Dans un élan de mépris et de retenue assez compréhensible, il semblerait qu'aucune critique n'ait été publiée sur ce disque, en raison de la grande déception qu'il représenta dans l'ensemble. Néanmoins, tentons d'être quelque peu objectifs et ne rejetons pas cet album dans les limbes de l'oubli sous prétexte qu'il serait totalement raté.
En effet, il est déraisonnable de parler de daube infâme à propos de ce Noise, même s'il est très en deçà de ce que l'on aurait pu attendre d'Archive. Après un "Londinium brillant, un Take My Head fabuleux et un You All Look The Same To Me réussi mais inquiétant, on était en droit de s'interroger sur le futur de ce groupe autrefois magistral. Le chemin emprunté lors du précédent album est continué tant bien que mal ici, et c'est ce qui cloche: plutôt que de se renouveler et de se réinventer constamment comme il le faisait jusque-là, Archive s'installe péniblement dans une formule identique et qui n'est pas capable de faire illusion trop longtemps. Le même chanteur, les mêmes tics que sur You All Look The Same To Me, mais en moins agréables et en moins surprenants, voilà ce que veut nous vendre Archive à partir de maintenant et sans doute jusqu'à la fin des temps. On appelle ça un bon groupe devenu commercial. On appelle ça faire dans la facilité.
Pour autant, faut-il cracher sur ce disque comme sur une bouillie digne des pires chanteurs de variété ? Sûrement pas, et l'on trouve avec nostalgie sur Noise ce qui nous avait attiré irrésistiblement sur les précédents: cette torpeur soudaine, ce sens de la mélodie imparable, même s'ils sont galvaudés et ont perdu leur originalité. Alors, si "Here" est médiocre, "Fuck U" un peu fatiguant, "Conscience" en demi-teinte et "Wrong" peu digne d'intérêt, l'on trouve dans quelques chansons, comme "Get Out", "Sleep", "Waste" et "Me And You" un peu du bon Archive, du seul qui vaille la peine d'être écouté. Que s'est-il passé ? Nous ne le saurons jamais, ou peut-être ne le savons-nous que trop bien. Une poignée de bonnes chansons agréables mais trop superficielles pour vraiment bouleverser et ne touchant que par instants, (alors que je me souviens avoir écouté Take My Head en boucle des journées durant, tentant en vain de percer le secret qui le rendait si fabuleux), ne suffit pas à sauver un album qui dans l'ensemble est un échec. Il faut donc avouer en fin de compte qu'Archive a trouvé là ses propres limites, et pleurer doucement sur les monuments qui l'avaient rendu si fascinant.