Cass McCombs

Prefection

Prefection

 Label :     4AD 
 Sortie :    mardi 11 janvier 2005 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Après un album résolument orienté vers une approche très américaine, plutôt folk, inspirée de ses errements pendant quelques années à travers les Etats-Unis, Cass McCombs sort un second album résolument différent moins de deux ans après. L'enregistrement de l'album s'est déroulé pendant une unique semaine. On aurait ainsi pu craindre une production presque aussi bâclée que sur le premier effort du songwriter. On aurait aussi pu craindre que sa voix, prise dans l'urgence de l'enregistrement, allait elle aussi ressortir de la même façon que la dernière fois. Faiblarde, mal assurée, parfois à la limite de l'insupportable.
Pourtant, il faut rapidement se rendre à l'évidence, McCombs a gagné en assurance en un court laps de temps. Il n'est déjà plus le jeune homme plein de doutes en ce qui concerne sa musique. Certes, il est toujours aussi mélancolique et mal dans sa peau, mais sa technique s'est perfectionnée de façon très encourageante. On n'a plus l'impression à l'écoute de Prefection que les chansons glissent loin au-dessus de nous. On se retrouve bien plus concerné par ce que McCombs nous propose. Il frappe souvent juste et bien.

L'album possède une ambiance donc très différente du précédent album. Si l'on devait ainsi trouver un rapprochement avec certains artistes, on pourrait rapidement pencher du côté de Morrisey ou de plutôt de Felt. Cette même mélancolie latente derrière des vagues enchanteresses d'arpèges veloutés qui viennent accompagner une voix au bord du précipice mais qui parvient dans un fabuleux numéro d'équilibriste à se maintenir debout et à nous emmener avec elle. L'exemple le plus frappant de cette tendance est certainement le magnifique morceau "Sacred Heart" qui possède tous les atours d'un grand morceau de Felt. Mais cela nous ramène à un point particulièrement dérangeant pour un artiste qui commence à ne plus être si jeune. Les influences sont certes très bien retranscrites, mais aucunement digérées et l'on a l'impression que Cass McCombs se livre plutôt à un exercice de style sur la pop anglaise des années 80. "Substraction" donne ainsi l'impression d'une simple redite peu inspirée et déçoit. A côté de cela, on retrouve certains morceaux plus énervés (tout est relatif) qui bien qu'attrayants ne réussissent pas à passer l'épreuve des écoutes multiples, tel "Tourist Woman".
En réalité, on se retrouve confronté à un album qui suit deux grands paradigmes : les morceaux peu inspiré trop proches de leurs modèles et ceux qui laissent entrevoir une personnalité propre et attachante. Nous avons ainsi d'un côté un album très moyen, et de l'autre un album maitrisé, presque grandiose. Très attachant en tout cas. On peut citer dans cette deuxième catégorie "She's Still Suffering", "Equinox" et "All Your Dreams May Come True" avec son côté petit cabaret de la Nouvelle Orléans au petit matin. Mais le véritable morceau enchanteur de cet album est sans conteste "Cuckoo", porté par la voix maitrisée de McCombs de long en large.

Un album qui marque une jolie petite progression de McCombs. Mais l'album possède quelques beaux défauts et ne donne pas toute sa place à la personnalité pourtant riche de l'artiste. Pas mal, mais peut mieux faire. Et il fera mieux.


Pas mal   13/20
par Bona


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