Cranes
Future Songs |
Label :
Dedicated |
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Sans être un grand spécialiste de la discographie des Cranes, ce Future Songs m'apparaît comme leur album le plus raffiné, source intarissable de douceur masochiste. B.O. du dernier repas d'un condamné ou d'un dîner en amoureux sur un lit d'hôpital, il n'y a pas une note qui ne respire la douleur de vivre, qui ne donne envie aux plus enjoués d'entre nous de trouver rapidement une corde et une poutre de disponibles.
L'album s'ouvre sur le titre éponyme, idéal pour une ballade nocturne en corbillard ou accompagner la marche d'un somnambule au sein d'une ville déserte. Il n'en reste pas moins dans la veine de ce que je connaissais des Cranes, un morceau somme toute typique de ce groupe. La surprise provient d'avantage du feeling trip-hop qui se dégage de "Submarine" ou de "Don't Wake Me Up", notamment grâce à un excellent travail de la section rythmique : un son profond et un art du contretemps bien maîtrisée, Alison survolant les notes avec nonchalance et classe. Sinon, tout sur ce Future Songs respire la tristesse, la solitude et la misanthropie :
"Flute Song" est un doux songe éthéré où les instruments vous bercent et vous confortent dans une délicieuse langueur. Inutile de résister, vous êtes déjà en état d'hypnose.
"Sunrise" est la première incursion des Cranes vers des sonorités plus acoustiques. Le résultat est d'une beauté lacrymale, une métaphysique de la dépression sans équivalent.
"Driving the Sun" se veut plus Pop, mais toujours avec ce doigté spécifique au groupe qui fait que l'on ne sait jamais si l'on doit être triste d'être heureux ou heureux d'être triste. Confusion des sentiments générée par les spectres de notes mineures et les pépiements d'oiseaux sur le final...
"Fragile" est une superbe composition. Je ne vois pas quoi dire de plus à son sujet, si ce n'est que les amateurs des Cranes ne pourront que tomber sous le charme de ce titre.
C'est alors au plus fort de votre faiblesse que le groupe vous assène "Eight", une rupture brutale dans le continuum espace-temps de l'écoute. Fondamentalement bruitiste, l'impact de cette minute d'agression est décuplé par le calme des titres précédents, qui vous ont plongé dans une profonde torpeur. D'ailleurs, cet interlude n'est pas sans me rappeler certains des plus éprouvants passages de "La tragédie d'Oreste et Electre."
Avec "Even When", une mélopée à la sensibilité à fleur de peau, tout le monde peut se rendormir calmement, "Eight" n'était qu'un mauvais rêve. Ce retour au calme se confirme avec "Everything For", un l'instrumental qui vous ramène doucement au stade du conscient.
Enfin, "The Maker of Heavenly Trousers" marque l'avènement du mouvement dans cet album atonique d'une noirceur abyssale. Beaucoup plus léger, les Cranes ont été bien inspirés de le mettre en fin d'album. En effet, en vous permettant d'esquisser un très léger sourire désabusé, ce titre vous évite de sombrer dans une dépression post-traumatique dont vous auriez le plus grand mal à vous extraire.
Future Songs est définitivement un grand album, mais l'écoute en est risquée pour les âmes trop sensibles tant il soulève et brasse des émotions contradictoires... Mais quoi qu'il en soit, ne serait-ce que pour "Sunrise", cet album mérite les louanges et la reconnaissance éternelle d'un Alceste, qu'il soit d'hier, d'aujourd'hui ou de demain...
L'album s'ouvre sur le titre éponyme, idéal pour une ballade nocturne en corbillard ou accompagner la marche d'un somnambule au sein d'une ville déserte. Il n'en reste pas moins dans la veine de ce que je connaissais des Cranes, un morceau somme toute typique de ce groupe. La surprise provient d'avantage du feeling trip-hop qui se dégage de "Submarine" ou de "Don't Wake Me Up", notamment grâce à un excellent travail de la section rythmique : un son profond et un art du contretemps bien maîtrisée, Alison survolant les notes avec nonchalance et classe. Sinon, tout sur ce Future Songs respire la tristesse, la solitude et la misanthropie :
"Flute Song" est un doux songe éthéré où les instruments vous bercent et vous confortent dans une délicieuse langueur. Inutile de résister, vous êtes déjà en état d'hypnose.
"Sunrise" est la première incursion des Cranes vers des sonorités plus acoustiques. Le résultat est d'une beauté lacrymale, une métaphysique de la dépression sans équivalent.
"Driving the Sun" se veut plus Pop, mais toujours avec ce doigté spécifique au groupe qui fait que l'on ne sait jamais si l'on doit être triste d'être heureux ou heureux d'être triste. Confusion des sentiments générée par les spectres de notes mineures et les pépiements d'oiseaux sur le final...
"Fragile" est une superbe composition. Je ne vois pas quoi dire de plus à son sujet, si ce n'est que les amateurs des Cranes ne pourront que tomber sous le charme de ce titre.
C'est alors au plus fort de votre faiblesse que le groupe vous assène "Eight", une rupture brutale dans le continuum espace-temps de l'écoute. Fondamentalement bruitiste, l'impact de cette minute d'agression est décuplé par le calme des titres précédents, qui vous ont plongé dans une profonde torpeur. D'ailleurs, cet interlude n'est pas sans me rappeler certains des plus éprouvants passages de "La tragédie d'Oreste et Electre."
Avec "Even When", une mélopée à la sensibilité à fleur de peau, tout le monde peut se rendormir calmement, "Eight" n'était qu'un mauvais rêve. Ce retour au calme se confirme avec "Everything For", un l'instrumental qui vous ramène doucement au stade du conscient.
Enfin, "The Maker of Heavenly Trousers" marque l'avènement du mouvement dans cet album atonique d'une noirceur abyssale. Beaucoup plus léger, les Cranes ont été bien inspirés de le mettre en fin d'album. En effet, en vous permettant d'esquisser un très léger sourire désabusé, ce titre vous évite de sombrer dans une dépression post-traumatique dont vous auriez le plus grand mal à vous extraire.
Future Songs est définitivement un grand album, mais l'écoute en est risquée pour les âmes trop sensibles tant il soulève et brasse des émotions contradictoires... Mais quoi qu'il en soit, ne serait-ce que pour "Sunrise", cet album mérite les louanges et la reconnaissance éternelle d'un Alceste, qu'il soit d'hier, d'aujourd'hui ou de demain...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Arno Vice |
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