Portishead
Third |
Label :
Barclay |
||||
"Thread" dernier titre de Third s'achève par le retentissement d'une corne de brume par huit fois. Le navire Portishead rentre au port après 10 ans d'errances en pleine mer. Dix années durant lesquelles le navire (qui tient plus du cargo que du paquebot de croisière) a fréquenté les océans froids de cette planète recouverte de 70% d'eau.
Avant cette errance, le navire a charrié le temps de deux albums la noirceur d'un charbon extrait des sous-sols de l'Angleterre des années 90. Les deux livraisons exhalaient la noirceur de l'âme humaine avec autant de précision qu'un chat lavant à coup de pattes ses oreilles duveteuses.
Et voilà que Portishead décide de remettre son grand corps fatigué à l'ouvrage. Pour nous livrer un recueil de plaintes brumeuses, les dix années n'ayant pas altérées les doutes et questionnements.
Que reste-il de l'étiquette trip-hop vite collée sur cette musique trop cérébrale pour être populaire ? Une trame similaire, une devise "glad to be sad" toujours d'actualité, un chant toujours aussi fragile et habité. Mais la marque de fabrique du groupe, les samples et scratch ont disparus, les armes employées pour porter les estocades existentielles n'ayant plus rien à voir avec celles des débuts.
Third est moins monolithique que ses deux petits frères. Les atmosphères sont toujours aussi sombres et brutales sur "We Carry On" et un "Machine Gun" aux sonorités dantesques. Mais ces îlots de violence sont encadrés de petits écarts qui viennent fissurer la muraille. "Deep Water", judicieusement placé dans l'édifice, insère insidieusement une large rivière de Louisiane aux eaux boueuses au milieu de flots froids, vifs et turbulents. "Small" et sa fausse langueur subjugue. "Thread", avant de sonner le glas déroule une mélodie subtile et accrocheuse d'une simplicité déroutante.
L'entité Portishead ressemble finalement plus à un amas de blocs de solitudes qu'à un groupe uni. En se frottant les uns aux autres, ces blocs ont produit un flot d'étincelles, flot canalisé dans Third, magistrale démonstration du talent de ses géniteurs.
Espérons qu'il ne faille pas attendre une autre décennie pour que ces monolithes ne s'entrechoquent à nouveau.
Avant cette errance, le navire a charrié le temps de deux albums la noirceur d'un charbon extrait des sous-sols de l'Angleterre des années 90. Les deux livraisons exhalaient la noirceur de l'âme humaine avec autant de précision qu'un chat lavant à coup de pattes ses oreilles duveteuses.
Et voilà que Portishead décide de remettre son grand corps fatigué à l'ouvrage. Pour nous livrer un recueil de plaintes brumeuses, les dix années n'ayant pas altérées les doutes et questionnements.
Que reste-il de l'étiquette trip-hop vite collée sur cette musique trop cérébrale pour être populaire ? Une trame similaire, une devise "glad to be sad" toujours d'actualité, un chant toujours aussi fragile et habité. Mais la marque de fabrique du groupe, les samples et scratch ont disparus, les armes employées pour porter les estocades existentielles n'ayant plus rien à voir avec celles des débuts.
Third est moins monolithique que ses deux petits frères. Les atmosphères sont toujours aussi sombres et brutales sur "We Carry On" et un "Machine Gun" aux sonorités dantesques. Mais ces îlots de violence sont encadrés de petits écarts qui viennent fissurer la muraille. "Deep Water", judicieusement placé dans l'édifice, insère insidieusement une large rivière de Louisiane aux eaux boueuses au milieu de flots froids, vifs et turbulents. "Small" et sa fausse langueur subjugue. "Thread", avant de sonner le glas déroule une mélodie subtile et accrocheuse d'une simplicité déroutante.
L'entité Portishead ressemble finalement plus à un amas de blocs de solitudes qu'à un groupe uni. En se frottant les uns aux autres, ces blocs ont produit un flot d'étincelles, flot canalisé dans Third, magistrale démonstration du talent de ses géniteurs.
Espérons qu'il ne faille pas attendre une autre décennie pour que ces monolithes ne s'entrechoquent à nouveau.
Excellent ! 18/20 | par Shiboome |
Posté le 28 avril 2008 à 01 h 05 |
Third. Rien que le nom de ce nouvel opus semble invraisemblable, tant il fut attendu. On finissait par douter d'un éventuel retour de ce son pesant, ces atmosphères oppressantes, glauques et torturées – signature propre de Portishead, fondateur de cette branche du trip-hop. Mais après un longue période de rumeurs et onze ans d'attente, voici un successeur au magistral Portishead.
Joli pied de nez, donc, que d'intituler le morceau d'ouverture "Silence", et ses premières notes semblant perturber une annonce de radio portugaise. Un communiqué ayant pris le temps de mûrir, à la rédaction parfaitement aboutie. Après une introduction renouant avec cette tension indissociable de leurs mélodies, silence et place à la voix de Beth Gibbons. Frissonnante, et toujours si désespérée, son apparition fait culminer cette entrée vers des sommets d'angoisse en quelques minutes seulement. Les années n'ont pas fait perdre au groupe leur aspect percutant, "Silence" comme preuve à l'appui.
Ce qui frappe le plus à la première écoute de Third, c'est l'évolution évidente qu'a subi la composition de Portishead. Ne pouvant se résoudre à écrire un troisième album à l'image des deux précédents, leur recherche semble d'avoir exploré de nouvelles ouvertures. Entreprise évidemment difficile pour des initiateurs du genre, semblant par ailleurs refuser catégoriquement tout échec ou fausse route... Quitte à attendre onze ans.
Concevoir Third comme une prolongation et non une coupure dans leur oeuvre semble judicieux. Chacune des onze chansons fait écho aux anciennes. On retrouve du "Humming" dans "The Rip", du "Mourning Air" dans "Plastic", du "Over" dans "Threads"... mais plus comme des spectres lointains que des influences flagrantes. La musique de Portishead a grandi, a amplifié la recherche sonore de ses propres atmosphères. Mais elle est également allée s'aventurer vers en territoire étranger... En effet, dans "Nylon Smile" on croirait Beth Gibbons perdue dans un jam de Blonde Redhead, et "Machine Gun" surprend par sa rythmique martiale à la Hollinndagain d'Animal Collective. L'escapade folk de Beth Gibbons n'est pas non plus sans conséquences, en témoigne l'interlude à l'ukulele "Deep Water", et ses choeurs trafiqués de negro spirituals.
La notion de tension, présente depuis Dummy, est ici le fil rouge allant crescendo du début à la fin. Se manifestant comme un message codé sur "Silence", elle est coups de feu sur "Machine Gun", mais arrive à un haut niveau de perfidie en s'immisçant dans des pièces langoureuses comme "Hunter", à coups de montées électroniques, ou guitares vrombissantes. Le point culminant sera évidemment "Threads", avec l'ostinato de cordes en note tenue, aidant le morceau à s'intensifier lentement jusqu'à son apogée: Après trois quart d'heures où une main semblait lui serrer la gorge, Beth Gibbons fait exploser sa voix sculptée dans la panique (proche des déflagrations déjà vues sur le Roseland NYC Live).
