The Mission
Grains Of Sand |
Label :
Mercury |
||||
Possédant bien plus de titres qu'il n'en fallait à l'époque de l'enregistrement et de la parution de Carved In Sand, la bande à Hussey avait su alors, sélectionner après moult débat (dixit le groupe) la tracklist parfaite pour nous offrir l'album que l'on sait.
Peu avare pour ses auditeurs et fans, le groupe décidait d'offrir le reste des morceaux laissés sur la touche sous la forme d'une 'suite' nommée Grains Of Sand afin que chacun puisse se faire sa propre opinion.
Cet album sans être à la hauteur de son prédécesseur, reste tout de même un complément idéal et peut s'analyser sous plusieurs formes.
D'abord, les titres classiques, en fait les quatre premiers morceaux de l'album. Du The Mission pur et dur, que l'on pourrait trouver sur tout autre disque et qui ont subi la loi de la sélection mentionnée ci-dessus. A l'écoute on comprend le pourquoi, de bonne facture mais pas suffisante pour avoir eu leurs places dans le cultissime Carved In Sand.
On trouve également deux reprises de l'album Children dont la magnifique nouvelle version lente de "Kingdom Come", l'autre étant "Tower Of Strength" en version plus acoustique, moins réussi que l'originale dont la force était justement l'intensité progressive; Dernière reprise "Butterfly On A Wheel" du majestueux "Carved In Sand", guitare sèche et voix (un peu de douceur dans ce monde de brutes).
Preuve des intentions nouvelles du groupe à évoluer musicalement, les inédits qui suivent sont particulièrement décalés du registre connu. "Mr. Pleasant" nous propulse directement dans un saloon, son piano au son particulier et son rythme rapide, ses coeurs enjoués, un véritable OVNI dans la carrière du groupe. Très surprenant ! "Heaven Sends You" sonne comme du Depeche Mode, très planant et majoritairement nappé de claviers. "Sweet Smile Of A Mystery" qu'un film de science-fiction ne renierait pas pour en faire sa bande originale. Ou bien "Love" qui aurait pu également conclure Carved In Sand, sur le même principe, guitare sèche et voix.
Reste le grand moment de ce disque, la conclusion magique "Bird Of Passage", un titre où le piano trouve une place plus qu'importante, des voix féminines, une mélodie sublime et un long final instrumental qui piège l'auditeur par une fausse fin. Du grand art.
On peut avoir aimer Carved In Sand alors, on ne peut pas ignorer Grains Of Sand. La boucle est bouclée.
Peu avare pour ses auditeurs et fans, le groupe décidait d'offrir le reste des morceaux laissés sur la touche sous la forme d'une 'suite' nommée Grains Of Sand afin que chacun puisse se faire sa propre opinion.
Cet album sans être à la hauteur de son prédécesseur, reste tout de même un complément idéal et peut s'analyser sous plusieurs formes.
D'abord, les titres classiques, en fait les quatre premiers morceaux de l'album. Du The Mission pur et dur, que l'on pourrait trouver sur tout autre disque et qui ont subi la loi de la sélection mentionnée ci-dessus. A l'écoute on comprend le pourquoi, de bonne facture mais pas suffisante pour avoir eu leurs places dans le cultissime Carved In Sand.
On trouve également deux reprises de l'album Children dont la magnifique nouvelle version lente de "Kingdom Come", l'autre étant "Tower Of Strength" en version plus acoustique, moins réussi que l'originale dont la force était justement l'intensité progressive; Dernière reprise "Butterfly On A Wheel" du majestueux "Carved In Sand", guitare sèche et voix (un peu de douceur dans ce monde de brutes).
Preuve des intentions nouvelles du groupe à évoluer musicalement, les inédits qui suivent sont particulièrement décalés du registre connu. "Mr. Pleasant" nous propulse directement dans un saloon, son piano au son particulier et son rythme rapide, ses coeurs enjoués, un véritable OVNI dans la carrière du groupe. Très surprenant ! "Heaven Sends You" sonne comme du Depeche Mode, très planant et majoritairement nappé de claviers. "Sweet Smile Of A Mystery" qu'un film de science-fiction ne renierait pas pour en faire sa bande originale. Ou bien "Love" qui aurait pu également conclure Carved In Sand, sur le même principe, guitare sèche et voix.
