Thee Silver Mount Zion
Nantes [mercredi 16 avril 2008] |
Le 16 avril dernier, Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra And Tra-La-La Band passait à Nantes pour nous présenter son dernier album, 13 Blues for Thirteen Moons, l'occasion pour nous de poser quelques questions à Ian Ilavski, guitariste du groupe et co-fondateur du mythique label Constellation. Interview réalisée par X_Keyser José et Pierre de Prun.
Pierre : Pouvez vous, nous présenter le style du groupe, on parle souvent de Post Rock, est ce que cela veut dire quelques chose pour vous ?
Le post-rock, rien de bien, c’est un terme auquel nous résistons depuis sa création par un journaliste quelconque en 1997 environ, cela veut dire très peu de choses au sujet de Silver Mount Zion aujourd’hui, mais même à l’époque quand ce terme s’est attaché à Godspeed nous le trouvions un peu vide. Pour nous tout ce que nous faisons dans Godspeed ou de la même façon dans Mt Zion, - même si je ne jouais pas dans Godspeed mais j’ai un peu vécu ça en faisant partie de Constellation -, viennent d’un esprit punk et d’une pratique punk aussi, je pense vraiment que dans le terme Post-Rock, il y a beaucoup plus d’enjeux un peu bourgeois. Je ne sais pas ce que cela voulait dire à l’époque, un rock avec un peu de jazz ? Ou du rock avec un peu de laptop ? Quand on fait une liste de choses qui tombent sous cette catégorie là, je dirais qu’il n’y a pas beaucoup de liens nécessairement entre eux, soit au niveau esthétique mais particulièrement au niveau de tout ce qui est arrière-scène, en ce qui concerne les décisions pratiques des groupes, soit au niveau de l’enregistrement ou de tournée ou d’autonomie au niveau de la gestion du groupe. Mais rendu à 2007-2008, je pense que c’est un peu perdu le Post Rock.
Pierre : Et vous définiriez comment alors votre musique sans employer forcément d’étiquette ?
Idéalement je préférais plus qu’on parle du groupe dans un contexte punk, d’essayer de récupérer un sens dans ce mot là dont on pense tous dans le groupe et plus généralement en Amérique du Nord, qu’il est devenu un genre de musique de la même façon que "indie rock" qui veut dire je ne sais pas trop quoi, mais qui n’est pas un genre de musique esthétiquement parlant ou au niveau de la composition. Le punk en Amérique du Nord c’est devenu une caricature de skate ou d’autre chose, par exemple ces groupes de Californie qui jouent une musique punk mais qui n’en est pas vraiment une. Il y a un discours autour de la musique en Amérique du Nord où on trouve de moins en moins de substance, avec les magazines, avec les journaux, on dédie de moins en moins d’espace, on essaie de critiquer 200 albums par édition avec 100 mots par critique, cela encourage une consommation de façon à toucher à tout sans élargir un peu plus profondément. On ne peut pas contrôler la réception de la musique mais tout ce que Mt Zion fait et également au niveau de Constellation c’est d’essayer de publier, de distribuer des disques qui encouragent une immersion dans l’album, qui ne sont pas faciles à embrasser peut être à la première écoute avec des morceaux qui ne sonnent pas super bien, comme les MP3. Dans tout ce qui devient "indie rock" cela devient de plus en plus un calcul pour beaucoup de groupes, d’avoir un single qui frappe fort, qui est bien compressé, qui va produire un effet même si on l’écoute sur l’ordi en faisant cinq autres choses à la fois ; dans un sens on est un peu anti-technologie, l’engagement idéal devant nos albums c’est devant une chaine stéréo avec les lumières éteintes et pas de distraction.
X_Keyser José : Ecouter l’album sans rien faire d’autre à coté ?
Eventuellement oui, mais souvent on met l’album et on fait d’autres choses à côté, moi aussi je fais ça, mais il y a aussi des éléments de culture digitale dans le post rock avec lesquels nous résistons, parce que dans un sens le post rock était lié avec un plus grand accès à la technologie d’enregistrement, avec Protools, le collage, l’intervention électronique… Cela peut générer des choses intéressantes c’est sûr et puis c’est une bonne chose qu’il y ait plus de musiciens et de groupes qui peuvent enregistrer eux même, facilement et pas trop cher sans utiliser de studio, d’ingénieur, un accès plus démocratique mais en même temps une consommation qui devient de plus en plus facile dans un sens négatif, tout devient plus superficiel.
X_Keyser José : Thee Silver Mt Zion and Memorial Orchestra & Tra-La-La Band, pourquoi ce nom et ce changement presque constant au cours de votre carrière ?
Le nom n’a pas changé si souvent que ca, notre premier album dont je n’ai pas fait partie était trois personnes qui jouaient tous dans Godspeed à l’époque, c’était A Silver Mt Zion, la première édition. Quand Efrim a invité les deux ou trois musiciens qui sont toujours dans le groupe dont moi et Jessica, il a voulu signaler ce changement, puis c’est devenu plus large, un mini-orchestre, mais ce nom là est resté plus ou moins fixe dans les quatre albums. Il y a This Is Your Punk Rock où on a fait l’addition de With Choir parce qu’on avait invité une vingtaine de nos amis à chanter dessus. Il y a aussi un autre album séparé car composé par Efrim presque tout seul pour Silver Mount Reveries mais ce sont aussi des morceaux que nous jouons en concert. Sur l’origine du nom je ne peux pas vous répondre vraiment, ce n’est pas moi qui ai inventé le nom mais je pense que le Mt Zion parle d’une terre promise, d’une utopie pas vraiment accessible, quelque chose qu’on peut voir de loin mais intouchable.
X_Keyser José : quelle est la signification de ces douze premiers courts morceaux du nouvel album, 13 Blues for Thirteen Moons ?
Ca parle d’une part de technologie, c’est un peu peut être anti-MP3 mais d’un autre coté je trouve que cela sonne beau, c’est un album de quatre chansons qui sont assez longues, lourdes et pas légères, donc dans un sens au niveau esthétique et sonore cela crée un petit prélude pour essayer de calmer les oreilles, d’inspirer un focus. Et puis plus secondairement ca permet que les morceaux commencent avec le numéro treize, c’est un petit jeu.
Pierre : l’utilisation du mot blues est-elle une manière de contrecarrer les gens qui pensent que votre musique est trop intellectuelle ?
Je pense que c’est une interprétation parmi plusieurs avec laquelle je serais d’accord. En tout cas au niveau des paroles d’Efrim et de ce que l’on a vécu personnellement durant ces deux dernières années à Montréal, il y a beaucoup de personnes proches de nous et dans le groupe qui ont connu des moments difficiles, on ne parle pas de cela dans l’album, mais les paroles sont inspirées par cette période de temps où dans notre communauté certains proches étaient malades, c’était donc une période de blues dans un sens pour nous. Au niveau de la musique je pourrai dire simplement que tout le rock vient du blues. La chanson "13 blues for Thirteen Moons" est pour nous un blues, il y a quelque chose de plus cru avec cet album, ce qui ne veut pas dire que ce sera notre trajectoire au futur mais cet album là ce sont des chansons que l’on a jouées beaucoup live avant de rentrer au studio ; on était bien d’accord pour garder ces chansons aussi live que possible, même si dans le studio tout n’est pas enregistré live. Il y a plusieurs interprétations de ce mot.
X_Keyser José : 13 Blues for Thirteen Moons, est le deuxième album entièrement chanté après Horses In The Sky, ce changement intervient plutôt dans une volonté de mieux faire comprendre vos propos ou par pur choix artistique et esthétique ? Ou les deux peut-être ?
Oui, les deux, Efrim est en meilleure position que moi pour répondre. C’est quelqu’un qui se trouvait dans Godspeed, considéré comme groupe politique pour de bonnes raisons mais aussi pour de mauvaises raisons inventées. Il a commencé à chanter sur le premier album mais effectivement ce n’était que ici et là, je pense qu’il gagne plus de confiance comme chanteur. Il a plus de confiance dans sa voix amateur, même s’il comprend bien que ce n’est pas pour tout le monde, et nous aussi nous comprenons ca. Je trouve que ses paroles deviennent de plus en plus fortes au niveau poétique. Nous n’avons pas vraiment de message ou de façon de voir le monde à imposer aux autres, mais je pense qu’il manque dans la musique rock un engagement avec le monde comme tout le monde le vit, on aperçoit tous qu’il y a des problèmes mais qui sont difficiles à toucher dans la musique. Le punk ce sont des slogans et des paroles simples et directes que nous défendons mais Efrim a aussi trouvé une voix dans le sens de la poésie qui touche ces sujets mais en gardant un certain mysticisme qui porte toujours sur des enjeux globaux et politiques. On a voulu clarifier nos propos et la voix fonctionne aussi comme un autre instrument, les chansons sont toujours travaillées instrumentalement tout d’abord, sauf peut être le titre « Horse In a Sky » qui était composé sur la voix et la guitare de Efrim. Les paroles sont une réponse dans la musique que nous créons instrumentalement, c’est vraiment un autre instrument qui contribue à l’ensemble.
Le post-rock, rien de bien, c’est un terme auquel nous résistons depuis sa création par un journaliste quelconque en 1997 environ, cela veut dire très peu de choses au sujet de Silver Mount Zion aujourd’hui, mais même à l’époque quand ce terme s’est attaché à Godspeed nous le trouvions un peu vide. Pour nous tout ce que nous faisons dans Godspeed ou de la même façon dans Mt Zion, - même si je ne jouais pas dans Godspeed mais j’ai un peu vécu ça en faisant partie de Constellation -, viennent d’un esprit punk et d’une pratique punk aussi, je pense vraiment que dans le terme Post-Rock, il y a beaucoup plus d’enjeux un peu bourgeois. Je ne sais pas ce que cela voulait dire à l’époque, un rock avec un peu de jazz ? Ou du rock avec un peu de laptop ? Quand on fait une liste de choses qui tombent sous cette catégorie là, je dirais qu’il n’y a pas beaucoup de liens nécessairement entre eux, soit au niveau esthétique mais particulièrement au niveau de tout ce qui est arrière-scène, en ce qui concerne les décisions pratiques des groupes, soit au niveau de l’enregistrement ou de tournée ou d’autonomie au niveau de la gestion du groupe. Mais rendu à 2007-2008, je pense que c’est un peu perdu le Post Rock.
Pierre : Et vous définiriez comment alors votre musique sans employer forcément d’étiquette ?
Idéalement je préférais plus qu’on parle du groupe dans un contexte punk, d’essayer de récupérer un sens dans ce mot là dont on pense tous dans le groupe et plus généralement en Amérique du Nord, qu’il est devenu un genre de musique de la même façon que "indie rock" qui veut dire je ne sais pas trop quoi, mais qui n’est pas un genre de musique esthétiquement parlant ou au niveau de la composition. Le punk en Amérique du Nord c’est devenu une caricature de skate ou d’autre chose, par exemple ces groupes de Californie qui jouent une musique punk mais qui n’en est pas vraiment une. Il y a un discours autour de la musique en Amérique du Nord où on trouve de moins en moins de substance, avec les magazines, avec les journaux, on dédie de moins en moins d’espace, on essaie de critiquer 200 albums par édition avec 100 mots par critique, cela encourage une consommation de façon à toucher à tout sans élargir un peu plus profondément. On ne peut pas contrôler la réception de la musique mais tout ce que Mt Zion fait et également au niveau de Constellation c’est d’essayer de publier, de distribuer des disques qui encouragent une immersion dans l’album, qui ne sont pas faciles à embrasser peut être à la première écoute avec des morceaux qui ne sonnent pas super bien, comme les MP3. Dans tout ce qui devient "indie rock" cela devient de plus en plus un calcul pour beaucoup de groupes, d’avoir un single qui frappe fort, qui est bien compressé, qui va produire un effet même si on l’écoute sur l’ordi en faisant cinq autres choses à la fois ; dans un sens on est un peu anti-technologie, l’engagement idéal devant nos albums c’est devant une chaine stéréo avec les lumières éteintes et pas de distraction.
X_Keyser José : Ecouter l’album sans rien faire d’autre à coté ?
Eventuellement oui, mais souvent on met l’album et on fait d’autres choses à côté, moi aussi je fais ça, mais il y a aussi des éléments de culture digitale dans le post rock avec lesquels nous résistons, parce que dans un sens le post rock était lié avec un plus grand accès à la technologie d’enregistrement, avec Protools, le collage, l’intervention électronique… Cela peut générer des choses intéressantes c’est sûr et puis c’est une bonne chose qu’il y ait plus de musiciens et de groupes qui peuvent enregistrer eux même, facilement et pas trop cher sans utiliser de studio, d’ingénieur, un accès plus démocratique mais en même temps une consommation qui devient de plus en plus facile dans un sens négatif, tout devient plus superficiel.
X_Keyser José : Thee Silver Mt Zion and Memorial Orchestra & Tra-La-La Band, pourquoi ce nom et ce changement presque constant au cours de votre carrière ?
Le nom n’a pas changé si souvent que ca, notre premier album dont je n’ai pas fait partie était trois personnes qui jouaient tous dans Godspeed à l’époque, c’était A Silver Mt Zion, la première édition. Quand Efrim a invité les deux ou trois musiciens qui sont toujours dans le groupe dont moi et Jessica, il a voulu signaler ce changement, puis c’est devenu plus large, un mini-orchestre, mais ce nom là est resté plus ou moins fixe dans les quatre albums. Il y a This Is Your Punk Rock où on a fait l’addition de With Choir parce qu’on avait invité une vingtaine de nos amis à chanter dessus. Il y a aussi un autre album séparé car composé par Efrim presque tout seul pour Silver Mount Reveries mais ce sont aussi des morceaux que nous jouons en concert. Sur l’origine du nom je ne peux pas vous répondre vraiment, ce n’est pas moi qui ai inventé le nom mais je pense que le Mt Zion parle d’une terre promise, d’une utopie pas vraiment accessible, quelque chose qu’on peut voir de loin mais intouchable.
X_Keyser José : quelle est la signification de ces douze premiers courts morceaux du nouvel album, 13 Blues for Thirteen Moons ?
Ca parle d’une part de technologie, c’est un peu peut être anti-MP3 mais d’un autre coté je trouve que cela sonne beau, c’est un album de quatre chansons qui sont assez longues, lourdes et pas légères, donc dans un sens au niveau esthétique et sonore cela crée un petit prélude pour essayer de calmer les oreilles, d’inspirer un focus. Et puis plus secondairement ca permet que les morceaux commencent avec le numéro treize, c’est un petit jeu.
Pierre : l’utilisation du mot blues est-elle une manière de contrecarrer les gens qui pensent que votre musique est trop intellectuelle ?
Je pense que c’est une interprétation parmi plusieurs avec laquelle je serais d’accord. En tout cas au niveau des paroles d’Efrim et de ce que l’on a vécu personnellement durant ces deux dernières années à Montréal, il y a beaucoup de personnes proches de nous et dans le groupe qui ont connu des moments difficiles, on ne parle pas de cela dans l’album, mais les paroles sont inspirées par cette période de temps où dans notre communauté certains proches étaient malades, c’était donc une période de blues dans un sens pour nous. Au niveau de la musique je pourrai dire simplement que tout le rock vient du blues. La chanson "13 blues for Thirteen Moons" est pour nous un blues, il y a quelque chose de plus cru avec cet album, ce qui ne veut pas dire que ce sera notre trajectoire au futur mais cet album là ce sont des chansons que l’on a jouées beaucoup live avant de rentrer au studio ; on était bien d’accord pour garder ces chansons aussi live que possible, même si dans le studio tout n’est pas enregistré live. Il y a plusieurs interprétations de ce mot.
X_Keyser José : 13 Blues for Thirteen Moons, est le deuxième album entièrement chanté après Horses In The Sky, ce changement intervient plutôt dans une volonté de mieux faire comprendre vos propos ou par pur choix artistique et esthétique ? Ou les deux peut-être ?
Oui, les deux, Efrim est en meilleure position que moi pour répondre. C’est quelqu’un qui se trouvait dans Godspeed, considéré comme groupe politique pour de bonnes raisons mais aussi pour de mauvaises raisons inventées. Il a commencé à chanter sur le premier album mais effectivement ce n’était que ici et là, je pense qu’il gagne plus de confiance comme chanteur. Il a plus de confiance dans sa voix amateur, même s’il comprend bien que ce n’est pas pour tout le monde, et nous aussi nous comprenons ca. Je trouve que ses paroles deviennent de plus en plus fortes au niveau poétique. Nous n’avons pas vraiment de message ou de façon de voir le monde à imposer aux autres, mais je pense qu’il manque dans la musique rock un engagement avec le monde comme tout le monde le vit, on aperçoit tous qu’il y a des problèmes mais qui sont difficiles à toucher dans la musique. Le punk ce sont des slogans et des paroles simples et directes que nous défendons mais Efrim a aussi trouvé une voix dans le sens de la poésie qui touche ces sujets mais en gardant un certain mysticisme qui porte toujours sur des enjeux globaux et politiques. On a voulu clarifier nos propos et la voix fonctionne aussi comme un autre instrument, les chansons sont toujours travaillées instrumentalement tout d’abord, sauf peut être le titre « Horse In a Sky » qui était composé sur la voix et la guitare de Efrim. Les paroles sont une réponse dans la musique que nous créons instrumentalement, c’est vraiment un autre instrument qui contribue à l’ensemble.
Pierre : Au niveau du chant justement, dans les critiques qui reviennent sur le groupe, on dit souvent que c’est chanté faux, qu’est-ce que vous en pensez ?
On n’essaye pas d’être populaire tout d’abord et puis dans l’histoire de la musique il y a beaucoup de voix difficiles, presque fausses, nous n’essayons pas de changer cela, c’est la voix d’Efrim qui est comme ca, il est clair que ce n’est pas pour tout le monde, mais nous sommes content de travailler à ce même niveau depuis le début, on ne cherche pas plus de succès. Je comprends qu’il y ait des fans de Godspeed et des débuts de Mt Zion qui préfèreraient qu’on continue à faire de la musique instrumentale avec moins de voix, mais nous ferions peut être ça aussi dans le futur mais ça sera une décision complètement autonome de notre part. Mais un mélange de morceaux avec des voix et des instrumentaux est quelque chose qui pourrait se produire aussi… difficile à dire.
X_Keyser José : Pourquoi avoir choisi d’avoir prêté une de vos musiques pour illustrer une bande annonce de la série Lost, alors que cela semble être en désaccord avec la logique anticapitaliste de Constellation ?
Tout est vraiment dans les détails, on a dit non à une centaine d’offres durant les six à sept dernières années. Rendue à cette offre là, notre réaction initiale c’était "Non !". Par contre il y avait des membres du groupes qui aimaient Lost, ce n’était pas comme Les Experts ou d’autres séries comme ça, il y a plein de choses qui passent à la télé où politiquement, esthétiquement cela ne nous intéresse pas. C’est sûr aussi que nous n’avons jamais nié l’idée que notre musique pourrait être liée avec quelque chose d’artistique, on a déjà donné la permission soit à des buts non lucratifs mais même pour quelques films commerciaux, qui ne se trouvent pas dans la bande sonore originale puisqu’on empêche que ça sorte sur CD mais des musiques qui passent seulement dans le film, on a même reçu de l’argent pour ca, 2000, 3000, 4000 dollars ici et là pour des films indépendants. Pour Lost on nous a envoyé un clip qui montrait ce qu’ils voulaient utiliser, c’était environ 20 secondes de la bande annonce, et la première chose qu’on s’est dit c’est : "pourquoi veulent-ils nous payer pour ce truc ?" ; on a pensé qu’on avait gagné à la loterie avec ça. On s’est dit qu’on ne gagnait pas notre vie avec le groupe, on prend beaucoup de décisions pour ne pas gagner notre vie avec le groupe, tout le monde a besoin de faire beaucoup d’autres choses à côté et puis l’utilisation était tellement ridicule dans un sens. Le contenu de la série Lost n’était pas quelque chose avec lequel nous étions opposés, on a donc fait un vote qui était majoritairement positif, et cela nous a payé, à chaque membre, plus ou moins la même chose que ce que nous recevrons peut-être pour la vente de 10 000 disques. Nous vendons environ 20 000 disques par album, si l’on vend 20 000 exemplaires à travers le monde de ce nouvel album ça sera un grand succès pour nous. On a gagné dans un chèque ce que nous recevons tout les six mois en royalties, ce n’était pas une décision facile, on peut être critiqué pour cela mais on a dit non à tellement de choses. C’est un morceau qui existe depuis six-sept ans déjà, si cela avait été un nouveau titre, on aurait refusé, on n’aurait pas commercialisé dans ce sens là. On a déjà vécu, et en particulier Godspeed, des centaines de fois, exactement l’autre chose, où l’on dit non et l’agence de pub va trouver quelqu’un qui peut recréer le son Godspeed que l’on retrouve dans la pub.
X_Keyser José : Après Carla Bozulich, Vic Chesnutt et maintenant The Dead Science, Constellation s’ouvre à des artistes non canadiens, est ce dans une volonté précise et réfléchie ou plutôt quelques talents que vous vouliez absolument produire ?
C’est sûr qu’au départ il y avait un focus régional très important, il y a sept-huit ans, et ça continue d’être nos règles de base, pour Carla et Vic il y avait déjà des liens avec des musiciens montréalais. A l’époque, The Geraldine Fibbers, qui était le groupe de Carla Bozulich, était l’un des premiers groupes à inviter mon groupe de l’époque, Sofa, à faire leur première partie à Montréal et qui nous a amené en tournée avec eux pour quatre-cinq dates. Je connais donc Carla depuis 1994, même avant Constellation. Elle nous a contacté, elle voulait venir à Montréal pour enregistrer, et tout cela s’est passé entre elle et le studio Hotel2tango qui est à part de Constellation bien que nous nous connaissons très bien, c’est eux qui ont produit l’album et c’est après que Constellation a décidé de parler avec Carla pour sortir l’album. Et même chose pour Vic, il avait un contrat une société de disque américaine, c’est son ami Jem Cohen (réalisateur de Instrument : Ten Years With The Band Fugazi) qui est aussi un de nos amis qui a eu l’idée de marier Vic et Silver Mt Zion, tout cela s’est passé aussi à l’Hotel2tango ; un mois ou deux après l’enregistrement de l’album, Vic Chesnutt a demandé de sortir ce disque chez nous. Pour Dead Science c’est un peu différent, il y a plusieurs groupes ici et là que nous pourrions appuyer, de saison en saison on regarde toujours se qui se passe à Montréal, les groupes dont ont a déjà signé des albums et les choses nouvelles qui arrivent. En novembre dernier ont a reçu trois-quatre démos qu’on aimait vraiment beaucoup, on a parlé avec ces groupes, et The Dead Science c’est celui avec qui on a eu le plus d’affinités, ont était d’accord avec eux sur plusieurs niveaux, en matière de travail. Ca reste à voir ce que va faire Constellation dans l’appui des groupes locaux et l’appui des groupes que nous aimons vraiment esthétiquement mais qui sont peut être plus loin géographiquement ; ça peut se développer dans différentes série, il y aura peut être différents modes de production, ou même différents enjeux de promo, c’est une chose à laquelle nous réfléchissons. Ce qui est bien dans l’appui des groupes locaux, c’est de pouvoir s’engager directement avec les groupes pour des projets, en sérigraphie par exemple. Nous aimons aussi travailler avec des groupes qui ont l’esprit déjà Do It Yourself, et cette scène là est très vivante à Montréal qui est vraiment devenu une scène importante ces dernières années avec Arcade Fire, Wolf Parade et beaucoup de groupes qui sont basés maintenant à Montréal ; ça a changé un peu la scène que nous connaissions. Il y a beaucoup de choses qui se passent à Montréal et nous aimerions peut être publier certains groupes dans des sortes de compilations en regroupant plusieurs, parce qu’il est de plus en plus difficile de faire sortir un nouveau groupe, de faire en sorte qu’on s’intéresse à lui. On va voir dans les deux prochaines années si l’on peut monter ces différentes approches de production, en revenant peut-être à une fabrication vraiment manuelle avec de tout petits tirages.
X_Keyser José : A-t-on une chance d’entendre parler d’une possible actualité (disque, concert) pour Godspeed You Black Emperor ?
Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent mais qui ne viennent pas de chez nous, je peux seulement dire que tous les musiciens de Godspeed vivent toujours à Montréal donc tout est possible, mais je pense vraiment que tous les membres de Godspeed depuis six ans ont poursuivi d’autres projets qui sont plus immédiats et plus importants à l’heure actuelle. Ils ont été invités par All Tomorrow’s Parties, la série où ils demandent à un groupe de jouer un album, comme Sonic Youth avec Daydream Nation, mais ils ont refusé, ils n’étaient pas prêts à faire ça, les membres du groupe veulent avant tout garder l’intégrité de leur trajectoire actuelle et mettre cela en avant ; plus le temps passe, plus il est difficile de revenir et pour eux jouer les vieux morceaux, cela manque de sens. Par exemple j’ai vu Slint pour leur reformation et c’était vide, je n’ai pas du tout aimé, c’était trop propre, trop parfait.
Pierre : Pour finir, qui sont ces « 1 000 000 Died To Make This Sound », sur le premier titre de 13 Blues For Thirteen Moons ?
Efrim a déjà plusieurs fois sur la tournée dédié cette chanson là à une liste de musiciens connus ou non mais qui sont morts pauvres, notre éthique à la base c’est de reconnaitre cette influence et de ne jamais oublier d’où elle vient.
On n’essaye pas d’être populaire tout d’abord et puis dans l’histoire de la musique il y a beaucoup de voix difficiles, presque fausses, nous n’essayons pas de changer cela, c’est la voix d’Efrim qui est comme ca, il est clair que ce n’est pas pour tout le monde, mais nous sommes content de travailler à ce même niveau depuis le début, on ne cherche pas plus de succès. Je comprends qu’il y ait des fans de Godspeed et des débuts de Mt Zion qui préfèreraient qu’on continue à faire de la musique instrumentale avec moins de voix, mais nous ferions peut être ça aussi dans le futur mais ça sera une décision complètement autonome de notre part. Mais un mélange de morceaux avec des voix et des instrumentaux est quelque chose qui pourrait se produire aussi… difficile à dire.
X_Keyser José : Pourquoi avoir choisi d’avoir prêté une de vos musiques pour illustrer une bande annonce de la série Lost, alors que cela semble être en désaccord avec la logique anticapitaliste de Constellation ?
Tout est vraiment dans les détails, on a dit non à une centaine d’offres durant les six à sept dernières années. Rendue à cette offre là, notre réaction initiale c’était "Non !". Par contre il y avait des membres du groupes qui aimaient Lost, ce n’était pas comme Les Experts ou d’autres séries comme ça, il y a plein de choses qui passent à la télé où politiquement, esthétiquement cela ne nous intéresse pas. C’est sûr aussi que nous n’avons jamais nié l’idée que notre musique pourrait être liée avec quelque chose d’artistique, on a déjà donné la permission soit à des buts non lucratifs mais même pour quelques films commerciaux, qui ne se trouvent pas dans la bande sonore originale puisqu’on empêche que ça sorte sur CD mais des musiques qui passent seulement dans le film, on a même reçu de l’argent pour ca, 2000, 3000, 4000 dollars ici et là pour des films indépendants. Pour Lost on nous a envoyé un clip qui montrait ce qu’ils voulaient utiliser, c’était environ 20 secondes de la bande annonce, et la première chose qu’on s’est dit c’est : "pourquoi veulent-ils nous payer pour ce truc ?" ; on a pensé qu’on avait gagné à la loterie avec ça. On s’est dit qu’on ne gagnait pas notre vie avec le groupe, on prend beaucoup de décisions pour ne pas gagner notre vie avec le groupe, tout le monde a besoin de faire beaucoup d’autres choses à côté et puis l’utilisation était tellement ridicule dans un sens. Le contenu de la série Lost n’était pas quelque chose avec lequel nous étions opposés, on a donc fait un vote qui était majoritairement positif, et cela nous a payé, à chaque membre, plus ou moins la même chose que ce que nous recevrons peut-être pour la vente de 10 000 disques. Nous vendons environ 20 000 disques par album, si l’on vend 20 000 exemplaires à travers le monde de ce nouvel album ça sera un grand succès pour nous. On a gagné dans un chèque ce que nous recevons tout les six mois en royalties, ce n’était pas une décision facile, on peut être critiqué pour cela mais on a dit non à tellement de choses. C’est un morceau qui existe depuis six-sept ans déjà, si cela avait été un nouveau titre, on aurait refusé, on n’aurait pas commercialisé dans ce sens là. On a déjà vécu, et en particulier Godspeed, des centaines de fois, exactement l’autre chose, où l’on dit non et l’agence de pub va trouver quelqu’un qui peut recréer le son Godspeed que l’on retrouve dans la pub.
X_Keyser José : Après Carla Bozulich, Vic Chesnutt et maintenant The Dead Science, Constellation s’ouvre à des artistes non canadiens, est ce dans une volonté précise et réfléchie ou plutôt quelques talents que vous vouliez absolument produire ?
C’est sûr qu’au départ il y avait un focus régional très important, il y a sept-huit ans, et ça continue d’être nos règles de base, pour Carla et Vic il y avait déjà des liens avec des musiciens montréalais. A l’époque, The Geraldine Fibbers, qui était le groupe de Carla Bozulich, était l’un des premiers groupes à inviter mon groupe de l’époque, Sofa, à faire leur première partie à Montréal et qui nous a amené en tournée avec eux pour quatre-cinq dates. Je connais donc Carla depuis 1994, même avant Constellation. Elle nous a contacté, elle voulait venir à Montréal pour enregistrer, et tout cela s’est passé entre elle et le studio Hotel2tango qui est à part de Constellation bien que nous nous connaissons très bien, c’est eux qui ont produit l’album et c’est après que Constellation a décidé de parler avec Carla pour sortir l’album. Et même chose pour Vic, il avait un contrat une société de disque américaine, c’est son ami Jem Cohen (réalisateur de Instrument : Ten Years With The Band Fugazi) qui est aussi un de nos amis qui a eu l’idée de marier Vic et Silver Mt Zion, tout cela s’est passé aussi à l’Hotel2tango ; un mois ou deux après l’enregistrement de l’album, Vic Chesnutt a demandé de sortir ce disque chez nous. Pour Dead Science c’est un peu différent, il y a plusieurs groupes ici et là que nous pourrions appuyer, de saison en saison on regarde toujours se qui se passe à Montréal, les groupes dont ont a déjà signé des albums et les choses nouvelles qui arrivent. En novembre dernier ont a reçu trois-quatre démos qu’on aimait vraiment beaucoup, on a parlé avec ces groupes, et The Dead Science c’est celui avec qui on a eu le plus d’affinités, ont était d’accord avec eux sur plusieurs niveaux, en matière de travail. Ca reste à voir ce que va faire Constellation dans l’appui des groupes locaux et l’appui des groupes que nous aimons vraiment esthétiquement mais qui sont peut être plus loin géographiquement ; ça peut se développer dans différentes série, il y aura peut être différents modes de production, ou même différents enjeux de promo, c’est une chose à laquelle nous réfléchissons. Ce qui est bien dans l’appui des groupes locaux, c’est de pouvoir s’engager directement avec les groupes pour des projets, en sérigraphie par exemple. Nous aimons aussi travailler avec des groupes qui ont l’esprit déjà Do It Yourself, et cette scène là est très vivante à Montréal qui est vraiment devenu une scène importante ces dernières années avec Arcade Fire, Wolf Parade et beaucoup de groupes qui sont basés maintenant à Montréal ; ça a changé un peu la scène que nous connaissions. Il y a beaucoup de choses qui se passent à Montréal et nous aimerions peut être publier certains groupes dans des sortes de compilations en regroupant plusieurs, parce qu’il est de plus en plus difficile de faire sortir un nouveau groupe, de faire en sorte qu’on s’intéresse à lui. On va voir dans les deux prochaines années si l’on peut monter ces différentes approches de production, en revenant peut-être à une fabrication vraiment manuelle avec de tout petits tirages.
X_Keyser José : A-t-on une chance d’entendre parler d’une possible actualité (disque, concert) pour Godspeed You Black Emperor ?
Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent mais qui ne viennent pas de chez nous, je peux seulement dire que tous les musiciens de Godspeed vivent toujours à Montréal donc tout est possible, mais je pense vraiment que tous les membres de Godspeed depuis six ans ont poursuivi d’autres projets qui sont plus immédiats et plus importants à l’heure actuelle. Ils ont été invités par All Tomorrow’s Parties, la série où ils demandent à un groupe de jouer un album, comme Sonic Youth avec Daydream Nation, mais ils ont refusé, ils n’étaient pas prêts à faire ça, les membres du groupe veulent avant tout garder l’intégrité de leur trajectoire actuelle et mettre cela en avant ; plus le temps passe, plus il est difficile de revenir et pour eux jouer les vieux morceaux, cela manque de sens. Par exemple j’ai vu Slint pour leur reformation et c’était vide, je n’ai pas du tout aimé, c’était trop propre, trop parfait.
Pierre : Pour finir, qui sont ces « 1 000 000 Died To Make This Sound », sur le premier titre de 13 Blues For Thirteen Moons ?
Efrim a déjà plusieurs fois sur la tournée dédié cette chanson là à une liste de musiciens connus ou non mais qui sont morts pauvres, notre éthique à la base c’est de reconnaitre cette influence et de ne jamais oublier d’où elle vient.
Merci d’avoir répondu à nos questions
Merci à Doris de Southern, à Yasmine et Pierre de Prun et à l'équipe de l'Olympic. L'interview audio sera bientôt disponible en podcast sur le site de Prun.
Merci à Doris de Southern, à Yasmine et Pierre de Prun et à l'équipe de l'Olympic. L'interview audio sera bientôt disponible en podcast sur le site de Prun.
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