Killing Joke

Milan / Trezzo Sull'Adda - Italie [Il Live Club] - vendredi 20 avril 2012

Deuxième rendez-vous avec Killing Joke pour ma part après une date parisienne en 2010 honnête mais qui n'en parut que plus décevante après ce concert sur les terres de Pinocchio. J'échappe en effet à un stage un peu usant à Milan le temps d'une soirée pour rejoindre les gatherers dans une petite ville située près de la métropole. Le périple que j'ai vécu pour m'y rendre mériterait d'ailleurs une chronique toute entière, sachez juste que lorsque j'ai vu que la contravention pour les fraudeurs dans le bus s'élevait à 100 fois le prix du billet, mon visage est passé par toutes les couleurs des yeux de Bela Lugosi sur la pochette d'Extremities.

Finalement arrivé par miracle et dans les temps à la salle de concert, j'ai pu découvrir un endroit plutôt spacieux et agréable à l'œil, avec un espace banquettes pour le moins aguicheur puisque j'étais déjà exténué en arrivant, et à moitié détrempé. Mais j'ai rassemblé mon courage et suis allé me poster contre la barrière face à la scène. Alors que les gens s'amassent, on écoute les vieux fans ritals du groupe qui racontent, extatiques, leurs concerts passés avec le groupe. Je m'emmêle les pinceaux quand l'un deux commence à parler des Rolling Stones, il s'agit en fait d'une salle de concert milanaise où le groupe était passé, mais ça je ne le savais pas.

Le concert s'ouvre sur deux premières parties, tout d'abord un groupe de post-punk gothique américain, The Crying Spell. Rien de neuf sous la lune du genre, une musique un brin pompeuse mais tout de même bien fichue, portée par un chanteur grand de deux mètres au romantisme exacerbé. C'est ensuite un autre groupe américain qui débarque, moins confidentiel : The Icarus Line. Les gusses nous serviront un garage rock assez rétro mais plutôt puissant, tandis que le chanteur, véritable copie conforme d'Iggy Pop, se chargera d'insulter un public indifférent. "On sera encore là à jouer demain soir !" Quoi ? Mais y a Skrillex demain soir !

Arrive enfin Killing Joke, et le concert démarre fort sur "Requiem". Première chose, Jaz a abandonné son gimmick "re-qui-qui-qui-eeeem" et c'est tant mieux, on nous offre le tube dans sa version originale si génialissime. Deuxième chose : le son est parfait, super puissant sans être trop fort, chaque instrument sonne bien... C'est merveilleux. C'est bien simple, prenez mon cas : habituellement, en concert, je suis du genre à rester au fond de la salle, les bras croisés, l'air de me faire chier. Ce soir-là, j'ai tout simplement gigoté comme un zouave du début à la fin. Pogo et moshing : la fosse était en délire et je suis reparti couvert de sueur, de bière et de bleus avec en bonus un torticolis infect. Malgré les gusses régulièrement chopés par la sécurité, le moshpit a prospéré toute la soirée.

Niveau setlist, en la regardant aujourd'hui avec le recul, je ne la trouve pas follement géniale ni très originale. Comme d'hab', beaucoup de titres du premier et du dernier album, cette fois-là MMXII. Mais sur le moment, je n'étais sûr que d'une chose : Killing Joke envoyait la sacro-sainte purée. Les riffs acérés de Geordie, toujours aussi flegmatique, étaient phénoménaux et secouaient les gatherers de spasmes orgasmiques, tandis que Jaz continuait sa mascarade habituelle, en treillis et maquillage, à enchaîner ses mouvements saccadés et abstraits. Jouissif de le voir, sur "Fema Camp", se lier les mais avec le fil de son micro et avancer d'une démarche claudicante vers une prison imaginaire, pendant que ses comparses nous assènent un quasi-thrash metal dans la tronche.

Car, si à l'écoute dudit MMXII, je ne fus pas frappé par son originalité ni sa qualité incroyable, je dois bien avouer qu'en live, tous les titres qui en furent issus étaient ceux qui m'ont fait le plus headbangué. Il n'y paraissent pas comme ça sur CD, sonnant presque mous, mais en live, Dio mio que ces riffs font mal ! Alors quand, en plus de ça, on nous assène une bonne partie des classiques du groupe dans le même registre, on se retrouve avec un festival de violence absolument diabolique. La foule était littéralement hors d'elle et hurlait à la mort, ce qui semblait réjouir Jaz et ses copains. Sérieusement, je n'avais encore jamais vu un tel sourire et une telle lueur dans les yeux d'un musicien face à la réaction du public. Véritablement un moment magique.

Alors voilà, Killing Joke sont encore les rois, il ne sont peut-être pas toujours en forme (voir ma chronique du concert au Bataclan), mais quand ils le sont, on en prend plein la gueule. Donc ils sont encore là, allez les voir, parce que des baffes comme ça, j'en ai pas pris souvent.


Excellent !   18/20
par Jumbo


  Setlist :

1. Requiem
2. European Super State
3. Sun Goes Down
4. Rapture
5. Fema Camp
6. Pole Shift
7. Chop-Chop
8. Change
9. Bloodsport
10. Primobile
11. Asteroid
12. The Great Cull
13. Corporate Elect
14. The Wait
15. Pssyche
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16. Wardance
17. Pandemonium


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