King Gizzard & The Lizard Wizard

Matez-moi cette pochette signée Jason Galea ! C'est foutraque, cartoonesque, intriguant, délirant, coloré, dangereux, beau et aventureux et c'est une parfaite illustration de ce qu'est Oddments, 4è album de ces hurluberlus malins de King Gizzard & The Lizard Wizard.

Le groupe a le don de passer d'un style à l'autre à chaque disque et ce avec brio ! Ce "bric-à-brac" a une production un peu plus Lo-Fi, comme si on écoutait un vieux vinyle qui aurait tout de même bien résisté à l'épreuve du temps – telle une relique sonore du passé -. Les toutes premières secondes de "Alluda Majaka" sont très trompeuses, on pourrait croire que l'on vient de lancer un disque aux accents orientaux, mais que nenni ! On se retrouve là avec un titre pouvant rappeler la belle époque des vieux génériques de dessin animés cartoonesque. C'est déjanté avec des effets sonores disposés un peu partout; une bonne instrumentale pour bien démarrer. Et le groupe surprend directement après en calmant considérablement le jeu, offrant une facette plus calme, plus posée, plus à la cool qu'il semble apprécier particulièrement. Un peu comme ce qu'a pu faire Mark Linkous dans Sparklehorse, avec une touche de soul en plus tout en gardant les guitares fuzz au minimum de leurs agressions. "Stressin' ", "Work This Time" et "Homeless Man In Adidas" (tout en acoustique pour cette dernière) sont de magnifiques chansons apaisantes, tout en retenues avec une voix susurrante des plus agréables. Cette facette de leur musique est un atout qu'ils pourraient bien nous resservir par petites touches sur leurs prochaines productions ; c'est le genre de sucreries bienvenues.

L'autre facette mise en avant sur Oddments est la pop-psyché enjouée et pour çà le single "Vegemite" et sa mélodie de piano jouet l'introduit parfaitement. Allez regarder le clip et vous aurez l'impression de voir une publicité pour de la Vegemite – pâte à tartiner Australienne à base de levure de bière – et même si son aspect brun très foncé ne donne pas du tout envie d'en manger, la musique quant à elle donne bien envie de bouger avec un air ahuri au côté de Stu Mackenzie. "Sleepwalker" est l'autre exemple flagrant de cette pop-psyché enjouée, son refrain très simple à retenir a tout pour devenir un hymne à reprendre en chœur durant leurs concerts - "Ouuuuhouh Iiiiihiiiihihi Sleepwalker, Well I want to, I want to, I want to, All I want is to sleepwalk with you" - on a vu bien plus compliqué quand même. Et c'est aussi çà qui est appréciable avec ce groupe, ils sont capables de nous servir des mélodies très simples, très vite imprimées dans notre esprit et parfois ils lâchent des pépites, des compositions riches comme "Head On/Pill" ou "Float Along ~ Fill Your Lungs" sur le précédent disque du même nom. Sur ce nouvel opus on y trouve également une pépite au doux nom de "Hot Wax", sûrement un de mes titres préférés de 2014. Rythme groovy à souhait rendu possible grâce aux 2 batteurs, 2 bassistes et l'harmoniciste; voix grave de Stu pour les couplets, voix aiguë d'Ambrose Kenny-Smith pour les refrains, le contraste est saisissant; Frank Zappa aurait été fier d'entendre ce morceau !

Mis à part "ABABCD" et "Oddments" qui font plus office de jingles radiophoniques, l'album regorge de 2 autres compositions, la bluesy et réussie "It's Got Old" et l'ensemble un peu bancale "Crying/Pipe-Dream" qui est un relent des 2 derniers disques, psyché avec une influence western.

Ce 4è album en seulement deux ans est de nouveau une grande réussite. Le groupe commence à nous habituer à ce genre de productions de qualité, il ne reste plus qu'à espérer qu'ils continueront sur cette bonne voie. Même quand ils essayent de créer un objet foutraque, cela reste cohérent; ces gars ont un don !