New Order
Republic |
Label :
London |
||||
Il ne manquait plus que celui-là pour que la discographie de New Order soit à jour dans ces pages. Un album que l'on peut comparer à Superstition de Siouxsie and the Banshees, produit lui aussi par Stephen Hague et qui témoigne tout autant de la fin d'un monde.
Et on est en droit de se demander pourquoi ces deux groupes géniaux sont allés se tirer une balle dans le pied en choisissant un tel producteur. Bien entendu, ils avaient le droit de tenter quelque chose de plus "mainstream", mais de leur part, on attendait de grandes chansons même si elles étaient policées.
Les deux se sont véritablement cassés la gueule...
Republic sort en 1993, Nevermind de Nirvana avait changé la donne deux ans plus tôt, et il était normal que New Order ne soit plus le point focal d'une jeunesse en attente de sensations musicales fortes. La Dance et la Techno se popularisaient également, et New Order, déjà plus tout jeune, ne pouvait plus attirer les jeunes, les vrais de 1993.
Seulement l'échec (relatif) de Republic n'est pas à mettre totalement sur le dos des modes qui changent. C'est aussi à cause de problèmes internes minant le groupe : problèmes financiers, faillite de Factory, chute des symboles de l'Hacienda et du Madchester... New Order s'est vu obligé d'enregistrer un album pour sauver ce qui restait, mais à l'écoute de Republic on sent qu'il n'en avait pas vraiment envie...
Pour ces raisons, Republic paraît forcé, poussif sur certains morceaux et manquant cruellement du lien magique qui unissait ces 4 fabuleux éléments que furent Bernard Sumner, Peter Hook, Stephen Morris et Gillian Gilbert. Qui plus est, on ressent un spleen très négatif, qui n'a pas la force de se sublimer (comme sur Low Life), une mélancolie "traîne les pieds", pantouflarde, comme un Dimanche ennuyeux par temps gris où l'on peste parce que ça nous fait autant chier qu'on soit Dimanche aujourd'hui et Lundi demain. Bref New Order se regarde tomber sans réagir, alors qu'il a de bonnes idées.
Musicalement, ça se traduit par une production très moyenne (Stephen Hague avait fait une production honnête sur "True Faith", mais c'était vraiment pas la peine de le rappeler), avec une utilisation de la Dance beaucoup moins pertinente que sur Technique, bien qu'on puisse noter le travail toujours impeccable de Stephen Morris sur les rythmiques. Et puis, où est Peter Hook ? Sa basse ne se fait entendre que trop discrètement, et la magie de ce groupe y perd énormément.
Pourtant, avec tout l'amour qu'on peut porter à ce groupe, on se dit que ça aurait pu être génial : "Regret" est une pop-song parfaite pour les radios, avec cette amertume et cette sincérité qui fait que New Order est un groupe avant tout touchant, capable du meilleur en enchaînant 4 notes ou accords maladroitement, ou par accident mais qui vous touche droit au cœur. "World" aurait été une putain de chanson Dance sans ses chœurs à la con et une production plus précise. On se croirait à moitié dans "Megaman" sur Super Nintendo avec certains sons très kitsch, qui ont leur charme sur console de jeu mais moins dans ces circonstances. "Ruined In A Day" transcrit cette idée de groupe ruiné, et les cloches qu'on entend discrètement sur le long du morceau sonnent le glas à la fois d'un groupe et d'une époque. La production prend le morceau trop à la légère alors que la chanson méritait plus de solennité et de profondeur dans son traitement. Pour le coup, c'est vraiment amer et on n'entend pas Peter Hook. "Spooky" est trop robotique pour que le côté essentiellement humain de New Order prenne vie, et parce que New Order joue ici en mode automatique, le refrain Dance enterre évidemment toutes les compil "Dance Machine" et "Top DJ" du monde mais a vieilli comme elles. "Everyone Everywhere" est peut être le sommet sensible et mélancolique du disque, avec ses solos de guitares croisées et déchirants à la Sumner/Gilbert. Malheureusement Peter Hook n'est que trop peu entendu (légèrement sur la fin), et on échappe ainsi a une certaine idée de la beauté pop.
