Thee Silver Mount Zion
13 Blues For Thirteen Moons |
Label :
Constellation |
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Je n'ai rien écouté des ces 13 Blues For Thirteen Moons. Rien. Je n'ai pas eu la chance d'assister aux derniers concerts, je n'ai pas suivi les liens, vers des fichiers mp3, qui me sont parvenus. J'ai attendu, fébrilement, cette nouvelle galette des activistes principaux de Montréal pour découvrir enfin ce magnifique titre étrange, à rallonge comme d'habitude ; je monte le son, et je me laisse vriller les oreilles par les 12 premiers titres introductifs, aiguës. Treizième piste, les choses sérieuses commencent ; le chant d'Efrim se fait une fois de plus plaintif, et vu le nom donné à cette chanson ("1.000.000 Died To Make This Sound"), répété dans un chœur discret, je me dis que l'ambiance ne sera pas encore à la fête. A Silver Mount Zion balance un titre résolument rock'n'roll, notamment grâce à l'arrivée bienheureuse d'Eric Craven, batteur chez les fous-furieux de Hanged Up.
Le groupe nous avait déjà habitués aux ambiances apocalyptiques, caverneuses, intimistes, gracieuses, mais là, le son se fait pratiquement épique, avec ses descentes de violons vertigineuses, ses guitares partant en guerre, sa contrebasse menaçante, sa batterie déchainée et un Efrim Menuck à la limite du hurlement. ASMZ ne fera donc pas dans la délicatesse, nous sommes prévenus ; quoique ? Le titre, répété mille et une fois, se finit en chœur où le groupe nous prouve, si besoin est, la richesse ahurissante du son qu'ils peuvent proposer, l'agressivité subtile et latente qu'ils peuvent développer. La chanson titre en est la parfaite illustration ; un mélange d'ambiance lugubre et d'excitation incontrôlable, tout en distillant des images mentales, qui tournent, qui secouent, qui frappent ; on se prend au jeu, je commence à brailler, l'air menaçant (en fronçant les sourcils) "I Just Want Some Action, I Just Want Some Action!!!". ASMZ déverse sa rage, sa tristesse, sa noirceur, et donc, son blues. Le groupe nous démontre également avec les deux derniers titres son expérience de la composition. La longue dernière tournée et les collaborations diverses en studio et sur scène avec Pattie Smith ou Vic Chesnutt semblent avoir été grandement bénéfique pour un combo que l'on sent plus soudé et remonté que jamais (les parties chant "Black Waters Blowed/Engine Broke Blues" sont mémorables). Pourtant, il n'est pas difficile à imaginer que beaucoup critiqueront la méthode, n'hésiteront pas à dénoncer "la facilité" de la recette trouvée par ASMZ, répétée depuis "This Is Our Punk-Rock", avec les montées de cordes systématiques, le chant plaintif et prêcheur et les guitares se faisant stridentes à un moment "précieux".
Mais les lignes de violoncelles ne se casseront jamais aussi littéralement sur les guitares et les cymbales que sur cet album. La complexe rigidité de Godspeed est définitivement remplacée par une spontaneité déconcertante en perpétuel mouvement. Nous sommes en présence d'un vrai travail d'orfèvre et sans concession, évidemment.
Le groupe nous avait déjà habitués aux ambiances apocalyptiques, caverneuses, intimistes, gracieuses, mais là, le son se fait pratiquement épique, avec ses descentes de violons vertigineuses, ses guitares partant en guerre, sa contrebasse menaçante, sa batterie déchainée et un Efrim Menuck à la limite du hurlement. ASMZ ne fera donc pas dans la délicatesse, nous sommes prévenus ; quoique ? Le titre, répété mille et une fois, se finit en chœur où le groupe nous prouve, si besoin est, la richesse ahurissante du son qu'ils peuvent proposer, l'agressivité subtile et latente qu'ils peuvent développer. La chanson titre en est la parfaite illustration ; un mélange d'ambiance lugubre et d'excitation incontrôlable, tout en distillant des images mentales, qui tournent, qui secouent, qui frappent ; on se prend au jeu, je commence à brailler, l'air menaçant (en fronçant les sourcils) "I Just Want Some Action, I Just Want Some Action!!!". ASMZ déverse sa rage, sa tristesse, sa noirceur, et donc, son blues. Le groupe nous démontre également avec les deux derniers titres son expérience de la composition. La longue dernière tournée et les collaborations diverses en studio et sur scène avec Pattie Smith ou Vic Chesnutt semblent avoir été grandement bénéfique pour un combo que l'on sent plus soudé et remonté que jamais (les parties chant "Black Waters Blowed/Engine Broke Blues" sont mémorables). Pourtant, il n'est pas difficile à imaginer que beaucoup critiqueront la méthode, n'hésiteront pas à dénoncer "la facilité" de la recette trouvée par ASMZ, répétée depuis "This Is Our Punk-Rock", avec les montées de cordes systématiques, le chant plaintif et prêcheur et les guitares se faisant stridentes à un moment "précieux".
