Porcupine Tree

Paris [Olympia] - mardi 13 octobre 2009

L'Olympia pour un concert de pur rock, c'est toujours un lieu étonnant, et finalement plutôt plaisant. Il faut dire que Porcupine Tree n'est pas le groupe de rock "standard", générant son gros pogo dans la fosse... Voir Porcupine Tree, assis confortablement sur son fauteuil rouge et douillet, me foutait quand même un peu les jetons. Mes voisins pas, apparemment.

Première surprise, le public donc. Je n'avais jamais vu une salle aussi diverse. Tous les styles présents, du gros viril à la mignonette, du nostalgique du King Crimson au fan de Miles, du jeune chevelu aux ongles sales au quinqua propre sur lui, costard cravatte et tout le toutim... Tout le monde bien à l'heure, quelques fans qui poirottent devant l'entrée depuis le début de l'après-midi même (faudra m'expliquer l'intérêt quand on est placé dans la salle!!), bref, un monde en soi, avec ses points communs (Porcupine Tree donc) et ses différences. Voilà déjà une bonne entrée en matière ... Un groupe qui rassemble aussi large avec ce type de musique ne peut pas faire fausse route.

On entre dans la salle, le comptoir merchandising affiche complet... On sent que la notoriété de la bande à Wilson est montée en flèche ces dernières années !!! Le bar affiche tout autant complet, tant mieux, personne ne viendra râler quand j'aurai renversé la moitié de ma pinte sur le beau tapis rouge !!!

Nous nous installons en salle. Robert Fripp a déjà pris place au milieu de la scène. Il nous gratifiera de 45 minutes d'impro, seul sur scène, avec des nappes de violons et violoncelles préenregistrées pour l'accompagner. Que Robert Fripp soit une légende, je ne le nierai jamais. D'ailleurs, à voir le regard émerveillé de mon quinqua de voisin, je ne suis pas le seul à partir avec un a priori favorable. Pourtant, au bout de 15 minutes d'un rock atmosphérique lourd et lent, mes paupières commencent déjà à se fermer... Et bon sang, je m'emmerde. C'est long, c'est pas original pour un sou, il ne se passe rien sur scène... Chiant !!

Porcupine Tree arrive (enfin) sur scène vers 20h30 et marque d'entrée son territoire, avec l'intro brutale d'"Occam's Razor". Pas de doute, ça commence fort, et le climat dans la salle vient de prendre quelques degrés d'un coup. Steven Wilson nous annonce un set en deux parties, avec la totalité du nouvel album The Incident, du moins le disque 1, en premier show, puis une revisite de certains standards après.

Sur l'écran géant, des vidéos tournent, appuyant avec une efficacité diabolique les exploits musicaux de "The Blind House" et "Drawing The Line". Même si ça retombe par moments, avec les alternances metal, rock, pop, ambiant, même si le jeu de scène est assez absent, on assiste à une démonstration de rock intelligent, bien construit, bien balancé, bien sonorisé, et joué avec une maîtrise absolue. Tous les morceaux sont exécutés au clic, parfaitement dans le tempo avec les images. C'est tout simplement monstrueux. De loin, je vois chaque spectateur, confortablement installé sur son fauteuil opiner de la tête à chaque morceaux, les épaules bougent en rythme et les ovations sont présentes à chaque blanc. La claque... Et pour tout le monde !!!
Comme le disque, ce premier set s'achève sur un "I Drive the Hearse " monumental...

Porcupine Tree quitte alors la scène et nous annonce 10 minutes de pause. Un compteur s'affiche sur l'écran géant, égrenant les secondes une à une. Une idée de génie, car les dernières secondes avant la reprise sont reprises en coeur par le public et le retour du groupe se fait dans un triomphe absolu, pile à l'heure !!!
Petit carton jaune pour l'Olympia en passant, pour avoir interdit les sorties de salle pendant cette pause, laissant une bonne centaine de fumeurs sur le carreau, dont moi. Bref, pas grave, on se rattrape sur le bar, on renverse encore sa bière, et on y retourne.

Le deuxième set est plus inégal, très éclectique par rapport à la discographie du groupe, mais sans respecter particulièrement les périodes. On trouve ainsi du progressif un peu hard, avec des popitudes à la "Lazarus". Le public a envie de s'énerver un peu, et c'est sur les passages les plus rageurs qu'on retrouve le top. Reste encore dans ma tête un "Russia On Ice" fabuleux, même si amputé de son final metal, un "Normal" exceptionnel... Quand on pense que ce titre issu de l'EP Nil Recurring n'avait pas été gardé pour Fear Of A Blank Planet, ça donne une idée du niveau de l'album. C'est d'ailleurs un morceau tiré de cet album qui reste comme le point culminant d'un concert en tous points remarquable : la deuxième partie du titre fleuve "Anesthetize" est jouée en troisième durant le second set. Là, on se prend 10 minutes d'un OVNI musical magistral, donc je n'ai jamais pu me remettre jusqu'à la fin du concert, arrivant même à trouver certains titres que j'adore fades en comparaison.

Après un second set d'une heure environ, Porcupine Tree sort de scène. Le rappel sera court et efficace, finissant sur le classique "Trains" qui mettra tout le monde d'accord.

Pour ma part, j'ai assisté à un des plus grands concerts qui m'a été donné de voir. Et à voir les mines réjouies des autres spectateurs, il serait étonnant que d'autres chroniques ne confirment pas ce point de vue. Je peux vous dire que la bière que je me suis sifflée en terrasse après ce concert avait un goût extraordinaire... Un goût de grosse banane !!!
Merci encore Monsieur Wilson, ce que vous faites est grand !!! Juste un truc, si vous pouviez demander à Robert Fripp de jouer plus de 3 notes à la minute la prochaine fois...


Excellent !   18/20
par Sinoc


  Set List :

Occam's Razor
The Blind House
Great Expectations
Kneel and Disconnect
Drawing the Line
The Incident
Your Unpleasant Family
The Yellow Windows of the Evening Train
Time Flies
Degree Zero of Liberty
Octane Twisted
The Séance
Circle of Manias
I Drive the Hearse
>>
The Start of Something Beautiful
Russia on Ice
Anesthetize
Lazarus
Strip the Soul
.3
Normal
Bonnie the Cat
>>
The Sound of Muzak
Trains


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