New Order
Blue Monday |
Label :
Factory |
||||
A sa sortie, ce single fit l'effet d'une bombe.
Une véritable déflagration hallucinogène. Un choc, un vrai, comme rare on en a connu. Et qui secoua le monde du rock et pour toujours.
Avec "Blue Monday", c'est toute une Angleterre qui allait découvrir éberlué un mix improbable entre le monde électrique et le monde electro. Un titre foudroyant, branché sur 20 000 Volts, aux rythmes captivant et robotiques.
Pourtant rien n'était gagné d'avance. Comme quoi, il suffit parfois d'un petit rien pour que les révolutions esthétiques s'opèrent. Et pour rentrer dans la légende.
Car de l'histoire de ce maxi, il est difficile de distinguer ce qui relève du mythe ou de la réalité. Le microcosme de la Factory regorgeait d'anecdotes dont les imbrications facilitaient le passage de l'un à l'autre.
Après une premier album, pourtant excellent, mais trop dépendant du style de feu Joy Division, les anciens membres du groupe de Manchester dépriment et tournent en rond. Tony Wilson, encore sous le choc du suicide de Ian Curtis, délaisse la formation, et même la Factory, son bébé. Et comme toujours, ce sera Rob Greton, visionnaire de génie et homme de l'ombre, qui jouera les soigneurs. Attiré par les expériences et les sons nouveaux, il s'envole pour Londres et décide d'emmener le groupe dans ses bagages. Là-bas, les folles nuits des clubs ne les laisseront pas indifférent. Après avoir découvert l'electro naissant et les premières raves parties, ainsi que toutes les drogues qui vont avec, le groupe revient avec de nombreuses idées. Une orientation musicale novatrice qui allait changer la donne à beaucoup de choses. New Order prend le risque et transforme sa musique de chambre froide en hymnes artificielles. Le groupe troque ses guitares pour un son synthétique, plus touffus et hypnotiques. Fasciné par cette nouvelle façon de créer des séquences euphorisantes à l'aide de samples et de boucles, Bernard Summer et sa bande imagine employer les claviers de Gilian Gilbert et la basse de Peter Hook de la même façon. Blue Monday était né.
Seulement, comme souvent chez Factory, la diffusion allait frôler la catastrophe. Confiant le design de la pochette du single à Peter Saville, le génie, fan d'art contemporain et de pop art, Tony Wilson allait finir par pester contre les retards de ce dernier. Désireux de pousser au maximum l'aspect visuel et graphique de la pochette, Peter Saville finit par créer le single le plus cher de l'histoire : à chaque vente, le label perdrait ainsi près de 1 £ ! La faute à une pochette, qui ne fut pas pour rien dans la renommé du maxi : une enveloppe de vinyle découpée de façon à ressembler à une disquette d'informatique, objet incongru qui venait tout juste de percer chez les techniciens du son. Aucun titre, même pas le nom du groupe. Enfin si, puisque celui-ci était en fait contenu dans un code couleur, fait de carrés. Jamais un visuel n'aura été autant en adéquation avec son contenu. Un symbole du futur, misant sur la confrontation entre les différents support du son : le vinyle, le numérique et la musique elle-même. Bref un concept mystérieux et en avance sur son temps. Mais qui n'aidait en aucun cas à donner la moindre piste.
D'autant qu'il ne fallait pas trop compter sur la communication, la Factory ayant pour mot d'ordre de ne jamais s'accoquiner avec le monde de la publicité et des magasins de disque. Depuis ses débuts, les albums du label mancunien étaient appréciés de tous mais absents des moindres bacs ! Mais Tony Wilson n'en tient pas compte et décide toute de même de sortir ce single, pressentant la reconnaissance à venir, quitte à faire couler sa boite définitivement.
Et le résultat, inattendu : Blue Monday devient le maxi le plus vendu dans toute l'histoire de la pop music !
Comme quoi, c'est souvent avec les petites histoires que l'on fait les grandes.
L'aspect euphorisant et dansant de ce tube en puissance explose les charts comme les records, et ce uniquement par le biais du bouche à oreille !