Et Third de s'effacer sous le bruit de sirènes... Au final, difficile de se faire immédiatement un avis sur cette nouvelle créature enfantée par le trio Barrow-Gibbons-Utley. Pour ceux qui s'attendaient à une expérience similaire à Dummy et Portishead, le déroutement voire la déception seront peut-être au rendez-vous. Mais c'est au fur et à mesure que Third dévoile ses nombreuses facettes. Peut-être plus lentement que ses prédécesseurs, à cause de son aspect plus téméraire. Mais le constat est évident : Portishead a écrit un nouveau chef-d'oeuvre.
Joli pied de nez, donc, que d'intituler le morceau d'ouverture "Silence", et ses premières notes semblant perturber une annonce de radio portugaise. Un communiqué ayant pris le temps de mûrir, à la rédaction parfaitement aboutie. Après une introduction renouant avec cette tension indissociable de leurs mélodies, silence et place à la voix de Beth Gibbons. Frissonnante, et toujours si désespérée, son apparition fait culminer cette entrée vers des sommets d'angoisse en quelques minutes seulement. Les années n'ont pas fait perdre au groupe leur aspect percutant, "Silence" comme preuve à l'appui.
Ce qui frappe le plus à la première écoute de Third, c'est l'évolution évidente qu'a subi la composition de Portishead. Ne pouvant se résoudre à écrire un troisième album à l'image des deux précédents, leur recherche semble d'avoir exploré de nouvelles ouvertures. Entreprise évidemment difficile pour des initiateurs du genre, semblant par ailleurs refuser catégoriquement tout échec ou fausse route... Quitte à attendre onze ans.
Concevoir Third comme une prolongation et non une coupure dans leur oeuvre semble judicieux. Chacune des onze chansons fait écho aux anciennes. On retrouve du "Humming" dans "The Rip", du "Mourning Air" dans "Plastic", du "Over" dans "Threads"... mais plus comme des spectres lointains que des influences flagrantes. La musique de Portishead a grandi, a amplifié la recherche sonore de ses propres atmosphères. Mais elle est également allée s'aventurer vers en territoire étranger... En effet, dans "Nylon Smile" on croirait Beth Gibbons perdue dans un jam de Blonde Redhead, et "Machine Gun" surprend par sa rythmique martiale à la Hollinndagain d'Animal Collective. L'escapade folk de Beth Gibbons n'est pas non plus sans conséquences, en témoigne l'interlude à l'ukulele "Deep Water", et ses choeurs trafiqués de negro spirituals.
La notion de tension, présente depuis Dummy, est ici le fil rouge allant crescendo du début à la fin. Se manifestant comme un message codé sur "Silence", elle est coups de feu sur "Machine Gun", mais arrive à un haut niveau de perfidie en s'immisçant dans des pièces langoureuses comme "Hunter", à coups de montées électroniques, ou guitares vrombissantes. Le point culminant sera évidemment "Threads", avec l'ostinato de cordes en note tenue, aidant le morceau à s'intensifier lentement jusqu'à son apogée: Après trois quart d'heures où une main semblait lui serrer la gorge, Beth Gibbons fait exploser sa voix sculptée dans la panique (proche des déflagrations déjà vues sur le Roseland NYC Live).
Et Third de s'effacer sous le bruit de sirènes... Au final, difficile de se faire immédiatement un avis sur cette nouvelle créature enfantée par le trio Barrow-Gibbons-Utley. Pour ceux qui s'attendaient à une expérience similaire à Dummy et Portishead, le déroutement voire la déception seront peut-être au rendez-vous. Mais c'est au fur et à mesure que Third dévoile ses nombreuses facettes. Peut-être plus lentement que ses prédécesseurs, à cause de son aspect plus téméraire. Mais le constat est évident : Portishead a écrit un nouveau chef-d'oeuvre.
Excellent ! 18/20
Posté le 28 avril 2008 à 19 h 28 |
Finalement, ce sont les quelques jours qui ont précédé la sortie de Third qui ont été les plus longs... Ces dix années d'attente n'ont en rien (pour ma part en tout cas) entamé l'envie de partager à nouveau le spleen poisseux du trio de Bristol. La tension est montée d'un cran quand, il y a quelques mois, la rumeur de cet Alien devenu entre temps Third a commencé à prendre forme...
L'album enfin disponible et acquis, que peut-on en dire en tentant de rester objectif?
Le fait est que le groupe a sérieusement muri. Difficile de lui coller une nouvelle étiquette : le trio s'est (presque) réinventé. On est certes en terrain connu : ambiance fin du monde, voix toujours écorchée de Beth Gibbons. Pourtant exit les scratchs et les rythmiques hip hop. Portishead a fait sa mue. Toujours aussi sombre et tourmenté, le spleen revêt aujourd'hui d'autres oripeaux : le son est beaucoup plus électro, et flirte même avec l'indus. Ecoutez par exemple machine gun d'une noirceur et d'un minimalisme métallique assez impressionnant : ligne de basse, rythmique martelée et saturée et presque rien autour. La voix de Beth Gibbons flotte au dessus de cette quasi transe hypnotique. Même sensation de malaise à l'écoute du technoïde et terrifiant we carry on. D'autres titres sont chargés d'émotion (the rip, magic door), le style a clairement évolué mais pas l'humeur.
Sans concession l'opus prend continuellement son auditeur à rebrousse poil : certains titres s'arrêtent en plein climax, une improbable pause folk lo fi aux deux tiers du disque offre un court et surprenant répit d'une minute trente avant que le spleen fasse un retour radical avec machine gun.
Un album riche, très riche même qui ne délivre tout son poison qu'après quelques écoutes. Pas de retour en arrière, Portishead ne cherche en aucun cas à capitaliser sur son aura et ses acquis, quand surgissent ça et là des résurgences du son d'antan il s'agit juste d'un point de repère qu'on nous enlève d'ailleurs rapidement : aucun calcul, plutôt une sincère intégrité : ce qui a déjà été fait n'est plus à faire...
Third marque le retour d'un des plus grands groupes de ces 15 dernières années et a tout d'un classique instantané.
L'album enfin disponible et acquis, que peut-on en dire en tentant de rester objectif?
Le fait est que le groupe a sérieusement muri. Difficile de lui coller une nouvelle étiquette : le trio s'est (presque) réinventé. On est certes en terrain connu : ambiance fin du monde, voix toujours écorchée de Beth Gibbons. Pourtant exit les scratchs et les rythmiques hip hop. Portishead a fait sa mue. Toujours aussi sombre et tourmenté, le spleen revêt aujourd'hui d'autres oripeaux : le son est beaucoup plus électro, et flirte même avec l'indus. Ecoutez par exemple machine gun d'une noirceur et d'un minimalisme métallique assez impressionnant : ligne de basse, rythmique martelée et saturée et presque rien autour. La voix de Beth Gibbons flotte au dessus de cette quasi transe hypnotique. Même sensation de malaise à l'écoute du technoïde et terrifiant we carry on. D'autres titres sont chargés d'émotion (the rip, magic door), le style a clairement évolué mais pas l'humeur.