Déjà pas évidente sur les cinq premières pistes, l'écoute devient de plus en plus ardue par la suite : "Young Offender" se veut stylé comme disent les djeuns, mais reste très cliché du son de 1993. "Liar" aurait pu être très mignonne, mais les chœurs à la con (qui a eu cette idée de merde !?) gâchent l'ensemble ; le break pourtant si adolescent, avec ses nappes de synthés sensibles se font cracher à la gueule par d'autres qu'on croirait jouées par Charlie Oleg de Tournez Manège !, la guitare délicate de Sumner et la basse conquérante de Hook, qui autrefois fusionnaient pour des moments inoubliables font chambre à part, comme si une partie appelait l'autre sans jamais se répondre. "Chemical" n'est pas malhonnête au niveau des idées, mais est finalement plutôt inconsistant et Bernard Sumner n'a pas l'air du tout dedans. "Times Change" est un croisement de Pet Shop Boys et d'Enigma ! On peut accepter la première influence mais pas la deuxième ! New Order a voulu faire dans le Rap mystique, ça fait mal... "Special" et son intro cristalline laissaient deviner le meilleur mais il n'y aura pas l'état de grâce attendu. "Avalanche" est un final instrumental, qui ne sert à rien, qui veut apporter une touche world sans qu'on en comprenne l'utilité.
On ne peut pas en vouloir à New Order (parce que c'est un groupe génial quand même...), mais Republic est un disque plus subi que voulu par ses créateurs, et comme le public de New Order lui est fidèle, on a également la même sensation. Le spleen tout de même palpable sur le disque trouvera une meilleure incarnation sur Low Life aux yeux et oreilles des fans, et l'utilisation de la Dance était bien plus efficace et sexy sur Technique. Alors on se dit que si Republic n'était pas chroniqué ici, c'était peut être pas pour rien. Mais il faut quand même l'avoir écouté quand on est attaché à ce groupe et à son histoire.
Et on est en droit de se demander pourquoi ces deux groupes géniaux sont allés se tirer une balle dans le pied en choisissant un tel producteur. Bien entendu, ils avaient le droit de tenter quelque chose de plus "mainstream", mais de leur part, on attendait de grandes chansons même si elles étaient policées.
Les deux se sont véritablement cassés la gueule...
Republic sort en 1993, Nevermind de Nirvana avait changé la donne deux ans plus tôt, et il était normal que New Order ne soit plus le point focal d'une jeunesse en attente de sensations musicales fortes. La Dance et la Techno se popularisaient également, et New Order, déjà plus tout jeune, ne pouvait plus attirer les jeunes, les vrais de 1993.
Seulement l'échec (relatif) de Republic n'est pas à mettre totalement sur le dos des modes qui changent. C'est aussi à cause de problèmes internes minant le groupe : problèmes financiers, faillite de Factory, chute des symboles de l'Hacienda et du Madchester... New Order s'est vu obligé d'enregistrer un album pour sauver ce qui restait, mais à l'écoute de Republic on sent qu'il n'en avait pas vraiment envie...
Pour ces raisons, Republic paraît forcé, poussif sur certains morceaux et manquant cruellement du lien magique qui unissait ces 4 fabuleux éléments que furent Bernard Sumner, Peter Hook, Stephen Morris et Gillian Gilbert. Qui plus est, on ressent un spleen très négatif, qui n'a pas la force de se sublimer (comme sur Low Life), une mélancolie "traîne les pieds", pantouflarde, comme un Dimanche ennuyeux par temps gris où l'on peste parce que ça nous fait autant chier qu'on soit Dimanche aujourd'hui et Lundi demain. Bref New Order se regarde tomber sans réagir, alors qu'il a de bonnes idées.
Musicalement, ça se traduit par une production très moyenne (Stephen Hague avait fait une production honnête sur "True Faith", mais c'était vraiment pas la peine de le rappeler), avec une utilisation de la Dance beaucoup moins pertinente que sur Technique, bien qu'on puisse noter le travail toujours impeccable de Stephen Morris sur les rythmiques. Et puis, où est Peter Hook ? Sa basse ne se fait entendre que trop discrètement, et la magie de ce groupe y perd énormément.