Il faut dire qu'il y a de quoi : un rythme robotique, une basse prenante, un refrain prenant, un mélange subtil entre le sens de l'accroche de la pop anglaise et ce son hybride electro, des boites à rythme surexposées et accélérées, des voix trafiquées... Un véritable appel aux vices et à l'hédonisme, écrite sous forte dose de LSD. La mort du punk est contenue là, comme l'annonce d'une nouvelle ère, celle du chant des machines.
Par la suite New Order poursuivra dans cette veine, livrant des albums indispensables, prenant de plus en plus un statut énorme et devenant un des plus grands groupes des années 80. Quant à Rob Gretton, il effectuera de nombreux allers-retour Manchester-New-York pour en revenir avec de nouvelles inspirations, comme l'ouverture du club Hacienda, antre des raves parties et de l'ecstasy. Tony Wilson se verra vite assit sur un magot tel qui ne saura plus où donner de la tête et le dilapidera aussi sec, faute à son système de contrat utopiste (pas de signature et un partage 50-50 des bénéfices) et à des signatures mal gérées. Enfin, Martin Hammet, producteur de génie de Joy Division et du premier New Order, finira complètement largué par cette nouvelle vague et ne s'en remettra jamais.
Avec le recul, "Blue Monday" demeure le point de départ de cette mutation. Dans l'histoire du rock, désormais, il y a un avant et un après "Blue Monday". Et nul doute que sans ce single, la face du monde en aurait été changée. D'un point de vue phylogénétique, ce single est l'ancêtre commun de toute la techno, la house music, le rock-electro, les DJ's, la pop anglaise à venir et de bien d'autres choses encore. La chanson entrera même dans les annales, comme étant la seule chanson dance à avoir été classé parmi les dix plus influentes du siècle par le Q Magasine.
Et pourtant, ce trip géant ne possède rien de conventionnel. Ce qui n'était qu'une expérimentation est devenu un hit incontournable, roquette dance imparable qui secoue encore durablement les discothèques du monde entier. Une véritable légende, incontournable, indispensable et inaltérable !
Une véritable déflagration hallucinogène. Un choc, un vrai, comme rare on en a connu. Et qui secoua le monde du rock et pour toujours.
Avec "Blue Monday", c'est toute une Angleterre qui allait découvrir éberlué un mix improbable entre le monde électrique et le monde electro. Un titre foudroyant, branché sur 20 000 Volts, aux rythmes captivant et robotiques.
Pourtant rien n'était gagné d'avance. Comme quoi, il suffit parfois d'un petit rien pour que les révolutions esthétiques s'opèrent. Et pour rentrer dans la légende.
Car de l'histoire de ce maxi, il est difficile de distinguer ce qui relève du mythe ou de la réalité. Le microcosme de la Factory regorgeait d'anecdotes dont les imbrications facilitaient le passage de l'un à l'autre.
Après une premier album, pourtant excellent, mais trop dépendant du style de feu Joy Division, les anciens membres du groupe de Manchester dépriment et tournent en rond. Tony Wilson, encore sous le choc du suicide de Ian Curtis, délaisse la formation, et même la Factory, son bébé. Et comme toujours, ce sera Rob Greton, visionnaire de génie et homme de l'ombre, qui jouera les soigneurs. Attiré par les expériences et les sons nouveaux, il s'envole pour Londres et décide d'emmener le groupe dans ses bagages. Là-bas, les folles nuits des clubs ne les laisseront pas indifférent. Après avoir découvert l'electro naissant et les premières raves parties, ainsi que toutes les drogues qui vont avec, le groupe revient avec de nombreuses idées. Une orientation musicale novatrice qui allait changer la donne à beaucoup de choses. New Order prend le risque et transforme sa musique de chambre froide en hymnes artificielles. Le groupe troque ses guitares pour un son synthétique, plus touffus et hypnotiques. Fasciné par cette nouvelle façon de créer des séquences euphorisantes à l'aide de samples et de boucles, Bernard Summer et sa bande imagine employer les claviers de Gilian Gilbert et la basse de Peter Hook de la même façon. Blue Monday était né.