Sans concession l'opus prend continuellement son auditeur à rebrousse poil : certains titres s'arrêtent en plein climax, une improbable pause folk lo fi aux deux tiers du disque offre un court et surprenant répit d'une minute trente avant que le spleen fasse un retour radical avec machine gun.
Un album riche, très riche même qui ne délivre tout son poison qu'après quelques écoutes. Pas de retour en arrière, Portishead ne cherche en aucun cas à capitaliser sur son aura et ses acquis, quand surgissent ça et là des résurgences du son d'antan il s'agit juste d'un point de repère qu'on nous enlève d'ailleurs rapidement : aucun calcul, plutôt une sincère intégrité : ce qui a déjà été fait n'est plus à faire...
Third marque le retour d'un des plus grands groupes de ces 15 dernières années et a tout d'un classique instantané.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 30 avril 2008 à 22 h 41 |
Third me désappointe. Habitué aux ambiances froides et brumeuses de Portishead, voilà que j'entends ce single, hors contexte, le bien nommé "Machine Gun". Alors je râle, je radote ; le groupe aurait-il abandonné ses bases profondes? Ses scratchs? Sa basse si caractéristique? Pour que l'on se retrouve avec cette boîte à rythme désagréable et maladroite? Entêtante et jusqu'au boutiste.
Surtout que "Silence" n'arrange rien. Un mur de son est développé par le groupe, compact, indestructible, "monolithique" justement. Fini la clarté, les ambiances éthérées, Portishead revient dix ans après pour nous montrer que leur deux premiers albums n'étaient qu'une mise en bouche, une fête foraine accompagnée d'un clown triste et d'un manège amusant, émouvant.
Car ce Third n'est pas spécialement froid, mais n'empêche qu'il me glace littéralement. Portishead a toujours vécu sa musique comme sur un fil, un chemin étroit à travers lequel Gibbons & Barrows ont toujours réussi à se retrouver dans les méandres d'un son inventé, véritable hymne à la fusion des influences musicales ; mais ici, le fil est fin, presque invisible et le groupe arrive encore miraculeusement à naviguer (et par la même occasion, nous faire voyager) habilement entre la rupture mélodique et une tension crépusculaire que l'on n'aurait pas cru entendre un jour, entre la surprise permanente et un son en tout point différent des deux premiers énormes albums, mais finalement reconnaissable entre tous. Et c'est ici que se trouve la véritable prouesse de Portishead. Malgré mon évidente appréhension à réécouter et redécouvrir, sous un autre aspect, ce groupe, l'impression familière m'étonne encore. Beth Gibbons tire comme toujours son épingle du jeu, aussi à l'aise accompagnée d'un ukulélé ou d'une rythmique tribale. Barrows déploie son tissu sonore apocalyptique comme si chaque matin était prévu une fin du monde.
Alors oui, je reste perplexe ; mes aprioris tombent à l'eau sans que je ne puisse savoir pourquoi. C'est cette machine Portishead, qui sort d'un sombre lac après une pause de dix ans, toute rouillée, trainant l'héritage à son pied, et raclant tout sur son passage, en n'oubliant pas de dépoussiérer nos mythes éléctroniques et industriels.
Alors il faudra du temps pour digérer ce Third.
Mais peut être est-ce là les bases d'un grand disque.
Et ce dernier Portishead est pour moi une surprise avec laquelle je continue à me débattre.
Surtout que "Silence" n'arrange rien. Un mur de son est développé par le groupe, compact, indestructible, "monolithique" justement. Fini la clarté, les ambiances éthérées, Portishead revient dix ans après pour nous montrer que leur deux premiers albums n'étaient qu'une mise en bouche, une fête foraine accompagnée d'un clown triste et d'un manège amusant, émouvant.
Car ce Third n'est pas spécialement froid, mais n'empêche qu'il me glace littéralement. Portishead a toujours vécu sa musique comme sur un fil, un chemin étroit à travers lequel Gibbons & Barrows ont toujours réussi à se retrouver dans les méandres d'un son inventé, véritable hymne à la fusion des influences musicales ; mais ici, le fil est fin, presque invisible et le groupe arrive encore miraculeusement à naviguer (et par la même occasion, nous faire voyager) habilement entre la rupture mélodique et une tension crépusculaire que l'on n'aurait pas cru entendre un jour, entre la surprise permanente et un son en tout point différent des deux premiers énormes albums, mais finalement reconnaissable entre tous. Et c'est ici que se trouve la véritable prouesse de Portishead. Malgré mon évidente appréhension à réécouter et redécouvrir, sous un autre aspect, ce groupe, l'impression familière m'étonne encore. Beth Gibbons tire comme toujours son épingle du jeu, aussi à l'aise accompagnée d'un ukulélé ou d'une rythmique tribale. Barrows déploie son tissu sonore apocalyptique comme si chaque matin était prévu une fin du monde.
Alors oui, je reste perplexe ; mes aprioris tombent à l'eau sans que je ne puisse savoir pourquoi. C'est cette machine Portishead, qui sort d'un sombre lac après une pause de dix ans, toute rouillée, trainant l'héritage à son pied, et raclant tout sur son passage, en n'oubliant pas de dépoussiérer nos mythes éléctroniques et industriels.
Alors il faudra du temps pour digérer ce Third.
Mais peut être est-ce là les bases d'un grand disque.
Et ce dernier Portishead est pour moi une surprise avec laquelle je continue à me débattre.
Pas mal 13/20
Posté le 04 mai 2008 à 16 h 52 |
Exit le trip-hop bristolien soul-jazz des années 90, le troisième opus de Portishead s'entrouvre enfin et vomit son contenu digéré pendant plus de 10 ans. Ce nouveau né voit enfin le jour suite à une longue et difficile période : divorces, dépressions et remise en questions. Il en garde certaines cicatrices...
Si la forme a beaucoup évolué, le fond lui semble rester le même. On entre dans un tunnel, noir, rouillé, froid et dénué d'espoir. Après quelques paroles, un avertissement peut-être, on tombe rapidement dans une chute sans fin au rythme entraînant de la première piste, puis soudain, sans crier gare, la chute abrupte nous plonge dans le "Silence".
On erre alors en terre inconnue, parsemée de brouillard sans savoir où l'on va, il fait froid. On se dirige telle une proie, les yeux bandés et pour seul guide la voix berçante de Beth Gibbons vers l'inéluctable.
"The Rip" ou la déchirure avec un début d'album pesant, nous offre une dose de mélancolie, de tristesse et de désespoir. Une chanson nettement plus proche des aventures solo de la chanteuse avec Rustin Man que de Dummy ou Portishead. On se trouve entre Radio et Portis, avec une mélodie arpégée qui nous rappelle "Weird Fisches".
On continue notre chemin avec "Plastic", un morceau grave et lourd avec un beat réchauffé à la sauce "Undenied".