Reste le grand moment de ce disque, la conclusion magique "Bird Of Passage", un titre où le piano trouve une place plus qu'importante, des voix féminines, une mélodie sublime et un long final instrumental qui piège l'auditeur par une fausse fin. Du grand art.
On peut avoir aimer Carved In Sand alors, on ne peut pas ignorer Grains Of Sand. La boucle est bouclée.
Très bon 16/20 | par Chacal |
Posté le 09 février 2008 à 04 h 12 |
The Mission est un groupe que l'on adore ou que l'on déteste, dans les deux cas du plus profond de son âme, mais qui au moins ne laisse personne indifférent, et est tout sauf neutre et fade, contrairement à beaucoup de groupes.
Grains Of Sand est une compilation extrêmement hétérogène et même hétéroclite, qui regroupe pourtant des morceaux enregistrés en un laps de temps court – il s'agit essentiellement de titres issus des sessions de l'album Carved In Sand. Mais en aucun cas il ne s'agit de chutes de studio destinées à faire office de remplissage.
Dans cet inventaire à la Prévert, on trouve à boire et à manger. Mais la qualité, la délectation et la surprise sont toujours au rendez-vous.
"Hands Across The Ocean", qui sortira en single, dont le titre est à l'image de The Mission, poétique et majestueux, montre un visage du groupe inattendu, beaucoup plus pop qu'à l'accoutumée. Mais le son et la structure du morceau restent éminemment missionesques, très puissants et assez complexes, avec comme souvent une batterie très lourde et profonde et une guitare acoustique 12 cordes légère, parsemée de notes cristallines de piano, petits éclats lunaires.
On pourrait faire des remarques similaires pour "The Grip Of Disease", qui montre la capacité de The Mission à susciter des envolées lyriques grandioses et son goût pour les changements de rythmes et les sons orientalisants.
"Divided We Fall" continue dans cette veine missionesque, mais l'une des guitares est enregistrée à l'envers avec un effet buzz et le tempo est moins rapide. Le ton est moins tendu, moins rageur que sur le morceau précédent.
"Mercenary" est assez singulier au sein de l'œuvre de The Mission, avec une batterie très sèche au son presque électronique, un chant à la rage contenue ; les arpèges de guitare acoustique sont particulièrement délicieux et Simon Hinkler se lance dans un solo de guitare électrique très led zeppelinien.
"Mr. Pleasant", reprise des Kinks, est un morceau hilarant se moquant gentiment de l'adultère (il raconte l'histoire d'un cocu), sur un tempo évoquant et une ambiance à la fois country et de cirque, ponctué par un sifflet de clown, montrant que le groupe ne se prend pas tout le temps au sérieux (on se souvient de l'expérience des Metal Gurus, hommage au glam rock de leur enfance), même si la batterie et la 12 cordes restent typiques de The Mission et montrent les exceptionnelles capacités vocales de Wayne Hussey.
"Kingdom Come (Forever And Again)" est une version revisitée (spécialité du groupe, cf. leur reprise de leur propre morceau "Garden Of Delight" au quatuor de cordes) de leur hymne (un must de leurs concerts) présent sur l'album Children, au titre biblique (Wayne Hussey a été marqué à vie par son éducation religieuse, ses parents étant mormons), ballade au piano très simple et très pure, mais le morceau monte en puissance avec l'arrivée de la batterie et de la basse.
"Heaven Sends You" est encore une surprise : le morceau est presque entièrement électronique, planant, alors que le groupe n'avait jusqu'à présent presque jamais utilisé de synthés, avec tout de même une guitare acide ; le chant est poignant, les paroles, comme souvent, sont à la fois mystiques et sensuelles :
"I'll kiss you, kiss you, kiss you on your sex
And I'll take you, take you, take you in my mouth
And I'll kiss you, kiss you until Heaven sends you."