Seulement, comme souvent chez Factory, la diffusion allait frôler la catastrophe. Confiant le design de la pochette du single à Peter Saville, le génie, fan d'art contemporain et de pop art, Tony Wilson allait finir par pester contre les retards de ce dernier. Désireux de pousser au maximum l'aspect visuel et graphique de la pochette, Peter Saville finit par créer le single le plus cher de l'histoire : à chaque vente, le label perdrait ainsi près de 1 £ ! La faute à une pochette, qui ne fut pas pour rien dans la renommé du maxi : une enveloppe de vinyle découpée de façon à ressembler à une disquette d'informatique, objet incongru qui venait tout juste de percer chez les techniciens du son. Aucun titre, même pas le nom du groupe. Enfin si, puisque celui-ci était en fait contenu dans un code couleur, fait de carrés. Jamais un visuel n'aura été autant en adéquation avec son contenu. Un symbole du futur, misant sur la confrontation entre les différents support du son : le vinyle, le numérique et la musique elle-même. Bref un concept mystérieux et en avance sur son temps. Mais qui n'aidait en aucun cas à donner la moindre piste.
D'autant qu'il ne fallait pas trop compter sur la communication, la Factory ayant pour mot d'ordre de ne jamais s'accoquiner avec le monde de la publicité et des magasins de disque. Depuis ses débuts, les albums du label mancunien étaient appréciés de tous mais absents des moindres bacs ! Mais Tony Wilson n'en tient pas compte et décide toute de même de sortir ce single, pressentant la reconnaissance à venir, quitte à faire couler sa boite définitivement.
Et le résultat, inattendu : Blue Monday devient le maxi le plus vendu dans toute l'histoire de la pop music !
Comme quoi, c'est souvent avec les petites histoires que l'on fait les grandes.
L'aspect euphorisant et dansant de ce tube en puissance explose les charts comme les records, et ce uniquement par le biais du bouche à oreille !
Il faut dire qu'il y a de quoi : un rythme robotique, une basse prenante, un refrain prenant, un mélange subtil entre le sens de l'accroche de la pop anglaise et ce son hybride electro, des boites à rythme surexposées et accélérées, des voix trafiquées... Un véritable appel aux vices et à l'hédonisme, écrite sous forte dose de LSD. La mort du punk est contenue là, comme l'annonce d'une nouvelle ère, celle du chant des machines.
Par la suite New Order poursuivra dans cette veine, livrant des albums indispensables, prenant de plus en plus un statut énorme et devenant un des plus grands groupes des années 80. Quant à Rob Gretton, il effectuera de nombreux allers-retour Manchester-New-York pour en revenir avec de nouvelles inspirations, comme l'ouverture du club Hacienda, antre des raves parties et de l'ecstasy. Tony Wilson se verra vite assit sur un magot tel qui ne saura plus où donner de la tête et le dilapidera aussi sec, faute à son système de contrat utopiste (pas de signature et un partage 50-50 des bénéfices) et à des signatures mal gérées. Enfin, Martin Hammet, producteur de génie de Joy Division et du premier New Order, finira complètement largué par cette nouvelle vague et ne s'en remettra jamais.
Avec le recul, "Blue Monday" demeure le point de départ de cette mutation. Dans l'histoire du rock, désormais, il y a un avant et un après "Blue Monday". Et nul doute que sans ce single, la face du monde en aurait été changée. D'un point de vue phylogénétique, ce single est l'ancêtre commun de toute la techno, la house music, le rock-electro, les DJ's, la pop anglaise à venir et de bien d'autres choses encore. La chanson entrera même dans les annales, comme étant la seule chanson dance à avoir été classé parmi les dix plus influentes du siècle par le Q Magasine.
Et pourtant, ce trip géant ne possède rien de conventionnel. Ce qui n'était qu'une expérimentation est devenu un hit incontournable, roquette dance imparable qui secoue encore durablement les discothèques du monde entier. Une véritable légende, incontournable, indispensable et inaltérable !
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Vic |
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