Suivent deux titres phares de l'album : "We Carry On" et "Machine Gun", séparés par la fausse innocente et très épurée "Deep Waters", seul instrument un ukulélé et un appui par des voix rappelant certaines chansons américaines des années 30. Les amateurs de Robert Wyatt sentiront sans doute une similitude entre "We Carry On" et "Shrinkrap" sur l'album Dondestan.
Le long tunnel nous amène dans une usine ou le même rythme lourd, dur et métallique frappe et frappe encore. La voix chante puis s'arrête. Les chocs continuent, un écho s'installe, puis les coups prennent plus de force et de poids à l'arrivée du son oppressant et morbide du synthétiseur.
Retour au 60's / 70's qui respire les Doors avec un psychédélique étonnant et prenant "Small".
La fin du tunnel approche. "Magic Doors" est la seconde chanson très déprimante de Third, d'une profonde beauté. Les yeux se mouillent..
Le tunnel prend fin avec le rythme sobre, mais tendu de "Threads".
Portishead jouait gros, l'erreur n'était pas possible, pas après Dummy, pas après Portishead, pas après 10 ans de patience pour certains ou de torture pour d'autres.
Pourtant Portishead a bien changé. Mais Portishead a réussi son pari. Cet album hétérogène en est la preuve. Entre musique industrielle, tout en passant par le folk, l'electro et le rock psychédélique, Portishead rompt son contrat avec le trip-hop et signe là un album magnifique, très riche, changeant de sonorité tout en gardant ses valeurs.
L'attente a donné ses fruits, mais espérons que le prochain album fleurira plus vite.
Si la forme a beaucoup évolué, le fond lui semble rester le même. On entre dans un tunnel, noir, rouillé, froid et dénué d'espoir. Après quelques paroles, un avertissement peut-être, on tombe rapidement dans une chute sans fin au rythme entraînant de la première piste, puis soudain, sans crier gare, la chute abrupte nous plonge dans le "Silence".
On erre alors en terre inconnue, parsemée de brouillard sans savoir où l'on va, il fait froid. On se dirige telle une proie, les yeux bandés et pour seul guide la voix berçante de Beth Gibbons vers l'inéluctable.
"The Rip" ou la déchirure avec un début d'album pesant, nous offre une dose de mélancolie, de tristesse et de désespoir. Une chanson nettement plus proche des aventures solo de la chanteuse avec Rustin Man que de Dummy ou Portishead. On se trouve entre Radio et Portis, avec une mélodie arpégée qui nous rappelle "Weird Fisches".
On continue notre chemin avec "Plastic", un morceau grave et lourd avec un beat réchauffé à la sauce "Undenied".
Suivent deux titres phares de l'album : "We Carry On" et "Machine Gun", séparés par la fausse innocente et très épurée "Deep Waters", seul instrument un ukulélé et un appui par des voix rappelant certaines chansons américaines des années 30. Les amateurs de Robert Wyatt sentiront sans doute une similitude entre "We Carry On" et "Shrinkrap" sur l'album Dondestan.
Le long tunnel nous amène dans une usine ou le même rythme lourd, dur et métallique frappe et frappe encore. La voix chante puis s'arrête. Les chocs continuent, un écho s'installe, puis les coups prennent plus de force et de poids à l'arrivée du son oppressant et morbide du synthétiseur.
Retour au 60's / 70's qui respire les Doors avec un psychédélique étonnant et prenant "Small".
La fin du tunnel approche. "Magic Doors" est la seconde chanson très déprimante de Third, d'une profonde beauté. Les yeux se mouillent..
Le tunnel prend fin avec le rythme sobre, mais tendu de "Threads".
Portishead jouait gros, l'erreur n'était pas possible, pas après Dummy, pas après Portishead, pas après 10 ans de patience pour certains ou de torture pour d'autres.
Pourtant Portishead a bien changé. Mais Portishead a réussi son pari. Cet album hétérogène en est la preuve. Entre musique industrielle, tout en passant par le folk, l'electro et le rock psychédélique, Portishead rompt son contrat avec le trip-hop et signe là un album magnifique, très riche, changeant de sonorité tout en gardant ses valeurs.
L'attente a donné ses fruits, mais espérons que le prochain album fleurira plus vite.
Excellent ! 18/20
Posté le 15 mai 2008 à 17 h 04 |
Pfoouuu! C'est en zonant sur la toile que j'ai entendu parler du nouvel album de Portishead, groupe qui jusqu'alors me semblait un peu trop mou.
Je télécharge donc l'album. Première écoute plutôt positive, deux chansons sortent clairement du lot, "Silence", qui ouvre le bal et me laisse sur ma faim parce qu'elle elle est coupée avant la fin, et "The Rip" qui, il est vrai a quelque chose de "Weird Fishes" de Radiohead. Par contre, d'autres chansons genre "Machine Gun" (beaucoup de bruit) et "Threads" (mou et répétitif) me font hésiter à acheter l'album.
J'écoute alors l'album après l'avoir parcouru un peu dans tous les sens, chanson après chanson, bien installé dans le canapé et là c'est la révélation! L'ordre des chansons est juste génial! 5 premières chansons calmes et qui nous font rêver puis arrive le trio central : "We Carry On" chanson bien peps suivie d'1min39 de "Deep Waters" qui nous calme avant la grosse tempête "Machine Gun" : des bruits dans tous les sens, la voie de Gibbons qui domine le bazar et autour, des coeurs qui l'accompagnent.
Viennent ensuite les deux superbes balades "Small" et "Magic Doors" qui nous enmènent loin, très loin et nous préparent à "Treads" qui cloture l'album.
Au final un album angoissant jusqu'au bout parce qu'on reste suspendu pendant 49 minutes avec comme seul répis "We Carry On" et "Machine Gun".
Beaucoup de ces chansons hors de leur contexte ne représentent rien et c'est sans doute pour cette raison que le groupe ne m'avait pas encore frappé.
Je mets 19/20 parce que j'ose espérer qu'il est encore possible de faire mieux, et je vais chez le disquaire dès demain.
Je télécharge donc l'album. Première écoute plutôt positive, deux chansons sortent clairement du lot, "Silence", qui ouvre le bal et me laisse sur ma faim parce qu'elle elle est coupée avant la fin, et "The Rip" qui, il est vrai a quelque chose de "Weird Fishes" de Radiohead. Par contre, d'autres chansons genre "Machine Gun" (beaucoup de bruit) et "Threads" (mou et répétitif) me font hésiter à acheter l'album.
J'écoute alors l'album après l'avoir parcouru un peu dans tous les sens, chanson après chanson, bien installé dans le canapé et là c'est la révélation! L'ordre des chansons est juste génial! 5 premières chansons calmes et qui nous font rêver puis arrive le trio central : "We Carry On" chanson bien peps suivie d'1min39 de "Deep Waters" qui nous calme avant la grosse tempête "Machine Gun" : des bruits dans tous les sens, la voie de Gibbons qui domine le bazar et autour, des coeurs qui l'accompagnent.
Viennent ensuite les deux superbes balades "Small" et "Magic Doors" qui nous enmènent loin, très loin et nous préparent à "Treads" qui cloture l'album.