"Sweet Smile Of A Mystery" poursuit dans une veine un peu similaire, mais se démarque par l'utilisation de cordes qui en font un morceau très cinématique, le chant de Wayne Hussey est, pour la première fois, extrêmement grave et profond – mais n'évoque aucunement celui de son ancien suzerain Andrew Eldritch, sombre et cynique leader des Sisters Of Mercy, qui l'accusa de félonie. Les paroles, déclaration d'amour universelle à la Femme, sont à la fois grandiloquentes et émouvantes :
" She's the maid of Heaven, she's mother of earth
She's nature's child, she's the virgin birth
She's my sister, she's my mother
She's my daughter and she's my lover. "
Suit une version acoustique de leur classique "Tower Of Strenght (The Casbah Mix)", encore plus arabisante que l'originale comme son nom l'indique, où les guitares 12 cordes font des merveilles, soutenues par des percussions.
"Butterfly On A Wheel (Troubadour Mix)" est là encore une version acoustique d'un single, les guitares électriques et les nappes de synthé sont remplacées par de riches et subtiles guitares acoustiques.
"Love" est une reprise du standard de John Lennon, qui nous rappelle que The Mission sont davantage des hippies que des goths (même si Wayne Hussey déclara, excédé ou narquois, lors d'un concert, "We're not hippies, we're punks!"). Le piano de la version originale est remplacé par une guitare folk.
"Birds Of Passage" est un titre-fleuve qui montre une facette inattendue du groupe. A dire vrai, la première fois que je l'ai entendu, j'étais persuadé qu'il s'agissait d'une reprise d'un morceau des sixties, tant il sonne comme un classique intemporel. Le morceau s'avance lentement et majestueusement, prend le temps de monter progressivement, le chant (soutenu par la voix de Julianne Reagan, chanteuse de All About Eve, dont on connaît l'ancienneté, la profondeur et la multiplicité des liens avec The Mission), la musique et les paroles sont d'une beauté à couper le souffle. Le piano, joué par Simon Hinkler (avant tout un guitariste virtuose, on connaissait ses talents uniques de claviériste avec sa participation à Artery et à Pulp au début des années 80, mais on les avait un peu oubliés) est parfait de simplicité apparente. La fin est surprenante, magique même, avec plusieurs fausses sorties de piste en trompe-l'œil.
Cette compilation est un fourre-tout indispensable, montrant l'étendue et la diversité des talents de ce groupe pour moi majeur.
En 1990, The Mission entreprend une tournée sans précédent, jouant partout dans le monde dans des stades, provoquant parfois des émeutes. Mais Simon Hinkler part, sur un coup de tête mais définitivement, lors d'un concert à Montréal. Le groupe ne s'en remettra pas, ne retrouvant jamais un tel génie et une telle renommée.
Grains Of Sand est une compilation extrêmement hétérogène et même hétéroclite, qui regroupe pourtant des morceaux enregistrés en un laps de temps court – il s'agit essentiellement de titres issus des sessions de l'album Carved In Sand. Mais en aucun cas il ne s'agit de chutes de studio destinées à faire office de remplissage.
Dans cet inventaire à la Prévert, on trouve à boire et à manger. Mais la qualité, la délectation et la surprise sont toujours au rendez-vous.
"Hands Across The Ocean", qui sortira en single, dont le titre est à l'image de The Mission, poétique et majestueux, montre un visage du groupe inattendu, beaucoup plus pop qu'à l'accoutumée. Mais le son et la structure du morceau restent éminemment missionesques, très puissants et assez complexes, avec comme souvent une batterie très lourde et profonde et une guitare acoustique 12 cordes légère, parsemée de notes cristallines de piano, petits éclats lunaires.
On pourrait faire des remarques similaires pour "The Grip Of Disease", qui montre la capacité de The Mission à susciter des envolées lyriques grandioses et son goût pour les changements de rythmes et les sons orientalisants.
"Divided We Fall" continue dans cette veine missionesque, mais l'une des guitares est enregistrée à l'envers avec un effet buzz et le tempo est moins rapide. Le ton est moins tendu, moins rageur que sur le morceau précédent.
"Mercenary" est assez singulier au sein de l'œuvre de The Mission, avec une batterie très sèche au son presque électronique, un chant à la rage contenue ; les arpèges de guitare acoustique sont particulièrement délicieux et Simon Hinkler se lance dans un solo de guitare électrique très led zeppelinien.
