The Mission
Carved In Sand |
Label :
Mercury |
||||
Jouissant d'une renommée plus que légitime dans l'univers rock gothique, la discographie de The Mission commence à s'étoffer : The First Chapter, un premier album qui donnait le ton et le style du groupe, venait ensuite le très glacé mais néanmoins riche en émotion Gods Own Medecine suivi de Children certes moins convaincant de part des compositions moins incisives et qui plus est doté d'un son numérique limite insultant pour le consommateur/acheteur.
Ce Carved In Sand dont la production de Tim Palmer est remarquable innove en partie dans un registre jusque là non abordé par le groupe ce qui constitue un virage et le début d'une nouvelle ère musicale. The Mission évolue, travaille ses arrangements et propose ici un chef d'oeuvre, point culminant d'une carrière qui malheureusement ne cessera de décliner par la suite....
L'ouverture du disque, "Amelia", est pour le moins surprenante, un accord sec et rapide de guitares... acoustiques vite rattrapé par la voix de Wayne Hussey qui hurle comme s'il était dans l'urgence. Le morceau prend encore plus d'envergure lorsque déferle le reste des instruments pour offrir 2 minutes 53 de tension s'achevant sur un dernier larsen servant de transition au très missionien "Into The Blue" : pur retour au source, une intro rappelant l'époque Gods Own Medecine avec ses guitares aériennes, sa rythmique lourde et soutenue et le timbre glacé de son interprète.
Deuxième surprise, "Butterfly On A Wheel", boite à rythme et nappes de claviers pour débuter, douceur dans la voix, le morceau ne cessera tout son long de monter en puissance, pour finir en plage musicale... magnifique.
"Sea Of Love" nous transporte d'entrée dans un nouvel univers par une longue intro à forte consonance indienne, la suite est plus classique, on revient vers le style, pour clore le morceau comme il avait commencé. Attention, ce qui suit est un moment d'anthologie, un hymne à lui tout seul, comme un appel au peuple : "Deliverance", la meilleure compo jamais écrite par le groupe, 6 minutes 04 de légende. Toute ta vie tu retiens ce refrain hypnotique ‘give me, give me, give me, deliverance...'. Il fallait un break à ce moment du disque, c'est chose faite avec "Grapes Of Wrath" : synthé, piano et voix puissante d'Hussey pour permettre à l'auditeur de souffler un peu.
Ce n'est que pour mieux rebondir avec encore plus de force dans "Belief", le titre le plus dense, une rythmique lourde une basse vombrissante, beaucoup de coeurs (masculins) dans le refrain, un titre qui tend vers un rock plus progressif de part sa longueur, du caviar pour les oreilles. "Paradise" débute alors, guitare, chant, on croit alors retomber vers du tranquille mais non, 2 minutes 22 après tout s'accélère, une autre facette du groupe capable d'imposer une rythmique plus punk rock que d'habitude. Et il persiste avec le non moins speed "Hungry As The Hunter", toujours dans le tempo bénéficiant d'un break très ‘simple mindien' grande époque, pour finir en un dernier accord saturé genre guitares retournées vers l'ampli.
Comment clore alors ce "Carved In Sand". En prenant une dernière fois à revers l'auditeur. Ambiance très bucolique, gazouillis d'oiseaux, guitare sèche et chant. Une image apparaît alors à notre esprit, Wayne Hussey assis, appuyé contre un arbre, sa gratte en mains, une bonne mousse bien fraîche pas loin, croyant en plein de choses comme il le dit lui même durant ses 2 minutes, serein d'avoir accompli avec ses compères, Simon, Mick et Craig l'album majeur de cette année 1990, qui près de 20 ans après n'a toujours pas pris une ride. Ils l'ont accompli... la Mission.
Ce Carved In Sand dont la production de Tim Palmer est remarquable innove en partie dans un registre jusque là non abordé par le groupe ce qui constitue un virage et le début d'une nouvelle ère musicale. The Mission évolue, travaille ses arrangements et propose ici un chef d'oeuvre, point culminant d'une carrière qui malheureusement ne cessera de décliner par la suite....
L'ouverture du disque, "Amelia", est pour le moins surprenante, un accord sec et rapide de guitares... acoustiques vite rattrapé par la voix de Wayne Hussey qui hurle comme s'il était dans l'urgence. Le morceau prend encore plus d'envergure lorsque déferle le reste des instruments pour offrir 2 minutes 53 de tension s'achevant sur un dernier larsen servant de transition au très missionien "Into The Blue" : pur retour au source, une intro rappelant l'époque Gods Own Medecine avec ses guitares aériennes, sa rythmique lourde et soutenue et le timbre glacé de son interprète.