Au final un album angoissant jusqu'au bout parce qu'on reste suspendu pendant 49 minutes avec comme seul répis "We Carry On" et "Machine Gun".
Beaucoup de ces chansons hors de leur contexte ne représentent rien et c'est sans doute pour cette raison que le groupe ne m'avait pas encore frappé.
Je mets 19/20 parce que j'ose espérer qu'il est encore possible de faire mieux, et je vais chez le disquaire dès demain.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 16 mai 2008 à 00 h 33 |
Le retour de Portishead, tout le monde s'en foutait un peu. Encore une énième ancienne gloire qui revient nous faire raquer encore un peu plus de caillasse, sauf que le clip de "Machine Gun" diffusé avant la sortie de l'album a mis tout le monde d'accord : Third risquait de faire très mal. La rythmique martiale n'est pas sans rappeler "Total War" de NON et puis ce synthé analogique qui finit la chanson en beauté... Portishead a été trainer ses oreilles du côté de la musique industrielle, c'est certain, mais avouer avoir été influencé par ce cher Boyd Rice est politically incorrect.
C'est donc enthousiasmé par ce titre ravageur que je me procure l'album. Constat : ils ont passé 10 ans à digérer multiples influences, "Silence" qui ouvre l'album mélange une batterie tribale à la Can et une guitare tout droit sortie de la Metal Box de Public Image limited, avant de se finir brusquement au moment où l'auditeur commençait à se sentir à l'aise. Le tout est assez bien digéré pour ne pas crier au plagiat, non surtout pas.
Dans son ensemble l'album glace l'auditeur, le son est brut, très peu produit, ça rappelle l'époque post punk, il suffit de réécouter l'album Deceit de This Heat pour s'en rendre compte. Que ce soit au niveau des textures des morceaux ou des sonorités de l'ensemble,Third semble dans cette optique, avec cependant la finesse et la délicatesse de Beth Gibbons en plus. Et à aucun instant cela ne sonne daté, non jamais, l'album est bien ancré dans son époque entre paranoia et incertitude comme l'illustre à la perfection "Plastic".
Autre grosse influence de l'album, le groupe Silver Apples, groupe qui pratiquait une sorte de rock expérimental avant-gardiste à la fin des années 60. Ecouter "Oscillations" et enchainer "We Carry On" la minute d'après donne une étrange impression. Même introduction, même rythmique, ça en devient confondant. Mais Portishead a rajeuni le son et arrive à faire oublier l'original grâce à leur jusqu'au boutisme et leur sens de la mélodie qui précipite la chanson vers la démence. La guitare répète inlassablement le même motif qui tranche comme du rasoir.
"Deep Water", arrive à point nommé, pour faire respirer l'auditeur après ce "We Carry On" éprouvant, d'ailleurs "Deep Water" n'est pas réellement un morceau, mais une introduction comme ils l'ont expliqué dans Noise mag. Ambiance des îles, on se croirait dans certains dessins animés de l'émission Ca cartoone, idéal avant d'entamer l'expérience "Machine Gun" qui flingue sur place.
La fin de l'album est tout aussi excitante et passionnante, prédominance des synthétiseurs, la guitare se contente d'accompagner le tout en balançant des sons oppressants. Et plus que tout, ce qui m'a sauté aux oreilles, c'est l'absence totale de mécanisme dans l'album, exit le couplet refrain couplet, chaque morceau est unique, Portishead casse les conventions tout au long de cet album. A la fois beau, mélancolique, glaçant, sans doute le retour le plus réussi à ce jour, Third semble intouchable, presque parfait.
C'est donc enthousiasmé par ce titre ravageur que je me procure l'album. Constat : ils ont passé 10 ans à digérer multiples influences, "Silence" qui ouvre l'album mélange une batterie tribale à la Can et une guitare tout droit sortie de la Metal Box de Public Image limited, avant de se finir brusquement au moment où l'auditeur commençait à se sentir à l'aise. Le tout est assez bien digéré pour ne pas crier au plagiat, non surtout pas.
Dans son ensemble l'album glace l'auditeur, le son est brut, très peu produit, ça rappelle l'époque post punk, il suffit de réécouter l'album Deceit de This Heat pour s'en rendre compte. Que ce soit au niveau des textures des morceaux ou des sonorités de l'ensemble,Third semble dans cette optique, avec cependant la finesse et la délicatesse de Beth Gibbons en plus. Et à aucun instant cela ne sonne daté, non jamais, l'album est bien ancré dans son époque entre paranoia et incertitude comme l'illustre à la perfection "Plastic".
Autre grosse influence de l'album, le groupe Silver Apples, groupe qui pratiquait une sorte de rock expérimental avant-gardiste à la fin des années 60. Ecouter "Oscillations" et enchainer "We Carry On" la minute d'après donne une étrange impression. Même introduction, même rythmique, ça en devient confondant. Mais Portishead a rajeuni le son et arrive à faire oublier l'original grâce à leur jusqu'au boutisme et leur sens de la mélodie qui précipite la chanson vers la démence. La guitare répète inlassablement le même motif qui tranche comme du rasoir.
"Deep Water", arrive à point nommé, pour faire respirer l'auditeur après ce "We Carry On" éprouvant, d'ailleurs "Deep Water" n'est pas réellement un morceau, mais une introduction comme ils l'ont expliqué dans Noise mag. Ambiance des îles, on se croirait dans certains dessins animés de l'émission Ca cartoone, idéal avant d'entamer l'expérience "Machine Gun" qui flingue sur place.
La fin de l'album est tout aussi excitante et passionnante, prédominance des synthétiseurs, la guitare se contente d'accompagner le tout en balançant des sons oppressants. Et plus que tout, ce qui m'a sauté aux oreilles, c'est l'absence totale de mécanisme dans l'album, exit le couplet refrain couplet, chaque morceau est unique, Portishead casse les conventions tout au long de cet album. A la fois beau, mélancolique, glaçant, sans doute le retour le plus réussi à ce jour, Third semble intouchable, presque parfait.
Excellent ! 18/20
Posté le 15 juin 2008 à 14 h 04 |
Qu'attendre d'un groupe qui s'est absenté pendant 11 ans ? L'excitation est là certes, mais la crainte que la montagne n'accouche d'une souris est tout aussi présente.
Heureusement dans le cas de Portishead, une écoute suffit à dissiper nos angoisses, oui une écoute suffit pour comprendre que Third est une réussite. Et pourtant il y a de quoi être dérouté tant ce nouvel opus s'éloigne des sonorités des deux premiers disques, plus electro, plus rock aussi quelques part, mais aussi beaucoup moins sombre.
"Silence" ouvre le bal et constitue la première baffe du disque, un titre étonnamment "up-tempo" pour du Porti. D'ailleurs, on en dira autant des excellents "The Rip", "We Carry On" et sa rythmique martiale, ou encore d'un "Machine Gun" au beat lourd et redondant (ça risque d'en lourder plus d'un), ce dernier titre dispose d'un final composé de nappes de synthè très 80's, assez fantastique. Au rayon des surprises, on citera aussi l'étonnante ballade folk "Deep Water", joli morceau d'à peine 1 minute 30 qui contraste énormément avec la plupart des compositions, bien plus fouillées et longues (plusieurs dépassent les 5 minutes).
