Of Montreal

Lyon [Les Nuits De Fourvière - Théatre Romain De Fourviè] - mercredi 15 juillet 2009

En arrivant dans le théâtre de romain de Fourvière, j'ai deux questionnements qui me tracassent :
1) Ayant arrêté de fumer depuis 15 jours, vais-je résister pendant mon premier concert en tant que non-fumeur ?
2) Vais-je entendre "The Past Is A Grotesque Animal"

Je mets fin au suspens insoutenable, je n'ai pas craqué et mes poumons continuent à recouvrer la santé, merci pour eux. Passons maintenant au concert de Of Montreal, un de mes groupes favoris, mais injustement méconnus en France.
Lorsque les projecteurs s'éteignent, l'hallucination collective débute. Un homme à tête de tigre entre sur scène, demande au public de se lever et allume les claviers un par un ! La bande de Kevin Barnes entre alors en scène, et l'hallucination se prolonge. Passons sur les tenues kitchissimes du batteur de la bassiste, pour évoquer celle du guitariste et de Kevin Barnes. Le premier est déguisé en hippie mais avec des ailes roses dans le dos, Kevin quant à lui porte une tenue de laquais bleu fluo, assortie à son maquillage !
Le concert débute fort par un "Nonpareil Of Favour", ultra-puissant dans son passage instrumental. En quelques minutes, le concert se révèle déjà extrême : les voix sont suraigües et Kevin Barnes n'hésite pas à hurler, les synthés Korg sont très présents, les basses bubble-gum et la batterie synthétique rythment le tout ! Seul vestige rock: les guitares au son bien glam. Bref, je suis sous le charme instantanément, mais je dois bien être un des seuls dans l'amphithéâtre en ruine !
Le groupe entame un set d'une heure, rythmé en majorité par les morceaux de Hissing Faune Are You The Destroyer (yes !!), plus propices à la scène que ceux de Skeletal Lamping. Je dois dire que le son de groupe sur scène me séduit énormément, il se révèle proche de celui parfait des albums, tout en poussant à l'extrême certaines caractéristiques, comme les cris hystériques et les synthés omniprésents. Autre chose extrêmement marquante : les multiples interventions de danseurs pendant les morceaux ! Dés "Nonpareil Of Favour", 3 personnages portant un masque à gaz entrent sur scène avec des cadeaux, un quatrième arrive sans masque, ouvre un cadeau d'où s'échappe une fumée qui l'étouffe ! Mort, les 3 autres entament une danse funèbre autour de son cadavre ! On est proche de la mascarade, mais je trouve que cela ajoute une force à ce concert totalement extravagant ! Se succèdent un Bouddha attaqué par le tigre évoqué plus haut, un Rahan christique se faisant abattre, des danseurs en collants fluos venant jeter des paillettes... Mais cela a parfois du sens ! Sur "Heimsdalgate Like A Promothean Curse", ce sont des clowns qui débarquent. Mais ceux-ci portent des masques de mort et font éclater des lampions pendant que Kevin Barnes chante "Come On Chemicals !" en évoquant sa dépendance aux psychotropes ! Cela rajoute à l'esthétique de l'album, où le leader du groupe parle de tous les drames qu'il a vécu sur des morceaux festifs ! C'est un peu la même sensation sur "A sentence Of Sorts In Kongsvinger" : on se retrouve à danser pendant qu'il chante "I spent the winter on the verge of a total breakdown, While living in Norway, I felt the darkness of the black metal bands, I spent the winter with my nose buried in a book while trying to restructure my character". La setlist est absolument impeccable : de "Id Engager" à "Bunny Ain't No Kind Of Rider", on ne s'ennuie pas une seconde. Les beats les riffs s'enchaînent et poussent à danser comme les personnages qui se succèdent sur scène.
Alors que "She's A Rejector" s'achève après nous avoir délivré son excellente électricité, ça ne rigole plus... L'éclairage se baisse, plus de chorées du groupe, plus de danseur, Kevin Barnes se fige derrière son micro... Une ligne de basse qui tue et un rythme haletant retentissent : oui, c'est le début de "The Past Is A Grotesque Animal", la meilleure chanson du monde !!! Et c'est parti pour 15 minutes d'une incroyable turbine psychédélique rythmé par des beats acides et lancinants. Kevin Barnes semble totalement possédé par son texte fabuleux, où au travers d'images surréalistes et poétiques, il évoque tout : le coup de foudre pour sa femme, la séparation, l'exil, le dégoût de soi, les regrets, la solitude. Au bout de 10 minutes, il semble pris de convulsions, ce qui est finalement peu étonnant. Malgré son déguisement et l'instrumentation génialement complexe, il vient de se foutre à poil devant toute une salle, il vient d'exposer les pires épreuves de sa vie. Après ce morceau épique, le groupe se retire rapidement, de toute façon il ne peut pas faire mieux
que ça !
Un ange hippie, un laquais bleu fluo, des danseurs déguisés en samouraïs disco, des paroles dépressives, une musique synthétique festive dans un théâtre romain : l'expérience esthétique Of Montreal est unique ! J'espère vite les revoir un soir où ils seront tête d'affiche !


Très bon   16/20
par Vamos


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