Jay Jay Johanson
Opium |
Label :
Kwaidan |
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Il en aura vu du pays le Jay-Jay Johanson depuis ses débuts en 1996. Et je ne dis pas ça parce qu'il s'agit d'un Suédois qui a fait de la France son fief. Constatez par vous-même : 20 ans de carrière (ou presque), désormais 10 albums sous le bras. Grosso modo un disque tous les deux ans, une véritable horloge suisse ce Suédois. Chacun de ses 10 disques est différent du précédent, pourtant on ne saurait se méprendre qu'il s'agit bien à chaque fois de la patte bien particulière du chanteur triste (oui oui, même quand il a viré électro-dance sur Antenna et Rush). Quand on lui demande quel est le secret de sa longévité et de sa régularité, il répond simplement qu'il ne s'est jamais arrêté d'écrire. Lorsqu'un disque s'achève, le suivant est déjà commencé ; et ainsi de suite pendant dix neuf ans. Simple comme bonjour, et pourtant il y en a peu qui peuvent témoigner d'une telle stabilité dans le circuit aujourd'hui. Alors, voyons un peu d'où partait Cockroach, son petit dernier de 2013 ; si on y trouvait encore l'épure de Spellbound (2011), on y voyait surtout Jay-Jay revenir petit à petit à des sonorités plus trip-hop, mariant l'acoustique à des beats et des plages de claviers. L'ambiance y était sombre, inquiétante, glauque par moment, même si toujours élégante. Aujourd'hui, le Suédois prend sur son nouveau disque les traits de celui qu'il dépeignait petit à petit, album par album, tout au long de sa carrière : les traits d'un artiste éclectique. Le mot est lancé ; pour fêter son dixième album, Jay-Jay Johanson nous sort son disque le plus éclectique.
Pas facile à ce titre de lui tirer efficacement le portrait, à cet Opium. On ne peut pas dire qu'il est vraiment électro, ni entièrement trip-hop, ni vraiment acoustique, ni qu'il est sombre ou lumineux, angoissé ou apaisé, car il est un peu tout ça à la fois. On y retrouvera aussi bien de la ballade sépia, nostalgique ("Drowsy/Too Young To Say Goodbye", "Scarecrow") que du low-key susurré de dimanche pluvieux ("I Can Count On You"), comme bien sûr les odes aux cœurs brisés à la "I Love Him So". Sans oublier les curiosités du jour, derrière le côté Best-of trompeur du tout, comme l'instrumental "Harakiri", presque ambiant, mené par un piano brumeux et une boîte à rythme étouffée sur fond de moog ; "Alone Too Long", probablement une des pistes les plus étranges du bonhomme, un dub mystérieux plein de boucles en pagaille, aux arrangements de cordes très Hitchcockiens et même un rock presque musclé, implacable comme un bon générique de James Bond ("Moonshine" et sa ligne "It's like in the movies"). Et on a beau dire hein, que Jay-Jay Johanson est un artiste sombre, triste, mélancolique, etc etc, comment alors expliquer qu'il aime ponctuer certains de ses albums de merveilles de légèreté, de promenades paisibles ? Opium ne fait pas exception, car pour achever la face 1, c'est "NDE" qui est au garde à vous, superbe ballade au refrain vocodé, tandis qu'en bout de disque "Celebrate The Wonders" la bien-nommée se détend sur la plage en étirant les bras, sirotant une limonade devant le coucher de soleil qui annonce le générique de fin. Le Suédois serait-il secrètement mordu des happy ending ?