Si l'album est beaucoup moins dépressif que Dummy et Portishead, l'ensemble ne respire pas non plus la joie de vivre, "Hunter" ou encore "Threads" pour ne citer qu'eux, sont d'une mélancolie à laquelle on ne peut rester insensible.
Bon inutile de faire du titre par titre, Third ne contient quasiment que d'excellents titres (à part peut être "Nylon Smile", un peu trop pleurnichard à mon goût). Les rythmiques et les structures sont plus travaillées qu'avant, mais l'évolution du groupe ne peut se limiter à cela, Portishead ne fait tout simplement plus de trip-hop aujourd'hui. Onze années se sont écoulées et le groupe bristolien est passé à autre chose, tout simplement. Point de nostalgie ici, exit aussi la noirceur d'antant, Third n'est pas un album léger pour autant, mais il semble moins lourd de sens, et au final, il est beaucoup moins éprouvant à écouter. Tant mieux, au moins on n'hésitera pas à se le passer en boucle, il le mérite. Pour moi, leur disque le plus réussi à ce jour...
Heureusement dans le cas de Portishead, une écoute suffit à dissiper nos angoisses, oui une écoute suffit pour comprendre que Third est une réussite. Et pourtant il y a de quoi être dérouté tant ce nouvel opus s'éloigne des sonorités des deux premiers disques, plus electro, plus rock aussi quelques part, mais aussi beaucoup moins sombre.
"Silence" ouvre le bal et constitue la première baffe du disque, un titre étonnamment "up-tempo" pour du Porti. D'ailleurs, on en dira autant des excellents "The Rip", "We Carry On" et sa rythmique martiale, ou encore d'un "Machine Gun" au beat lourd et redondant (ça risque d'en lourder plus d'un), ce dernier titre dispose d'un final composé de nappes de synthè très 80's, assez fantastique. Au rayon des surprises, on citera aussi l'étonnante ballade folk "Deep Water", joli morceau d'à peine 1 minute 30 qui contraste énormément avec la plupart des compositions, bien plus fouillées et longues (plusieurs dépassent les 5 minutes).
Si l'album est beaucoup moins dépressif que Dummy et Portishead, l'ensemble ne respire pas non plus la joie de vivre, "Hunter" ou encore "Threads" pour ne citer qu'eux, sont d'une mélancolie à laquelle on ne peut rester insensible.
Bon inutile de faire du titre par titre, Third ne contient quasiment que d'excellents titres (à part peut être "Nylon Smile", un peu trop pleurnichard à mon goût). Les rythmiques et les structures sont plus travaillées qu'avant, mais l'évolution du groupe ne peut se limiter à cela, Portishead ne fait tout simplement plus de trip-hop aujourd'hui. Onze années se sont écoulées et le groupe bristolien est passé à autre chose, tout simplement. Point de nostalgie ici, exit aussi la noirceur d'antant, Third n'est pas un album léger pour autant, mais il semble moins lourd de sens, et au final, il est beaucoup moins éprouvant à écouter. Tant mieux, au moins on n'hésitera pas à se le passer en boucle, il le mérite. Pour moi, leur disque le plus réussi à ce jour...
Parfait 17/20
Posté le 03 mai 2008 à 10 h 39 |
En pleine déroute, perturbé et un peu paumé... on ne sait plus exactement ce qu'il s'est passé. C'est long dix ans et pourtant...
Alors, que reste-t il de nos amours ? Tout et beaucoup plus. Nous nous étions quittés sur des notes envoûtantes, baignés de torpeur et cette chose appelée trip-hop... Il ne reste que la torpeur mélangée à tout autre chose... La violence, ne s'arrêtant pas, froide .
Catastrophes au loin, secousses maladives, épilepsies dangereuses.
Quelque chose respire la sueur dans cet album.
Que reste-t il de cette âme en pleurs, poétesse de l'enlisement et des écorchés. Cette belle de nuit s'accrochant à son micro comme au dernier fil entre elle et les autres. Une décennie plus tard, Beth revient encore plus déchirée et horrifiée qu'elle ne l'était...
Third est décevant aux premières écoutes... qu'ont ils pu bien faire pour sortir cette chose informe... et puis en souvenir d'un certain Amnesiac d'un autre groupe tout aussi particulier, on se dit : réécoutons.
Third est quelque chose qui vous hante et ne vous lâchera pas .
S'ouvrant sur "Silence" . "Did you know what i lost" ... On récupère Portishead 10 ans après, en pleine chute, chute inespérée, transcendante de beauté, suicidée brusquement. Puis "Hunter", pour rappeler cette certaine élégance des temps révolus, transpercée par de violents moments de distorsions électroniques.
"Nylon Smile", le temps d'une confusion avant que l'on soit emporté par des chevaux blancs, assez loin sur une ballade fantomatique, déchirée.
Portishead est malade, comme possédé d'une âme intranquille, errante.
Une crise plastique, faussement calme assenée de coups. Bleus Portishead.
Nous continuons... "We carry on"... we worry on, le son d'un massacre, de mains ensanglantées. Lancinantes obsessions qui résonnent. Portishead pleure, la tête en arrière.
Quelques minutes suspendues, effrayantes, ukulélé lointain, eaux profondes, accalmie monstrueuse. Comme si Lynch avait touché à quelque chose. L'empire intérieur de Portsishead est immense.
On s'y laisse aller et l'on rencontre la fureur gigantesque, des champs de guerre s'installent. Le no man's land cérébral. La violence se complait dans la beauté et les larmes d'une femme épuisée, assenée de balles, invoquant quelques fantômes perdus.
"Small", tout en rupture, retentie , tendue. Puis danse dans la boue.
Torturé, magnétique et irradiant Portishead s'avance vers la fin... Une épave ardente, resplendissante.
Passant quelques portes, le temps de quelques pulsions syncopées, de désirs cachés et de frustrations sublimes. Piano abyssal et cuivre déchirant pour une chanson magistrale.
Les derniers fils d'un Portishead décousu, en morceaux, apparaissent...et rappellent quelques vieux démons. Portishead fatigué, branlant, rampe vers le nulle part et laisse raisonner une alarme grave, sourde et vertigineuse. Noir.
Qu'importe si cet opus paraisse fade à certains esprits, il n'en est que plus fascinant et nous laisse dans un marécage empli de peur et de beauté.
Third s'éloigne mais reste toujours là ; chef d'œuvre déchiqueté et obsédant .
Alors, que reste-t il de nos amours ? Tout et beaucoup plus. Nous nous étions quittés sur des notes envoûtantes, baignés de torpeur et cette chose appelée trip-hop... Il ne reste que la torpeur mélangée à tout autre chose... La violence, ne s'arrêtant pas, froide .
Catastrophes au loin, secousses maladives, épilepsies dangereuses.
Quelque chose respire la sueur dans cet album.