Deuxième surprise, "Butterfly On A Wheel", boite à rythme et nappes de claviers pour débuter, douceur dans la voix, le morceau ne cessera tout son long de monter en puissance, pour finir en plage musicale... magnifique.
"Sea Of Love" nous transporte d'entrée dans un nouvel univers par une longue intro à forte consonance indienne, la suite est plus classique, on revient vers le style, pour clore le morceau comme il avait commencé. Attention, ce qui suit est un moment d'anthologie, un hymne à lui tout seul, comme un appel au peuple : "Deliverance", la meilleure compo jamais écrite par le groupe, 6 minutes 04 de légende. Toute ta vie tu retiens ce refrain hypnotique ‘give me, give me, give me, deliverance...'. Il fallait un break à ce moment du disque, c'est chose faite avec "Grapes Of Wrath" : synthé, piano et voix puissante d'Hussey pour permettre à l'auditeur de souffler un peu.
Ce n'est que pour mieux rebondir avec encore plus de force dans "Belief", le titre le plus dense, une rythmique lourde une basse vombrissante, beaucoup de coeurs (masculins) dans le refrain, un titre qui tend vers un rock plus progressif de part sa longueur, du caviar pour les oreilles. "Paradise" débute alors, guitare, chant, on croit alors retomber vers du tranquille mais non, 2 minutes 22 après tout s'accélère, une autre facette du groupe capable d'imposer une rythmique plus punk rock que d'habitude. Et il persiste avec le non moins speed "Hungry As The Hunter", toujours dans le tempo bénéficiant d'un break très ‘simple mindien' grande époque, pour finir en un dernier accord saturé genre guitares retournées vers l'ampli.
Comment clore alors ce "Carved In Sand". En prenant une dernière fois à revers l'auditeur. Ambiance très bucolique, gazouillis d'oiseaux, guitare sèche et chant. Une image apparaît alors à notre esprit, Wayne Hussey assis, appuyé contre un arbre, sa gratte en mains, une bonne mousse bien fraîche pas loin, croyant en plein de choses comme il le dit lui même durant ses 2 minutes, serein d'avoir accompli avec ses compères, Simon, Mick et Craig l'album majeur de cette année 1990, qui près de 20 ans après n'a toujours pas pris une ride. Ils l'ont accompli... la Mission.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Chacal |
Posté le 09 février 2008 à 05 h 21 |
Carved In Sand, quatrième album de The Mission, clôt leur âge d'or de fort belle manière. Le groupe garde ses caractéristiques de toujours tout en se renouvelant. L'album est produit par Tim Palmer (Tin Machine), le son est particulièrement ample. Chaque instrument a été enregistré séparément.
Les photographies du livret, déclinées en plusieurs séries, évoquent les quatre éléments traditionnels, le feu, l'eau, l'air et la terre, révélant la fascination du groupe pour la nature, avec qui il entretient des rapports mystiques. Les photographies du groupe nous donnent à voir des individus souriants, plus hippies que jamais. Si Wayne Hussey porte ses éternelles lunettes noires, il arbore aussi une barbe et une sorte de béret.
La photo de la pochette évoque elle-même ces quatre éléments : l'oiseau pour l'air, les flammes pour le feu, le sable pour la terre, les coquilles pour l'eau.
"Amelia" (The Mission, reprenant en cela l'héritage des Sisters Of Mercy, a toujours eu une prédilection pour les titres évoquant un prénom féminin, de préférence se terminant en a) commence par des accords virevoltants de guitare acoustique, Wayne Hussey se met à chanter puis arrivent brutalement la section rythmique et les guitares électriques, dans une course effrénée. Le résultat est superbe et d'une grande puissance. Le morceau est une diatribe contre l'inceste et de la pédophilie (le chanteur lui-même a une fille depuis 1988, même s'il la voit peu) : "Daddy says don't tell mama what I did to you/Daddy says if you do I'll beat you black and blue/'cos Amelia, you make daddy feel like a man".
"Into The Blue" est plus détendu mais très missionesque – ce qui ne veut pas dire qu'il est sans surprise –, rappellant un peu leur classique "Wasteland", avec des couches de guitares très riches et très denses (l'une d'entre elles est jouée par Reeves Gabrels, guitariste de Bowie, rencontré par le biais de Tim Palmer).
