réalité 3 longs morceaux séparés en 21 pistes, Polygondwanaland est composé de 4 chansons séparées (sauf "Crumbling Castle") en 3 parties chacune, ce qui nous donnerait la tracklist suivante :
01. "Crumbling Castle" (10:44)
02. Polygondwanaland (9:54)
Part I. "Polygondwanaland"
Part II. "The Castle In The Air"
Part III. "Deserted Dunes Welcome Weary Feet"
03. Horology (10:26)
Part I. "Inner Cell"
Part II. "Loyalty"
Part III. "Horology"
04. Tetrachromacy (12:46)
Part I. "Tetrachromacy"
Part II. "Searching..."
Part III. "The Fourth Colour"
Et je pense que là vous commencez à comprendre à quel genre d'œuvre nous avons affaire, OUI Polygondwanaland est un album-concept de Rock Progressif. Poly pour l'utilisation tout au long de l'opus de la Polyrythmie (instruments et voix) et Gondwanaland pour notre ancien supercontinent Gondwana.
"Crumbling Castle" n'était pas qu'un simple long single, c'était le parfait vaisseau éclaireur et la base de ce que serait Polygondwanaland. Du calme à la tempête en prenant le temps de planer durant les accalmies, voilà comment on pourrait résumer grosso-modo chaque grande piste. Et comme le groupe est composé de 7 musiciens de talent qui s'améliorent toujours de plus en plus au fil des expérimentations en tous genres (ici la polyrythmie), ils sont assez doués pour apporter des changements suffisant pour rester cohérent tout au long des 44 minutes en évitant les répétitions – chaque disque amenant un plus au suivant. Du mix des voix voyageant de droite à gauche avec souvent une voix plus grave par-derrière qui amène un côté sombre à certaines parties (qui rappelle Tool), de l'utilisation du glass marimba, du mellotron et de plusieurs percussions (dont un ventilo... Oui oui), des échanges délicieux entre l'harmonica et la flûte traversière sur "Tetrachromacy", du mini solo de basse dans "Loyalty" et ses 55 secondes d'intro aux synthés qui pourraient être utilisées comme générique pour la saison 03 de Stranger Things (ça serait tout aussi bien), du retour surprenant du spoken-word de Leah Senior sur "The Castle In The Air" ; autant de petits détails qui permettent d'être plus d'une fois surpris.
À ça s'ajoute la production relevée de nouveau d'un niveau – la bonne utilisation des 3 guitares et des 2 batteries, les différents synthés sont encore mieux maîtrisés que sur Murder Of The Universe (avec un côté "On The Run" de Pink Floyd) ramenant encore une fois un aspect space-rock et surtout cette basse imposante, parfois frappante, parfois bondissante, parfois groovy déjà entendu sur Sketches Of Brunswick East ; tout le monde a son mot à dire et sa place bien délimitée, ils n'ont pas l'occasion de se marcher dessus dans une bouillie sonore, Polygondwanaland (j'adore ce titre) est l'exemple d'un bon mixage.
Autre surprise du disque, la frontière électrique/acoustique est brisée au sein d'un même morceau – ce qui est rare pour le groupe –, les guitares acoustiques s'immiscent aux côtés des électriques pour un résultat marquant ; les 3 parties de "Polygondwanaland" (donc pistes 2 – 4) en sont le meilleur exemple, rappelant la chanson "The Fish (Schindleria Praematurus)" de YES sur Fragile (sorti en Novembre 1971, il y a 46 ans presque jour pour jour) et dans une moindre mesure le jeu de guitare en finger-picking de Jethro Tull.
Pour parler un peu de l'histoire du disque, dans "Crumbling Castle" le narrateur se pense en sécurité dans son château avec ses semblables lors d'une apocalypse (encore cette fin du monde annoncée, Stu Mackenzie lit beaucoup de S.F apparemment), mais se voit obligé de le quitter pour survivre lors de sa destruction (l'explosion sonore assez jouissive de la dernière minute et demie). "Polygondwanaland" voit le même narrateur (?) et ses semblables quitter leurs terres, en voguant sur une rivière qui devient une mer, pour atteindre ce nouveau territoire fait de sable et de montagnes préhistoriques remplies de dinosaures et d'hommes (?) poilus sans cou aux pieds fatigués d'errer qui voient d'un mauvais œil (ils n'en ont qu'un seul) leur venue. "Horology" c'est l'histoire de ce drôle d'être présent en bas à gauche sur la pochette, dans une cellule ("Inner Cell"), un ermite qui prévoit une insurrection avec des alliés contre celui qui se prend pour un Dieu, ce dernier se voyant obligé de répondre par la force ("Loyalty") quitte à massacrer des enfants pour prouver qu'il n'est pas lâche... dans la partie "Horology" on ne sait pas clairement si le voyage de l'ermite se fait au moment de l'insurrection ou avant sa mise en cellule, tout ce que l'on sait c'est qu'il erre dans le désert et tombe à la fin sur quelqu'un lui promettant un grand pouvoir, celui qu'il recherchait depuis longtemps : la Tétrachromatie, cette capacité qu'ont les oiseaux et quelques autres espèces de disposer de 4 cônes dans leurs rétines alors que nous, pauvres humains, on en a que 3 (rouge/bleu/vert, les petits ronds à droite sur la pochette). Le personnage part donc à la recherche de ce "pouvoir" (l'hypnotique et quasi chamanique "Searching...") et l'obtient :
"I've been born again
I see the light
It's in my face
I'm analyzing information
Now I am a God"
"The Fourth Colour" démarre comme une furie, toute la maestria du groupe est présente sur cette partie ; prit à part ce morceau est exceptionnel, prit dans son ensemble avec les 2 autres parties ces 12min46 forment l'une des meilleures chansons du groupe ! Un final en apothéose.