Que reste-t il de cette âme en pleurs, poétesse de l'enlisement et des écorchés. Cette belle de nuit s'accrochant à son micro comme au dernier fil entre elle et les autres. Une décennie plus tard, Beth revient encore plus déchirée et horrifiée qu'elle ne l'était...
Third est décevant aux premières écoutes... qu'ont ils pu bien faire pour sortir cette chose informe... et puis en souvenir d'un certain Amnesiac d'un autre groupe tout aussi particulier, on se dit : réécoutons.
Third est quelque chose qui vous hante et ne vous lâchera pas .
S'ouvrant sur "Silence" . "Did you know what i lost" ... On récupère Portishead 10 ans après, en pleine chute, chute inespérée, transcendante de beauté, suicidée brusquement. Puis "Hunter", pour rappeler cette certaine élégance des temps révolus, transpercée par de violents moments de distorsions électroniques.
"Nylon Smile", le temps d'une confusion avant que l'on soit emporté par des chevaux blancs, assez loin sur une ballade fantomatique, déchirée.
Portishead est malade, comme possédé d'une âme intranquille, errante.
Une crise plastique, faussement calme assenée de coups. Bleus Portishead.
Nous continuons... "We carry on"... we worry on, le son d'un massacre, de mains ensanglantées. Lancinantes obsessions qui résonnent. Portishead pleure, la tête en arrière.
Quelques minutes suspendues, effrayantes, ukulélé lointain, eaux profondes, accalmie monstrueuse. Comme si Lynch avait touché à quelque chose. L'empire intérieur de Portsishead est immense.
On s'y laisse aller et l'on rencontre la fureur gigantesque, des champs de guerre s'installent. Le no man's land cérébral. La violence se complait dans la beauté et les larmes d'une femme épuisée, assenée de balles, invoquant quelques fantômes perdus.
"Small", tout en rupture, retentie , tendue. Puis danse dans la boue.
Torturé, magnétique et irradiant Portishead s'avance vers la fin... Une épave ardente, resplendissante.
Passant quelques portes, le temps de quelques pulsions syncopées, de désirs cachés et de frustrations sublimes. Piano abyssal et cuivre déchirant pour une chanson magistrale.
Les derniers fils d'un Portishead décousu, en morceaux, apparaissent...et rappellent quelques vieux démons. Portishead fatigué, branlant, rampe vers le nulle part et laisse raisonner une alarme grave, sourde et vertigineuse. Noir.
Qu'importe si cet opus paraisse fade à certains esprits, il n'en est que plus fascinant et nous laisse dans un marécage empli de peur et de beauté.
Third s'éloigne mais reste toujours là ; chef d'œuvre déchiqueté et obsédant .
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 29 juillet 2008 à 23 h 50 |
Il fallait s'y attendre, ils étaient quelques centaines de milliers à attendre le retour de leur amour perdu. Les critiques ne pouvaient donc être que dithyrambiques, tant on préfère garder en mémoire l'excitation pré-coïtum que l'état post copulatoire. Mais trois mois après la sortie du "chef d'oeuvre", que reste-t-il de Third, acclamé avant, pendant et (un peu) après sa sortie ? S'agit-il vraiment d'un ouragan, ou juste d'une tempête dans un verre d'eau ? Eh bien, désolé, mais ni l'un ni l'autre.
Vu de l'extérieur, on pouvait s'y attendre en fait. D'ailleurs, que peut on bien se raconter entre amis quand on ne s'est pas vus depuis dix ans, quand on ne s'est donné aucune nouvelle ? Certainement, on doit parler de banalités ; mais surtout évoquer les bons souvenirs pour se raccrocher aux branches. C'est exactement ce qu'à fait (en partie) Portishead avec ce Third, dont le seul titre annonçait déjà une continuité avec ses prédécesseurs.
Du point de vue purement artistique, il est d'ailleurs surprenant qu'un groupe majeur comme Portishead n'ait a priori pas changé d'un iota (je dis bien a priori, car c'est ce qu'on ressent à l'écoute des trois premiers titres de l'album notamment, plutôt convenus). D'abord parce que le trip hop "classique" (comprenez celui instauré par Portishead) sent aujourd'hui la poussière, ensuite parce qu'en 10 ans, on peut difficilement faire fi des évolutions dans le domaine musical, et plus particulièrement de tout ce qui touche de près à l'électronique... Comme le trip hop, justement.
Ce qui frappe au départ, en écoutant "Silence", "Hunter" ou "Nylon Smile", c'est qu'on a l'impression que le temps s'est arrêté en 1994. Bien sûr, tout cela est plutôt joli, mais tout de même légèrement frustrant. Car la fraîcheur (si je puis dire) de Dummy n'est plus là, l'état de grâce de Portishead non plus. Alors on en vient à se demander (un peu agacé, ou déçu on ne sait pas) s'il ne s'agit pas carrément d'un foutage de gueule dans les règles, jouant sur la seule nostalgie des fans transis.
Mais non. C'est au détour de quelques arpèges convenus et mal joués ("The Rip"), qu'un petit miracle se produit : Portishead a bien changé, finalement. Ou plutôt évolué. Ce synthé martial, très eighties, qui vient perturber le pseudo confort dans lequel on s'était d'ores et déjà installé, remet les pendules à l'heure et nous fait espérer une suite d'album plus ambitieuse et percutante. Et c'est exactement ce qui se passe, exception faite d'un "Plastic" prévisible.
Et voici les deux armes du combo de Bristol : de l'industriel eighties ("The Rip" donc, et bien sûr "Machine Gun" au final magique) et du rock'n roll ("We Carry On", révolté, en est le meilleur exemple). Comme quoi c'est dans les vieux pots qu'on fait (parfois) les meilleures confitures.
C'est donc en regardant vers le passé que Portishead parvient à se forger une nouvelle identité. Ce n'est pas pour rien que le trip hop n'a guère survécu !
Petites mentions spéciales à "Deep Water", folk aux choeurs robotisés, ainsi qu'au superbe "Magic Doors", inclassable et arabisant, certainement le meilleur titre de l'album. C'est quand ils vont sur ces chemins là que Portishead nous surprend, nous emballe, et nous fait espérer un bel avenir. On y croit !
Vu de l'extérieur, on pouvait s'y attendre en fait. D'ailleurs, que peut on bien se raconter entre amis quand on ne s'est pas vus depuis dix ans, quand on ne s'est donné aucune nouvelle ? Certainement, on doit parler de banalités ; mais surtout évoquer les bons souvenirs pour se raccrocher aux branches. C'est exactement ce qu'à fait (en partie) Portishead avec ce Third, dont le seul titre annonçait déjà une continuité avec ses prédécesseurs.
Du point de vue purement artistique, il est d'ailleurs surprenant qu'un groupe majeur comme Portishead n'ait a priori pas changé d'un iota (je dis bien a priori, car c'est ce qu'on ressent à l'écoute des trois premiers titres de l'album notamment, plutôt convenus). D'abord parce que le trip hop "classique" (comprenez celui instauré par Portishead) sent aujourd'hui la poussière, ensuite parce qu'en 10 ans, on peut difficilement faire fi des évolutions dans le domaine musical, et plus particulièrement de tout ce qui touche de près à l'électronique... Comme le trip hop, justement.
