Opeth
Orchid |
Label :
Candlelight |
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Elle est jolie cette pochette, ben oui c'est beau les orchidées, d'ailleurs "orchid" c'est un joli mot. Un peu moins quand on sait que ça vient du grec pour "testicule". Mais au moins ça ne trompe pas sur la marchandise : en 1995, Opeth n'est rien, et sort de nulle part en posant son sacré paquet sur la table. Formé en 1990, le groupe essuie d'innombrables changements de line-up, sort une demo pourrie d'à peine trois minutes en 1993 puis enregistre ce premier album en 1994 pour ne le sortir qu'un an plus tard. Tout sent le groupe de death metal de seconde zone, mais une seule écoute de ce Orchid suffit à se persuader du contraire : cet album est une énorme et monumentale tuerie, je ne vois pas comment le dire autrement. Pourtant il demande un peu de persévérance : combien de fois l'ai-je écouté en essayant de percer cette œuvre imposante et son impressionnant premier morceau ?
Ce "In the Mist She Was Standing" de quatorze minutes est un tour de force, un orage romantique et progressif aux riffs tournoyants qui débarque de manière tout à fait grandiloquente, guitares complètement en avant. L'ambiance s'assombrit soudainement et une voix claire se rapproche pour disparaître en murmures, insaisissable, dans un silence abrupt. Et elle revient en un growl rauque, puissant, parfait, rejointe par des riffs presque épiques et une batterie en folle cavalcade. Le morceau ne s'arrête jamais, ne se repose pas, ne reprend pas vraiment de thème particulier, il avance, toujours. Les sonorités, le rythme et l'atmosphère changent en permanence, sans mettre à mal la cohérence de l'ensemble. Le quart d'heure regorge de passages décoiffants : peu avant la quatrième minute, un sombre décompte à la guitare acoustique se met en place, vite écrasé par un assaut du puissant duo de guitares formé par Mikael Åkerfeldt et Peter Lindgren, dans un romantisme sucré, avant de partir en solo délirant. La basse se fait mieux entendre plus tard, lourde et métallique, semblant émerger du néant, formant un nouveau décompte au terme duquel les guitares reviennent enflammées, mais quittant bien vite l'optique power metal pour retrouver un certain sens du poignant et, oui, du tragique, toujours accompagnées des vocaux sombres et impérieux de Mikael et de la batterie en blast beats. C'est dans ces moments-là d'une grandeur démesurée qu'Opeth cesse de n'être qu'un groupe de metal doué pour devenir un simple putain de groupe génial. Un break heavy/power/gay survient ensuite, puis un thème revient inlassablement comme la houle malgré les intermèdes qui se succèdent. Un de ces derniers nous emmène d'ailleurs dans des ambiances médiévales avec une guitare acoustique très évocatrice, et ce malgré une basse ronde, chaude et 80's. L'électrique réapparaît alors dans un retour incandescent et vibrant, forcément pompeux, mais à ce niveau d'inspiration, de technique et de maestria, je crois que les Suédois peuvent se le permettre. Cette merveille de titre initial est ce qu'Orchid recèle de plus génial, incarnant selon moi ce que le metal progressif peut offrir de meilleur, tout en puissance et en changements sans verser dans la vanité ou le mielleux (bonjour Dream Theater), avec en plus cette fougue juvénile et, ne l'oublions pas, une production du tonnerre.
La suite ne faiblit pourtant quasiment pas, appliquant la même recette : guitares féroces marquées du sceau d'Iron Maiden (grosse influence d'Opeth), innombrables interludes folk et acoustiques, que ce soit à la guitare ou au piano, pour des atmosphères médiévales, chant principalement growl mais faisant parfois des incursions dans le clair pas encore aussi fade qu'il le deviendra ensuite, breaks à la basse très "prog 70's" (une autre influence qui s'affirmera plus par la suite). Les guitares se font la course en évitant le stérile, les morceaux regorgent de détails jouissifs tels cette basse gonflée et classieuse au possible qui signe d'une note le départ d'un moment de bravoure et de puissance époustouflant, ou ces cymbales finement frôlées après un orage instrumental. Les arpèges de guitares résonnent parfois seuls dans le noir, accueillant un chant sublime dans un dépouillement presque sacré, la tension monte alors que des échos électriques encerclent un passage folk, la batterie s'impatiente et annonce un assaut effréné avec une basse galopante encadrée de riffs acérés, puis break accompagné d'un "ouh !" tout à fait celtic frostien. Impossible de ne pas penser à des paysages scandinaves, leurs guerriers et tout le folklore qui va avec, Opeth fait plus qu'évoquer cela, mais sans jamais l'imposer, se délestant ainsi de toute lourdeur ou du kitsch imaginable qui plombe tant d'autres groupes.
L'interlude "Silhouette", intégralement au piano, triste, grave et baroque, en fait probablement un peu trop, mais ce glucose en résonance au rose flashy de la pochette conserve malgré tout une certaine sobriété, alors on pardonne, et on goûte. On attend l'explosion vers laquelle tend tout "Forest Of October" (au titre assez représentatif de l'ambiance de l'album : début d'automne, belvédères perdus dans les bois...), mais on tombe finalement sur des arpèges électriques lents, graves et solitaires, nimbés d'obscurité et résonnant dans le vide, glaçant le sang, et faisant frémir l'échine, alors que les autres instruments reviennent les uns après les autres, toujours plus puissants. Et ça continue... L'album dure plus d'une heure et demande un minimum d'endurance, d'autant que vers la fin on peut croire à un certain recyclage... Mais en fait non, il y a toujours quelque chose pour surprendre, l'inspiration des gusses est vraiment renversante, les compositions hallucinantes, et l'émotion toujours présente derrière ces riffs et solos en cascades. Une fois apprivoisé, Orchid devient complètement addictif : difficile de ne pas s'enthousiasmer à outrance face à des morceaux aussi incroyables.
