Lysistrata

LIBOURNE [Parc De L'Épinette - Festival Invasion De Lucanes] - samedi 26 mai 2018

 Lysistrata
Samedi 26 mai 2018. Dixième édition du sympathique festival "Invasion de Lucanes" à Libourne. Théo Guéneau (guitare/chant), Max Roy (basse/chant) et Ben Amos Cooper (batterie/chant) alias Lysistrata jouent ce soir au Parc de l'Épinette à 22h20. C'est à environ 500 mètres de chez moi, ça doit se passer sous un grand chapiteau, juste à côté des jeux pour enfants où j'emmène mes gosses, au moins 1 fois par semaine. Un cadre bien sympa donc, familial et familier en ce qui me concerne, protégé par un magnifique platane dont la taille me laisse penser qu'il a peut-être croisé Aliénor D'Aquitaine ou Charles VII dans sa jeunesse.

Je n'ai jamais vu Lysistrata en concert. Ils sont signés sur mon label préféré Vicious Circle, leur premier album The Thread est une petite merveille et les captations live aperçues sur YouTube me donnent l'eau à la bouche...En bref, tout me plait chez ce jeune groupe originaire de Saintes. Leur style musical, tout en tension et émotion, alternant passages calmes et tempêtes sonores rappelle le meilleur du post rock de Explosions in the sky, Mogwai et The Evpatoria Report ou les plus grands groupe noise-hardcore des 90's tels que Refused, At the Drive In, Sonic Youth, Fugazi ou Unwound.

Petit hic à quelques heures du concert, il pleut des cordes, des grêlons ravagent les vignes à quelques kilomètres de Libourne et le Parc de l'Épinette a dû être fermé 2 heures durant le début d'après-midi. Le festival a craint l'annulation mais il n'en sera rien. Pas de grêle en vue, juste de la pluie, de la pluie et...de la pluie qui n'empêchera pas les nombreux habitués du festival de venir dans une joyeuse ambiance festive. Ouf !

21h25 : Mon périple commence. Je m'extirpe du canapé, laisse Zinedine Zidane gagner sa troisième Ligue des Champions et départ de la maison à pied (oui il y a Real de Madrid-Liverpool ce soir-là !).

21h30 : Arrivée sur les lieux du festival, bilan carbone : 0 donc...je prends ¼ d'heure pour me remettre de ce long trajet, le temps de boire une bière sous abri.

21h45 : concert de Dirty Zoo sous le chapiteau, un groupe de rap lignée "Svinkels en 2018" on va dire (ils avaient ouvert pour eux quelques mois auparavant) bien cool, bien chaud, dans une ambiance bouillonnante. Bonne mise en jambe !

22h30. Les saintais installent leur matériel rapidement sous la houlette de leur ingé son, Michel Toledo également producteur de leur album et souvent mis en avant dans les articles sur le groupe pour sa patte stratégique dans la réussite Lysistrata.

23h00. Quasiment pas de retard malgré le fait que certains groupes ont dû être reprogrammés en début de soirée. Bravo aux bénévoles de Lucane Music pour leur super taf, c'est parti pour Lysistrata !
Premier constat, le trio est très rapproché, quasiment collé sur scène. Théo à la guitare et Max à la basse jouent et chantent micros "de profil" au public et face à face tandis que, Ben, le batteur qui assure les passages chantés/parlés se trouve juste derrière. Le son est fort mais exceptionnellement bon, chose essentielle pour ce style de musique (je me souviens d'un concert d'At the drive In avec un son pourri. Ça casse le mythe, croyez-moi...). Les jeux de lumières sont particulièrement efficaces aussi avec notamment un passage sous les stroboscopes épique.
Visuellement, on distingue mystérieusement assez peu les 3 garçons aux physiques filiformes...comme s'ils ne formaient qu'un finalement pour délivrer ce torrent d'émotion qu'est leur musique. Ils sont complètement habités par leurs instruments, ce qui suffit à faire de leur jeu de scène une réussite. Ils communiquent assez peu avec le public mais le font bien...sortant de leurs transes quelques minutes entre les morceaux, tout en simplicité, sourires et gentillesse pour des "merci Libourne, on est contents d'être ici".
Les ¾ d'heure de concert passeront trop vite entre des passages hallucinants de beauté noise et des moments plus atmosphériques mais tout aussi intenses. Le public est en transe, pogote, danse. J'entends entre les titres des voix à l'accent libournais dire : "oh putain cette fessée !" ou autres "eh beh bordel c'est la claque sonore du siècle !".
Aucune lassitude, pas un morceau ne se distingue plus qu'un autre, ils sont tous bons. La batterie est puissante et chirurgicale, la basse hypnotique et vrombissante tandis que la guitare de Théo nous offre un panel de sonorités dignes de Duane Denison ou Thurston Moore. Les passages chantés, hurlés, parlés sont dans la pure tradition noise au service des sensations que procurent leurs morceaux.
Le groupe joue une bonne partie des titres de The Thread dont les tubesques, "Asylum", "Answer Machine" ou le titre éponyme qui prennent une toute autre dimension sur scène. Le dernier morceau "The Boy Who Stood Above The Earth" rappelle le meilleur de Microfilm avec le sample d'une voix (Un film ?) pour une apocalypse sonore finale. Les lumières se rallument, il faut quelques secondes au public pour se remettre et applaudir chaleureusement les 3 musiciens.
On a eu les Dogs, les Thugs, Virago, Condense, Drive Blind, Portobello Bones, Sleepers, Burning Heads, Frustration, etc...et aujourd'hui, sortis de nulle part voici donc Lysistrata. Quelle claque ! Putain j'ai kiffé...

00h15 : je quitte le Parc de l'Épinette

00h20 : je suis chez moi et reprends le match que j'avais mis sur pause...tiens Gareth Bale a imité Olivier Atton...drôle de soirée "back to the 90's".


Exceptionnel ! !   19/20
par X_Plock


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