Je prends le temps de répondre au mail, en remerciant une énième fois le groupe de créer une telle musique de grande qualité et surtout de ne pas perdre leur créativité et leur inspiration et ajoute, non sans un sourire : "Tool, Pink Floyd, Hawkwind, King Crimson et YES ont partouzé, Polygondwanaland en est le résultat".
Polygondwanaland est véritablement gratuit, le groupe ne va rien gagner dessus, ils ont enregistré le disque, le fidèle Jason Galea a créé l'Artwork et hop ils balancent tout ça sur internet en téléchargement libre sous plusieurs formats : MP3, WAV, FLAC etc... Mais aussi les MASTERS pour encourager les fans à faire leurs propres versions du vinyle, du CD, de la cassette voire même de démarrer un label indépendant pour l'occasion... Une aventure totalement libre. Et très vite c'est ce qui arrive, des personnes ayant comme projet de créer un label saute sur l'occasion (Needle Juice), les fans s'organisent sur Facebook pour créer leur version vinyle coloré, des labels bien installés y participent également (ATO Records, Rough Trade), des indépendants essayent de tirer leur épingle du jeu en profitant de l'occasion pour se faire connaître (à des prix plus ou moins acceptables) et certains décident de faire du bien autour d'eux en reversant les bénéfices des vinyles vendus à des associations – c'est notamment le cas d'Exag' Records, des voisins Belges qui, avec leur vinyle jaune à l'Artwork arrière personnalisé par David Crunelle (Jason Galea n'a fait que l'avant, mais a donné des images/idées pour l'imagination créatrice des fans), financeront un tournoi sportif pour enfants handicapés à Bruxelles.
Une fois le Vendredi arrivé, l'album téléchargé et décompressé, je me retrouve avec 10 pistes dont l'ouverture "Crumbling Castle" qui a fait office de single, un mois auparavant et joué sur scène en version plus courte il y a un an de ça. Single de près de 11 minutes – on se croirait revenu au "temps ancien" de "Head On/Pill" sur Float Along~Fill Your Lungs, surtout que comme ce disque, au premier coup d'œil, les deux semblent avoir le même corps : on démarre par une longue piste, puis plusieurs petites ne dépassants jamais la 4è minute et enfin une dernière de plus de 6 minutes... Sauf que tout comme Murder Of The Universe comportait en réalité 3 longs morceaux séparés en 21 pistes, Polygondwanaland est composé de 4 chansons séparées (sauf "Crumbling Castle") en 3 parties chacune, ce qui nous donnerait la tracklist suivante :
01. "Crumbling Castle" (10:44)
02. Polygondwanaland (9:54)
Part I. "Polygondwanaland"
Part II. "The Castle In The Air"
Part III. "Deserted Dunes Welcome Weary Feet"
03. Horology (10:26)
Part I. "Inner Cell"
Part II. "Loyalty"
Part III. "Horology"
04. Tetrachromacy (12:46)
Part I. "Tetrachromacy"
Part II. "Searching..."
Part III. "The Fourth Colour"
Et je pense que là vous commencez à comprendre à quel genre d'œuvre nous avons affaire, OUI Polygondwanaland est un album-concept de Rock Progressif. Poly pour l'utilisation tout au long de l'opus de la Polyrythmie (instruments et voix) et Gondwanaland pour notre ancien supercontinent Gondwana.