Pourtant, avec tout l'amour qu'on peut porter à ce groupe, on se dit que ça aurait pu être génial : "Regret" est une pop-song parfaite pour les radios, avec cette amertume et cette sincérité qui fait que New Order est un groupe avant tout touchant, capable du meilleur en enchaînant 4 notes ou accords maladroitement, ou par accident mais qui vous touche droit au cœur. "World" aurait été une putain de chanson Dance sans ses chœurs à la con et une production plus précise. On se croirait à moitié dans "Megaman" sur Super Nintendo avec certains sons très kitsch, qui ont leur charme sur console de jeu mais moins dans ces circonstances. "Ruined In A Day" transcrit cette idée de groupe ruiné, et les cloches qu'on entend discrètement sur le long du morceau sonnent le glas à la fois d'un groupe et d'une époque. La production prend le morceau trop à la légère alors que la chanson méritait plus de solennité et de profondeur dans son traitement. Pour le coup, c'est vraiment amer et on n'entend pas Peter Hook. "Spooky" est trop robotique pour que le côté essentiellement humain de New Order prenne vie, et parce que New Order joue ici en mode automatique, le refrain Dance enterre évidemment toutes les compil "Dance Machine" et "Top DJ" du monde mais a vieilli comme elles. "Everyone Everywhere" est peut être le sommet sensible et mélancolique du disque, avec ses solos de guitares croisées et déchirants à la Sumner/Gilbert. Malheureusement Peter Hook n'est que trop peu entendu (légèrement sur la fin), et on échappe ainsi a une certaine idée de la beauté pop.
Déjà pas évidente sur les cinq premières pistes, l'écoute devient de plus en plus ardue par la suite : "Young Offender" se veut stylé comme disent les djeuns, mais reste très cliché du son de 1993. "Liar" aurait pu être très mignonne, mais les chœurs à la con (qui a eu cette idée de merde !?) gâchent l'ensemble ; le break pourtant si adolescent, avec ses nappes de synthés sensibles se font cracher à la gueule par d'autres qu'on croirait jouées par Charlie Oleg de Tournez Manège !, la guitare délicate de Sumner et la basse conquérante de Hook, qui autrefois fusionnaient pour des moments inoubliables font chambre à part, comme si une partie appelait l'autre sans jamais se répondre. "Chemical" n'est pas malhonnête au niveau des idées, mais est finalement plutôt inconsistant et Bernard Sumner n'a pas l'air du tout dedans. "Times Change" est un croisement de Pet Shop Boys et d'Enigma ! On peut accepter la première influence mais pas la deuxième ! New Order a voulu faire dans le Rap mystique, ça fait mal... "Special" et son intro cristalline laissaient deviner le meilleur mais il n'y aura pas l'état de grâce attendu. "Avalanche" est un final instrumental, qui ne sert à rien, qui veut apporter une touche world sans qu'on en comprenne l'utilité.
On ne peut pas en vouloir à New Order (parce que c'est un groupe génial quand même...), mais Republic est un disque plus subi que voulu par ses créateurs, et comme le public de New Order lui est fidèle, on a également la même sensation. Le spleen tout de même palpable sur le disque trouvera une meilleure incarnation sur Low Life aux yeux et oreilles des fans, et l'utilisation de la Dance était bien plus efficace et sexy sur Technique. Alors on se dit que si Republic n'était pas chroniqué ici, c'était peut être pas pour rien. Mais il faut quand même l'avoir écouté quand on est attaché à ce groupe et à son histoire.
Pas terrible 9/20 | par Machete83 |
Posté le 24 août 2019 à 01 h 23 |
On est en 1993. New Order a passé brillamment la transition de Joy Division vers une nouvelle identité qui lui est propre en l'espace d'une dizaine d'années.
Seulement voilà, Factory s'écoule, les tensions entre les membres du groupe se font de plus en plus ressentir (hormis pour le couple Morris/Gilbert "The Other Two") et l'effet des acides de la période Ibiza retombe pendant que de nouveaux courants musicaux émergent comme le grunge et Kurt Cobain. Bref les gens veulent autre chose.