Le single "Butterfly On A Wheel" traduit une des principales caractéristiques du groupe, consistant à élaborer des morceaux atmosphériques montant progressivement en puissance et marqués par des brisures de rythmes. Il a parfois été comparé à un gros loukoum que même l'Américain moyen pourra comprendre. Mais même s'il est très accessible, il n'en reste pas moins plus complexe et subtil que ça.
"Sea Of Love" (à ne pas confondre avec le classique souvent repris) commence par un sitar indien au délicieux son acide et cristallin à la fois, montrant s'il en était besoin la fascination du groupe pour l'Orient, et un délicat clavier. Il accélère brusquement pour se faire très puissant, rapide et lourd – tout en gardant une grande finesse. La mélodie, et plus encore le refrain, emportent tout sur leur passage.
"Deliverance" est devenu un hymne – un de ceux dont The Mission avait le secret –, faisant des ravages en concert, provoquant des élans fiévreux. Il commence par des notes de guitare évoquant presque un sitar, mais elles se transforment en puissants accords saturés. La rythmique est particulièrement lourde
"Grapes Of Wrath" (inspiré du roman de Steinbeck, faut-il le préciser ?) est de très loin le morceau le plus faible de l'album, voire de toute cette première période de la discographie du groupe. C'est une ballade au synthé, que je trouve assez sirupeuse. Le piano est joué par Guy Chambers (Julian Cope, The Waterboys).
"Belief" est une tentative – un peu ratée – pour refaire un nouveau "Beyond The Pale". Le morceau est plus grandiloquent que grandiose, il ne dégage pas assez d'émotions. Le refrain tombe à l'eau. Toutefois, ce titre est très loin d'être mauvais, c'est juste qu'il n'est pas au niveau – exceptionnel (si l'on excepte le morceau précédent) – des autres compositions de l'album.
"Paradise Will Shine Like The Moon" (on retrouve cette obsession de Wayne Hussey pour la nature avec qui il désire communier, et pour la religion chrétienne, et la poésie toujours puissamment évocatrice – même si elle pourra paraître ampoulée – à la fois de ses compositions et de ses textes : "Hey sister moonshine ride the snake with me/Ride it long ride it hard/Ride it all the way with me/Hey sister moondance charm the snake for me") débute par des guitares acoustiques 12 cordes entremêlées et entrecroisées, le chanteur déclame sa prose tout en continuant à gratter, le morceau accélère brutalement et devient très speed et violent, il se gonfle comme un torrent à la fonte des neiges, pour devenir un fleuve majestueux mais très menaçant et dangereux.
"Hungry As The Hunter" est également très puissant, mais dans un registre différent, presque punk, alors que le groupe a jusque là toujours été influencé par les seventies, la période précédent la révolution de 1977. Il parvient toutefois à rester très missionesque, notamment par son ambiance et ses changements de rythme. Reeves Gabrels vient là encore apporter sa contribution à la 6 cordes.
"Lovely" est une délicate et naïve ballade qui résonne comme un credo ("I believe in angels/I believe in Heaven/I believe in colours/I believe in sunshine (...) /I believe in me/But most I believe in you"), avec uniquement la voix de Wayne Hussey en retrait, une guitare acoustique, et une discrète guitare électrique plaintive très seventies qui sonne presque comme une flûte, pour un résultat très vintage. On s'y croirait.
Même si ce n'est pas le meilleur album de The Mission, difficile de ne pas tomber sous le charme d'un chef-d'œuvre aussi grandiose, puissant, subtil et diversifié.
Les photographies du livret, déclinées en plusieurs séries, évoquent les quatre éléments traditionnels, le feu, l'eau, l'air et la terre, révélant la fascination du groupe pour la nature, avec qui il entretient des rapports mystiques. Les photographies du groupe nous donnent à voir des individus souriants, plus hippies que jamais. Si Wayne Hussey porte ses éternelles lunettes noires, il arbore aussi une barbe et une sorte de béret.
La photo de la pochette évoque elle-même ces quatre éléments : l'oiseau pour l'air, les flammes pour le feu, le sable pour la terre, les coquilles pour l'eau.
