Scott Walker
Bish Bosch |
Label :
4AD |
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Si j'avais à chroniquer les deux avant-derniers albums de Scott Walker, Tilt (1996) et The Drift (2005), la note chatouillerait vraisemblablement les cimes. Hermétiques, énigmatiques, uniques, cathartiques, les derniers-nés du chanteur Brelophile laissant une impression très forte, voire violente qui, excusez le poncif, ne peuvent pas laisser indifférent. Bish Bosch, dernier pavé dans la mare en date, pourrait être décrit pareillement. Exception faite que je dois en parler aujourd'hui et que c'est au ras des pâquerettes qu'on pourra trouver sa note.
Pourtant ce Bish Bosch n'est pas si différent de ses deux prédécesseurs, on reconnait la patte du "nouveau Walker" qui depuis les années 90 a réinventé son style en ne gardant de sa prime carrière (les Walker Brothers, la quadrilogie Scott) que son vibrato et un sens théâtral exacerbé - héritage certain de Brel. Pour se figurer à quoi peut ressembler Tilt ou The Drift, il faut s'imaginer un désert sombre, aride, qui ressemblerait à une mappemonde de Final Fantasy ayant tourné au cauchemar ; on y erre, craignant pour sa peau, sentant la menace sonore suspendue au dessus de son crâne telle l'épée de Damoclès, en étant soumis à l'arbitraire des rencontres aléatoires - où n'importe quel créature peut vous bondir au tympan. Impossible de prendre des repères fiables, car si une mélodie vient pointer le bout de son timbre vous pouvez être sur que ce n'est qu'un doux piège qui vous entrainera plus profond encore dans la folie. C'est bien tout cela, ces ressentis que je peux que retranscrire par de maladroites métaphores, qui rend ces disques exceptionnels, effrayants et surtout formidablement culottés.
Le drame, c'est qu'en 2012 Walker semble avoir confondu "culotté" avec "déculotté". Marchant sur le fil depuis longtemps, le chanteur a cédé à la vulgarité facile. Dans Bish Bosch, impossible de ne pas croire à une farce. L'aridité musicale, sonore est poussée à son paroxysme, mais finis les paysages inquiétants ; tout ce qu'on peut entendre désormais c'est Walker vocaliser dans le vide, des parties de guitare autistes, des percus "originales" (des mecs qui tapent sur des jambons, authentique)... Et lorsque Walker s'exprime finalement, c'est parfois atterrant ; ça donne dans le délire scato pur et simple. Il faut l'entendre, surtout dans un tel environnement sonore, c'est quelque chose... Mais alors une fois, pas deux. Si j'étais mauvaise langue, je parlerais de régression sénile au vu de l'âge bien avancé du Scott, mais je préfère croire que ce n'était qu'une façon de se moquer tout le monde. De lui-même en parodiant sa propre formule, de son public en prenant nos attentes à contrepied, comme pour mettre les critiques au défi de le prendre au sérieux et de porter Bish Bosch aux nues comme un exemple de subversion.
D'ailleurs, à en juger certains papiers parus à l'époque, Great Scott a plutôt réussi son coup. Mais je préfère m'arrêter là avant de me compromettre dans des procès d'intention stériles. Je finirai simplement en disant, parce que aussi je suis un gros rigolo, que là où certains crient-au-génie, moi je reste froid.
Pourtant ce Bish Bosch n'est pas si différent de ses deux prédécesseurs, on reconnait la patte du "nouveau Walker" qui depuis les années 90 a réinventé son style en ne gardant de sa prime carrière (les Walker Brothers, la quadrilogie Scott) que son vibrato et un sens théâtral exacerbé - héritage certain de Brel. Pour se figurer à quoi peut ressembler Tilt ou The Drift, il faut s'imaginer un désert sombre, aride, qui ressemblerait à une mappemonde de Final Fantasy ayant tourné au cauchemar ; on y erre, craignant pour sa peau, sentant la menace sonore suspendue au dessus de son crâne telle l'épée de Damoclès, en étant soumis à l'arbitraire des rencontres aléatoires - où n'importe quel créature peut vous bondir au tympan. Impossible de prendre des repères fiables, car si une mélodie vient pointer le bout de son timbre vous pouvez être sur que ce n'est qu'un doux piège qui vous entrainera plus profond encore dans la folie. C'est bien tout cela, ces ressentis que je peux que retranscrire par de maladroites métaphores, qui rend ces disques exceptionnels, effrayants et surtout formidablement culottés.
Le drame, c'est qu'en 2012 Walker semble avoir confondu "culotté" avec "déculotté". Marchant sur le fil depuis longtemps, le chanteur a cédé à la vulgarité facile. Dans Bish Bosch, impossible de ne pas croire à une farce. L'aridité musicale, sonore est poussée à son paroxysme, mais finis les paysages inquiétants ; tout ce qu'on peut entendre désormais c'est Walker vocaliser dans le vide, des parties de guitare autistes, des percus "originales" (des mecs qui tapent sur des jambons, authentique)... Et lorsque Walker s'exprime finalement, c'est parfois atterrant ; ça donne dans le délire scato pur et simple. Il faut l'entendre, surtout dans un tel environnement sonore, c'est quelque chose... Mais alors une fois, pas deux. Si j'étais mauvaise langue, je parlerais de régression sénile au vu de l'âge bien avancé du Scott, mais je préfère croire que ce n'était qu'une façon de se moquer tout le monde. De lui-même en parodiant sa propre formule, de son public en prenant nos attentes à contrepied, comme pour mettre les critiques au défi de le prendre au sérieux et de porter Bish Bosch aux nues comme un exemple de subversion.
D'ailleurs, à en juger certains papiers parus à l'époque, Great Scott a plutôt réussi son coup. Mais je préfère m'arrêter là avant de me compromettre dans des procès d'intention stériles. Je finirai simplement en disant, parce que aussi je suis un gros rigolo, que là où certains crient-au-génie, moi je reste froid.
Nul 3/20 | par X_Wazoo |
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