"Mr. Pleasant", reprise des Kinks, est un morceau hilarant se moquant gentiment de l'adultère (il raconte l'histoire d'un cocu), sur un tempo évoquant et une ambiance à la fois country et de cirque, ponctué par un sifflet de clown, montrant que le groupe ne se prend pas tout le temps au sérieux (on se souvient de l'expérience des Metal Gurus, hommage au glam rock de leur enfance), même si la batterie et la 12 cordes restent typiques de The Mission et montrent les exceptionnelles capacités vocales de Wayne Hussey.
"Kingdom Come (Forever And Again)" est une version revisitée (spécialité du groupe, cf. leur reprise de leur propre morceau "Garden Of Delight" au quatuor de cordes) de leur hymne (un must de leurs concerts) présent sur l'album Children, au titre biblique (Wayne Hussey a été marqué à vie par son éducation religieuse, ses parents étant mormons), ballade au piano très simple et très pure, mais le morceau monte en puissance avec l'arrivée de la batterie et de la basse.
"Heaven Sends You" est encore une surprise : le morceau est presque entièrement électronique, planant, alors que le groupe n'avait jusqu'à présent presque jamais utilisé de synthés, avec tout de même une guitare acide ; le chant est poignant, les paroles, comme souvent, sont à la fois mystiques et sensuelles :
"I'll kiss you, kiss you, kiss you on your sex
And I'll take you, take you, take you in my mouth
And I'll kiss you, kiss you until Heaven sends you."
"Sweet Smile Of A Mystery" poursuit dans une veine un peu similaire, mais se démarque par l'utilisation de cordes qui en font un morceau très cinématique, le chant de Wayne Hussey est, pour la première fois, extrêmement grave et profond – mais n'évoque aucunement celui de son ancien suzerain Andrew Eldritch, sombre et cynique leader des Sisters Of Mercy, qui l'accusa de félonie. Les paroles, déclaration d'amour universelle à la Femme, sont à la fois grandiloquentes et émouvantes :
" She's the maid of Heaven, she's mother of earth
She's nature's child, she's the virgin birth
She's my sister, she's my mother
She's my daughter and she's my lover. "
Suit une version acoustique de leur classique "Tower Of Strenght (The Casbah Mix)", encore plus arabisante que l'originale comme son nom l'indique, où les guitares 12 cordes font des merveilles, soutenues par des percussions.
"Butterfly On A Wheel (Troubadour Mix)" est là encore une version acoustique d'un single, les guitares électriques et les nappes de synthé sont remplacées par de riches et subtiles guitares acoustiques.
"Love" est une reprise du standard de John Lennon, qui nous rappelle que The Mission sont davantage des hippies que des goths (même si Wayne Hussey déclara, excédé ou narquois, lors d'un concert, "We're not hippies, we're punks!"). Le piano de la version originale est remplacé par une guitare folk.
"Birds Of Passage" est un titre-fleuve qui montre une facette inattendue du groupe. A dire vrai, la première fois que je l'ai entendu, j'étais persuadé qu'il s'agissait d'une reprise d'un morceau des sixties, tant il sonne comme un classique intemporel. Le morceau s'avance lentement et majestueusement, prend le temps de monter progressivement, le chant (soutenu par la voix de Julianne Reagan, chanteuse de All About Eve, dont on connaît l'ancienneté, la profondeur et la multiplicité des liens avec The Mission), la musique et les paroles sont d'une beauté à couper le souffle. Le piano, joué par Simon Hinkler (avant tout un guitariste virtuose, on connaissait ses talents uniques de claviériste avec sa participation à Artery et à Pulp au début des années 80, mais on les avait un peu oubliés) est parfait de simplicité apparente. La fin est surprenante, magique même, avec plusieurs fausses sorties de piste en trompe-l'œil.
Cette compilation est un fourre-tout indispensable, montrant l'étendue et la diversité des talents de ce groupe pour moi majeur.
En 1990, The Mission entreprend une tournée sans précédent, jouant partout dans le monde dans des stades, provoquant parfois des émeutes. Mais Simon Hinkler part, sur un coup de tête mais définitivement, lors d'un concert à Montréal. Le groupe ne s'en remettra pas, ne retrouvant jamais un tel génie et une telle renommée.
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