Dire qu'Opium est éclectique au fond, ça n'est jamais que souligner qu'il est richement arrangé. Du cuivre et du violon, de l'électronique, du sample discret, de la boîte à rythme côte à côte avec la batterie, du piano, toujours du piano. Les morceaux eux-mêmes sont du Jay-Jay pur jus. C'est aussi dire que c'est un album mature, un qui sait piocher dans le passé du compositeur pour en tirer de simples couleurs qui serviront à habiller des chansons on-ne-peut-plus actuelles. En interview, Jay-Jay nous confie aussi le secret de son éclectisme, du constant renouvellement de sa musique : il déteste détester. De la même manière qu'il avait appelé son dernier album Cockroach, pour tâcher d'aimer ce pauvre parasite malaimé qu'est le cafard, Jay-Jay se refuse à nier toute une palette de couleur, de thématiques, juste parce qu'il n'aime pas ça. Alors il se fait violence, s'aventure du côté de son désamour pour y faire naître de la beauté, de l'intime. Oui, ça paraît un peu idyllique, voire naïf comme démarche, mais qu'est-ce qu'on peut avoir à y redire, c'est un des moteurs principaux du Suédois. Et ça marche : vous avez déjà entendu un mauvais disque de Jay-Jay Johanson, vous ?
Pas facile à ce titre de lui tirer efficacement le portrait, à cet Opium. On ne peut pas dire qu'il est vraiment électro, ni entièrement trip-hop, ni vraiment acoustique, ni qu'il est sombre ou lumineux, angoissé ou apaisé, car il est un peu tout ça à la fois. On y retrouvera aussi bien de la ballade sépia, nostalgique ("Drowsy/Too Young To Say Goodbye", "Scarecrow") que du low-key susurré de dimanche pluvieux ("I Can Count On You"), comme bien sûr les odes aux cœurs brisés à la "I Love Him So". Sans oublier les curiosités du jour, derrière le côté Best-of trompeur du tout, comme l'instrumental "Harakiri", presque ambiant, mené par un piano brumeux et une boîte à rythme étouffée sur fond de moog ; "Alone Too Long", probablement une des pistes les plus étranges du bonhomme, un dub mystérieux plein de boucles en pagaille, aux arrangements de cordes très Hitchcockiens et même un rock presque musclé, implacable comme un bon générique de James Bond ("Moonshine" et sa ligne "It's like in the movies"). Et on a beau dire hein, que Jay-Jay Johanson est un artiste sombre, triste, mélancolique, etc etc, comment alors expliquer qu'il aime ponctuer certains de ses albums de merveilles de légèreté, de promenades paisibles ? Opium ne fait pas exception, car pour achever la face 1, c'est "NDE" qui est au garde à vous, superbe ballade au refrain vocodé, tandis qu'en bout de disque "Celebrate The Wonders" la bien-nommée se détend sur la plage en étirant les bras, sirotant une limonade devant le coucher de soleil qui annonce le générique de fin. Le Suédois serait-il secrètement mordu des happy ending ?
Dire qu'Opium est éclectique au fond, ça n'est jamais que souligner qu'il est richement arrangé. Du cuivre et du violon, de l'électronique, du sample discret, de la boîte à rythme côte à côte avec la batterie, du piano, toujours du piano. Les morceaux eux-mêmes sont du Jay-Jay pur jus. C'est aussi dire que c'est un album mature, un qui sait piocher dans le passé du compositeur pour en tirer de simples couleurs qui serviront à habiller des chansons on-ne-peut-plus actuelles. En interview, Jay-Jay nous confie aussi le secret de son éclectisme, du constant renouvellement de sa musique : il déteste détester. De la même manière qu'il avait appelé son dernier album Cockroach, pour tâcher d'aimer ce pauvre parasite malaimé qu'est le cafard, Jay-Jay se refuse à nier toute une palette de couleur, de thématiques, juste parce qu'il n'aime pas ça. Alors il se fait violence, s'aventure du côté de son désamour pour y faire naître de la beauté, de l'intime. Oui, ça paraît un peu idyllique, voire naïf comme démarche, mais qu'est-ce qu'on peut avoir à y redire, c'est un des moteurs principaux du Suédois. Et ça marche : vous avez déjà entendu un mauvais disque de Jay-Jay Johanson, vous ?
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
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