Opeth

Watershed

Watershed

 Label :     Roadrunner 
 Sortie :    lundi 02 juin 2008 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Avec son album précédent, Opeth s'était démarqué durablement du peloton, et Watershed a toutes les chances de creuser davantage l'écart. Où ces musiciens s'arrêteront ? Leur excellence touchera-t-elle un jour ses limites ? Les groupes à conserver un tel niveau qualitatif sont rares, à la fois dans la longévité, la régularité des sorties discographiques, et la stabilité du line-up.
Certes, l'écart stylistique entre deux production est aujourd'hui moindre. Opeth a atteint sa maturité et il semble inconcevable qu'il connaisse désormais des chamboulements majeurs. Cela dit, les nouvelles compositions ne sont en rien des copies d'une recette à succès, Watershed contenant encore une fois son lot d'innovations.
On débute pourtant en terrain connu avec "Coil", morceau tout en douceur acoustique aux vapeurs Led Zeppelin, avec pour la première fois l'incursion d'un chant féminin éthéré, simple, bien loin du lyrique pompeux des chanteuses metal habituelles. Nous sommes davantage ici du côté d'une pop flok de qualité, très pure, presque simpliste pour le groupe, mais qui ne se départit jamais de sa beauté.
Cette introduction, propice aux ambiances feutrées, ne met que mieux en valeur la lourdeur du riff de "Heir Apparent", où l'on retrouve le goût d'Opeth pour un death progressif et technique où règne l'intelligence de compositeurs chevronnés. Vocaux gutturaux, guitares pesantes alternant les accords lâchés et saccadés, puis s'enfuyant via des ponts instrumentaux construits sur des bases proches de la musique classique, les fines armatures symphoniques soutenant idéalement des instruments jamais démonstratifs. Flûte de pan, flamenco et accélérations subites d'une brutalité digne de leurs premières productions, la richesse et l'homogénéité est époustouflante. C'est classieux, comme rarement un groupe de metal l'a été.
Une impression domine l'écoute : les contrastes sont à la fois plus marqués et Opeth durcit légèrement son jeu, faisant de Watershed un album a priori moins abordable que Ghost Reveries. Pourtant, si le tempo est plus rapide et la voix death plus présente, il y a dans ces compositions un tel souci du raffinement que la violence de certains passages ("The Lotus Eater", "Porcelain Heart") ne rebutera en rien les amateurs de progressif plutôt orientés vers le rock. En effet, il faudrait être sourd ou particulièrement de mauvaise foi pour ne pas reconnaître le génie d'Opeth et la qualité de son œuvre qui, une fois encore, est parfaite de bout en bout, tant du point de vue de l'artwork (somptueux, comme toujours), que du son. Quant aux chansons, ce sont les sept nouvelles merveilles du monde musical.
En dépit d'un retour en force de son penchant metal, Opeth compose toujours des ballades à tomber ("Burden"), exemptes des mièvreries habituelles, où le parfum des 70's plane plus que jamais, sans doute grâce à ce solo d'orgue au son très The Doors. Mike Akerfeldt chante divinement et ses lignes vocales sont parfaites, variées, gorgées d'émotions. De plus, le final est une forme de clin d'œil à la technicité des musiciens et à l'aspect impeccable de leur son, puisque sur les dernières notes hispanisantes à base de guitares sèches, les codes se détendent peu à peu, la mélodie se faussant pour un résultat surprenant et plein de dérision.
"Hessian Peel" est peut-être la pièce maîtresse de cet album. Dépassant les dix minutes, ce titre contient tout ce qui fait le talent et l'originalité d'Opeth : ambiances intimistes au piano, envolées death metal, ponts progressifs, construction labyrinthique, bref le morceau idéal à écouter pour ce faire une idée d'Opeth si l'on ne connaît pas ce groupe. "Hex Omega" achève ce joyau qu'est Watersheld, morceau puissant et racé, il se conclut sur une dernière note traînante d'orgue, plein de promesses à venir et chargé d'un passé héroïque.
Encore un immense album d'un groupe dont on ne dira jamais assez de bien...


Parfait   17/20
par Arno Vice


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