Adam Green
Engine Of Paradise |
Label :
30th Century |
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Mieux que le sexe, l'annonce d'un nouvel album d'Adam Green. Après plusieurs années d'art contemporain, de films expérimentaux et de messages Twitter énigmatiques, c'est tombé au printemps et ma vie de fan a défilé devant mes yeux : les accords des Moldy Peaches comme seul bagage d'apprenti guitariste. Friends of Mine en boucle dans mon walkman sur la route du collège. Gemstones qu'on fait écouter aux potes comme un missionnaire en quête de convertis. Jacket Full of Danger révisé avant le premier concert en première partie des Strokes. Sixes & Sevens téléchargé illégalement sur un ordi du CDI au lycée. Minor Love comme bande-son des années d'étudiant looser. La tournée Aladdin suivi comme un roadie rouleur de joints. Et enfin, le 10ème album que j'avais fini par ne plus espérer et qui est donc une belle surprise, une récompense méritée.
C'est la chanson-titre qui ouvre le bal et raccroche d'emblée les wagons de la thématique "amour courtois à l'époque de la technologie vulgaire" qui anime le troubadour hipster avant l'heure depuis son premier album. "Engine of Paradise" est la suite direct de "Computer Show" et rêve d'un eden imprimé en 3D. La mécanique des sentiments, Adam continue de la disséquer avec son sens de la formule habituelle (somebody better drag my soul / through the eye of an atomic hole) mais, à mesure qu'il vieillit, se marie et devient papa, la nonchalance laisse la place à une forme de bienveillance. L'enfant terrible déguisé en Peter Pan qui ironise sur tout ce qui bouge est aujourd'hui le bon bougre casanier et repenti qui délivre ses bons conseils sans forcer le trait, sans faire le bouffon. Pas mâture mais plus réfléchi, pas vieux sage mais clown décontracté.
Musicalement, on oublie le dépouillement de Garfield, les cuivres de Sixes & Sevens et les expérimentations en tout genres pour retrouver les cordes de Friends of Mine, la pierre angulaire auquel Adam se raccroche, même si sa discographie ne résume pas à ça. Mais que voulez-vous ? Dylan a pondu Blood on the Tracks, Oh Mercy et Time Out of Mind et on ne lui parle encore que de Blonde on Blonde. Et réentendre les arrangements dans lesquels baignaient les classiques "Bluebirds" ou "Prince's Bed" est un délice pour les oreilles nostalgiques et ça en dit long sur l'évolution du songwriter et de ses préoccupations. Cette fois, il y a moins d'extravagance, seulement neuf morceaux et une voix de miel intacte qui n'a même plus besoin d'en rajouter pour tutoyer le Elvis de Vegas. Mais quitte à faire du name-dropping, citons plutôt Harry Nilsson tant le compagnon de beuverie de Lennon semble veiller sur cette petite entreprise soyeuse.
Mise à part une "Gather Round" qui sonne comme une chute de studio de Jacket Full of Danger, on a donc le miroir vieillissant de Friends of Mine quinze ans après les faits. Et Adam coche une à une les cases du contrat qu'on avait signé à l'époque : la balade tragicomique qu'on gravera pour toujours dans notre disque dur interne ("Freeze My Love"), la complainte qu'on fredonne après la fermeture du bar sauf qu'on a troqué bière tiède et whisky-coca pour champagne et pinard ("Wines and Champagnes"), la confession acoustique d'impuissance sublime ("Escape From This Brain"), la réécriture de Lee Hazlewood sans Binkie Shapiro pour jouer Nancy ("Cheating on a Stranger"), la sucrerie sautillante qu'on utilisera pour appâter les non-croyants ("Let's Get Moving") et le final en grande pompes qui promet rédemption et nouveaux départs (la grandiose "Reasonable Man" en duo avec Florence Welch).
Une écoute laisse sur la faim mais plus on s'y replonge, plus les délicatesses d'Engine of Paraside sont savoureuses. Certains regretteront le côté imprévisible, touche à tout et joueur d'Adam. Comme je vieillis aussi, je me vautre avec plaisir dans cette démonstration baroque en compagnie d'un vieil ami qu'il est doux de retrouver et sait toujours écrire d'excellentes chansons. C'est pour ça qu'on est là, non ?
C'est la chanson-titre qui ouvre le bal et raccroche d'emblée les wagons de la thématique "amour courtois à l'époque de la technologie vulgaire" qui anime le troubadour hipster avant l'heure depuis son premier album. "Engine of Paradise" est la suite direct de "Computer Show" et rêve d'un eden imprimé en 3D. La mécanique des sentiments, Adam continue de la disséquer avec son sens de la formule habituelle (somebody better drag my soul / through the eye of an atomic hole) mais, à mesure qu'il vieillit, se marie et devient papa, la nonchalance laisse la place à une forme de bienveillance. L'enfant terrible déguisé en Peter Pan qui ironise sur tout ce qui bouge est aujourd'hui le bon bougre casanier et repenti qui délivre ses bons conseils sans forcer le trait, sans faire le bouffon. Pas mâture mais plus réfléchi, pas vieux sage mais clown décontracté.
Musicalement, on oublie le dépouillement de Garfield, les cuivres de Sixes & Sevens et les expérimentations en tout genres pour retrouver les cordes de Friends of Mine, la pierre angulaire auquel Adam se raccroche, même si sa discographie ne résume pas à ça. Mais que voulez-vous ? Dylan a pondu Blood on the Tracks, Oh Mercy et Time Out of Mind et on ne lui parle encore que de Blonde on Blonde. Et réentendre les arrangements dans lesquels baignaient les classiques "Bluebirds" ou "Prince's Bed" est un délice pour les oreilles nostalgiques et ça en dit long sur l'évolution du songwriter et de ses préoccupations. Cette fois, il y a moins d'extravagance, seulement neuf morceaux et une voix de miel intacte qui n'a même plus besoin d'en rajouter pour tutoyer le Elvis de Vegas. Mais quitte à faire du name-dropping, citons plutôt Harry Nilsson tant le compagnon de beuverie de Lennon semble veiller sur cette petite entreprise soyeuse.
Mise à part une "Gather Round" qui sonne comme une chute de studio de Jacket Full of Danger, on a donc le miroir vieillissant de Friends of Mine quinze ans après les faits. Et Adam coche une à une les cases du contrat qu'on avait signé à l'époque : la balade tragicomique qu'on gravera pour toujours dans notre disque dur interne ("Freeze My Love"), la complainte qu'on fredonne après la fermeture du bar sauf qu'on a troqué bière tiède et whisky-coca pour champagne et pinard ("Wines and Champagnes"), la confession acoustique d'impuissance sublime ("Escape From This Brain"), la réécriture de Lee Hazlewood sans Binkie Shapiro pour jouer Nancy ("Cheating on a Stranger"), la sucrerie sautillante qu'on utilisera pour appâter les non-croyants ("Let's Get Moving") et le final en grande pompes qui promet rédemption et nouveaux départs (la grandiose "Reasonable Man" en duo avec Florence Welch).
Une écoute laisse sur la faim mais plus on s'y replonge, plus les délicatesses d'Engine of Paraside sont savoureuses. Certains regretteront le côté imprévisible, touche à tout et joueur d'Adam. Comme je vieillis aussi, je me vautre avec plaisir dans cette démonstration baroque en compagnie d'un vieil ami qu'il est doux de retrouver et sait toujours écrire d'excellentes chansons. C'est pour ça qu'on est là, non ?
Très bon 16/20 | par Dylanesque |
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