"Amelia" (The Mission, reprenant en cela l'héritage des Sisters Of Mercy, a toujours eu une prédilection pour les titres évoquant un prénom féminin, de préférence se terminant en a) commence par des accords virevoltants de guitare acoustique, Wayne Hussey se met à chanter puis arrivent brutalement la section rythmique et les guitares électriques, dans une course effrénée. Le résultat est superbe et d'une grande puissance. Le morceau est une diatribe contre l'inceste et de la pédophilie (le chanteur lui-même a une fille depuis 1988, même s'il la voit peu) : "Daddy says don't tell mama what I did to you/Daddy says if you do I'll beat you black and blue/'cos Amelia, you make daddy feel like a man".
"Into The Blue" est plus détendu mais très missionesque – ce qui ne veut pas dire qu'il est sans surprise –, rappellant un peu leur classique "Wasteland", avec des couches de guitares très riches et très denses (l'une d'entre elles est jouée par Reeves Gabrels, guitariste de Bowie, rencontré par le biais de Tim Palmer).
Le single "Butterfly On A Wheel" traduit une des principales caractéristiques du groupe, consistant à élaborer des morceaux atmosphériques montant progressivement en puissance et marqués par des brisures de rythmes. Il a parfois été comparé à un gros loukoum que même l'Américain moyen pourra comprendre. Mais même s'il est très accessible, il n'en reste pas moins plus complexe et subtil que ça.
"Sea Of Love" (à ne pas confondre avec le classique souvent repris) commence par un sitar indien au délicieux son acide et cristallin à la fois, montrant s'il en était besoin la fascination du groupe pour l'Orient, et un délicat clavier. Il accélère brusquement pour se faire très puissant, rapide et lourd – tout en gardant une grande finesse. La mélodie, et plus encore le refrain, emportent tout sur leur passage.
"Deliverance" est devenu un hymne – un de ceux dont The Mission avait le secret –, faisant des ravages en concert, provoquant des élans fiévreux. Il commence par des notes de guitare évoquant presque un sitar, mais elles se transforment en puissants accords saturés. La rythmique est particulièrement lourde
"Grapes Of Wrath" (inspiré du roman de Steinbeck, faut-il le préciser ?) est de très loin le morceau le plus faible de l'album, voire de toute cette première période de la discographie du groupe. C'est une ballade au synthé, que je trouve assez sirupeuse. Le piano est joué par Guy Chambers (Julian Cope, The Waterboys).
"Belief" est une tentative – un peu ratée – pour refaire un nouveau "Beyond The Pale". Le morceau est plus grandiloquent que grandiose, il ne dégage pas assez d'émotions. Le refrain tombe à l'eau. Toutefois, ce titre est très loin d'être mauvais, c'est juste qu'il n'est pas au niveau – exceptionnel (si l'on excepte le morceau précédent) – des autres compositions de l'album.
"Paradise Will Shine Like The Moon" (on retrouve cette obsession de Wayne Hussey pour la nature avec qui il désire communier, et pour la religion chrétienne, et la poésie toujours puissamment évocatrice – même si elle pourra paraître ampoulée – à la fois de ses compositions et de ses textes : "Hey sister moonshine ride the snake with me/Ride it long ride it hard/Ride it all the way with me/Hey sister moondance charm the snake for me") débute par des guitares acoustiques 12 cordes entremêlées et entrecroisées, le chanteur déclame sa prose tout en continuant à gratter, le morceau accélère brutalement et devient très speed et violent, il se gonfle comme un torrent à la fonte des neiges, pour devenir un fleuve majestueux mais très menaçant et dangereux.
"Hungry As The Hunter" est également très puissant, mais dans un registre différent, presque punk, alors que le groupe a jusque là toujours été influencé par les seventies, la période précédent la révolution de 1977. Il parvient toutefois à rester très missionesque, notamment par son ambiance et ses changements de rythme. Reeves Gabrels vient là encore apporter sa contribution à la 6 cordes.
"Lovely" est une délicate et naïve ballade qui résonne comme un credo ("I believe in angels/I believe in Heaven/I believe in colours/I believe in sunshine (...) /I believe in me/But most I believe in you"), avec uniquement la voix de Wayne Hussey en retrait, une guitare acoustique, et une discrète guitare électrique plaintive très seventies qui sonne presque comme une flûte, pour un résultat très vintage. On s'y croirait.
Même si ce n'est pas le meilleur album de The Mission, difficile de ne pas tomber sous le charme d'un chef-d'œuvre aussi grandiose, puissant, subtil et diversifié.
Excellent ! 18/20
En ligne
195 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages