Green On Red
Gravity Talks |
Label :
Slash |
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Il est peu fréquent de voir une évolution musicale aussi notable que celle que l'on peut observer entre Green On Red et Gravity Talks. C'est un peu comme si les Beatles étaient passés directement de Please Please Me à Rubber Soul, et en 1 année seulement. Green On Red réalise en 1983 un classique de la scène Paisley Underground, au même titre qu'un The Days Of Wine And Roses. Et pourtant ce qui caractérise cette scène, à savoir le psychédélisme, n'est que superficiel dans ce deuxième album des Green On Red.
Ici, la touche psychédélique n'est qu'identifiée par les claviers à la Ray Manzarek de Chris Concavas et une certaine attitude qui coule tout au long de l'album. Une attitude que l'on pourrait qualifier de détachée mais moins contemplative tout de même que sur le premier album. Mais ce sont les influences americana qui surgissent de toute part et rappellent le dessein de Green On Red de refuser toutes les limites qu'imposerait l'étiquette Paisley Underground. Tout d'abord la voix de Dan Stuart, qui rappelle sans aucune ambiguïté celle de Neil Young croisée aux éructations d'un Roky Erickson. A ce propos, il est important de prévenir le non-initié d'une certaine pénibilité à l'écoute des envolées criardes de Dan Stuart sur certaines chansons telle que "Delivrance" où le sus-dit chanteur s'époumone à en crever. Pénibilité qui s'efface rapidement cependant devant le charme cramé lié à cette façon très... émotionnelle de chanter. L'émotion oui, à fleur de peau, qui est à son comble sur nombres de chansons. Les compilateurs de la réédition CD ont d'ailleurs eu la très bonne idée de rajouter la déchirante "Alice" qui ne figurait alors que sur la version cassette de Gravity Talks.
A propos de Neil Young, les guitares rugissantes à la Crazy Horse de "Snake Bit" ou "Abigail's Ghost" sont là pour nous rappeler la parenté évidente qui unit le Loner à Green On Red. Ceux-ci s'imposent dans les années 80 comme les maîtres de la folk-song incendiaire gorgée de jus de cactus. La chanson qui ouvre l'album et qui lui donne son titre, "Gravity Talks", est une traversée épuisante sous un soleil de plomb mais ô combien féerique du désert californien. Un must. Mais quand la musique de Green On Red s'apaise, cela donne quelquefois de superbes moments country: "Old Chief" et sa pedal steel magique évoque en filigrane le fantôme de Gram Parsons. Mais le plus souvent ce sont les Rolling Stones de Exile On Main Street qui sont convoqués, et de quelle manière: "Brave Generation" ou "Cheap Wine" n'auraient pas fait tâche sur le mythique double-album, bien au contraire. Gravity Talks se termine en beauté par le velvetien "Narcolepsy", nouveau signe de la volontée réelle de Green On Red d'embrasser la musique populaire américaine dans sa globalité.
Nous sommes en 1983, et ce sont les Duran Duran et autres immondices de la sorte qui trustent les charts. Alors sortir un tel abum à pareille époque, ce n'est plus de la simple distinction qualitative mais un véritable exploit. Et le pire, c'est que Green On Red fera aussi bien si ce n'est mieux par la suite.
Ici, la touche psychédélique n'est qu'identifiée par les claviers à la Ray Manzarek de Chris Concavas et une certaine attitude qui coule tout au long de l'album. Une attitude que l'on pourrait qualifier de détachée mais moins contemplative tout de même que sur le premier album. Mais ce sont les influences americana qui surgissent de toute part et rappellent le dessein de Green On Red de refuser toutes les limites qu'imposerait l'étiquette Paisley Underground. Tout d'abord la voix de Dan Stuart, qui rappelle sans aucune ambiguïté celle de Neil Young croisée aux éructations d'un Roky Erickson. A ce propos, il est important de prévenir le non-initié d'une certaine pénibilité à l'écoute des envolées criardes de Dan Stuart sur certaines chansons telle que "Delivrance" où le sus-dit chanteur s'époumone à en crever. Pénibilité qui s'efface rapidement cependant devant le charme cramé lié à cette façon très... émotionnelle de chanter. L'émotion oui, à fleur de peau, qui est à son comble sur nombres de chansons. Les compilateurs de la réédition CD ont d'ailleurs eu la très bonne idée de rajouter la déchirante "Alice" qui ne figurait alors que sur la version cassette de Gravity Talks.
A propos de Neil Young, les guitares rugissantes à la Crazy Horse de "Snake Bit" ou "Abigail's Ghost" sont là pour nous rappeler la parenté évidente qui unit le Loner à Green On Red. Ceux-ci s'imposent dans les années 80 comme les maîtres de la folk-song incendiaire gorgée de jus de cactus. La chanson qui ouvre l'album et qui lui donne son titre, "Gravity Talks", est une traversée épuisante sous un soleil de plomb mais ô combien féerique du désert californien. Un must. Mais quand la musique de Green On Red s'apaise, cela donne quelquefois de superbes moments country: "Old Chief" et sa pedal steel magique évoque en filigrane le fantôme de Gram Parsons. Mais le plus souvent ce sont les Rolling Stones de Exile On Main Street qui sont convoqués, et de quelle manière: "Brave Generation" ou "Cheap Wine" n'auraient pas fait tâche sur le mythique double-album, bien au contraire. Gravity Talks se termine en beauté par le velvetien "Narcolepsy", nouveau signe de la volontée réelle de Green On Red d'embrasser la musique populaire américaine dans sa globalité.
Nous sommes en 1983, et ce sont les Duran Duran et autres immondices de la sorte qui trustent les charts. Alors sortir un tel abum à pareille époque, ce n'est plus de la simple distinction qualitative mais un véritable exploit. Et le pire, c'est que Green On Red fera aussi bien si ce n'est mieux par la suite.
Excellent ! 18/20 | par Sirius |
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