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Cannes [Palais Des Festivals] - dimanche 27 septembre 2009 |
Comment s'endormir et devenir sourd à la fois, une expérience vécue au concert d'Archive au Palais des Festivals de Cannes, dimanche 27 septembre 2009.
Ah ! Je vous sens fébriles... Vous voulez savoir... Vous qui n'entrerez jamais dans le sanctuaire des sanctuaires, sans doute l'endroit le plus mythique du cinéma. Vous qui resterez toujours bloqués à ses portes, refoulés éternels, laissés pour compte du privilège des nantis. Ce fameux bunker si moche de l'extérieur, qui fait passer ceux des plages de Normandie pour de l'Art Déco, j'y ai pénétré. Oui mes frères ! Tel un élu, je suis monté au sommet de ses marches, et je me suis dirigé jusqu'au plus profond de ce symbole de l'architecture est-allemande, au cœur de ses entrailles : le Grand Auditorium. Oui mes frères ! Et j'y ai eu une révélation... Voulez-vous que je la partage avec vous ? Que je vous fasse parvenir mon récit de cette expérience unique, de cet événement sans précédent, et qui n'aura pas de successeur ? Alors écoutez bien ce qui va suivre ...
Pour commencer, l'élément de base qui sert de cocon à cette formidable histoire, est celui-ci : tout ça n'est qu'une véritable horreur. Ce qui est un mythe pour certains se tient les pieds dans la merde. Il n'y a vraiment pas de quoi se vanter d'avoir réussi à entrer dans un truc aussi laid et décrépi. Et pourtant ce lieu est tenu en si haute estime qu'il ne faut pas moins de 4 contrôles – dont un au détecteur de métaux – pour devoir supporter les moquettes époque Giscard et les piliers de bois récupérés à l'office de tourisme de Courchevel. Sans oublier que le mauvais goût a poussé les architectes à ajouter des escalators, qui donne à tout ce bousin immonde des allures d'hypermarché.
Bref, après s'être descendu une bière servie par des pingouins, entre des pseudo-mods gélatineux et de vrais vieux bourgeois sirotant une coupe de champagne, il a bien fallu se taper l'incunable.
Les Young Gods entament les hostilités. Bon, soit. Passons. Consacrons-nous à l'essentiel, c'est déjà assez pénible comme ça.
Pour illustrer ce qui nous a été infligé, on pourrait résumer le tout à une longue boucle abstraite assénée en continue au dessus d'une nappe de bruit assourdissante, noyée dans une tonalité bleutée. Le vide est à ce point présent qu'une vidéo doit venir épauler Archive pour apporter un peu de contenu. Echec. Quand on n'a rien à montrer, il ne faut pas le montrer. Or, lorsqu'elles ne se limitent pas aux platitudes idiotes des cristaux de neige ou d'insectes en négatif pour renforcer l'aspect BIZARRE de tout le bordel, ces images nous infligent la répétition des mots "Feel, Trust, Obey" en rythme avec les paroles, au cas où l'on ne comprendrait pas, et où tout ça ne serait pas encore assez pesant. Et de rendre nauséeux ce qui était déjà insupportable.
Le spectacle se contenterait d'être foncièrement ridicule si Archive ne faisait pas tout pour que cela ne prenne un tour grotesque, à l'image de ce guitariste sautant dans un périmètre retreint de façon déterminée (on se demande pourquoi, les plus assidus sont encore sur le coup), puis se prenant les pieds dans son câble, tombe à plat sans comprendre, se relève mine de rien et, chose étrange, sans qu'il n'y ait rien eut de décelable dans la musique.
Plus tard, un chanteur de hip-hop vient apporter sa petite touche de rébellion dans un univers trop finement onirique. Bon, voilà, il ne sert à rien, si ce n'est qu'il permet au groupe de faire une concession à la modernité et de ‘‘ casser les barrières entre les styles musicaux''. Ouaaaaaaaiiiiiiiisssss...
Le summum est atteint, et plus d'une fois d'ailleurs, lorsque le mannequin de chez Jules servant de chanteur, veste bleu-gris, chemise blanche sur jeans sombre, chaussure de cuir noir, collection été 2009, n'a plus besoin de chanter : c'est le moment d'un instrumental. Tenace, il refuse de quitter la scène. Sans doute est-il un intérimaire payé en heures de présence. Alors il se saisit d'une guitare et fait semblant de jouer : il agite sa main droite n'importe comment, fait n'importe quel accord, s'arrête pour taper des mains et reprendre de façon totalement aléatoire. Je vous laisse imaginer l'affliction que l'on ressent lorsqu'on est témoin de ce genre de théâtre de guignol.
Pour finir : le final. Ou presque, le rappel. Forcé à coups de synthé bloqué sur trois notes vaporeuses (imitation d'une chorale d'église faite de voix synthétiques) pendant au moins cinq vraies minutes interminables, à un niveau sonore insupportable. Derrière dans les couloirs, les membres d'Archive ont un sourire démoniaque aux lèvres, ils se frottent les mains : " Ils sont en notre pouvoir, voilà ce qu'on peut leur INFLIGER ! MOUAH AH AH AH AH AAAAAAH !".
