Cass McCombs

Big Wheel And Others

Big Wheel And Others

 Label :     Domino 
 Sortie :    mardi 15 octobre 2013 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

D'abord, on entend un gamin. Le petit Sean, élevé par des hippies dans un documentaire datant de 1969. Une figure tragique qui vient séparer les trois actes de l'album. Sa petite voix fragile nous informe qu'il n'y a pas de Dieu, le monde appartient aux indiens. Avec la même imagination, les mêmes fantasmes d'une Amérique spirituelle et pendant plus d'une heure, Cass McCombs se met à dérouler l'éventail de ses possibles.

Dans un mélange d'ombre et de lumière, le songwriter convoque une multitude de personnages et ne reste jamais trop longtemps au même endroit. Il revisite les terres de Gram Parsons (la ballade country "Angel Blood"), les sonorités de Tom Waits ("The Burning Of The Temple") et signe même sa propre murder-ballad, l'inquiétant "Joe Murder".

Au beau milieu de l'album, il y a "Everything Has To Be Just-So", une longue ballade de neuf minutes. Un poème monotone sur la société, sur un monde parfait. Un sermon aussi ambitieux qu'entêtant, pas si éloigné de ce que peut faire son collègue Kurt Vile. Lui aussi sait prendre son temps sans gâcher le nôtre. Plus loin, les sept minutes de "Home On The Range" sont moins réussies mais contiennent malgré tout une bonne poignée de vers impeccables. Cass sait écrire et, même quand la musique s'égare, il retient notre attention. Même quand certains morceaux sont clairement en dessous du reste, ils dévoilent toujours une jolie trouvaille (le solo d'"Honesty Is No Excuse", une reprise de Thin Lizzy, les doux arpèges de "Dealing", le saxo de "Satan Is My Toy").

Et puis surtout, il y a ces monuments de mélancolie, ces morceaux beaux à pleurer. La romance cotonneuse de "Morning Star", la confession "There Can Only Be One", la berceuse Appalaches "Unearthed". La pièce maîtresse reste "Brighter". Si touchante que Karen Black est invitée à la chanter une deuxième fois. L'actrice de 74 ans s'éteindra quelques mois après l'enregistrement, rendant la collaboration encore plus touchante, la performance encore plus bouleversante.

Après le succès critique de Wit's End (2011), Cass McCombs aurait pu doubler la mise. Travailler sur un successeur cohérent, dans la même lignée. Au lieu de ça, il balance un double album débordant de titres et d'expérimentations. À mon sens, sa plus belle collection de chansons.


Excellent !   18/20
par Dylanesque


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