Ce qui frappe au départ, en écoutant "Silence", "Hunter" ou "Nylon Smile", c'est qu'on a l'impression que le temps s'est arrêté en 1994. Bien sûr, tout cela est plutôt joli, mais tout de même légèrement frustrant. Car la fraîcheur (si je puis dire) de Dummy n'est plus là, l'état de grâce de Portishead non plus. Alors on en vient à se demander (un peu agacé, ou déçu on ne sait pas) s'il ne s'agit pas carrément d'un foutage de gueule dans les règles, jouant sur la seule nostalgie des fans transis.
Mais non. C'est au détour de quelques arpèges convenus et mal joués ("The Rip"), qu'un petit miracle se produit : Portishead a bien changé, finalement. Ou plutôt évolué. Ce synthé martial, très eighties, qui vient perturber le pseudo confort dans lequel on s'était d'ores et déjà installé, remet les pendules à l'heure et nous fait espérer une suite d'album plus ambitieuse et percutante. Et c'est exactement ce qui se passe, exception faite d'un "Plastic" prévisible.
Et voici les deux armes du combo de Bristol : de l'industriel eighties ("The Rip" donc, et bien sûr "Machine Gun" au final magique) et du rock'n roll ("We Carry On", révolté, en est le meilleur exemple). Comme quoi c'est dans les vieux pots qu'on fait (parfois) les meilleures confitures.
C'est donc en regardant vers le passé que Portishead parvient à se forger une nouvelle identité. Ce n'est pas pour rien que le trip hop n'a guère survécu !
Petites mentions spéciales à "Deep Water", folk aux choeurs robotisés, ainsi qu'au superbe "Magic Doors", inclassable et arabisant, certainement le meilleur titre de l'album. C'est quand ils vont sur ces chemins là que Portishead nous surprend, nous emballe, et nous fait espérer un bel avenir. On y croit !
Bon 15/20
Posté le 28 décembre 2008 à 14 h 10 |
Sans conteste un album marquant de 2008, Third, le retour de Portishead avait de quoi laisser sceptique. Les belles années du trip-hop semblent passées, le temps sublimé par l'écoute de Dummy et l'album éponyme fut si long que la barre doit être trop haute.
Quoi de mieux alors que ce "Silence" pour commencer l'album... Il présente le renouveau de Portishead à l'auditeur : le son à changé, l'atmosphère est plus lourde ; tout de suite on respire : la qualité est toujours présente. L'instrumentation est fouillé, dans la lignée des précédents opus mais aussi de 'cousins' comme Massive Attack. Les cordes progressent, loin d'installer la douceur comme sur le tube "Glory Box" elles sont angoissantes, elles retiennent leurs respirations pour laisser l'espace rythmique à une batterie féroce et une basse oppressante.
La production et le son sont donc exceptionnellement fouillés, plusieurs fins de morceaux sont même très surprenantes et laissent l'auditeur sur un sentiment amer, oublié dès la chanson suivante.
Mais évidemment, celle qu'on attend tous c'est la chanteuse Beth Gibbons. On a bien raison. Sa performance sur ce Third est tout simplement incroyable : elle arrive même régulièrement à dépasser les anciens classiques du groupe. Jouant sur sa féminité, elle est parfois l'amie, parfois l'inaccessible, parfois l'âme brisée. Suspendu à ces lèvres, on navigue alors dans ces eaux froides et inquiétantes. Le lascif "Hunter", le redoutable single "Machine Gun" au riff criard... Toutes ces chansons forment une mosaïque sombre mais magnifique. Il y a un seul rayon de soleil, "Deep Water" et son Ukulélé. Mais il laisse vite sa place aux derniers "Magic Doors" et au final "Threads" qui clôture sans joie mais avec passion un album qui tient ses promesses, pour moi déjà culte.
A l'heure où le groupe parle de reprendre le chemin du studio, on se surprend à avoir les mêmes craintes qu'on avait avant la sortie de Third. C'est bon signe.
Quoi de mieux alors que ce "Silence" pour commencer l'album... Il présente le renouveau de Portishead à l'auditeur : le son à changé, l'atmosphère est plus lourde ; tout de suite on respire : la qualité est toujours présente. L'instrumentation est fouillé, dans la lignée des précédents opus mais aussi de 'cousins' comme Massive Attack. Les cordes progressent, loin d'installer la douceur comme sur le tube "Glory Box" elles sont angoissantes, elles retiennent leurs respirations pour laisser l'espace rythmique à une batterie féroce et une basse oppressante.
La production et le son sont donc exceptionnellement fouillés, plusieurs fins de morceaux sont même très surprenantes et laissent l'auditeur sur un sentiment amer, oublié dès la chanson suivante.
Mais évidemment, celle qu'on attend tous c'est la chanteuse Beth Gibbons. On a bien raison. Sa performance sur ce Third est tout simplement incroyable : elle arrive même régulièrement à dépasser les anciens classiques du groupe. Jouant sur sa féminité, elle est parfois l'amie, parfois l'inaccessible, parfois l'âme brisée. Suspendu à ces lèvres, on navigue alors dans ces eaux froides et inquiétantes. Le lascif "Hunter", le redoutable single "Machine Gun" au riff criard... Toutes ces chansons forment une mosaïque sombre mais magnifique. Il y a un seul rayon de soleil, "Deep Water" et son Ukulélé. Mais il laisse vite sa place aux derniers "Magic Doors" et au final "Threads" qui clôture sans joie mais avec passion un album qui tient ses promesses, pour moi déjà culte.
A l'heure où le groupe parle de reprendre le chemin du studio, on se surprend à avoir les mêmes craintes qu'on avait avant la sortie de Third. C'est bon signe.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 11 juin 2010 à 19 h 20 |
Porthishead est simplement le plus grand groupe (artistiquement parlant) du trip-hop.
Ma réaction est murement réfléchie, avec ce troisième album on atteint le nirvana musicale du l'électro et de la voix la plus belle et désenchantée du genre musicale.
Un album différent des 2 premiers, moins scrath-jazzy le 3ème se fait remarquer par un son froid, envoûtant.... ou quand la mélodie et la distorsion se melent a la voix presque fantomatique de Beth Gibbons.
le groupe atteint une maturité sublime!
Je veux bien attendre encore 10 ans s'il le faut!
L'album a posséder absolument, et haut de la pile ou trône les plus grands artistes.
Ma réaction est murement réfléchie, avec ce troisième album on atteint le nirvana musicale du l'électro et de la voix la plus belle et désenchantée du genre musicale.
Un album différent des 2 premiers, moins scrath-jazzy le 3ème se fait remarquer par un son froid, envoûtant.... ou quand la mélodie et la distorsion se melent a la voix presque fantomatique de Beth Gibbons.
le groupe atteint une maturité sublime!
Je veux bien attendre encore 10 ans s'il le faut!
L'album a posséder absolument, et haut de la pile ou trône les plus grands artistes.
Intemporel ! ! ! 20/20
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