Mais les lignes de violoncelles ne se casseront jamais aussi littéralement sur les guitares et les cymbales que sur cet album. La complexe rigidité de Godspeed est définitivement remplacée par une spontaneité déconcertante en perpétuel mouvement. Nous sommes en présence d'un vrai travail d'orfèvre et sans concession, évidemment.
Parfait 17/20 | par Reznor |
Posté le 15 avril 2008 à 23 h 36 |
Cinquième livraison de l'une des nombreuses excroissances de feu Godspeed You! Black Emperor. Les temps ont changé, mais pas l'humeur : plus remontés que jamais Efrim et sa clique font feu de tout bois. Entendre que la filiation d'avec leur illustre ainé s'éloigne et que le collectif s'affranchit de ce lourd héritage en s'aventurant sur un terrain résolument rock n'roll. Plus de guitares, des structures (un peu) moins complexes, mais surtout des interprétations habitées. Le son de Silver Mt Zion subit une nouvelle mue il est paradoxalement plus chaleureux alors que les titres n'ont jamais été aussi violents, bien loin des premiers jets dépouillés et parfois un peu arides des débuts.
Le disque s'ouvre donc avec 12 plages courtes de larsen, histoire peut-être de préparer l'auditeur au cataclysme qui va suivre.
"One Million Died To Make This Sound"... On les croit sur parole, sauf qu'une fois n'est pas coutume après cette plainte introduite par le chœur, le morceau prend son envol, et on ne descendra que très rarement, juste le temps de reprendre son souffle.
"13 Blues For 13 Moons" enfonce le clou : alternance de chaud et de froid, d'accélérations décélérations mais le tout dans une fluidité qu'on ne savait pas au répertoire des montréalais : chaque enchaînement coule de source, les soudures semblent avoir disparu. Finie la rigueur métronomique des procédés de composition initiés avec GY!BE.
"Black Waters Blowed/Engine Broken Blues" est tout simplement magistral : chaque partie est d'une maîtrise ahurissante, le vacarme organisé bataille des cordes contre guitare laisse sans voix. Planerait presque l'ombre du Velvet Underground première période...
"BlindBlindBlind" clôt le disque dans une tonalité apaisée presque joyeuse. Après nous avoir fait passer par des chemins très sombres, un peu moins balisés qu'à son habitude, Silver Mt Zion livre en final l'une de ses compositions les plus lumineuses.
13 Blues For 13 Moons sonne un peu comme un nouveau départ pour le groupe : un opus résolument rock taillé pour la scène.
Le disque s'ouvre donc avec 12 plages courtes de larsen, histoire peut-être de préparer l'auditeur au cataclysme qui va suivre.
"One Million Died To Make This Sound"... On les croit sur parole, sauf qu'une fois n'est pas coutume après cette plainte introduite par le chœur, le morceau prend son envol, et on ne descendra que très rarement, juste le temps de reprendre son souffle.
"13 Blues For 13 Moons" enfonce le clou : alternance de chaud et de froid, d'accélérations décélérations mais le tout dans une fluidité qu'on ne savait pas au répertoire des montréalais : chaque enchaînement coule de source, les soudures semblent avoir disparu. Finie la rigueur métronomique des procédés de composition initiés avec GY!BE.