Republic est donc un titre bien ironique, chacun des membres de New Order enregistre sa partition de son côté évitant soigneusement les autres pour des sessions qui ont du être particulièrement "poilantes".
Ambiance donc pour l'album le plus détesté du quatuor et qui marqua peu de temps après leur première rupture. Paradoxalement c'est avec cet album et les singles de Substance que je commençais à apprécier davantage le groupe. Tout n'est pas à jeter dedans loin s'en faut.
Les premiers titres donnent même une belle image : "Regret" est un single de qualité au riff entétant pendant que "World" et "Spooky" relancent la mécanique de Technique. On y retrouve la fameuse basse de Hooky reconnaissable entre tous.
Dansant et mélancolique, "Everyone Everywhere" rappelle une amourette de vacances d'été.
Mais comme un artisan bouche les trous à la truelle, des choeurs inutiles sont ajoutés ça et là ajoutant un peu de kitsch par ici et la production semble bien propre, le manque d'inspiration est palpable.
Mais ce qui gate véritablement l'ensemble c'est la face B avec son lot de chansons de remplissage comme "Young Offender", "Liar" et "Chemical". "Times Change" est sans aucun doute à ce jour encore le plus mauvais titre produit par New Order avec ses prétentions ecclésiastiques de curé défroqué. Il faudra véritablement peiner pour attendre "Special" pour relever le niveau mais la magie est rompue. Le dernier titre instrumental n'a effectivement pas d'autre fonction que de conclure l'album.
Les héros semblent fatigués, c'est aussi ce qui donne un léger charme à cet album pas vraiment réussi mais pas non plus aussi honteux qu'on le prétend. Un New Order de transition qui se laisse écouter en musique de fond en fin d'été mais dont les 5 premiers titres méritent d'être estimés.
Malgré tout on se gardera bien de conseiller cet album pour qui aimerait découvrir les Mancuniens pour une première écoute.
Seulement voilà, Factory s'écoule, les tensions entre les membres du groupe se font de plus en plus ressentir (hormis pour le couple Morris/Gilbert "The Other Two") et l'effet des acides de la période Ibiza retombe pendant que de nouveaux courants musicaux émergent comme le grunge et Kurt Cobain. Bref les gens veulent autre chose.
Republic est donc un titre bien ironique, chacun des membres de New Order enregistre sa partition de son côté évitant soigneusement les autres pour des sessions qui ont du être particulièrement "poilantes".
Ambiance donc pour l'album le plus détesté du quatuor et qui marqua peu de temps après leur première rupture. Paradoxalement c'est avec cet album et les singles de Substance que je commençais à apprécier davantage le groupe. Tout n'est pas à jeter dedans loin s'en faut.
Les premiers titres donnent même une belle image : "Regret" est un single de qualité au riff entétant pendant que "World" et "Spooky" relancent la mécanique de Technique. On y retrouve la fameuse basse de Hooky reconnaissable entre tous.
Dansant et mélancolique, "Everyone Everywhere" rappelle une amourette de vacances d'été.
Mais comme un artisan bouche les trous à la truelle, des choeurs inutiles sont ajoutés ça et là ajoutant un peu de kitsch par ici et la production semble bien propre, le manque d'inspiration est palpable.
Mais ce qui gate véritablement l'ensemble c'est la face B avec son lot de chansons de remplissage comme "Young Offender", "Liar" et "Chemical". "Times Change" est sans aucun doute à ce jour encore le plus mauvais titre produit par New Order avec ses prétentions ecclésiastiques de curé défroqué. Il faudra véritablement peiner pour attendre "Special" pour relever le niveau mais la magie est rompue. Le dernier titre instrumental n'a effectivement pas d'autre fonction que de conclure l'album.
Les héros semblent fatigués, c'est aussi ce qui donne un léger charme à cet album pas vraiment réussi mais pas non plus aussi honteux qu'on le prétend. Un New Order de transition qui se laisse écouter en musique de fond en fin d'été mais dont les 5 premiers titres méritent d'être estimés.
Malgré tout on se gardera bien de conseiller cet album pour qui aimerait découvrir les Mancuniens pour une première écoute.
Pas mal 13/20
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