Ce "In the Mist She Was Standing" de quatorze minutes est un tour de force, un orage romantique et progressif aux riffs tournoyants qui débarque de manière tout à fait grandiloquente, guitares complètement en avant. L'ambiance s'assombrit soudainement et une voix claire se rapproche pour disparaître en murmures, insaisissable, dans un silence abrupt. Et elle revient en un growl rauque, puissant, parfait, rejointe par des riffs presque épiques et une batterie en folle cavalcade. Le morceau ne s'arrête jamais, ne se repose pas, ne reprend pas vraiment de thème particulier, il avance, toujours. Les sonorités, le rythme et l'atmosphère changent en permanence, sans mettre à mal la cohérence de l'ensemble. Le quart d'heure regorge de passages décoiffants : peu avant la quatrième minute, un sombre décompte à la guitare acoustique se met en place, vite écrasé par un assaut du puissant duo de guitares formé par Mikael Åkerfeldt et Peter Lindgren, dans un romantisme sucré, avant de partir en solo délirant. La basse se fait mieux entendre plus tard, lourde et métallique, semblant émerger du néant, formant un nouveau décompte au terme duquel les guitares reviennent enflammées, mais quittant bien vite l'optique power metal pour retrouver un certain sens du poignant et, oui, du tragique, toujours accompagnées des vocaux sombres et impérieux de Mikael et de la batterie en blast beats. C'est dans ces moments-là d'une grandeur démesurée qu'Opeth cesse de n'être qu'un groupe de metal doué pour devenir un simple putain de groupe génial. Un break heavy/power/gay survient ensuite, puis un thème revient inlassablement comme la houle malgré les intermèdes qui se succèdent. Un de ces derniers nous emmène d'ailleurs dans des ambiances médiévales avec une guitare acoustique très évocatrice, et ce malgré une basse ronde, chaude et 80's. L'électrique réapparaît alors dans un retour incandescent et vibrant, forcément pompeux, mais à ce niveau d'inspiration, de technique et de maestria, je crois que les Suédois peuvent se le permettre. Cette merveille de titre initial est ce qu'Orchid recèle de plus génial, incarnant selon moi ce que le metal progressif peut offrir de meilleur, tout en puissance et en changements sans verser dans la vanité ou le mielleux (bonjour Dream Theater), avec en plus cette fougue juvénile et, ne l'oublions pas, une production du tonnerre.
La suite ne faiblit pourtant quasiment pas, appliquant la même recette : guitares féroces marquées du sceau d'Iron Maiden (grosse influence d'Opeth), innombrables interludes folk et acoustiques, que ce soit à la guitare ou au piano, pour des atmosphères médiévales, chant principalement growl mais faisant parfois des incursions dans le clair pas encore aussi fade qu'il le deviendra ensuite, breaks à la basse très "prog 70's" (une autre influence qui s'affirmera plus par la suite). Les guitares se font la course en évitant le stérile, les morceaux regorgent de détails jouissifs tels cette basse gonflée et classieuse au possible qui signe d'une note le départ d'un moment de bravoure et de puissance époustouflant, ou ces cymbales finement frôlées après un orage instrumental. Les arpèges de guitares résonnent parfois seuls dans le noir, accueillant un chant sublime dans un dépouillement presque sacré, la tension monte alors que des échos électriques encerclent un passage folk, la batterie s'impatiente et annonce un assaut effréné avec une basse galopante encadrée de riffs acérés, puis break accompagné d'un "ouh !" tout à fait celtic frostien. Impossible de ne pas penser à des paysages scandinaves, leurs guerriers et tout le folklore qui va avec, Opeth fait plus qu'évoquer cela, mais sans jamais l'imposer, se délestant ainsi de toute lourdeur ou du kitsch imaginable qui plombe tant d'autres groupes.
L'interlude "Silhouette", intégralement au piano, triste, grave et baroque, en fait probablement un peu trop, mais ce glucose en résonance au rose flashy de la pochette conserve malgré tout une certaine sobriété, alors on pardonne, et on goûte. On attend l'explosion vers laquelle tend tout "Forest Of October" (au titre assez représentatif de l'ambiance de l'album : début d'automne, belvédères perdus dans les bois...), mais on tombe finalement sur des arpèges électriques lents, graves et solitaires, nimbés d'obscurité et résonnant dans le vide, glaçant le sang, et faisant frémir l'échine, alors que les autres instruments reviennent les uns après les autres, toujours plus puissants. Et ça continue... L'album dure plus d'une heure et demande un minimum d'endurance, d'autant que vers la fin on peut croire à un certain recyclage... Mais en fait non, il y a toujours quelque chose pour surprendre, l'inspiration des gusses est vraiment renversante, les compositions hallucinantes, et l'émotion toujours présente derrière ces riffs et solos en cascades. Une fois apprivoisé, Orchid devient complètement addictif : difficile de ne pas s'enthousiasmer à outrance face à des morceaux aussi incroyables.
Excellent ! 18/20 | par Jumbo |
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