Un torchon quelconque s'était permis de sortir qu'Archive étaient les descendants de Pink Floyd. Pauvres Pink Floyd, ce doit être un poids lourd à porter que de se voir désigner responsable d'une telle parenté. Qui voudrait être à l'origine de ça ? Qui n'offre le choix qu'entre des titres vaporeux chiants ou insupportables et assourdissants ?
Ma révélation ? Ah ! oui, ma révélation. La voici : Archive pourrait bien être le degré zéro de la musique et de l'entertainment par simple volonté artistique. Les moyens modernes permettant d'accéder à une si large audience, l'absence de mouvement réellement majoritaire permettant le pluralisme, les créateurs d'Archive auraient très bien pu se dire qu'il existait un espace marketing pour un truc comme le leur. Mais la vérité est bien différente. Si leur musique ne vaut pas un clou, et que leurs performances scéniques sont aussi inouïes, la raison en est bien simple : Archive est un instrument utilisé dans le but de tester notre résistance à la torture mentale. Ecouter leur musique, c'est un peu comme pour tout ce qui concerne Animal Collective : se porter volontaire pour une expérience. Certaines personnes – la boîte de production ou pire ! une société secrète qui la contrôle – veulent évaluer notre adhésion à l'insupportable pour la simple raison que nous avons payer pour cela. Si nous apprécions tel artiste ou que nous avons juste payé pour écouter sa musique, alors nous sommes certainement enclins à être compatissant, voire à baisser le niveau de notre exigence pour ne pas gâcher notre plaisir. Ils étudient donc la possibilité pour un supergroupe de maintenir sa carrière – et ses rentrées d'argent – en apportant de moins en moins à son public. Fini les superproductions gargantuesques à coup de studio hors de prix. ! Fini les shows aux moyens dignes de la Rome antique aux décors montés spécialement, aux effets pyrotechniques kitch et autres scènes mouvantes. U2 peut aller se rhabiller ! A ce jour, des tests grandeur nature sont organisés, dans les stades, la réaction de la foule est étudiée, disséquée, interprétée pour voir jusqu'ou on peut augmenter le rapport qualité-prix de la culture. Plus, c'est moins. Le service minimum peut-il apporter des gains maximums ? Il semblerait que cela soit possible.
Archive pourraient bien être les premiers d'une longue série qui envahira nos oreilles et investira nos portes-feuilles. Cela a déjà commencé, prenez garde !
Oui mes frères !
Ah ! Je vous sens fébriles... Vous voulez savoir... Vous qui n'entrerez jamais dans le sanctuaire des sanctuaires, sans doute l'endroit le plus mythique du cinéma. Vous qui resterez toujours bloqués à ses portes, refoulés éternels, laissés pour compte du privilège des nantis. Ce fameux bunker si moche de l'extérieur, qui fait passer ceux des plages de Normandie pour de l'Art Déco, j'y ai pénétré. Oui mes frères ! Tel un élu, je suis monté au sommet de ses marches, et je me suis dirigé jusqu'au plus profond de ce symbole de l'architecture est-allemande, au cœur de ses entrailles : le Grand Auditorium. Oui mes frères ! Et j'y ai eu une révélation... Voulez-vous que je la partage avec vous ? Que je vous fasse parvenir mon récit de cette expérience unique, de cet événement sans précédent, et qui n'aura pas de successeur ? Alors écoutez bien ce qui va suivre ...
Pour commencer, l'élément de base qui sert de cocon à cette formidable histoire, est celui-ci : tout ça n'est qu'une véritable horreur. Ce qui est un mythe pour certains se tient les pieds dans la merde. Il n'y a vraiment pas de quoi se vanter d'avoir réussi à entrer dans un truc aussi laid et décrépi. Et pourtant ce lieu est tenu en si haute estime qu'il ne faut pas moins de 4 contrôles – dont un au détecteur de métaux – pour devoir supporter les moquettes époque Giscard et les piliers de bois récupérés à l'office de tourisme de Courchevel. Sans oublier que le mauvais goût a poussé les architectes à ajouter des escalators, qui donne à tout ce bousin immonde des allures d'hypermarché.
Bref, après s'être descendu une bière servie par des pingouins, entre des pseudo-mods gélatineux et de vrais vieux bourgeois sirotant une coupe de champagne, il a bien fallu se taper l'incunable.
Les Young Gods entament les hostilités. Bon, soit. Passons. Consacrons-nous à l'essentiel, c'est déjà assez pénible comme ça.