"Crumbling Castle" n'était pas qu'un simple long single, c'était le parfait vaisseau éclaireur et la base de ce que serait Polygondwanaland. Du calme à la tempête en prenant le temps de planer durant les accalmies, voilà comment on pourrait résumer grosso-modo chaque grande piste. Et comme le groupe est composé de 7 musiciens de talent qui s'améliorent toujours de plus en plus au fil des expérimentations en tous genres (ici la polyrythmie), ils sont assez doués pour apporter des changements suffisant pour rester cohérent tout au long des 44 minutes en évitant les répétitions – chaque disque amenant un plus au suivant. Du mix des voix voyageant de droite à gauche avec souvent une voix plus grave par-derrière qui amène un côté sombre à certaines parties (qui rappelle Tool), de l'utilisation du glass marimba, du mellotron et de plusieurs percussions (dont un ventilo... Oui oui), des échanges délicieux entre l'harmonica et la flûte traversière sur "Tetrachromacy", du mini solo de basse dans "Loyalty" et ses 55 secondes d'intro aux synthés qui pourraient être utilisées comme générique pour la saison 03 de Stranger Things (ça serait tout aussi bien), du retour surprenant du spoken-word de Leah Senior sur "The Castle In The Air" ; autant de petits détails qui permettent d'être plus d'une fois surpris.
À ça s'ajoute la production relevée de nouveau d'un niveau – la bonne utilisation des 3 guitares et des 2 batteries, les différents synthés sont encore mieux maîtrisés que sur Murder Of The Universe (avec un côté "On The Run" de Pink Floyd) ramenant encore une fois un aspect space-rock et surtout cette basse imposante, parfois frappante, parfois bondissante, parfois groovy déjà entendu sur Sketches Of Brunswick East ; tout le monde a son mot à dire et sa place bien délimitée, ils n'ont pas l'occasion de se marcher dessus dans une bouillie sonore, Polygondwanaland (j'adore ce titre) est l'exemple d'un bon mixage.
Autre surprise du disque, la frontière électrique/acoustique est brisée au sein d'un même morceau – ce qui est rare pour le groupe –, les guitares acoustiques s'immiscent aux côtés des électriques pour un résultat marquant ; les 3 parties de "Polygondwanaland" (donc pistes 2 – 4) en sont le meilleur exemple, rappelant la chanson "The Fish (Schindleria Praematurus)" de YES sur Fragile (sorti en Novembre 1971, il y a 46 ans presque jour pour jour) et dans une moindre mesure le jeu de guitare en finger-picking de Jethro Tull.
Pour parler un peu de l'histoire du disque, dans "Crumbling Castle" le narrateur se pense en sécurité dans son château avec ses semblables lors d'une apocalypse (encore cette fin du monde annoncée, Stu Mackenzie lit beaucoup de S.F apparemment), mais se voit obligé de le quitter pour survivre lors de sa destruction (l'explosion sonore assez jouissive de la dernière minute et demie). "Polygondwanaland" voit le même narrateur (?) et ses semblables quitter leurs terres, en voguant sur une rivière qui devient une mer, pour atteindre ce nouveau territoire fait de sable et de montagnes préhistoriques remplies de dinosaures et d'hommes (?) poilus sans cou aux pieds fatigués d'errer qui voient d'un mauvais œil (ils n'en ont qu'un seul) leur venue. "Horology" c'est l'histoire de ce drôle d'être présent en bas à gauche sur la pochette, dans une cellule ("Inner Cell"), un ermite qui prévoit une insurrection avec des alliés contre celui qui se prend pour un Dieu, ce dernier se voyant obligé de répondre par la force ("Loyalty") quitte à massacrer des enfants pour prouver qu'il n'est pas lâche... dans la partie "Horology" on ne sait pas clairement si le voyage de l'ermite se fait au moment de l'insurrection ou avant sa mise en cellule, tout ce que l'on sait c'est qu'il erre dans le désert et tombe à la fin sur quelqu'un lui promettant un grand pouvoir, celui qu'il recherchait depuis longtemps : la Tétrachromatie, cette capacité qu'ont les oiseaux et quelques autres espèces de disposer de 4 cônes dans leurs rétines alors que nous, pauvres humains, on en a que 3 (rouge/bleu/vert, les petits ronds à droite sur la pochette). Le personnage part donc à la recherche de ce "pouvoir" (l'hypnotique et quasi chamanique "Searching...") et l'obtient :
"I've been born again
I see the light
It's in my face
I'm analyzing information
Now I am a God"
"The Fourth Colour" démarre comme une furie, toute la maestria du groupe est présente sur cette partie ; prit à part ce morceau est exceptionnel, prit dans son ensemble avec les 2 autres parties ces 12min46 forment l'une des meilleures chansons du groupe ! Un final en apothéose.
Je prends le temps de répondre au mail, en remerciant une énième fois le groupe de créer une telle musique de grande qualité et surtout de ne pas perdre leur créativité et leur inspiration et ajoute, non sans un sourire : "Tool, Pink Floyd, Hawkwind, King Crimson et YES ont partouzé, Polygondwanaland en est le résultat".
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Beckuto |
Ecoutable sur https://kinggizzard.bandcamp.com/album/polygondwanaland
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