"Black Waters Blowed/Engine Broken Blues" est tout simplement magistral : chaque partie est d'une maîtrise ahurissante, le vacarme organisé bataille des cordes contre guitare laisse sans voix. Planerait presque l'ombre du Velvet Underground première période...
"BlindBlindBlind" clôt le disque dans une tonalité apaisée presque joyeuse. Après nous avoir fait passer par des chemins très sombres, un peu moins balisés qu'à son habitude, Silver Mt Zion livre en final l'une de ses compositions les plus lumineuses.
13 Blues For 13 Moons sonne un peu comme un nouveau départ pour le groupe : un opus résolument rock taillé pour la scène.
Parfait 17/20
Posté le 06 décembre 2008 à 12 h 54 |
13 Blues for Thirteen Moons est l'album des interrogations. Quel direction doit prendre la bande à Efrim Menuck ? 9 ans déjà que le groupe nous livre sa musique unique, et après le génial "This Is Our Punk Rock" on sent bien que le niveau des albums a baissé. A l'inverse des lives, de plus en plus touchant, les disques et surtout le précédent Horses In The Sky semblaient perdre de leurs puissances.
En effet, on ne vibre plus autant, l'émotion passe mais souvent maladroitement et le groupe ne semble plus pouvoir dépasser cette limite. Un membre dans une interview comparait A Silver Mount Zion à un artisan ; maintenant malheureusement, l'artisan semble se répéter, et l'audace inouïe des premiers albums n'est plus qu'un souvenir. La musique est finalement pensée avec la tête et écrite avec le cœur, alors que c'est le contraire qui marchait autrefois.
Sur les répétitions trop longues du morceau titre par exemple, les 10 minutes centrales sont assez souvent ennuyeuses. Même sur "1.000.000 died..." on ne trouve plus cette rage qui pousse toujours la musique en avant, et on en sort avec une impression mitigée.
Cela dit, comme je l'ai dit cette musique est écrite avec le cœur, et si la première partie de cette chronique semble un peu assassine je tiens à fortement modérer mon propos. "Black Waters Blowed" est simplement magnifique, et les petits cris finaux de la guitare profondément émouvant. "Blind Blind Blind" et "1.000.000 died..." possèdent aussi de superbes envolées.
Enfin, tous ces morceaux joués en live sont extraordinaires et pouvoir les entendre à nouveau après un concert ramène des souvenirs fantastiques. Signe encourageant, l'album est meilleur que le précédent. Alors malgré les défauts (trop) largement évoqué de la formation actuelle, je serai le premier à acheter le prochain album, en espérant que la prochaine mue du Silver Mount Zion nous emmènera encore plus loin.
En effet, on ne vibre plus autant, l'émotion passe mais souvent maladroitement et le groupe ne semble plus pouvoir dépasser cette limite. Un membre dans une interview comparait A Silver Mount Zion à un artisan ; maintenant malheureusement, l'artisan semble se répéter, et l'audace inouïe des premiers albums n'est plus qu'un souvenir. La musique est finalement pensée avec la tête et écrite avec le cœur, alors que c'est le contraire qui marchait autrefois.
Sur les répétitions trop longues du morceau titre par exemple, les 10 minutes centrales sont assez souvent ennuyeuses. Même sur "1.000.000 died..." on ne trouve plus cette rage qui pousse toujours la musique en avant, et on en sort avec une impression mitigée.
Cela dit, comme je l'ai dit cette musique est écrite avec le cœur, et si la première partie de cette chronique semble un peu assassine je tiens à fortement modérer mon propos. "Black Waters Blowed" est simplement magnifique, et les petits cris finaux de la guitare profondément émouvant. "Blind Blind Blind" et "1.000.000 died..." possèdent aussi de superbes envolées.
Enfin, tous ces morceaux joués en live sont extraordinaires et pouvoir les entendre à nouveau après un concert ramène des souvenirs fantastiques. Signe encourageant, l'album est meilleur que le précédent. Alors malgré les défauts (trop) largement évoqué de la formation actuelle, je serai le premier à acheter le prochain album, en espérant que la prochaine mue du Silver Mount Zion nous emmènera encore plus loin.
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