Pour illustrer ce qui nous a été infligé, on pourrait résumer le tout à une longue boucle abstraite assénée en continue au dessus d'une nappe de bruit assourdissante, noyée dans une tonalité bleutée. Le vide est à ce point présent qu'une vidéo doit venir épauler Archive pour apporter un peu de contenu. Echec. Quand on n'a rien à montrer, il ne faut pas le montrer. Or, lorsqu'elles ne se limitent pas aux platitudes idiotes des cristaux de neige ou d'insectes en négatif pour renforcer l'aspect BIZARRE de tout le bordel, ces images nous infligent la répétition des mots "Feel, Trust, Obey" en rythme avec les paroles, au cas où l'on ne comprendrait pas, et où tout ça ne serait pas encore assez pesant. Et de rendre nauséeux ce qui était déjà insupportable.
Le spectacle se contenterait d'être foncièrement ridicule si Archive ne faisait pas tout pour que cela ne prenne un tour grotesque, à l'image de ce guitariste sautant dans un périmètre retreint de façon déterminée (on se demande pourquoi, les plus assidus sont encore sur le coup), puis se prenant les pieds dans son câble, tombe à plat sans comprendre, se relève mine de rien et, chose étrange, sans qu'il n'y ait rien eut de décelable dans la musique.
Plus tard, un chanteur de hip-hop vient apporter sa petite touche de rébellion dans un univers trop finement onirique. Bon, voilà, il ne sert à rien, si ce n'est qu'il permet au groupe de faire une concession à la modernité et de ‘‘ casser les barrières entre les styles musicaux''. Ouaaaaaaaiiiiiiiisssss...
Le summum est atteint, et plus d'une fois d'ailleurs, lorsque le mannequin de chez Jules servant de chanteur, veste bleu-gris, chemise blanche sur jeans sombre, chaussure de cuir noir, collection été 2009, n'a plus besoin de chanter : c'est le moment d'un instrumental. Tenace, il refuse de quitter la scène. Sans doute est-il un intérimaire payé en heures de présence. Alors il se saisit d'une guitare et fait semblant de jouer : il agite sa main droite n'importe comment, fait n'importe quel accord, s'arrête pour taper des mains et reprendre de façon totalement aléatoire. Je vous laisse imaginer l'affliction que l'on ressent lorsqu'on est témoin de ce genre de théâtre de guignol.
Pour finir : le final. Ou presque, le rappel. Forcé à coups de synthé bloqué sur trois notes vaporeuses (imitation d'une chorale d'église faite de voix synthétiques) pendant au moins cinq vraies minutes interminables, à un niveau sonore insupportable. Derrière dans les couloirs, les membres d'Archive ont un sourire démoniaque aux lèvres, ils se frottent les mains : " Ils sont en notre pouvoir, voilà ce qu'on peut leur INFLIGER ! MOUAH AH AH AH AH AAAAAAH !".
Un torchon quelconque s'était permis de sortir qu'Archive étaient les descendants de Pink Floyd. Pauvres Pink Floyd, ce doit être un poids lourd à porter que de se voir désigner responsable d'une telle parenté. Qui voudrait être à l'origine de ça ? Qui n'offre le choix qu'entre des titres vaporeux chiants ou insupportables et assourdissants ?
Ma révélation ? Ah ! oui, ma révélation. La voici : Archive pourrait bien être le degré zéro de la musique et de l'entertainment par simple volonté artistique. Les moyens modernes permettant d'accéder à une si large audience, l'absence de mouvement réellement majoritaire permettant le pluralisme, les créateurs d'Archive auraient très bien pu se dire qu'il existait un espace marketing pour un truc comme le leur. Mais la vérité est bien différente. Si leur musique ne vaut pas un clou, et que leurs performances scéniques sont aussi inouïes, la raison en est bien simple : Archive est un instrument utilisé dans le but de tester notre résistance à la torture mentale. Ecouter leur musique, c'est un peu comme pour tout ce qui concerne Animal Collective : se porter volontaire pour une expérience. Certaines personnes – la boîte de production ou pire ! une société secrète qui la contrôle – veulent évaluer notre adhésion à l'insupportable pour la simple raison que nous avons payer pour cela. Si nous apprécions tel artiste ou que nous avons juste payé pour écouter sa musique, alors nous sommes certainement enclins à être compatissant, voire à baisser le niveau de notre exigence pour ne pas gâcher notre plaisir. Ils étudient donc la possibilité pour un supergroupe de maintenir sa carrière – et ses rentrées d'argent – en apportant de moins en moins à son public. Fini les superproductions gargantuesques à coup de studio hors de prix. ! Fini les shows aux moyens dignes de la Rome antique aux décors montés spécialement, aux effets pyrotechniques kitch et autres scènes mouvantes. U2 peut aller se rhabiller ! A ce jour, des tests grandeur nature sont organisés, dans les stades, la réaction de la foule est étudiée, disséquée, interprétée pour voir jusqu'ou on peut augmenter le rapport qualité-prix de la culture. Plus, c'est moins. Le service minimum peut-il apporter des gains maximums ? Il semblerait que cela soit possible.
Archive pourraient bien être les premiers d'une longue série qui envahira nos oreilles et investira nos portes-feuilles. Cela a déjà commencé, prenez garde !
Oui mes frères !
Inaudible ! ! ! 0/20 | par Griot |
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